Immigration : quelle place pour les grands-parents?

grandpaVous noterez la formalité du titre, nous allons parler d’un sujet qui fâche… Non en fait, pas pantoute, les mots-clés sont les amis du référencement, c’est tout ;)

En partant de France, nous avons laissé derrière nous une maison en pleine cambrousse, des jobs que nous ne regrettons pas, des amis avec qui nous tentons de garder le contact et… la famille. Lorsque l’on part vivre à l’étranger avec ses enfants ou que l’on voit naître sa progéniture sur une terre éloignée, se pose presque toujours la question de la famille.

C’est cet aspect qui est le moteur de bien des retours au pays, le point noir de toute immigration. Aussi grandiose soit la vie que l’on a trouvée à l’étranger, l’ombre qu’elle projette n’est pas complète. Il manque un bout du puzzle et le morceau manquant est perdu quelque part sous le canapé du salon. On le réassemble à l’occasion, pour Noël, pour des vacances trop courtes, pour un mariage de quelques jours… et puis la pièce nous échappe de nouveau.

Pour ne pas l’oublier, ne pas la perdre, il faut l’encadrer cette pièce, la mettre sous verre au milieu du couloir. Elle ne fitte pas avec les autres, elle est un puzzle à part, à qui il manque également un morceau, laissé quelque part à l’autre bout du monde.

De notre côté, nous sommes chanceux. Depuis trois ans, mes parents sont venus environ deux fois par année. Ils nous ont gardé les filles pendant les périodes de congé. Ils ont répondu présents pour veiller sur B., à la naissance de la petite dernière. Et ils étaient aux premières loges, lors de son arrivée. Mes beaux parents viennent avec une régularité métronomique, en partie conditionnée par le marathon de Montréal, profiter des beaux jours de septembre.

Miss Swing ne les a jamais oubliés. Ni les uns, ni les autres. Ils ont une place importante dans sa vie. Elle projette leur existence dans la sienne puisqu’ils s’y tiennent souvent, plusieurs fois par an. Tempête oublie probablement mais leur fait rapidement fête, on ne renie pas des gens toujours prêts pour jouer, offrir des jouets ou faire des câlins.

Est-ce qu’ils en profitent?

Oui, du côté des filles, j’en suis sûre. Du côté des grands-parents, je crois aussi, sauf quand le bébé refile la gastro à tout le monde pendant une semaine. Lorsque nous sommes partis, les vacances ont fait partie de nos arguments de vente (autrement appelés arguments-qui-font-passer-la-pilule), ce 24h sur 24, ce temps suspendu, ça nous paraissait intense mais appréciable. Nous passions des week-ends au milieu de leur quotidien, toujours bienvenus mais pas forcément prioritaires, puisqu’ils se répétaient, puisqu’il y aurait d’autres week-ends et que l’on se reverrait dans quelques semaines.

Désormais, il n’y a plus quelques semaines. On ne se revoit pas dans quelques jours. Au mieux dans trois ou six mois, parfois dans 18 mois ou deux ans. Il faut en profiter maintenant. Faire des choses folles comme un road-trip aux États Unis ou un plongeon dans un spa par -30 degrés un soir de réveillon. On mène la vie de château, on sort les grands plats et on allonge les notes.

Nos parents ne remettent pas à plus tard le temps passé avec nos enfants parce qu’ils n’ont rien de mieux à faire, là, tout de suite. Il n’y a pas de factures qui attendent sur le bureau, pas de collègue qui appelle pour rapporter un problème au boulot. Il n’y a que du temps pour rire, pour jouer, pour se disputer.

Est-ce que c’est dur?

Bien sûr que c’est dur. Je ne suis pas certaine que l’humain soit programmé pour profiter à fond de moments dédiés. Miss Swing réalise de plus en plus leur absence et souffre de leur départ. Elle voudrait voir de ses yeux plus souvent ce qui fait le quotidien de ses grands-parents. Et puis il y a les autres, sa tante, son oncle, leurs enfants respectifs, sa grande-tante et le reste de la famille, ainsi que son parrain et sa marraine, qui sont loin et sont tributaires de nos rares retours au pays.

Alors comment on fait?

On en parle, on les inclut, on les appelle. FaceTime est devenu notre meilleur allié, et permet, à défaut d’une conversation (chez nous, avoir une conversation avec les filles est mission impossible), de se voir, de s’observer, de montrer les dernières pirouettes apprises et de refuser de chanter une chanson. On envoie des photos, on multiplie les vidéos. On installe une mappemonde pour comprendre où chacun vit, et on créé un livre photo à garder dans la petite bibliothèque des enfants. On les affiche, les photos, partout où leur regard pourrait se poser. On s’envoie des dessins, des petits colis. On garde le lien, parce que non, ce n’est pas vain.

La distance change les relations, elle ne les éteint pas forcément. Cela prend des efforts supplémentaires peut-être, mais ce qui en ressort est parfois plus fort encore.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Conor Ogle

29 réflexions sur “Immigration : quelle place pour les grands-parents?

  1. Pour notre part mes beaux-parents viennebt chaque annee et sont en contact regulier donc je ne m’inquiete pas trop. Par contre ma famille n’est jms venu et on ne se parle pas assez a mon gout. Et je regrette de ne pas mieux connaitre mes neveux / nieces des 2 cotes…
    Mais le sacrifice vaut le coup

  2. Ici, on maintient le lien avec skype tous les deux dimanches ;-) Une visite par an, chacun notre tour. Mais, ce n’est pas facile. J’pense que c’est aussi différent quand les deux parents sont immigrés, par rapport à un seul comme chez nous. Mes filles sont très proches de ma famille et beaucoup moins de celles de mon conjoint. Ce qui fait beaucoup de peine à ma belle-mère qui n’a que deux petites-filles qui ne vivent pas en France… Alors, nous travaillons très fort pour que le mince lien se conserve malgré la distance.

    • C’est exactement ce que je me suis dit récemment, et même plus : je me disais que je n’aimerais pas vivre dans le pays de ma belle famille seulement, si je vivais avec qqun qui a une autre nationalité, je crois que je préférerais un terrain de vie plus neutre ;)

      • Oui, mais malheureusement, peu importe où on se trouve, c’est aussi le quotidien, la présence, la routine qui renforce les liens surtout pour les enfants. