En 37 ans, j’ai eu la chance de parcourir plusieurs grandes villes d’Europe : Dublin, Londres, Rome, Barcelone, Copenhague. Oslo n’en faisait pas partie. Même si j’ai toujours été attirée par les pays du Nord, l’émigration de l’autre côté de l’Atlantique a mis un vrai frein à notre découverte de l’Europe et bien des endroits resteront probablement inexplorés (par nous en tout cas) (pour le tout-Instagram, tout est encore possible).
J’avais l’espoir de partager plus d’articles sur les voyages. D’une, parce que c’est beau. De deux, parce que cela aurait signifié que l’on voyageait enfin. Nous avons fait la Colombie-Britannique et projetons la Gaspésie. Ma carrière de blogueuse voyage va donc s’arrêter rapidement.
Heureusement, en matière de voyages, je peux compter sur ceux qui m’ont vu naître et chérissent les découvertes autant que moi. Sous la plume de mon père et l’oeil de ma mère, je vous invite donc à découvrir Oslo, cette belle du Nord que j’aurais aimé découvrir, tant tout y semble apaisé.
ÉLECTRISANTE OSLO
Dès la descente de l’avion à l’aéroport de Gardermoen, le voyageur (surtout le français) entre dans un autre monde que celui auquel il est habitué. D’abord grâce à un accueil sympathique des personnels au sol qui va se prolonger plus tard avec la même sollicitude dans les commerces et restaurants de la capitale norvégienne.
Puis un train rapide (le Flytoget) vous emmène jusqu’à la gare centrale d’Oslo et là, le coup de foudre vous tombe dessus dans le plus parfait…silence, car les artères sont parcourues seulement par des moyens de transports électriques.
Oslo est en effet une élève modèle de l’écomobilité, depuis 2019 elle est classée capitale verte européenne: tramways, métros, bus, autos, vélos et trottinettes, tous les véhicules y circulent en silence ou presque.
L’hyper centre est en grande partie piétonnier et la ville se visite aisément à pied, en trottinette ou en vélo afin de profiter du charme de ses quartiers et de ses vastes parcs.
Pendant les longues soirées d’été, le soleil se couche (très) très tard et les habitants en font de même, surtout en fin de semaine.
En hiver la ville s’habille de blanc et ses habitants se réfugient dans leurs intérieurs cocoon. Mais comme les norvégiens sont sportifs, ils profitent aussi des pistes de ski de fond balisées et éclairées tous les soirs sur les collines qui entourent leur capitale et pratiquent assidûment l’art du sauna.
Une réelle qualité de vie entourée de beauté (non, je ne parle pas seulement de la population!).
Tout est douceur, design et convivialité architecturale, mariant avec harmonie l’ancien et le contemporain.
Malheureusement toute médaille a son revers et il faut le reconnaître la vie est (très) chère à Oslo, comme d’ailleurs dans le reste du pays, surtout en ce qui concerne la nourriture et l’hébergement. Par exemple plus de 8 € un grand café, 15€ pour une assiette de penne végétariens ou 12€ pour une pinte d’Amundsen Apocalyptic à la pression.
Par contre les tarifs des musées et des transports deviennent intéressants si vous achetez un forfait “Oslo Pass” pour une durée de 1 à 3 jours qui inclut les trajets et les entrées pour un tarif canon et même des réductions dans certains hôtels ou restaurants. Exemple : 895 Couronnes Norvégiennes soit 75€ pour 3 jours de transport et visites de musées. En plus, il est possible de bénéficier de tarifs réduits pour les 6-17 ans et les plus de 67 ans (âge de la retraite en Norvège).
Il est midi 30 mais chez lui le repas est passé. Je m’excuse de mâcher en l’écoutant, il me répond qu’il faudra que je parle, quand même. Il discourt sur le temps qu’il fait, en plein coeur du Brésil. Me loue les mérites de la paçoca – une friandise locale qu’il ingurgite au lever avant de partir courir. Parfois, son accent écossais reprend le dessus et ma compréhension s’effrite. Ensemble, nous débattons sur les fake news, la société occidentale, l’écologie. Nous partageons nos constatations d’immigrés, comparons nos vécus et protégeons la sphère de l’intime. Nos fonds d’écran sont neutres, nos familles anonymes, nos statuts implicites. Seul reste l’échange.
Cet interlocuteur, c’est mon prof. Un Écossais émigré au Brésil qui m’enseigne l’anglais à moi, une Française émigrée au Canada.
Il y a quelques mois, mon employeur nous a proposé de prendre en charge, à notre bénéfice, des cours d’anglais. Celles qui le souhaitaient pouvaient ainsi prétendre à se former hebdomadairement via une plateforme virtuelle. L’une de nous a testé plusieurs services pour ne retenir que celui qui cochait le plus de cases : complet, facile d’accès, individualisé. C’est la plateforme Preply qui a raflé la mise.
À mes débuts, j’ai eu la possibilité de tester différents profs. Je pouvais ainsi acheter un cours d’essai, le planifier, échanger durant une heure avec le professeur et passer au suivant. Certaines de mes collègues en ont essayé cinq ou six. L’avantage : cela permet de payer à l’unité quelques cours. L’inconvénient : il n’y a pas de continuité dans l’apprentissage, chaque prof tentant d’établir un début de collaboration.
Avant de tester le cours de mon professeur, j’ai commencé par remplir un test en ligne, assez détaillé, afin que la plateforme puisse établir mon niveau et ainsi transmettre au prof des activités et exercices en lien avec mes attentes, mes intérêts et mes capacités. Dans mon cas, j’étudie ainsi l’anglais des affaires et certains sujets plus généralistes, comme le fonctionnement neurologique ou l’évolution climatique.
Pour choisir mon prof, j’ai pu visionner des tas de biographies des professeurs proposés, écouter un enregistrement vidéo les mettant en scène, lire les commentaires (même si c’est subjectif, n’est-ce pas ?) rédigés par leurs étudiants, consulter leur tarif et voir d’où ils venaient. C’est finalement une collègue qui m’a recommandé l’un de ceux qu’elle avait testés, arguant qu’il avait « le même humour que moi ».
Depuis quelques mois, j’ai donc rendez-vous hebdomadairement avec ce professeur. J’ai choisi la formule la moins dispendieuse, soit un abonnement de 4 cours, renouvelable chaque mois. En tout, cela me coûte 60$ US. Certains profs sont moins chers, d’autres le sont beaucoup plus, dépendamment de leur expérience et de leurs études.
