Parentalité : survivre au tunnel du soir

Tous les parents connaissent le tunnel du soir. C’est celui qui s’étire du retour des enfants à la maison au fameux coucher. Plus les années passent, plus celui-ci peut devenir difficile. On est moins complaisant face aux demandes de son « grand » de 8 ans que pour les caprices de son deux-ans. On a des attentes plus grandes, aussi, par rapport à leur autonomie et à leur apprentissage. Quand il faut répéter à son enfant de dix ans de cracher dans le lavabo et pas sur le miroir, ou quand l’enfant de 7 ans fait la sourde oreille quand on lui demande pour la 5e fois d’aller se doucher, c’est tannant. Quand ça fait 6 ans que tu répètes qu’il faut séparer les culottes des pantalons avant de les mettre au sale, ou que l’enfant oublie un jour sur deux de débarrasser son assiette en sortant de table, ça te hérisse le poil. Quand le 11 ans se rend toujours compte à l’heure du coucher qu’il a un devoir à rendre pour le lendemain, ou que ta 9 ans a encore oublié sa gourde à l’école, ça n’en prendrait pas beaucoup plus pour que l’on parte en claquant la porte. Ça fait des années que je réfléchis à la meilleure façon que tout le monde survive au tunnel du soir, et voici mes recommandations.

Sois dans l’action

Se reposer sur un fauteuil à 18h? Pour le bien de ta santé mentale, oublie ça tout de suite. Il n’y a rien de pire que de devoir pousser des enfants à agir depuis son canapé. Ils vont, viennent, ignorent les suppliques parentales. En étant allongé sur le canapé, on se prive de la possibilité d’agir, du contact oculaire et la frustration va grandissante à mesure que disparait la possibilité d’obtenir quelques minutes de précieux répit. Alors quitte à s’agiter, autant le faire pour de bon : lançons le souper en même temps que les devoirs, trions le linge sale en même temps que le bain et faisons réviser les leçons entre deux bouchées. Le canapé sera toujours là à 20h, et avec un peu de chance, le silence aussi.

Anticipe

Rien de pire dans la vie parentale que de se retrouver pris au dépourvu : plus de patates pour épaissir la soupe, pas de justaucorps propre pour le cours de danse, aucune pancarte 2*3 pour coller les feuilles de l’exposé pour le lendemain. Le tunnel du soir, pour peu que tu le fasses seul(e), a vite fait de tourner à la débâcle s’il manque un élément majeur. Alors avant de rejoindre ton canapé (voir point précédent) la veille, passe rapidement en revue la journée et soirée prochaine, et anticipe souper, sorties et autres devoirs dont on ne t’a pas encore parlé.

Mets le travail sur pause

Que tu prévois réouvrir ton ordinateur en soirée ou que ta journée se soit terminée pour de bon à 17h, ferme à double tour la porte de ton bureau et mets toute ton énergie à ressortir du tunnel dans lequel tu t’es engouffré. Vouloir jongler entre les devoirs et les courriels du bureau, c’est la recette parfaite pour une catastrophe. Soit l’enfant, laissée sans surveillance, aura repeint le mur de l’entrée en trois façons (mûres – framboises – substance non identifiée), soit un collègue, leurré par le Teams affichant « disponible » t’aura appelé en plein combat de coquillettes et tu lui répondras avec toute la dignité possible (aucune). Si tu ne veux pas commencer à dire à ton enfant qu’il doit finir ses petits pois « avant la deadline », sinon ça va être un « deal-breaker » et tu vas « shooter un email au Père-Noël », décroche.

Se connaître

Des enfants fatigués + des parents surmenés, c’est le cocktail explosif parfait. Pour limiter les risques, apprends à repérer ce qui vient te chercher davantage. Est-ce les bruits, les interpellations incessantes? Est-ce les répétitions, les demandes jamais honorées, les bains qui débordent et les sols qui se salissent? Quand on grandit, comme parent, on se rend compte que certaines choses nous atteignent plus que d’autres. Le bruit, pour moi, est l’une d’elles. Les enfants sortent de l’école, ils sont surexcités, ils veulent raconter leur journée, parlent les uns par dessus les autres, etc. J’ai longtemps cru que je pouvais contenir ce flot de paroles, mais c’est vain car le besoin est là, et je me rappelle encore l’empressement que j’avais, après certaines journées d’école, à raconter ma journée. Alors depuis, je me cherche des alternatives, pour accueillir leur enthousiasme sans que cela devienne chaotique : une balade avec le chien s’il fait beau où la rue dilue le volume sonore, un retour un peu plus long en voiture le temps que chacune raconte sa journée, un moment seul à seul pendant qu’un des enfants regarde quelques minutes de télévision, etc. J’ai lu que 15 minutes étaient suffisantes pour que l’enfant se sente délesté de sa journée et prêt à passer à autre chose. Autant l’accorder une bonne fois que de tenter une écoute en pointillés qui ne satisfait personne. Et lorsque le moment semble passé, je m’autorise à renvoyer tout le monde à ses menues activités et à glisser un peu de musique dans mes oreilles, pour faire écran.

-Lexie Swing-

Écrire : ces petits bouts de rien qui font voeux de mémoire

J’ai toujours aimé écrire. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai couvert des pages lignées de mots bancals. Je racontais peu ma vie, préférant aux journaux intimes les histoires d’autrui, nourries d’un imaginaire très terre-à-terre mais plein de détails et d’émotions. Mes protagonistes vivaient bien et longtemps, sans vraie souffrance et sans obstacles, me donnant au passage l’évidente réussite, sociale, amoureuse, scolaire et sportive, que je ne pouvais atteindre, sinon par l’écriture. Mes premiers textes réfléchis étaient de la poésie, de celle qui rime, et rythme un sentiment ou une réalité. J’ai toujours pensé que j’aurais pu vivre bien si j’avais été un personnage de Molière. Point un avare ou un malade imaginaire mais peut-être l’une de ces femmes prétendument savantes, ou plutôt de celle qui ne prétend point l’être. Imaginez qu’au lieu de dire « J’le kiffe » ou même asséner un pompeux « Le coeur a ses raisons que la raison ignore », on traduirait l’émotionnel irraisonné de l’amour dans les termes d’Henriette :

« Si l’on aimait, Monsieur, par choix et par sagesse,
Vous auriez tout mon cœur et toute ma tendresse;
Mais on voit que l’amour se gouverne autrement.
Laissez-moi, je vous prie, à mon aveuglement,
Et ne vous servez point de cette violence
Que pour vous on veut faire à mon obéissance. »

Au-delà des pages que j’ai noircies, il y a celles, plus précieuses encore à mes yeux, que mes proches ont nourri. Le carnet de notes de ma grand-mère, relatant les activités familiales, les lettres échangées par la famille, les recettes griffonnées sur une page arrachée. Parce qu’elles ont une place de choix dans mes souvenirs, je me suis souvent demandée quelles traces j’aurais moi-même envie de laisser derrière moi, et quelles traces il était surtout possible de laisser, à une époque où le numérique prend souvent le pas sur le manuscrit.

La boite à recettes

Plus qu’un journal quelconque, c’est mon recueil par excellence. Nourrir et raconter sont les deux choses qui m’animent le plus dans cette vie. Alors, lorsqu’une recette semble maîtrisée, je la transcris sur un carton pré-rempli. J’y annote mes modifications, je suggère quelques changements. Comme tout bon utilisateur de Marmiton qui se respecte, je remplace au gré de mes fantaisies, transformant au passage des monuments de la pâtisserie en de pâles copies de fond de placards. Je me plais alors, à imaginer mes filles, devenues grandes, éplucher la boite pour retrouver ces saveurs d’enfance, ces goûters de retours d’école, ces brioches du dimanche matin. Je me dis que la transmission se situe parfois autant dans une odeur, et une saveur, et le souvenir de patates qui grésillent dans une poêle chaude au 10e étage d’un HLM, que dans des mots bien choisis.

