
Je pousse la porte de l’écurie comme celle de ma maison, biberonnée aux effluves qui en incommoderont plus d’un. La chaleur y est confortable et les hennissements doux. C’est un monde qui m’est tendre et cher parce que j’y ai grandi droite, à l’abri. C’était mon refuge et comme tous les refuges d’enfance, on y revient avec la nostalgie de ce qui n’est plus, mais le cœur battant.
C’est un monde qui a longtemps fait partie du passé, pour moi. Un jour j’ai eu mon propre cheval et j’ai délaissé les centres équestres. J’ai compris trop tard que c’était un tout qui me tenait debout, le cheval comme le rythme particulier de ces endroits bétonnés. J’en aimais les animaux, les rites, les rires, les cours de saut, les poneys fous qui ruaient dans le fond du manège, les parents tapageurs, les chansons scandées lors des concours ratés, la liste de nos noms auxquels les chevaux du jour étaient associés, le gâteau que l’on amenait à chaque chute, les joies, les déceptions et les amis précieux.
C’était une passion de chaque saison, une double vie qui sentait le foin et les souliers crottés. C’était des affaires sales amassées dans l’entrée et une voiture condamnée à sentir la litière. C’était des matinées de classe où l’on portait des pantalons d’équitation, pour mieux se rendre ensuite à nos répétitions. C’était les allées du supermarché tout proche, où nous déambulions le menton haut, fières de nos habits plein de poils et de sueur. C’était des réveils aux aurores et des samedis sans fin. C’était des vacances qui auront pour toujours le goût de l’enfance.
Je suis partie longtemps et je suis revenue, poussée malgré moi par une enfant qui a vu en l’équitation un loisir salutaire. Chaque mardi, elle s’y accomplit avec cette grâce propre à ceux qui semblent nés pour chevaucher un tel animal. Elle a comme cavalière une assurance que nous ne lui avons jamais connue, juchée sur ses deux pieds.
C’est un peu l’histoire qui se répète et l’enfance qui ne s’en va pas tout à fait. C’est mon amie que je texte, en lui envoyant des photos d’un poney ombrageux, et qui me renvoie des vidéos de la mini monture qui a élu domicile dans sa vie. Et nous parlons d’allures comme nous le faisions jadis, assises au bord du champ, au bord du cross, dans les tribunes, sur le support de voltige ou sur un réservoir en mouvement.
Joyeux anniversaire mon amie – 32 bougies depuis nos premières chutes communes et autant de gâteaux confectionnés pour la peine.
-Lexie Swing-
Un gros merci pour ce joli texte d’anniversaire !! Beaucoup de souvenirs qui remontent ce matin, j’adore !!!
Et 32 ans, quel bel âge !!!
Bises !
Clo
Très beau texte Lexie qui traduit exactement et si joliment ces souvenirs que je partage. J’ai même sentie l’odeur si chère à mon coeur et je suis heureuse que cette passion soit partagée par et avec mon fils aussi.