Les exercices sont fournis par la plateforme et servent de support à la leçon. Ils se divisent, pour ma part, entre la partie introductive d’un sujet, comme un texte à lire ou une vidéo à regarder, suivi d’une phase d’échange sur des points spécifiques du thème, avant de réaliser de courts exercices écrits, puis de clore par une discussion plus large sur une question ouverte. Pour moi, c’est une formule très gagnante : je peux dialoguer, confirmer la prononciation de certains mots, me faire expliquer des expressions ou des difficultés grammaticales et réviser des points précis. Selon certaines études, deux cours par semaine seraient nécessaires pour atteindre une certaine progression dans un délai raisonnable. Pour ma part, le ratio coût-bénéfice est suffisant ainsi. Et l’échange avec une personne d’une autre nationalité, vivant dans une autre réalité, habitée par son propre passé, mais avec lequel j’ai donc « un humour commun » (le sarcasme), ce n’est que du bonus.
Si jamais vous avez envie de tester Preply, sachez que la plateforme permet de partager des codes de parrainage offrant un rabais. C’est de cette façon que j’ai obtenu gratuitement mes premiers cours d’essai, alors ne vous privez pas, vous avez juste à suivre ce lien Preply. Si vous testez, donnez m’en des nouvelles ! Et notez que beaucoup d’autres cours de langues sont disponibles sur la plateforme.
Avez-vous déjà mis un commentaire à quelqu’un sur un site particulier ? Aujourd’hui, on est amené à le faire partout et pour tout. Le plus fréquent, de mon côté, c’est avec AirBnB; impossible de s’en sortir sans le sacrosaint commentaire. La plateforme envoie des rappels réguliers, pour finalement sortir son joker : votre hôte a écrit un avis vous concernant et vous ne pourrez y avoir accès qu’après l’avoir noté à votre tour.
Jusqu’à récemment, j’étais toujours dans la cour des commentateurs. J’étais de ceux qui ont sous leurs doigts le destin des autres, prêts à brandir leur pancarte en cas de salto mal exécuté. Généreux dans leurs points, irascibles dans leurs mots. Mon métier ne se prête guère aux notations et à l’exception du hunter, une discipline équestre dans laquelle j’ai excellé jusqu’à prendre un oxer à l’envers – la fin d’un règne, a minima – je n’ai jamais été soumise aux yeux scrutateurs de juges à l’air revêche et aux phrases ampoulées (j’aurais toute ma place dans ce jury).
Récemment, j’ai cependant commencé à promener des chiens et à m’occuper d’animaux chez eux durant l’absence de leur maître. Sur l’application que j’utilise, les gardiens sont répertoriés par secteur et affichent un nombre d’étoiles correspondant à la notation qui leur est donnée par les maîtres qui utilisent leur service. Dans ma zone géographique, la plupart des gardiens affichent fièrement leurs cinq étoiles. Sur cette plateforme comme ailleurs, les 4 étoiles et moins sont vus comme ceux qui ont failli et à qui l’on n’accorde qu’une attention secondaire. Qui voudrait pour ses animaux d’un gardien qui ne donne pas son 100%?
Ironiquement, dans mon secteur, celle qui n’a que 4 étoiles, c’est moi. Et la raison en est plutôt cocasse. Pendant longtemps, je n’ai guère eu de commentaires ou de notes. Mes clients m’envoyaient des messages de remerciements, mais rien de plus. Et puis récemment, j’ai eu un gardiennage plus massif à effectuer : de nombreux animaux et différentes choses à vérifier. Le temps passé sur place était plus long et j’ai fait du zèle, côté nettoyage, afin que ma cliente retrouve sa maison dans un état décent, après ses vacances. Pour la peine, la cliente a demandé à me verser un montant supérieur à celui que je demandais, arguant que ses animaux étaient plus nombreux que ceux d’un gardiennage normal.
À son retour, elle m’envoie un message enthousiaste, louant le travail effectué et la qualité du service. Et puis elle ajoute qu’elle va taper un petit commentaire à mon bénéfice sur la plateforme. Lorsque celui-ci arrive, je clique sur le lien, impatiente de découvre ses mots que je devine élogieux. Et ils le sont ! Et puis la notation s’affiche : 4 étoiles. J’affiche fébrilement le décompte et le couperet tombe : 1 sur 5 pour le ratio qualité-prix, 4 sur 5 pour la justesse de l’annonce. Les autres points affichent 5 étoiles mais le 1 sur 5 fait tomber ma note en conséquence. C’est la première fois que je suis notée depuis que je propose des services de gardiennage et j’affiche désormais un piteux 4 sur 5, reliquat honteux aux côtés des 5 sur 5 fièrement claironnés par mes pairs.
Aussitôt, je saisis mon téléphone et écris à la cliente concernée. Ai-je commis un impair? A-t-elle connu une insatisfaction dont elle ne m’a pas parlé ? Elle me dit ne pas comprendre alors je lui envoie les captures d’écran. À l’autre bout de la conversation, les messages se font le relais de son incompréhension. Elle n’est pas allée au bout de la jauge d’étoiles pour l’annonce, et n’a même pas vu la dernière question sur le prix. Et c’est ce dernier point qui fait chuter le tout : un clic trop rapide sur une confirmation standard. La note n’est pas le reflet de son avis réel et elle ne peut que s’excuser. A ses yeux, je suis une gardienne hors-pair, aux yeux des usagers, je suis désormais un second choix. Et si elle a, depuis, gentiment écrit à la plateforme pour tenter de rétablir la notation, rien n’indique que celle-ci pourrait changer. Qui leur dit, après tout, que je ne l’ai pas menacée ou tenté de la corrompre en échange de bons points ?
Cette chute (à l’arrière du peloton) m’a fait réfléchir à ce système d’avis que l’on laisse sur tout et n’importe quoi : un logement, un nouveau coiffeur, un restaurant de quartier, ou un oreiller dernier cri. On porte aux nues, on enterre sous les ronces, on élude, on s’interroge, on soupèse le prix payé et le service rendu, on mesure le sourire de la crémière et le caractère de son fromage, on se sent comme à la maison, on vitupère sur la lenteur d’un service, on applaudit la rapidité d’une exécution, on dit que c’est trop cher et rarement que ça ne l’est pas assez.