Le journal de bord

Ma grand-mère tenait quelque chose comme ça, une sorte de grand cahier sur lequel elle narrait nos menues aventures d’enfants. Elle y racontait nos progrès, nos accomplissements, des premiers pas, aux premières bugnes, aux premiers coups de pédales. Sous sa plume, nous grandissions, évoluions. Notre vocabulaire se faisait plus soigné, nos réussites plus grandes. Nous étions quatre familles qui se croisaient peu mais dans ce grand cahier, entremêlés dans son écriture rapide, nous étions un tout, un assemblage de noms et de personnalités vivant des existences parallèles. Je n’ai jamais eu sa constance, dans mes tentatives de tenir un journal de bord au profit de mes enfants, mais je trouve que c’est un beau cadeau à leur faire, que de garder trace de leur quotidien, leurs accomplissements et nos impressions.

Les lettres d’anniversaire

Je suis de ceux qui envoient les cartes trop tard ou possèdent encore de longs courriers d’anniversaire jamais transmis, mais j’aime l’idée que l’on remette à ses enfants un long courrier pour fêter l’année écoulée. Certains parents choisissent de les écrire, tranquillement, prudemment, à chaque année, et de les sceller afin de les offrir toutes ensemble, lorsque l’enfant aura atteint un âge respectable, généralement entre 15 et 20 ans. D’autres les confient, joyeusement, à chaque anniversaire, afin de les ajouter à cette boite de souvenirs que l’on redécouvre tous un jour, pour autant que l’on ait des parents un peu conservateurs. Et c’est une émotion particulière, que de redécouvrir des mots qu’on avait oubliés, ou un amour que l’on prenait pour acquis mais qui prend une toute nouvelle saveur lorsque nous atteignons nous-mêmes un âge plus avancé.

Le carnet de questions-réponses

Il en existe de tout fait, désormais, et bien souvent pour les parents qui attendent un enfant ou viennent de le mettre au monde. Ces carnets sont remplis de questions et catégories, visant à donner à celui ou celle qui le lit une idée de ce qu’était le monde, le sien et celui de la société, plus largement, lorsqu’il ou elle était enfant. On égrène ainsi une succession d’informations : musiques et films préférés, lieux de vie, comment mes parents se sont rencontrés, repas du dimanche, etc. On fige en quelques mots la vie dans ses détails les plus anodins, détails qui généralement ne sont vrais qu’à l’instant même où on les transcrit. Mais ils donnent une couleur particulière à nos souvenirs, et demandent à ceux qui les écrivent un travail d’introspection toujours salutaire.

Le journal intime

On l’écrit pour soi, en secret, loin du regard des autres. Une fois ce monde quitté, notre journal deviendra cependant cette porte ouverte vers un certain recoin de notre esprit. Notre vision du monde, dans toute sa beauté, son enthousiasme, mais aussi, beaucoup, son amertume, ses doutes, ses incertitudes. Nos envies de vengeance sont couchées sur papier, au côté de nos peurs les plus fantasques et de nos désirs les plus fous. Le journal intime est moins une rétrospective de la vie écoulée qu’un condensé d’émotions exacerbées par la noirceur enveloppante de la nuit. Et pourtant, pour ceux qui le retrouvent, une fois leur proche parti, c’est souvent la découverte d’une part inconnue, et souvent un peu sauvage. Lorsqu’elle a retrouvé, et dévoré, le journal intime de sa mère décédée, une amie m’a confiée qu’elle avait découvert en sa mère, femme de tête un brin féroce, une personne « terrifiée par la crainte d’échouer ». Je pense que la vérité se situe dans cette entre-deux, entre le jour et la nuit, entre celle qui règne et celle qui craint, entre les écrits d’un journal et les actes accomplis.

Les blogs et les posts

On fait des déclarations publiques à nos enfants sur des réseaux auxquels ils n’ont pas accès, on raconte leur existence sur des blogs dont ils n’ont pas connaissance, ainsi va la vie au XXIe siècle pour le pire, et pour le meilleur donc. Outre les petits mots, courriers, recettes et tentatives de journal de bord, mon blog reste à l’heure actuelle la meilleure mémoire de leur existence. En vous racontant, depuis dix ans, mes joies et doutes de parent, mais aussi mon quotidien et mes accomplissements, en tant que femme, professionnelle, amoureuse, individu, j’ai établi un portrait incomplet mais important, de leur enfance. J’aime l’idée que, depuis une vingtaine d’années et dans le monde entier, des doigts agiles aient transcrit leur quotidien, contribuant à créer une mémoire collective, mais aussi individuelle, de ces années. Pour rendre aux premiers concernés leur histoire, il suffira alors d’en conserver le contenu imprimé.

Et vous, quels mots laisserez-vous?

-Lexie Swing-

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Des repas pour enfants : idées pour boîtes à lunch

La différence entre les pays anglo-saxons et la France, côté écoles, c’est la sacro-sainte tradition du lunch à préparer tous les jours d’école que compte cette vie. Avoir un jour férié ou une « pédago » chez nous (jour où les profs sont en formation) est avant tout l’occasion de gagner 15 précieuses minutes sur sa routine.

B. est l’école depuis 5 ans, nous sommes relativement rompus à la tradition de la boîte à lunch, surtout que l’enfant est picky à souhait. Laurence, qui vit la même réalité à l’autre bout de la planète, m’a suggéré d’en faire un article. Je vous propose donc qu’il soit participatif : si vous avez d’autres idées, conseils et suggestions pour tous les parents de ce monde qui découvrent, légèrement angoissés, qu’ils vont devoir préparer un lunch à leur progéniture cinq jours par semaine, écrivez un commentaire et j’ajouterai vos propositions.

La boîte version déstructurée

C’est probablement ce qu’on voit le plus sur les réseaux sociaux : des boîtes compartimentées, chaque emplacement étant rempli à ras bord d’un met de choix. Se côtoient donc des raisins, des crackers, du cheddar, des mini-tomates et de la tartinade. C’est pas vraiment un lunch, c’est un apéro-dînatoire. Sortez-moi le spritzol et qu’on n’en parle plus. Si votre enfant a un appétit de moineau et une liste d’ingrédients plus restrictives qu’une liste d’admission à Centrale, la boîte à compartiments est faite pour vous.

Ma boîte : une version santé de l’apéro de la veille avec craquelins, hummus, petits légumes, yogourt relevé d’un peu d’épices pour jouer le rôle de trempette et rouleaux de tortillas.

La boîte sandwich / cake / quiche, pour une prépa facile

Personnellement, c’est ma proposition gagnante. Un sandwich ou une part de cake salé, ça se prépare à l’avance, ça se mange facilement et avec quelques légumes dans un moule en silicone recyclé en compartiment, ça fait une boîte zéro culpabilité parentale.

Ma boîte : une part de cake aux olives, un demi-poivron coupé en tranches, deux tomates cerises et quelques rondelles de concombre. Ceux qui vivent dangereusement rajouteront une petite trempette sortie de derrière les fagots. L’option sandwich gagnante ? Le sandwich aux oeufs (un oeuf dur écrasé, mélangé à de la mayonnaise, agrémenté de ciboulette et tartiné entre deux tranches de pain).

La boîte « restants de la veille »

C’est la boite préférée des parents d’enfants qui mangent tout. Un restant d’endives au jambon? Ça fera la job! Une part d’aubergines à la parmegiana? Parfait pour la semaine du goût. Un osso-bucco? Non je plaisante. De notre côté, les restants ont moins la côte, surtout chez la plus grande, qui jure ses grands dieux que le thermos rend les pâtes « moueuses » et le riz collant. À sa décharge, la nourriture sortie du thermos me rebute quelque peu. Quelques plats, cependant, remporte encore les suffrages, comme le riz aux légumineuses ou les lasagnes végés.

Ma boîte : le restant de couscous – l’enfant grand veut la semoule, les pois chiches et la courgette, l’enfant petit veut la semoule, les saucisses et tous les légumes, mais surtout pas les pois chiches. C’est un casse-tête innommable mais une bénédiction pour mon sens aigu de l’auto-approbation parentale qui y voit un repas sain, économique et écologique. La personne en charge du ménage à l’école me maudit, par contre, rapport à la semoule que rien ne décolle du plancher, pas même la langue du chien.

La boîte « touski »

Le touski, au Québec, est le raccourci de « tout ce qu’il y a (ou reste, traîne, etc.) », généralement dans ton frigo. C’est une boite à lunch du vendredi, quand tu épures les rayons ou que tu pries pour trouver quelque chose à mettre sur la dernière tranche de pain. Les enfants raffolent du touski car il fait la part belle aux associations improbables, au mépris du bon sens et de l’équilibre. Le sandwich beurre-brie-vieille feuille de salade accompagné de ses tomates raisins flétries est un touski qui s’apprécie. Au même titre que le pâté chinois à la sauce bolognaise.

Ma boîte : une brouillade d’oeufs agrémentée des vestiges de la semaine, soit trois bouts de feta, une demi-tranche de jambon ou cinq rondelles de saucisse végé, deux ou trois mini-tomates, les derniers morceaux de poivrons, etc… On accompagne de quignons de pain presque rassis vu qu’on est vendredi, et on envoie le tout en se prenant pour la future génération de Top Chef (ou l’ancienne génération vu que, on n’a plus 20 ans non plus) (enfin bref).

La boîte « tortilla tu rempliras »

Pour donner à l’enfant l’illusion de l’autonomie, on peut lui proposer une tortilla en kit. On met tous ses ingrédients préférés dans une boite compartimentée, on glisse une tortilla dans un petit sac à sandwich et on le laisse créer le mélange de ses rêves. Montessori à souhait, mais peu de chance qu’il mange dans les 15 minutes imparties. Tant pis, on ressortira les restes pour le goûter.

Ma boîte : une mayonnaise, du hummus ou du fromage frais pour étaler, des poivrons coupés en lamelles, une feuille de salade bien craquante, un oeuf dur en rondelles et quelques morceaux de fromage. Il y a peu de limites et beaucoup de satisfaction.

La boîte « soupe » ou « salade »

Le palais des enfants est surprenant. Il rêve de frites mais ne cracherait pas sur une petite soupe maison au retour d’une froide récréation. Un thermos de soupe, c’est un indispensable des lunchs d’hiver au Québec, surtout pour les estomacs de moineaux. On rajoutera une belle tranche de pain beurrée au besoin, voire un sandwich complet, pour les gourmands. Côté salade, pour peu que l’on mélange quelques ingrédients favoris, on peut facilement avoir un beau succès, genre salade de pâtes ou de riz. On y cache des légumes et du fromage, on nappe de sauce pour les plus difficiles, et hop, un repas quasi santé.

Ma boîte : une salade de boulgour, radis pas trop piquants, tomates, concombres, feta, avec une sauce au yogourt bien fraiche. Un succès jamais démenti à ce jour.

Quelques inspirations

Il y a des gens qui ne voient pas ça comme une punition divine, le fait de préparer quotidiennement le lunch des enfants. J’en tiens pour preuve toutes ces petites vidéos de gens qui publient quotidiennement des lunchs élaborés à base de bonhommes sourires découpés dans du pain de mie et de cheddar en forme de ciel étoilé.

Si vous cherchez des idées de repas pour enfants pas trop saugrenues, voici des propositions :

Partagez-moi vos idées! Est-ce que vous aussi vous commencez à manquer d’inspiration? Vos enfants sont-ils picky ou reviennent-ils le ventre plein et la boite vide? J’ai bien hâte de savoir comment ça se passe chez vous!

-Lexie Swing-

Comment faire de nos filles des femmes accomplies ?

Demain, c’est le 8 mars, l’occasion pour le monde entier de mettre les femmes à l’honneur. Entre rappel des luttes visant à obtenir davantage de droits et promotions sur les bouquets de fleurs, on vit de grands écarts, le 8 mars. Un peu comme entre les hommes et les femmes, finalement.

Mais bref. Demain, c’est le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, pour bien la nommer. On ne nait pas femme, on le devient, disait De Beauvoir, et à raison. Dans ma maison, j’ai deux femmes en devenir, petites filles de ce monde, heureusement négligentes et futiles, comme toutes devraient l’être à cet âge. Je me suis parfois demandée comment les aider à construire une bâtisse solide pour leur future moi, comment ancrer des fondations pérennes et des fenêtres si grandes et si hautes que l’horizon deviendrait un champ des possibles. Voici mes propositions.

Ouvrir les possibilités

Avez-vous remarqué comme l’on rend exhaustives des listes qui devraient être infinies ? Les jobs, les carrières, les amours… On enferme très vite les individus dans des cases préconçues, toujours trop étroites et toujours trop rigides. Pire que cela, on enferme très tôt, on envoie les enfants dans des parcours définis à l’avance, vers des voies professionnelles toutes tracées, quand on ne sait pas nous-mêmes, 20 ans plus tard, si l’on a bien fait de devenir informaticienne ou si l’on aurait pas préféré devenir mécanicienne. Et d’ailleurs, qui nous aurait vraiment proposé, à nous, anciennes filles, futures femmes, de devenir informaticiennes ou mécaniciennes. Savait-on seulement que l’orthographe se décline aussi au féminin? Ouvrons les possibilités, demandons-nous – à voix haute s’il le faut – si nous avons assez de fantaisie pour les emmener au-delà de ce qu’on jugeait possible pour nous. Oui, on peut être informaticienne, ingénieure, technicienne, mécanicienne, comme on peut être professeure, adjointe, boulangère, éducatrice. La seule limite, c’est celle de notre imagination.

Les rendre indépendantes…

Je vais être honnête avec vous : les gens qui en 2023 disent des phrases comme « trouve-toi un bon mari », même pour plaisanter, me hérissent le poil. Estimer que pour être une femme qui existe, qui vaut, qui mérite, il faut être une concubine, est tellement dépassé que cela pourrait être drôle si ça n’en était pas navrant. Le monde regorge de femmes qui réussissent, qui sont des cheffes de familles, des mères seules parfois, des entrepreneures, des employées sur lesquelles repose tout un fonctionnement. Des femmes, surtout, qui ont réussi à mener de front plusieurs vies, et à le faire bien. L’avenir de nos filles, ce sont elles-mêmes, les femmes indépendantes et épatantes qu’elles vont devenir, pas la personne qu’elles vont épouser (ou non).

… et montrer l’exemple

S’il y a un secret de polichinelle dans la parentalité, c’est bien celui-ci : les enfants apprennent par l’exemple. Ils s’expriment comme nous, embrassent nos expressions et nos attitudes, reprennent nos convictions et nos pensées, jusqu’à s’en défaire éventuellement. Demander à nos filles de devenir indépendantes et attendre papa pour changer une ampoule, c’est contre-productif. Montrons l’exemple, apprenons leur qu’on peut tout faire, pour autant que l’on s’informe et que l’on apprenne. Construisons, cuisinons, calculons, cousons, peignons, abattons et dansons, soyons toute entière et embrassons toutes nos capacités. Que nos petits arrangements de couple, entre vilaines araignées et chaussettes trouées, soient des choix et non des défaites.

Comprendre ce qui se joue dès le départ

J’y reviens sans cesse mais il y a eu un moment clé dans ma compréhension de la société (vue sous un angle dichotomique) : j’ai interviewé en 2011 ou 2012 un professeur de CP qui avait réalisé une étude dans ses classes, en partenariat avec le Planning familial du département. De son étude, étaient ressorties plusieurs situations, disons, intéressantes. Par exemple, dès 6 ans, de nombreux enfants dans sa classe avaient intégré des possibilités très genrées : les petites filles voulaient être maîtresses, les garçons voulaient être mécaniciens. Pourquoi pas, me direz-vous? Oui mais voilà : ceux à qui l’on avait dit qu’ils pourraient être, s’ils le souhaitaient, instituteurs ou infirmiers, avaient aussitôt rétorqué que « c’était des trucs de filles ». Quid des fillettes à qui, vous le devinez, les intervenants avaient suggéré de devenir elles-mêmes mécaniciennes, médecins ou ingénieures? Plusieurs (plusieurs!), âgées seulement de 6 ans, avaient alors répondu : « je pense que ce serait trop difficile, c’est plutôt un truc de garçons ». Un autre fait surprenant : le professeur avait remarqué une évolution frappante dans l’attitude des enfants lors des interrogations orales. En début d’année de CP, à tout juste 6 ans, les enfants se partageaient l’espace de discussions et de réponses selon leur personnalité, tout genre confondu. En fin d’année, une différence notable se manifestait, qui perdurerait, selon les retours d’autres professeurs, dans les classes supérieures : les garçons participaient activement, levant la main sans nécessairement connaître la réponse, relativement indifférents au fait de se tromper et prenant beaucoup de place dans l’espace de communication, les filles, quant à elles, se mettaient de plus en plus en retrait, ne levant la main qu’après s’être assurées que la réponse qu’elles allaient donner était bien la bonne. C’est intéressant de constater que ces fonctionnements interviennent très tôt dans la construction des individus car ce sont des attitudes qui s’ancrent et qui perdurent dans l’espace sociétal par la suite, les hommes prenant la parole et les femmes agissant dans l’ombre.

Leur apprendre à dire non…

Être une femme en devenir, en 2023, c’est aussi vivre dans une certaine insécurité, plus ou moins grande selon le pays dans lequel on évolue. Apprenons leur les codes, enseignons leur la liberté d’être, le droit de se tromper et celui de dire non. Disons leur bien qu’elles ont le droit de contrôler la narration, qu’il n’y a pas à fléchir si l’on souhaite autre chose. Mais aussi que l’on a le droit de se tromper, que dire oui n’est pas de la frivolité, que l’on peut être celle que l’on veut tant que cette volonté est nôtre et pleine et nous procure la joie d’être et l’excitation de vivre.

… et à réclamer leur dû

En 2023, on voit encore beaucoup d’écarts salariaux et de promotions pour lesquelles des hommes sont préférés aux femmes par le seul fait de leur genre. On voit aussi des lycéennes être orientées vers des parcours différents de leurs homologues masculins pour les mêmes raisons. Marteler aux filles qu’elles ont autant de droits que les garçons est un travail de tous les jours. Car c’est sur la scène professionnelle que se jouent ensuite les différences; des écarts conscients, internalisés, trop souvent acceptés. Un salaire se négocie, une promotion se réclame et une discrimination flagrante se dénonce. Les garçons apprennent très tôt le jeu des négociations, des contacts d’affaires, du réseau que l’on crée, maintient et enrichit. Enseignons à nos filles les règles du jeu, qu’elles en deviennent des joueuses-clés et non des pions, ballotées au gré des coups de chances, du sort et des tricheries, condamnées sans cesse à passer leur tour. Je ne doute pas qu’elles sauront faire bon usage de ces connaissances et j’ai hâte de connaître ce monde où elles auront enfin, toutes les cartes en main.

-Lexie Swing-

Photo : JP Valery

Relâche 2023 : idées de sorties sur la Rive-Sud

Cet article a été rédigé en février 2023. Tenez compte des changements éventuels si vous lisez cet article à une date ultérieure.

Dans mon entourage, certains ont prévu de partir dans les Caraïbes, d’autres au Costa Rica, et les plus nombreux prennent la direction du Mexique. Nous, nous avons prévu de prendre la route pour… la ville voisine, probablement. On est un peu jaloux, surtout de les savoir tous en maillot quand il fait de nouveau -15 degrés par ici, mais notre tour viendra (un jour) (peut-être).

En attendant, c’est la relâche, les enfants sont en vacances et il faut bien trouver quelques sorties pour se changer les idées. Je suis en congé de mercredi à vendredi, j’ai donc trois jours pour nous remplir la tête d’un peu de magie. J’ai fait le tour des idées de sorties bon marché ou gratuites des environs, si vous êtes un peu en retard comme moi, ou si vous êtes drôlement d’avance pour de prochaines vacances, je vous livre mes bons plans. N’hésitez pas à me partager les vôtres afin que l’on perfectionne cette liste d’idées pour les années et vacances à venir.

Montérégie

  • L’Electrium, à Sainte-Julie. Ce lieu, mis à la disposition du public par Hydro-Québec, permet aux enfants d’en apprendre davantage sur l’électricité, les circuits électriques, les champs magnétiques, etc. Ponctuellement, et notamment pendant les vacances, des ateliers sont proposés. Cette semaine, nous avions ainsi le choix entre Air et atmosphère, Insectes et autres arthropodes, Circuits électriques, Réactions chimiques, et Robotique. La visite est conseillée à partir de 6 ans. Réservation obligatoire. Accès gratuit.
  • Le cinéma RGFM, à Beloeil. Pour la relâche, le cinéma de Beloeil propose des matinées spéciales. Cinq films sont proposés et seuls les +de 13 ans paient! Attention, les films débutent à 10h et pour avoir une place, mieux vaut arriver tôt. Gratuit pour les enfants, 8,5$ pour les plus de 13 ans.
  • La fermette aux petits miracles, à Saint-Césaire. Au sein de la fermette, Cindy Guertin, technicienne en travail social, éducatrice spécialisée et zoothérapeute, propose des visites découvertes gratuites sur réservation, ainsi que des ateliers de gestion des conflits, de développement de l’empathie ou pour améliorer les interactions sociales. Visites gratuites et ateliers payants, prix à confirmer.
  • Le Récréoparc, à Sainte-Catherine. Depuis janvier et jusqu’au 5 mars, le Récréoparc de Sainte-Catherine propose ses Rendez-vous polaires : pentes à glisser, sentiers glacés et sentiers multifonctionnels. L’accès est gratuit pour les résidents de Sainte-Catherine et Candiac. Pour les autres, les tarifs varient. On paiera par exemple 22 dollars pour le stationnement et la location incluse de deux tubes (pour glisser) ou de deux paires de patins.
  • Le Centre d’interprétation du Haut-Richelieu. Le CIME propose des rendez-vous durant lesquels des naturalistes offrent des balades guidées. L’activité de cette relâche s’intitule « Les oiseaux en hiver » et permet de découvrir les secrets des oiseaux qui survivent aux grands froids québécois. Accès payants, incluant la visite guidée et l’accès aux sentiers. 12 $ pour les 18 ans et plus et de 8 $ pour les 17 ans et moins, taxes incluses. La visite est conseillée à partir de 8 ans.