Je me suis interrogée sur ces avis que je parcours et ces services que je n’utilise pas car leur notation est trop faible à mon goût. J’ai pourtant été souvent surprise : des commentaires dithyrambiques à l’égard d’un restaurant dont les plats étaient servis tout juste dégelés. Ou une absence de notations pour un vétérinaire établi de longue date à qui j’aurais confié l’âme de mon chien. J’ai parfois été amusée de ce qui fâche les gens, de ce qui plaît, de ce qui irrite, de ce qu’ils concèdent. Je n’avais cependant jamais réalisé que parfois, il n’y a pas de véritable explication à une note moyenne, sauf des doigts trop pressés et un site mal fait.
Lors de notre dernier voyage, j’ai mis longtemps à rédiger un commentaire à l’égard de nos premiers hôtes AirBnB à Vancouver. L’appartement avait été nettoyé et décoré avec un soin rare, et les hôtes s’étaient montrés d’une disponibilité et gentillesse incomparables. Je voulais que mon commentaire reflète mon enthousiasme. Quelques jours plus tard, autre difficulté : le logement que nous quittons, dans un autre endroit de la Colombie-Britannique, est sale et mal équipé. Aucun commentaire précédent ne reflétait ce point, pourtant il est impossible de passer à côté de traces de crasses sur les murs et de l’épaisseur de saleté sous les meubles et le lit. Lorsque la plateforme me demande mon avis, je ne sais que faire : être honnête et porter atteinte à la réputation de ces hôtes ? Ou faire semblant de rien et continuer la salve de prétendues opinions positives qui s’accumulent sur la page du logement ? J’ai longtemps hésité et pris la décision de ne rien dire : j’ai affiché le strict minimum, remercié pour le séjour. Au moment de noter la propreté, j’ai douté et puis j’ai cliqué : 4 sur 5. Un petit rien du tout, juste au cas où.
Comment allez-vous ? Que vous a apporté ce mois de mai jusqu’ici ? Avant toute chose, je voudrais vous remercier pour tous les petits mots reçus après mon dernier article. Je vous sais désormais présents, même si vous ne partagez pas toujours vos points de vue avec moi, et ça me fait plaisir de savoir que vous êtes là, quelque part.
Il y a plusieurs choses qui me sont venues en tête cette semaine. A des moments inopportuns bien entendu, et j’ai donc perdu quelques sujets en route. Mais parmi eux voici ce qui m’a traversé l’esprit.
Brèves de course
Ça fait une vingtaine de mois que je cours. Si j’étais un bébé, je saurais marcher désormais. C’est dire si je suis une version évoluée de moi-même. Mon cheminement est en dents de scie : tantôt je file comme le vent et tantôt je me lamente au bout d’un kilomètre. J’ai quand même atteint il y a quelque temps une nouvelle étape, en terminant le 10 kilomètres de la Sun Run de Vancouver avec assez d’allant pour accélérer durant le dernier kilomètre.
Depuis, je me traîne. La chaleur qui a débarqué ces derniers jours à Montréal a raison de mon souffle, et la morosité qui plane sur ce printemps – à quelques égards – fait plier ma motivation. Une fois de plus, l’autre soir, je me suis retrouvée fatiguée au bout de deux kilomètres. Mon esprit bataillait contre mes jambes. Renoncer, et marcher ? Continuer mais à quel prix? Je songeais à mon application Strava qui enregistrait mon temps et à la distance envisagée qui réduisait à mesure que grandissait mon envie d’abandonner.
Il faisait soleil et l’air était doux. Tempête était à la danse et c’était un rare temps pour soi que je m’offrais. J’ai ralenti la cadence et coupé l’application. Et puis je me suis mise à marcher. J’ai pris la cote en direction du parc naturel qui borde notre ville. En chemin je me suis remise à courir. Et puis à marcher. Et lorsque j’ai atteint le sentier du parc, j’ai couru de nouveau. Je me suis arrêtée au bord du lac et j’ai observé le bal des outardes dans la sérénité du soir. Il n’y avait pas de montre à arrêter, pas de temps qui comptait. J’ai pris le chemin du retour et j’ai couru dans la pente. Ma queue de cheval rebondissait sous la pression de l’air et mes jambes étaient légères. J’ai longé le terrain de sport et balancé la tête au rythme des sifflements d’une arbitre et des encouragements de joueuses restées sur le banc.
Je suis revenue à la salle de danse. Je n’avais pas de temps, pas de course à partager. Mais l’espace d’un instant j’ai eu le monde sous mes pieds, bien ancrés. J’ai couru comme un enfant, pour le plaisir des pas qui rebondissent et du vent qui entraîne. Et ça m’a fait un bien fou.
La pause de midi
Parlons de spontanéité. La semaine dernière a été un peu éprouvante côté école. Des questions d’amitiés difficiles et de repas passés un peu trop seule. Vendredi est arrivé, portant en lui la promesse d’une journée ensoleillée. J’ai pris ma décision sur un coup de tête et j’ai écrit à l’école. Ce midi, mes filles seraient de sortie. A l’heure dite, nous les attendions. Sur le siège arrière, un pique-nique bien garni. Et dans le coffre, notre belle Poppy. On a embarqué notre petit monde vers un parc tout proche. Au menu, des sandwichs, des chips, des jeux et des courses folles avec la chienne.
Je me suis demandée quand, dans nos vies, nous nous autorisions vraiment à sortir du schéma établi, à déroger à l’horaire, à inventer un autre agenda, une nouvelle perspective.
Je me suis souvenue de chaque minute de ce moment. De la petite araignée, du soleil un peu chaud et du vent un peu froid. Du bruit des souliers dans le paillis. Du buisson dans lequel les filles s’étaient cachées. De Poppy à bout de souffle d’avoir trop couru. Des pierres sur lesquelles nous avons pique-niqué, faute d’avoir retrouvé la couverture. De la petite fille au chapeau oublié.
Et puis des tulipes
C’est anecdotique mais quand même. A l’automne dernier, j’ai acheté pour la première fois des bulbes de tulipes. J’aime bien les tulipes mais je n’aime pas tant les bouquets alors les voir pousser dans ma cour arrière me semblait une belle idée. Comme je n’aime pas trop le jardinage non plus, j’ai confié le sac à Tempête avec pour mission de planter les bulbes où bon lui semblait.
Depuis deux semaines, des tulipes fleurissent dans ma cour à des endroits impromptus et je trouve ça merveilleux. Je n’en attendais rien, j’ignorais où elles se trouvaient et je les découvre aujourd’hui avec le même plaisir que des fleurs sauvages qui auraient poussé à un endroit insolite.
Et je crois que c’est un peu ça, mes pensées du jour : s’autoriser de la spontanéité, déroger au cadre établi et trouver de quoi illuminer ses journées, une tulipe à la fois.
Mai est un mois qui sonne comme un renouveau. Il y a quelque chose de neuf, définitivement printanier, une odeur de promesses dans ce mois coloré. Les premières chaleurs sont là, mais elles restent ponctuelles, invitantes.
Je suis tombée enceinte de ma première fille en mai, il y a onze ans. Quelques jours avant, je lançais ce blogue. L’écriture et la maternité, deux beaux projets qui ne m’ont plus quitté. Deux projets qui se sont entrecroisés depuis, l’un inspirant l’autre, ou l’aspirant parfois, rapport à l’énergie que cela demande, d’être parent. Il y a quelque temps, l’enfant du premier projet a par ailleurs choisi le prénom d’un personnage pour mon projet numéro deux (un roman, pas un autre enfant) (j’ai déjà un autre enfant et ce projet-ci a fermé boutique), preuve qu’ils sont liés à jamais.
Je voulais profiter de l’arrivée des beaux jours pour faire le point. En janvier dernier, je vous proposais une nouvelle danse, une dernière danse, une valse interminable d’une année entière où chaque mardi, j’allais vous proposer un article. Pas de thème imposé, pas de structure précise, seulement une seule règle : publier à jour fixe. Parfois j’ai dû limiter les caractères pour ne pas vous perdre, parfois j’ai eu l’inspiration d’un escargot desséché par l’été, souvent des textes entiers me sont venus tandis que je prenais ma douche, conduisais ou courais, preuve s’il en fallait que mon esprit aime bien se moquer de moi. Sachez donc qu’il y a des textes entiers écrits seulement dans ma tête que vous ne lirez jamais, des phrases bien rythmées, des expressions fines, des images atypiques. Dans ma tête je suis Ronsard, sous mes doigts je suis juste moi.
J’ai parfois cru que personne ne me lisait, faute d’interactions. Mon anniversaire m’a prouvé que vous étiez bien là, en sourdine, prêts à prendre le clavier pour célébrer avec moi – merci pour ça ! Depuis six mois, vous avez été réguliers, une trentaine de personnes tout au plus par jour. Sauf le 2 mai, là vous avez été 866. La source en est Instagram, l’origine est probablement l’un(e) d’entre vous – merci encore une fois.
Je me suis souvent demandée si l’on devait respecter un certain créneau pour fidéliser des lecteurs. Aurais-je dû parler uniquement de parentalité ? De petits plats ? De bouquins ? La vérité est que j’aurais certainement pu développer davantage le blogue ainsi mais je n’aurais pas tenu 11 ans. J’aurais tenu deux minutes parce que mes sujets sont le miroir de ce qui se passe dans ma tête : un joyeux bordel.
Quand j’étais journaliste, j’étais généraliste, et des généralistes comme nous, on disait qu’ils savaient un peu sur beaucoup de sujets, à l’inverse des spécialistes qui savent beaucoup sur un nombre plus restreint de domaines. Je suis une généraliste dans l’âme, par peur de l’ennui et aussi parce que je nourris un syndrome de l’imposteur très fort. J’ai souvent un doute avant de répondre à une question dont je devrais maîtriser parfaitement la réponse. Et si celle-ci n’était plus vraie ? Et si un facteur avait changé ? Il n’y a que dans ma propre parentalité que je ne nourris pas de doute, ce qui est surprenant, quand on y pense.
Ce blogue s’est construit au fil de nos échanges. Il est à l’image des conversations que je pourrais avoir avec vous, à l’image de celles que j’ai avec mes amis proches. Lorsque nous parlons d’enfants, de courses à pied, d’un chouette bouquin, d’un nouveau podcast, de nos dernières vacances, d’un service que j’ai essayé, d’un magasin que j’ai bien aimé, etc.
Mais je voulais quand même vous posez la question : qu’est-ce que vous vous attendiez à trouver en venant jusqu’ici ? Et quelle conversation aurions-nous vous et moi si nous nous retrouvions demain à la terrasse d’un café ? J’espère en tout cas qu’il ferait beau. On serait assis loin des fleurs parce que j’ai peur des abeilles, je serais probablement un peu en retard, même si j’habite à côté (surtout si j’habite à côté), je prendrais probablement un café sans-rien-dedans-oui-noir-s’il-vous-plaît, j’aurais déjà regardé le menu avant de venir et la première chose qu’il me resterait pour toujours de vous serait votre voix. Pour le sujet de conversation, c’est vous qui décidez !
Tous les parents connaissent le tunnel du soir. C’est celui qui s’étire du retour des enfants à la maison au fameux coucher. Plus les années passent, plus celui-ci peut devenir difficile. On est moins complaisant face aux demandes de son « grand » de 8 ans que pour les caprices de son deux-ans. On a des attentes plus grandes, aussi, par rapport à leur autonomie et à leur apprentissage. Quand il faut répéter à son enfant de dix ans de cracher dans le lavabo et pas sur le miroir, ou quand l’enfant de 7 ans fait la sourde oreille quand on lui demande pour la 5e fois d’aller se doucher, c’est tannant. Quand ça fait 6 ans que tu répètes qu’il faut séparer les culottes des pantalons avant de les mettre au sale, ou que l’enfant oublie un jour sur deux de débarrasser son assiette en sortant de table, ça te hérisse le poil. Quand le 11 ans se rend toujours compte à l’heure du coucher qu’il a un devoir à rendre pour le lendemain, ou que ta 9 ans a encore oublié sa gourde à l’école, ça n’en prendrait pas beaucoup plus pour que l’on parte en claquant la porte. Ça fait des années que je réfléchis à la meilleure façon que tout le monde survive au tunnel du soir, et voici mes recommandations.
Sois dans l’action
Se reposer sur un fauteuil à 18h? Pour le bien de ta santé mentale, oublie ça tout de suite. Il n’y a rien de pire que de devoir pousser des enfants à agir depuis son canapé. Ils vont, viennent, ignorent les suppliques parentales. En étant allongé sur le canapé, on se prive de la possibilité d’agir, du contact oculaire et la frustration va grandissante à mesure que disparait la possibilité d’obtenir quelques minutes de précieux répit. Alors quitte à s’agiter, autant le faire pour de bon : lançons le souper en même temps que les devoirs, trions le linge sale en même temps que le bain et faisons réviser les leçons entre deux bouchées. Le canapé sera toujours là à 20h, et avec un peu de chance, le silence aussi.