Montréal

  • L’exposition de paléonthologie au Musée Redpath, à Montréal. Le musée Redpath propose une activité spéciale pour la relâche : une exposition de paléonthologie avec une présentation sur l’excavation. Parfait pour tous les aventuriers en herbe qui connaissent tout sur les dinosaures et les fossiles. Visites en français et en anglais (selon l’heure choisie), pas de réservation requise, 6$ pour les enfants et 10$ pour les adultes.
  • Montréal en lumière, Place des arts, à Montréal. Jusqu’au 5 mars, plusieurs activités sont proposées gratuitement à la Place des Arts dans le cadre de Montréal en lumière : initiation au cirque, ateliers de bricolage, contes fantaisistes et musicaux, mais aussi un sentier de luminothérapie, un glisse-vite ou encore un sentier de patin en hauteur. Accès gratuit.

Bien sûr, il existe d’autres options intéressantes : les arénas des petites villes ont des horaires de patins grand public, certains parcs proposent des pistes de glissades avec prêt gratuit de tubes et patinoires extérieures, les bibliothèques ont également des programmations intéressantes à petit prix et plusieurs lieux offrent des ateliers gratuits durant la relâche, à l’image du parc Michel-Chartrand, de Longueuil. Votre ville propose de chouettes activités durant la relâche ? Prévenez-moi !

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

Les bébés ont grandi

Les joues sont encore rondes et les voix haut perchées; les ongles noirs de terre courent le long des murets, à la recherche des petits riens, des trésors dissimulés et des lézards véloces abrités sous les pierres. Les genoux amochés provoquent encore des pleurs, et les nuits trop noires leur petit lot de terreurs.

Mais par-delà les rondeurs, à l’horizon des certitudes, un autre âge prend son envol. Soudain, dans ma cuisine, une main agile fait la vaisselle, tandis qu’une autre mesure et soupèse, multipliant de tête et soustrayant au besoin. Soudain, dans ma voiture, une voix m’indique le Nord, quand l’autre calcule les minutes qui nous séparent de la destination. Soudain, dans mon salon, un esprit affûté décrit les mécanismes météorologiques quand, à ses côtés, une âme d’artiste peint et dépeint l’orage en demi-tons.

Les bébés ont grandi, se déplacent en catimini dimanche venu, se félicitent qu’il soit 8h à l’horloge du grand four. Chut, ne les réveille pas, chut je te dis, c’est toi qui fais du bruit à dire chut, viens on va en bas, c’est quoi le code de l’ordinateur, on avait dit que je choisissais le premier épisode, t’as fait quoi de la télécommande. Les bébés ont grandi, ils marchent sur leurs deux pieds, interpellent, interrogent, demandent à la dame deux croissants s’il vous plait, ça fait combien ça, dis est-ce qu’on a assez ? Les bébés ont grandi, ils ont appris qu’ils étaient une unité, et non un tout indivisible, une peau commune avec la nôtre. Ils pensent et rétorquent, ils savent, parfois mieux que nous. Ils s’entêtent, refusent de croire, dis donc Saint Thomas, c’est pas ton père, dis-moi. Les bébés ont grandi, ils sont encore dans le nid, mais leur regard se porte désormais par-delà les branches, à l’intersection des possibles.

Je n’ai rien vu venir. Je la portais sur mon dos, assise sur un muret, je l’enjoignais de grimper, et avec précaution je refermais sur son corps gigotant la protection de toile. Je la félicitais, tu es grande, lui disais-je. Elle était si petite alors, ses mollets moelleux refermés sur mes hanches. Ensemble, nous bravions le soleil, et les tempêtes de neige, remontant la rue par tout temps. Je suis bien en peine désormais de la jucher sur mon dos. Son corps est resté léger mais ses jambes de serin m’enserrent jusqu’aux genoux. Elle était grande lui disais-je, mais si petite à la fois, elle n’était pas encore une grande soeur, elle n’était pas encore à l’aube de l’adolescence.

Je ne l’ai pas vue grandir. Elle souriait à la volée, tournant sa tête pour trouver la musique, cherchant des yeux la nouvelle image. Elle galopait sur le parquet neuf, elle nourrissait le chien à grandes poignées de croquettes, indifférente aux coups de langues sur son nez retroussé. Je lui disais pas si vite, descends d’ici, dors veux-tu, je suis là, je veille sur toi. Elle a couru plus vite, elle a grimpé plus haut, elle n’a jamais vraiment dormi. Elle a eu l’âge où l’on s’extasie enfin. Qu’elle aille si vite, si haut, si loin. L’âge où elle devrait dormir mais toujours pas vraiment, l’âge où je l’entends et où elle m’accueille d’une voix ensommeillée et me dit « va te recoucher Maman ne t’inquiète pas, je sais que tu es fatiguée ». Elle était minuscule, dans ses combinaisons d’été que j’ai égarée, ses petites jambes maigrelettes qui cherchaient le soleil. Elle est faite si forte désormais, si présente, si solaire.

Dans mes souvenirs, il n’y a pas de progression. Le train était en gare d’Ostend et nous sommes rendus à Stuttgart, en voie express direction l’Orient. Je n’ai rien vu passer, je me suis endormie en route, quand je me suis réveillée, les bébés étaient partis. Je les ai cherchés, dans leurs voix moqueuses et leurs pitreries, dans leur éloquence et leurs descriptions soignées, dans leurs dessins poétiques et leurs petits mots envolés.

Et puis un soir, alors que le crépuscule engloutissait la cabine et qu’un film jouait sur l’écran fatigué; un soir deux têtes se sont appuyées sur mes épaules, deux têtes aux cheveux longs et au parfum d’enfance. Des cils courbés ont chatouillé ma peau, un nez mutin s’est enfoui dans ma clavicule, et quand mes bras ont enserré les corps chauds, je me suis souvenue. Des étapes, des danses, des cris, des nuits, des matins, des repas, des devoirs, des apprentissages, du chemin. Je me suis souvenue du chemin. De la route, des moments de joie, de la torpeur, de l’abattement, du désespoir, des lueurs d’espoir, des mains tendues, des premières fois où elles nous ont regardé bien en face, pour nous dire pardon, pour dire je t’excuse, pour dire qu’elles comprenaient, pour dire merci. Pour dire qu’elles ne voudraient pas d’autres parents que nous. Je n’avais pas oublié. Et je n’ai rien regretté.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Andrew Apperley

10 années de toi

Dans quelques jours, tu fêteras tes dix ans. C’est tant et si peu à la fois. Dix ans, c’est un âge charnière, le début de quelque chose d’intangible. Soudain, la compréhension se fait plus acérée, les idées plus précises; c’est une balance, suspendue entre deux réalités, entre l’insouciance et la connaissance lucide du monde qui nous entoure. Très lucide, trop lucide.

Tu es ma toute petite fille, aux grands yeux interrogateurs, qui assise au milieu des foules dévisageait et détaillait, imperturbable. Quelque temps après ta naissance, une infirmière qui t’auscultait nous a dit qu’elle n’était pas certaine que tu aies conscience d’être venue au monde. Comme si ta naissance s’était faite avec tellement de douceur et si peu de bruit, que peut-être tu ne savais pas que tu n’étais plus dans ton cocon fragile. Dix années ont passé et régulièrement, nous nous demandons si tu ne voyages pas entre notre réalité et une dimension qui n’appartient qu’à toi. Le geste suspendu, les yeux à mille lieux, le pas arrêté, à la marelle on dirait que tu aurais sauté à pieds joints dans le ciel, et disparu. Alors on te rappelle, on te fait des signes, reviens avec nous, où étais-tu rendue, je te parlais tu sais, je te montrais tu vois, et regarde ta fourchette, les pâtes en sont tombées, et de l’encre de ce crayon, il n’en reste plus rien. Si tu étais un poème, tu serais du Prévert, redevenu oiseau par la grâce des mots.