Anticipe
Rien de pire dans la vie parentale que de se retrouver pris au dépourvu : plus de patates pour épaissir la soupe, pas de justaucorps propre pour le cours de danse, aucune pancarte 2*3 pour coller les feuilles de l’exposé pour le lendemain. Le tunnel du soir, pour peu que tu le fasses seul(e), a vite fait de tourner à la débâcle s’il manque un élément majeur. Alors avant de rejoindre ton canapé (voir point précédent) la veille, passe rapidement en revue la journée et soirée prochaine, et anticipe souper, sorties et autres devoirs dont on ne t’a pas encore parlé.
Mets le travail sur pause
Que tu prévois réouvrir ton ordinateur en soirée ou que ta journée se soit terminée pour de bon à 17h, ferme à double tour la porte de ton bureau et mets toute ton énergie à ressortir du tunnel dans lequel tu t’es engouffré. Vouloir jongler entre les devoirs et les courriels du bureau, c’est la recette parfaite pour une catastrophe. Soit l’enfant, laissée sans surveillance, aura repeint le mur de l’entrée en trois façons (mûres – framboises – substance non identifiée), soit un collègue, leurré par le Teams affichant « disponible » t’aura appelé en plein combat de coquillettes et tu lui répondras avec toute la dignité possible (aucune). Si tu ne veux pas commencer à dire à ton enfant qu’il doit finir ses petits pois « avant la deadline », sinon ça va être un « deal-breaker » et tu vas « shooter un email au Père-Noël », décroche.
Se connaître
Des enfants fatigués + des parents surmenés, c’est le cocktail explosif parfait. Pour limiter les risques, apprends à repérer ce qui vient te chercher davantage. Est-ce les bruits, les interpellations incessantes? Est-ce les répétitions, les demandes jamais honorées, les bains qui débordent et les sols qui se salissent? Quand on grandit, comme parent, on se rend compte que certaines choses nous atteignent plus que d’autres. Le bruit, pour moi, est l’une d’elles. Les enfants sortent de l’école, ils sont surexcités, ils veulent raconter leur journée, parlent les uns par dessus les autres, etc. J’ai longtemps cru que je pouvais contenir ce flot de paroles, mais c’est vain car le besoin est là, et je me rappelle encore l’empressement que j’avais, après certaines journées d’école, à raconter ma journée. Alors depuis, je me cherche des alternatives, pour accueillir leur enthousiasme sans que cela devienne chaotique : une balade avec le chien s’il fait beau où la rue dilue le volume sonore, un retour un peu plus long en voiture le temps que chacune raconte sa journée, un moment seul à seul pendant qu’un des enfants regarde quelques minutes de télévision, etc. J’ai lu que 15 minutes étaient suffisantes pour que l’enfant se sente délesté de sa journée et prêt à passer à autre chose. Autant l’accorder une bonne fois que de tenter une écoute en pointillés qui ne satisfait personne. Et lorsque le moment semble passé, je m’autorise à renvoyer tout le monde à ses menues activités et à glisser un peu de musique dans mes oreilles, pour faire écran.
Je vous raconterai bientôt la suite de nos aventures en Colombie-Britannique. Après Vancouver, nous avons pris le ferry et découvert de nouvelles contrées. Spoiler : il a plu. En attendant, pendant la traversée, j’ai attaqué un tout nouvel ouvrage, dont je vous reparlerai bientôt, sur les investissements. Dans le livre, qui a vocation à expliquer comment mettre de l’argent de côté dans le but de l’investir ensuite, l’autrice raconte comment l’un de ses amis a acheté une voiture de luxe pour se faire plaisir. Elle lui a alors demandé s’il aurait dépensé cette somme-ci pour cette voiture-ci, si personne n’avait pu la voir. Et il a finalement admis que non. Cette question, c’est la fameuse interrogation des achats un peu impulsifs, qu’on aurait potentiellement pu éviter. De ceux que l’on fait pour afficher un certain niveau de vie, ou pour suivre ceux de nos amis. Ou pour imiter les gens que l’on suit sur les réseaux sociaux et qui vantent le dernier accessoire indispensable à la mode. Et c’est la question, plus large, de ce dont on a besoin pour vivre selon nos souhaits.
De combien avez-vous vraiment besoin pour être heureux? Est-ce que vous vous êtes déjà posé cette question? Quand on est arrivés au Québec il y a dix ans, on gagnait moitié moins que ce que l’on perçoit aujourd’hui. Nous avons ajouté un enfant à l’équation, certes, mais nos salaires ont donc doublé, et nous n’avons toujours pas franchement plus d’argent de côté. Parmi les personnes avec lesquelles je collabore dans mon travail, certaines d’entre elles ont des salaires conséquents, des salaires bien supérieurs à tous ceux que je pourrais imaginer. Or quand je leur demande leurs attentes salariales et leur flexibilité, plusieurs reconnaissent qu’ils ne peuvent guère se permettre un salaire en-deçà. En-deçà de 200 000 dollars, par exemple. Or on parle de gens qui ont débuté leur vie et leur carrière en bas de 80 000 dollars. Comment se rend-on à ce train de vie-ci? À quelle moment décide-t-on que la petite maison de banlieue n’est plus assez grande? Que la voiture n’est plus assez luxueuse? Que l’hôtel n’offre pas assez de services?
Il a été déterminé que cela prend un certain montant pour être confortable dans sa vie, et heureux. Mais il a aussi été montré qu’au delà d’un seuil, une insatisfaction s’installe, et ultimement un désarroi, lié directement aux responsabilités et heures qui vont de pair avec les emplois les plus rémunérateurs. Vous-êtes vous déjà arrêtés pour vous demander, entre deux réunions, si tout cela avait un sens? Si vous ne seriez pas plus heureux, entre deux vaches et une petite rivière, à cultiver un lopin de terre en auto-subsistance? Moi si, parfois. J’aurais des Highlands même, parce que ce sont les plus belles vaches du monde. Quand mes enfants me poseraient des questions, je les regarderai dans les yeux, parce que je n’aurais pas un courriel qui vient de rentrer dans ma boite. Et au bout de la journée, j’aurais la fatigue de ceux qui se reposent peu et non la lassitude de ceux qui s’assoient trop.
La vérité, c’est qu’on est retenu dans notre élan, épinglé dans notre envie d’une vie plus simple parce qu’un emploi moins bien payé aurait un impact direct sur notre capacité à honorer financièrement la vie qu’on s’est créée. Et l’on est tenu par ce boulet que l’on s’est nous-mêmes accrochés à la cheville.