Sur cette planète-ci, tu es ma fille à moi, notre fille à nous, notre première née, mystérieuse et magnifique, avec ton nez mutin et tes yeux de chat ourlés de velours. Avec tes kilomètres de cheveux dorés, tu n’aurais rien à envier à Raiponce, mais tu ne voudrais guère, indifférente aux belles parures, ennuyée par les mondes de princesses. Tu prendrais le petit animal, ça oui. Et puis tu t’attacherais la tignasse en une choucroute malhabile, parce qu’on s’en fiche d’être beau, qu’est-ce qu’on s’en fiche après tout, pourquoi c’est important? Railleuse de la beauté humaine, charmée par la beauté florale et animale. Je te croyais hors du cadre, quand je m’aperçois grâce à toi que c’est tout un pan de nos pairs qui posent sur le monde ce même regard. Et grâce à toi à mes yeux se découvre une nouvelle multitude. Il est de ceux qui dansent dans des endroits anonymes et dépeuplés, et disent chut aux autres quand ils parlent en forêt, chut, tais-toi, je n’entends pas le chant des oiseaux.

Ton talent pour le dessin se distingue de plus en plus, à mesure que tu remplis la maison de tes productions. Du sol au plafond s’entassent pêle-mêle tes oeuvres et tes projets en devenir. Le royaume des créatifs est une déchetterie pour les autres. Ton trésor est la poubelle de recyclage, que tu vides de son contenu à mesure que nous la remplissons. Les boites en carton deviennent des maisons élaborées, des enclos de zoos ou des aquariums sur mesure. S’y côtoient des peluches élimées et des animaux de plastique, figés dans leur ballet, derrière une vitre de film étirable.

Le monde est ton terrain de jeu. Là où mes yeux s’arrêtent sur la prochaine pancarte, les tiens fouillent l’horizon, à la recherche de quelques héros ailés nichés en haut des arbres. Tes oreilles, aux aguets, perçoivent des bruissements qui te convainquent qu’il existe bien une vie par-delà la barrière de nos sens. Ils sont ton royaume, ton réel et ton imaginaire, tout à la fois. Dans ton espace à toi, il n’y a guère de place pour les personnages fantastiques. Seuls comptent ceux qui sont, ou ont été. Ceux dont on perçoit les traces, tangibles et dont tu découvres l’existence à travers des livres, des documentaires, des expositions, dont tu retiens tout, comme s’il s’était agi d’une comptine mille fois répétée. Bien sûr que je savais que les ours n’hibernent pas vraiment.

Je n’aurais jamais imaginé mettre au monde quelqu’un comme toi, tu n’es ni mon reflet, ni mon prolongement. Tu es un être unique, qui me montre chaque jour une facette de l’existence que je ne soupçonnais pas. Merci mon chat, d’être si différente de moi. Trinquons alors, avec du champagne dans lequel tu n’aurais que le droit de plonger les lèvres et pour lequel tu nous demanderais mille fois si tu as bien le droit, mais vous êtes sûrs, mais vous êtes fous, vous êtes de drôles de parents quand même. A ses dix années de ton existence, et à toutes celles à venir, très, très nombreuses. Joyeux anniversaire ma bulle de savon multicolore, je t’aime.

-Maman-

Enfant qui dort mal : tests et astuces

Il y a quelques années, je prenais le clavier pour relayer une situation qui pesait sur nos vies depuis la naissance de notre petite dernière : son sommeil en grand-huit et nos nuits erratiques. J’avais décrit, dans un article sur le manque de sommeil, combien mes nuits étaient difficiles alors. J’ai relu cet article, il a la poésie de ceux qui espèrent encore. Tempête avait alors un an. Elle en a 7 et croyez-le ou non, rien n’a changé.

Ou presque. Il faut quand même être honnête. L’enfant de 7 ans n’est pas celui d’un an, et son autonomie joue un rôle fondamental. Le bébé qui pleurnichait a laissé la place à une enfant sachant trouver seule son chemin jusqu’à la salle de bains, ou retrouver la peluche dans laquelle elle espérait pouvoir enfouir son nez. Mais dans ce texte, je me demandais alors comment c’était, les nuits sans réveil, parce que j’avais comme oublié. Et je ne sais toujours pas.

Tempête n’est jamais rentrée dans les cases des enfants au sommeil difficile. Aucune recherche google ne donnait de recette magique, aucune fiche du médecin n’avait de solution toute trouvée. Elle a très vite eu une facilité à sombrer dans le sommeil que certains nous enviaient. Nul besoin de faire le pied de grue à la tête du lit en marmonnant quelques incantations. Aucune volonté de sa part de se glisser entre nous, au beau milieu de la nuit, en raison de quelques cauchemars un peu trop remuants. Le bal commençait alors que son sommeil était déjà bien avancé : les incontournables cris, la tête qui heurte un montant du lit lors d’un retournement plus abrupt, des jeux ou disputes entre amis rejoués à l’infini, les pleurs soudains, les « non, non, non ». Nous avons eu une brève période de terreurs nocturnes – une chose assez terrifiante, entre nous – mais surtout sept années de sommeil haché. Pour elle comme pour nous. L’expression « avoir le sommeil agité » aurait pu être inventée pour elle.

Plus surprenante encore, reste la légèreté de son sommeil. Il suffit d’entrer dans sa chambre pour qu’elle nous demande si ça va, il suffit de l’embrasser pour qu’elle en profite pour demander de l’eau, et il suffit de passer devant sa chambre sur la pointe des pieds pour qu’elle nous interpelle au profit d’un détour par la salle de bains. Ou d’un mouchoir. Ou d’une peluche tombée au sol. Quand elle dormait une minute avant à poings fermés. Mais, aussi fou que cela puisse paraître, je connais cette capacité, et ma mère avant moi. Dormir d’une seule oreille est un atout (tout autant qu’une malédiction) génétique. Si un enfant entre dans ma chambre, je lui demande ce qu’il a. Même s’il est 3h du matin. Si une porte s’ouvre, je sais de quelle chambre il s’agit et j’interpelle la concernée. Même si je dors depuis deux heures. La différence est que je n’ai pas le sommeil agité. Enfin si, depuis sept ans.

Alors, pourquoi ai-je intitulé cet article « Trucs et astuces »? Car en sept ans, nous avons eu l’occasion d’essayer une panoplie de choses, qui généralement ont du succès pour certains, et ont parfois fonctionné pour nous, pour un temps donné du moins.

Le microkiné

Au lendemain d’une nuit particulièrement difficile, nous avons empoigné notre téléphone et cherché, une fois encore, des pistes de solutions pour permettre à Tempête de vivre des nuits moins agitées. L’une des réponses trouvées mentionnait le recours à un microkiné. Cette profession, désormais assez répandue en Europe, se fait rare ici au Québec. C’est donc au détour d’un voyage en France, quelques mois après, que nous avons pris rendez-vous avec un professionnel. Nous connaissions déjà le principe, pour l’avoir expérimenté en tant que jeune adulte. De la même façon, le microkiné a ainsi commencé par nous poser différentes questions sur Tempête, sa personnalité, ses défis, etc. Il lui a ensuite expliqué qu’elle allait devoir s’allonger et qu’il allait passer les mains au dessus d’elle, sur l’ensemble du corps, mais sans jamais la toucher. Après s’être attardé, selon mon impression, au niveau du ventre puis du crâne, il est revenu s’asseoir et nous a expliqué comment il la percevait, ponctuant son discours des termes « stress » et « anxiété de performance », si ma mémoire est bonne. Je me souviens avoir pensé qu’il semblait parler d’une adulte et non d’une enfant qui venait juste de finir son année de maternelle (6 ans), et je le trouvais un peu à côté de la plaque, pour être honnête. Il a dit qu’il avait tenté des interventions afin de changer un peu cette dynamique. Durant un mois, il n’y a eu aucun changement. Et puis soudainement, Tempête s’est mise à dormir. Bien. Et longtemps. Sans se réveiller, sans crier, plus apaisée. Combien de temps l’accalmie a-t-elle duré? Un ou deux mois peut-être? Ensuite, le mauvais sommeil est revenu, accompagné de ses batailles et autres cris. Aurait-on dû y retourner? Dans un monde idéal, oui. Dans notre réalité et les 6000 km nous séparant du microkiné, nous avons fait sans.