Alors tenez, je vous pose la question : si vous n’aviez pas de charge particulière, disons la frugalité d’un moine dans vos dépenses et pas de mouflets à nourrir, que feriez-vous? Quel emploi occuperiez-vous? Dans quel logement vivriez-vous? Et dans quoi vous déplaceriez-vous?
C’est un journal de bord frais du matin que je vous livre ici. Il y a quelques heures, nous avons embarqué à bord d’un avion Air Transat pour cinq heures de vol direction Vancouver, en Colombie-Britannique.
Vancouver, c’est cette ville canadienne, au bord du Pacifique, à quelques heures de route de Seattle, pour vous situer. Et oui, cela prend presque autant d’heures pour nous de nous y rendre que de voyager vers l’Europe.
Arrivés à 22h45, avec une belle demi-heure d’avance, nous avons rapidement récupéré notre unique bagage et pris la direction du « train to city », soit la Skyline qui permet de rejoindre le centre-ville depuis l’aéroport.
Notre destination : l’appartement de Bertille et Arthur, situés en plein centre de Vancouver. L’endroit parfait pour vivre la vie vancouveroise durant quelques jours.
Je me suis réveillée à 8h avec l’impression d’avoir fait une grasse matinée et c’était absolument délicieux. Le responsable ? Le décalage horaire ! Et aussi les bouchons d’oreilles super design que j’utilise désormais et qui me changent la vie! Une douche chaude, un petit déjeuner sur un coin de table sans personne d’autre que moi-même à nourrir et nous avons pris la route de la BC Place pour aller récupérer nos dossards pour la Sun Run.
Parce que voilà, en plus de partir une semaine en amoureux, nous avons décidé de nous inscrire à un 10k ensemble (mon premier). La Sun Run est l’une des courses les plus animées de Vancouver. Une super belle occasion de découvrir la ville autrement. En tout cas c’est ce qu’on s’est dit lorsque l’on s’est inscrit en février. A la veille du départ et avec une matinée de pluie battante annoncée, l’idée semble tout de suite moins séduisante.
Nous avons ensuite pris la direction de Kilatsano en passant par la marina. Une très jolie balade circulant entre petites galeries, bord de fleuve et sentiers boisés. Après un premier arrêt chez un adorable bouquiniste, nous nous sommes arrêtés pour luncher chez Casereccio, un italien relativement peu onéreux et très couru par les gens du quartier. Testez leurs lasagnes si vous avez le chance de passer dans le coin, elles sont incroyables. L’après-midi nous a amené la pluie. C’est donc bien abrités sous un parapluie que nous avons découvert pour la première fois le Pacifique. Le Pacifique ! Incroyable non? Je n’en reviens pas d’être venue jusqu’ici.
Ensuite, retour à l’appartement histoire de se réchauffer devant le foyer de l’appartement, avant de repartir sous la pluie en direction de la bibliothèque de Vancouver. Un bel édifice et neuf étages de livres et services en tout genre. Un bel arrêt si vous avez besoin d’une pause au sec!
Deuxième jour
Au matin du deuxième jour, c’est aux aurores que nous nous réveillons. Le temps est maussade mais la motivation est grande : aujourd’hui nous courons la Sun Run de Vancouver, un 10 km très inclusif réunissant chaque année près de 10 000 personnes. Deux heures après le réveil, notre motivation bat de l’aile, rapport au fait que le départ de la course a pris du retard (beaucoup de retard) et que nous poireautons depuis 45 minutes sous la pluie. C’est donc transis de froid que nous prenons finalement le départ.
La course est fun, bien rythmée et nous l’accomplissons dans un temps honorable, malgré les innombrables slaloms que nous sommes contraints de faire pour éviter les gens qui marchent. C’est toute la beauté de cette belle course familiale et amicale, beaucoup de gens semblent inscrits pour le fun plus que pour la performance (rappelez-moi de me méfier la prochaine fois).
Après la course, retour à la maison, le temps de récupérer quelques degrés sous une douche très chaude et nous partons à la recherche d’un endroit pour le lunch. Nous jetons notre dévolu sur un petit libanais qui ne paie pas de mine, Manoush’eh, avec ses quelques tables en bois et sa banquette recouverte de plastique. Mais à peine notre hôtesse a-t-elle enfourné les pains plats dans le four à bois qu’une odeur incroyable se répand dans le minuscule espace. Un petit secret très bien gardé, cette adresse, si vous voulez mon avis.
Le lunch terminé, nous prenons la direction du quartier historique de Gastown. L’occasion de découvrir l’horloge à vapeur et quelques jolis monuments historiques. Les boutiques environnantes font la part belle aux objets souvenirs mais quelques unes proposent des créateurs locaux ou de jolies découvertes décos. Un beau détour.
Il est 17h, on décide de fêter notre 10 km au Nelligan’s, un pub irlandais avec musique live. La bière y est bonne et l’ambiance festive. Je vous recommande la pinte de Kilkenny, toujours aussi agréable 16 ans après.
Retour à la maison, le ventre plein de bière et de nachos. Il est encore tôt mais le sommeil m’emporte déjà. C’est sans compter l’enthousiasme débordant de mon amoureux face à la soirée qui s’annonce ensoleillée. Nous reprenons la route, direction Spanish beach, afin d’observer le coucher du soleil. Je suis saisie, moins par le spectacle offert par le soleil couchant- les nuages ont tôt fait de le dissimuler à notre vue – que par l’unité des gens du coin, venus tout religieusement observer le spectacle. C’est peut être de cela qu’ils tirent leur résilience, ils savent encore s’émouvoir de ce que la nature nous offre. Nous repartons, sillonnant entre outardes et cerisiers en fleurs, avec le Pacifique en toile de fond.
Troisième jour
Le temps est toujours maussade mais la pluie se fait attendre, c’est l’opportunité pour nous de louer des vélos chez Cycle City Tours et de prendre la direction du Stanley Park. Le parc, qui borde une extrémité de la ville, est une véritable oasis de verdure entre la ville et l’océan. La piste cyclable est parfaitement aménagée et nous emmène de la marina, à la route du bord de l’eau, avant de revenir vers la ville. Nous prenons ensuite la direction de Granville Island et, une fois les vélos attachés, partons découvrir le marché du même nom. Au cœur de celui-ci, on trouve de tout : des pâtisseries, des produits traiteurs, et surtout de quoi dîner dans toutes les cultures possibles. L’après-lunch nous ramène à la location de vélos, où nous rapportons nos précieux destriers.
En après-midi, on embarque dans la SkyLine et descendons sur King Edwards pour partir à la découverte du Bloedel Conservatory, une toute petite sphère dans laquelle se dissimule une véritable forêt tropicale et des oiseaux tous plus colorés les uns que les autres. Outre la ravissante nature que l’on y découvre, il y fait chaud, ce qui n’est pas pour nous déplaire !
On repart ensuite, direction le loueur de voiture cette fois. Demain matin, nous prenons la route de l’île de Vancouver. C’est déjà la fin de notre séjour dans cette belle de l’Ouest.
Aujourd’hui, place à des décors résolument plus sauvages.
Il y a vingt ans, je fêtais mes 17 ans et j’avais vomi de concert avec mon meilleur ami dans une bassine après une soirée trop arrosée. A 17 ans, j’allais passer le bac et commencer la fac. La vie était légère, faite de clopes que je taxais allègrement – ceux qui disent ne pas fumer ne dépensent jamais pour le faire – de mauvais vin blanc et de rêves divers. Le futur n’existait pas au delà du lendemain matin et même le bac semblait vaguement incertain.
Dix ans plus tard, j’ai 27 ans. Une décennie à peine et c’est une éternité qui s’est écoulée. J’ai terminé 9 ans d’études, commencé mon premier emploi, emménagé dans ma première maison. Je suis assise dans mon salon, avec vue sur la campagne, et entre les bougies et moi il y a le corps chaud de ma fille de deux mois. J’ai 27 ans et je suis maman.
Alors voilà, nous sommes en 2023 et je viens de fêter mes 37 ans. Dix ans de plus et sur mes genoux deux enfants perchés qui soufflent en crachant un peu sur les bougies. Je suis née en fin de matinée mais on ne sait plus très bien si c’est déjà passé parce que je ne suis plus sur le continent sur lequel je suis née. J’ai changé de métier, de pays, de futur. J’ai 37 ans et j’aime ce chiffre. 17, 27, 37, ces âges m’ont toujours semblé comme la parenthèse, le dernier rebond avant la glissade vers la décennie d’après. J’aimais les 17 sur 20, c’était être bon mais avec un petit quelque chose de perfectible, une indolence dans la réussite, une marge de progression. J’ai 37 ans et tout semble encore possible.
Preuve que la vie est pleine de surprises, j’ai fêté mes 37 ans avec du chauffage et des ampoules allumées, ce qui n’était guère le cas lorsque je me suis levée ce matin là. Bien au contraire, le thermomètre affichait une dizaine de degrés, rapport au fait que le courant avait disparu depuis trois jours, à la suite de la tempête de pluie verglaçante qui s’est abattue sur le Québec mercredi dernier. Après l’espoir d’une première reprise, une nouvelle panne est apparue au jour 2, nous plongeant dans une attente interminable. Notre salut est venu d’un générateur sur lequel nous avons pu brancher chaufferettes et cafetière – les essentiels en somme – mais aussi des amis et du voisinage, proposant une douche chaude, du wifi ou un branchement supplémentaire. Face aux numéros pairs, les maisons impaires avaient retrouvé l’électricité de bonne heure et ont donc gracieusement prêté du courant, donnant à la rue jalonnée de branches cassées et de rallonges électriques une allure de fin de monde. La meilleure surprise de ces 37 ans n’a donc pas été un stripteaseur sorti d’un gâteau de fête mais bien un électricien d’Hydro juché sur sa passerelle. On a les joies qu’on mérite.
Trois mois déjà que 2023 a commencé, l’occasion de faire le point sur les belles découvertes du début d’année.
Une lecture
Il y a quelque temps, j’ai découvert la version originale d’un joli livre qui m’a particulièrement plu : « Demain, même heure », d’Emma Straub. Il conte l’histoire d’Alice, une jeune femme à l’aube de ses 40 ans qui vit une vie ni démesurément joyeuse, ni terriblement triste. Un je-ne-sais-quoi semble assombrir son existence routinière et c’est dans la perte à venir de son père, fortement diminué, que cette ombre semble prendre racine. Alors qu’elle s’apprête à fêter son 40e anniversaire, Alice se réveille et elle a de nouveau 16 ans. Dans la cuisine, elle croise son père, qui a lui-même tout juste 40 ans, toute sa mémoire, ses facultés et ses attentions paternelles envers sa fille adolescente. Son père, qui n’est pas sur le point de mourir. Alice découvre rapidement qu’elle peut aller et venir entre sa vie actuelle et ce jour précis de ses 16 ans, et ainsi retricoter sa vie passée et future à l’infini. Existe-t-il une version du présent qui lui conviendrait davantage? Et peut-on éviter, toujours, de regretter certains de nos choix?
J’ai adoré ce roman doux, centré sur l’amour entre une fille et son père. La faculté de voyager à travers le temps reste secondaire, le seul impact réel étant les changements que provoque Alice en faisant des choix différents dans sa vie passée. On se régale devant cette horizon des possibles, on se pavane dans le New-York des années 90 et on se souvient des meilleurs tubes de pop d’alors. On se remémore une adolescence pas si lointaine, cette insouciance sur laquelle on a enfilé à peine plus qu’un costume sombre.
« Demain, même heure » est récemment sorti dans sa version traduite, en France. Il est connu aux États-Unis et au Canada sous son titre original « This time tomorrow ».
Pour l’anecdote, j’ai fait mes recherches sur l’autrice avant de publier cet avis. J’ai été un peu ennuyée lorsque j’ai lu qu’elle avait fait l’objet d’une controverse. En cherchant davantage d’informations, j’ai découvert que ses lectures publiques avaient été annulées dans une école du Texas au motif qu’elle avait tenu « des propos anti-armes et pro-avortement » et avait publié sur son compte Instagram « une photo de son fils en robe ». Je prends acte donc : lisons cette autrice de toute urgence (et suivons-la sur Instagram).
Un podcast
Lorsque je cours, je suis de ces gens qui écoutent souvent quelque chose. Mon amoureux, lui, a cette faculté particulière de laisser ses pensées aller quand les miennes me submergent facilement. Et en fait de penser, celles-ci sont relativement restreintes : « est-ce un point de côté? », « Quoi, ça fait seulement 300 mètres? » Et le non moins fréquent « Je n’y arriverai jamais ». Pour restreindre ces pensées fort constructives, je leurre mon esprit en lui proposant une histoire. Parfois, il s’agit du dernier Transfert. A d’autres moments, j’aime bien écouter « Ex… ». Mais souvent, mon choix s’oriente vers un podcast de nature davantage culturelle : « Au coeur de l’histoire ».