L’hypnothérapeute

Lorsque les nuits sont redevenues vraiment très difficiles, il y a quelques mois, nos nouvelles recherches Google nous ont menées vers l’hypnose. La technique est réputée avoir de bons résultats sur les problèmes de stress et d’anxiété, et les enfants sont souvent de bons patients puisqu’ils n’ont pas d’a priori sur la méthode. L’hypnothérapeute que nous avons consultée pour Tempête est réputée dans son milieu et plusieurs personnes de mon entourage avaient fait appel à ses services. Lors de la première séance, trente minutes ont été consacrées à l’explication des difficultés rencontrées, puis la personne nous a décrit le processus qu’elle allait mettre en place et comment notre fille et elle allaient cheminer. Elle l’a interrogée sur ses nuits, ses angoisses, etc. Une fois que j’eus rejoint la salle d’attente, elle lui a demandé de fermer les yeux, lui a expliqué comment elle pouvait se détendre la nuit, sur quoi elle pouvait s’appuyer lorsqu’elle avait des angoisses, lui a fait visualiser un endroit apaisant, un animal protecteur, etc. Elle devait aussi, lorsqu’elle se sentait en situation d’apaisement, effectuer une pression entre le pouce et l’index, pression qui, la nuit venue, donnerait à son corps le signal qu’il pouvait s’apaiser. Nous avons recommencé le processus deux semaines plus tard. Des résultats ? Absolument aucun, pas le moindre, aucune réceptivité de la part de notre fille, pourtant réputée imaginative. Je pense que l’écueil est venu du fait que pour être réceptif, l’enfant doit faire preuve d’un certain calme, ce qui n’est que rarement le cas de Tempête. Autre difficulté : les fameux cauchemars, décrits à l’hypnothérapeute par notre fille comme étant des ogres, des monstres, etc. Or, pour bien la connaître, ses cauchemars sont presque toujours tournés vers le très réel. Petite fille dotée d’une grande maturité émotionnelle, Tempête a toujours anticipé des situations précises et réalistes, loin des monstres sous le lit parfois décrits par les enfants. Est-ce un échec complet ? Pas si sûr. Une combinaison des astuces données, avec les techniques transmises par la professionnelle suivante pourrait peut-être donné des résultats intéressants.

La massothérapeute

Je patientais un jour chez ma massothérapeute lorsque j’ai lu sur un petit document d’informations que les massages pouvaient être bénéfiques pour les enfants anxieux, très actifs, etc. J’ai donc pris rendez-vous pour Tempête, gageant qu’elle allait apprécier le concept. Elle a dit qu’elle avait vécu le meilleur moment de sa vie (à égalité avec sa visite à la pizzéria et sa sortie au centre d’amusement) et a donc souhaité y retourner très vite. Depuis, elle a droit à quelques séances, par-ci par là, lorsque le besoin de détente se fait sentir. Outre de relâcher les tensions, la masso lui apprend à respirer, à se recentrer, à trouver l’apaisement par certaines palpations, etc. Point de miracles mais quelques techniques fort appréciables qui contribuent aujourd’hui au meilleur déroulement des nuits.

La psycho-éducatrice

Puisque l’anxiété semblait l’un des principaux enjeux, nous avons profité de l’une de nos visites à la psycho-éducatrice qui suit Tempête dans un cadre davantage scolaire pour aborder le sujet. Avec elle, notre fille décortique ses inquiétudes, les dessine et les réinterprète. Elle en fait des brouillons qu’elle jette et des mots qu’elle déchire, afin d’apprendre à naviguer à travers tous ces sentiments qui prennent tant de place. L’impact à court terme est moindre mais gageons que savoir appréhender son stress ne pourra être que bénéfique à long terme.

Et puis le reste…

Il y a nombre de choses que l’on peut essayer pour aider un enfant qui dort mal. Parmi elles, nous en avons testé certaines : la veilleuse, la petite musique apaisante, la porte ouverte, la porte fermée, les repas pris tôt, la limitation du sucre, l’exercice poussé, les sorties au grand air, l’absence d’écrans. Nous avons très ponctuellement eu recours à la mélatonine, quand ses difficultés à rester endormie ne lui permettaient plus de se reposer. Nous aurions pu tester la couverture lestée, pour laquelle les avis sont partagés, et des médicaments spécifiques bien entendu, mais nous n’en sommes pas là.

Aujourd’hui, nous errons toujours à la recherche de la bonne réponse, avec de moins en moins de certitudes. Est-ce qu’il existe une réversibilité à tout ça ? Alors à défaut d’une solution véritable, on procède par petites touches : la coucher plus tôt car la fatigue importante provoque toujours des difficultés, souper également plus tôt, ne pas regarder la télé en fin de journée, la faire sortir le plus possible. Est-ce qu’un jour on testera une solution en la présentant par la suite comme miraculeuse ? Qui sait ?

Est-ce que vous, vous l’avez déjà trouvée ?

-Lexie Swing-

Crédit photo : John Kline

Que s’est-il passé en 2022 ?

En 2021, à peu près à la même époque qu’aujourd’hui, je mettais la main aux derniers détails relatifs à mon article en quatre chapitres sur la reconversion professionnelle. Le sujet, qui mêlait à la fois mon nouveau métier (la chasse de têtes) et mon ancien (le journalisme) m’a permis de redonner un coup de fouet à ce blog tombé en quasi-désuétude durant la pandémie. J’ai bien cru à un rebond… et puis non ! L’inspiration venait désormais à manquer cruellement et l’expérience a tourné court au printemps 2022.

Que s’est-il passé alors, depuis que l’on s’est quitté ?

Les vacances (le plus important)

Faisant fi de nos habitudes, nous avons fait le choix de retourner en France pour l’été une fois encore. Je bénéficiais de la possibilité de travailler à distance de façon relativement illimitée, que j’avais donc prévu d’utiliser autant que possible. Grossière erreur. Travailler à distance ne ressemblait en rien aux quatre semaines de vacances que l’on avait connues l’année précédente (oui, je nourris toujours beaucoup d’espoir dans la vie). Mes plans ont vite pris le bord quand je me suis retrouvée à travailler de midi à 22h alors que mes amis étaient disponibles à compter de 17h. Sans compter les allées-retours, parce que voir une seule fois des proches que l’on n’a pas vus depuis une année ou plus, ce n’est guère envisageable. Résultats : nous n’avons vu presqu’aucun de nos amis – y compris ceux qui résidaient dans le village voisin – et avons couru de bout en bout. Exception notable : une semaine dans le Périgord, un coin que l’on adore, avec famille, couloir de nage et adorable village en contrebas. Bref, en 2023, nous comptons bien tenir compte des expériences passées et notre année devrait être riche, entre quelques jours au Lac Taureau, une petite semaine en amoureux à Vancouver, la découverte de la Gaspésie en famille, et puis un retour en France pour les fêtes, sans travailler cette fois.