Au coeur de l’histoire, c’est un podcast écrit et raconté par l’historienne Virginie Girod (depuis septembre 2022). Il est l’adaptation d’une émission radiophonique qui a été proposée sur les ondes d’Europe 1 entre 2011 et 2018. En deux ou trois épisodes de 12-13 minutes, elle dépeint avec finesse et humour l’histoire de celles et ceux qui ont fait l’Histoire, justement. Le premier épisode que j’ai découvert avec elle évoquait Émile Zola, et pour une fois je découvrais l’homme derrière la plume. Elle n’a pas son pareil pour narrer un contexte ou faire mention d’un grain de peau, donnant du relief à une chronologie, et du mordant à des décisions qui semblaient purement rationnelles. Virginie Girod semble avoir un faible pour les femmes fortes et marquantes de l’Histoire, donnant encore davantage de stature aux reines de France et aux dames de la haute société qui furent leurs contemporaines, mais aussi aux aventurières, aux scientifiques, aux artistes. Un intérêt qui fait du sens au regard de l’expertise à laquelle on la ramène souvent, celle de l’Antiquité, de l’histoire des femmes et de la sexualité.
Pour l’anecdote, l’autrice et narratrice est une historienne de ma génération. Elle remplace dans ce podcast d’autres historiens qui se sont succédé. Les puristes semblent trouver que son approche est trop vulgarisatrice, les autres – comme moi – devraient apprécier cette vision plus proche de l’individu, et volontairement orientée, à défaut d’être réductrice.
Une recette (du goûter)
Quand nous étions enfants, les placards de mes amis, et les miens, débordaient de gâteaux en tout genre. Se souvenir de nos meilleurs goûters est un de nos jeux préférés et j’assume fièrement être la seule à vouer un culte aux pains d’épice individuels Prosper goût chocolat. Cependant, quand nos filles ont atteint l’âge de rentrer de l’école et de vouloir un goûter, nous avions déjà atteint ce stade de notre existence où beaucoup de produits de supermarché avaient disparu de nos placards, dans une volonté altruiste, quoiqu’usante, de vouloir leur donner à manger un maximum de fait-maison. Je vous rassure tout de suite : nous avons encore des biscuits de supermarché dans nos placards et si vous n’avez jamais vu de biscuits au beurre recouvert d’une guimauve industrielle trempée dans une coque de chocolat, je peux vous certifier que ça n’a rien à envier au Prosper de mon enfance côté tableau des ingrédients. Mais l’effort, la volonté, l’idée (furtive) est là, et donc régulièrement nous proposons aux filles des gâteaux fait-maison. Cette longue introduction pour vous dire qu’en la matière, elles ont leur préféré. Surtout un. Et c’est le même que toutes leurs amies qui viennent à la maison au point que je ne peux plus en manger sans avoir des haut-le-coeur. J’ai nommé : le cookie géant. Il est demandé pour le goûter, pour les fêtes, pour les pique-nique, pour le jour spécial de l’école, pour apporter au souper des copains, etc. Il existe une recette qui est, selon moi, parfaite. Et inratable. Je vous la transmets ici, gardez-la précieusement, c’est un secret bien gardé. Croyez-moi, je suis du genre à tester des tas de recettes et à ne me souvenir d’aucune, au grand dam de ma famille. Celle-ci a passé tous les obstacles et finit dans la boite à recettes. C’est un incontournable. La voici : superrecettedecookieàgardertoutesavie. Chut.
Un concept intéressant
Cette liste n’a aucun sens, on est bien d’accord. Je parlais de gâteaux et me voici revenue sur un concept. Et pas n’importe lequel : l’IA. C’est le bordel, bienvenue dans ma tête. Est-ce que vous aussi vous tentez régulièrement de refaire le fil de vos pensées en vous demandant ce qui a bien pu vous amener à penser à l’Italie alors que le restaurant sentait la soupe aux choux (réponse : le Noël de 97 quand vous mangiez de la soupe aux choux et que Papy Claude a voulu vous présenter le chef d’oeuvre cinématographique du même nom en disant qu’il s’agissait du film éponyme et que la tante Cécile s’est exclamée « ah non Papy, c’est la soupe qui est éponyme pas le film ». Papy a dit non. Cécile a dit si. Papy s’est mis à bouder et tante Cécile a sorti son dico et déclaré d’une voix sentencieuse que ‘ »tiens écoute Papy, Athéna était la déesse éponyme d’Athènes ». Victor, qui avait 15 ans et plus de poils au menton que d’attention en classe a dit « Athènes ? En Italie? ». Et là Papy Claude a dit à Tante Cécile qu’elle ferait mieux d’éduquer son fils au lieu d’embêter son père et plus personne n’en a jamais reparlé.)
Comme vous, quand je ne cherche pas le fil de mes pensées dans ma tête, je lis des articles sur des choses intéressantes. L’un des sujets plus « technos » qui prédomine depuis quelque temps, c’est l’IA, ou Intelligence artificielle. On en souligne souvent les effets potentiellement néfastes sur l’humain, sa capacité à réfléchir, à agir, on s’interroge sur la dimension légale, sur la coexistence de ces entités plus-si futuristes avec l’humanité qui l’a créée, etc. Dans les aspects positifs de l’IA, le journal québécois La Presse a récemment publié un article qui compilait des témoignages de professeurs, principalement au secondaire (niveau collège et lycée en France) utilisant l’IA comme support à leur pratique. L’un des principaux interviewés a ainsi appris au logiciel, désormais bien connu, ChatGPT, à le seconder, notamment pour préparer certains travaux plus majeurs ou chronophages. Il explique ainsi que le gain de temps lui a permis de proposer des activités différentes, plus ludiques dans certains cas, qui n’auraient pas été envisageables pour lui dans un cadre horaire normal. Autre apport intéressant : il a « appris » au logiciel à corriger des copies selon sa méthode et sa grille d’évaluation. Le bénéfice : des copies rendues beaucoup plus rapidement, permettant de rencontrer ainsi une dimension-clé de l’apprentissage, soit une correction donnée dans les jours qui suivent les évaluations et donc les potentielles erreurs commises. Des délais qui sont très difficiles à rencontrer pour les professeurs dans leurs horaires normaux de travail. Bref, l’IA et la scolarité, ce n’est pas qu’une source d’inquiétude, et cet article le montre bien. Vous pouvez donc le découvrir sur La Presse : L’électrochoc de L’IA.
Maintenant que je vous ai partagé mes dernières découvertes, n’hésitez pas à me faire mention des vôtres!