Les enfants (la dimension inoubliable, surtout le dimanche matin à 7h)

Je me rappelle encore lorsque j’annonçais sur le blog, à la fin de l’hiver 2015, l’arrivée prochaine de notre deuxième enfant. Ce petit pois-là a fêté ses sept ans en 2022. Sa grande sœur, la Miss B. qui a accompagné ces écrits depuis le tout début, s’apprête pour sa part à célébrer ses dix ans. Revoir leurs petites faces de bébés me fait toujours autant fondre le cœur mais je dois avouer que leurs âges actuels sont bien plus funs ! Moins de contraintes, plus de découvertes, et plus de plaintes aussi, tant qu’à faire ! Les deux sont désormais à l’école primaire ensemble, ce qui sera encore le cas pour les deux années et demi à venir. On en profite !

Les animaux (qui nous apportent autant de fun que de contraintes)

Ça a été le grand changement de 2022 : nous avons accueilli un nouvel animal avant de dire au revoir à un autre. En février, nous nous sommes ainsi proposés pour devenir famille d’accueil pour lapin, un animal que B. souhaitait ardemment et que j’adore, pour en avoir eu plusieurs dans ma vie. Après quelques échanges d’informations, le beau Chester est entré dans notre vie. Lapin errant, probablement né d’une femelle lapin nain relâchée dans la nature alors qu’elle était gestante, il avait été attrapé quelques jours plus tôt par une bénévole. Il n’avait jamais connu la vie en intérieur. Il s’y est fait comme s’il avait toujours connu ça, courant dans la maison, faisant ses besoins dans une litière et terrorisant les chiens de la maisonnée. Ce joyeux trio a ainsi rempli la maison de baves, courses-poursuites et poils durant plusieurs mois. A l’automne, les articulations de notre vieux chien étant devenues trop douloureuses pour le porter, nous avons pris la décision de mettre fin à ses jours. Depuis deux mois, nous avons donc de nouveau deux animaux et sommes convaincus que nous nous arrêterons ici. Nous les aimons plus que tout mais il est difficile d’oublier les contraintes qu’ils représentent également, surtout lorsque vient le temps de partir en vacances, ou même juste pour une soirée. Bientôt, nous prévoyons emmener ce duo ensemble au chalet, histoire de voir s’ils ont le goût de l’aventure !

Le travail (parce que les vacances, les enfants et les animaux, ça coûte cher)

En 2022, rien n’a changé côté travail, ce qui n’est déjà pas si mal ! En pratique, nous avons continué dans nos rôles actuels, prenant graduellement plus de responsabilités. Au printemps, la collègue avec qui je collaborais est partie, laissant un grand vide mais aussi un poste à combler. J’ai donc repris la gestion du département, rejointe bientôt par une nouvelle collègue. A ce niveau, 2023 devrait être une confirmation des stratégies entreprises et, on l’espère, de nouveaux succès. On croise les doigts donc !

Et puis le reste ?

En 2022, j’ai continué la course à pieds, commencée l’année d’avant, et j’ai même couru mon premier 5 km en compétition. Un beau challenge, quand on sait que je dépassais à peine le bout de la rue une année auparavant ! J’espère bien continuer sur ma lancée, en tentant d’accepter que la progression est lente et que les jours peuvent ressembler à aujourd’hui : une sortie avortée au bout de quelques minutes car le corps ne suit pas. L’objectif en 2023, c’est d’atteindre les 10 km.

Après un mois d’octobre difficile, j’ai dû me résoudre à changer des choses au bénéfice de ma santé mentale; des changements qu’il va falloir ancrer en 2023. Mais entre autres choses, désormais je dessine. Je me suis toujours extasiée de ce talent particulier chez les autres quand même mes dessins de errements téléphoniques (ces zigwiwis que l’on dessine pensivement en écoutant la conversation au téléphone) semblaient être l’œuvre d’un enfant de quatre ans. Depuis j’ai découvert les tutoriels YouTube et mes chiens ne ressemblent plus à des vaches de l’espace. Je m’oblige à ces quelques minutes qui me déconnectent du reste, pour le mieux.

J’ai aussi commencé une nouvelle pratique : le long board. Mon chum m’a offert une planche magnifique, servant pour le moment de déco dans la chambre – hiver oblige – mais qui m’a déjà permis quelques sorties dans la rue (et gamelles!). Inutile de dire que Tempête, qui a la sienne depuis déjà quelques années, en fait mieux que moi et me la pique régulièrement.

Et vous ?

Il manque des choses dans ce bilan, les joies profondes, les hésitations, ces moments où, les mains serrées sur le rebord du comptoir de cuisine, je me suis demandée si j’allais tenir le coup. Il ne dit pas l’espoir et la pression, mais il dit le cheminement.

Alors quel est le vôtre ? Que s’est-il passé pour vous en 2022, les menus plaisirs, les doutes, les accomplissements ? Et qu’attendez-vous de 2023 ?

Je suis heureuse de vous retrouver là pour une nouvelle année, je vous la souhaite joyeuse et tendre et excitante. Je vous souhaite de ne pas laisser le stress diriger vos journées et de savoir compartimenter vos vies. Je vous souhaite des « rides » sur ce que vous voulez, : un vélo, un poney, une planche à roulettes ou au volant d’une voiture, pour aller découvrir le meilleur de vos environs. Je vous souhaite des aventures. Prenez soin de vous, j’ai hâte de vous lire ! Bonne année 2023.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie S.

Clap de fin pour la garderie

Au Québec, l’école commence à 5 ans, les enfants passent donc plusieurs belles années à fréquenter la garderie. Tempête, qui avait commencé au sein d’une garderie proche de chez nous, a changé il y a trois ans pour ce que l’on qualifie de Centre de la Petite Enfance (CPE). Elle y a été une Galaxie, un Spoutnik, avant de passer Astronaute, il y a un an. Elle y a fréquenté des dizaines d’enfants, un bon nombre d’éducateurs et d’éducatrices, des super-héros – en figurines ou en costumes, des ateliers maquillage, des châteaux gonflables, des déjeuners de Noël, des journées pyjamas. Elle a amené un jouet de la maison tous les vendredis, a ramassé des pommes à l’automne et observé le bal des outardes au printemps. Elle a joué à cache-cache dans le parc immense qui encercle le CPE et « à la tag » au milieu des jeux d’eau.

Demain, nous la déposerons pour une toute dernière fois devant la garderie, vêtus de nos masques, en respectant la distanciation. La pandémie a changé ce qu’on avait imaginé de ses derniers mois à la garderie, alors que nous n’aurons plus jamais l’occasion d’en passer la porte et que ses affaires se résument désormais à des vêtements de rechange fourrés dans un sac Ziplock à son nom.

La chance a voulu que la cérémonie traditionnellement organisée pour les « finissants » de la garderie tombe pile demain, le dernier jour. C’est donc en beauté, avec châteaux gonflables, cupcakes, burgers et toges de rigueur que Tempête mettra un point final aux trois années passées là-bas. Nous dirons au revoir à ceux et celles qui l’ont accompagnée, entourée, guidée, réprimandée parce qu’elle chahutait, encouragée parce qu’elle butait et félicitée chaque fois qu’elle réussissait. On y a découvert son énergie sans fin, sa fougue, sa facilité à aller vers les autres, mais aussi l’étendue de ses connaissances et son extraordinaire capacité d’apprentissage. On ne l’a jamais enfermée dans une case, dans une cage, qui n’aurait jamais été assez grande pour la grandeur de ses ailes.

Quelle que soit l’envie d’aller de l’avant, le besoin d’autre chose, il y a toujours, au moment de sauter le pas, cette petite retenue. En avançant, notre cadette referme un chapitre, un livre entier peut-être. Il y a 7 ans, les jeunes parents que nous étions laissaient pour la première fois leur premier poupon à une gardienne du quartier. Cette histoire-ci se clôt, pour que la suite puisse s’écrire. Il n’y a point de mur, point de falaise, juste un pont et notre petite fille qui disparaît déjà dans l’horizon, avide de nouvelles aventures.

-Lexie Swing-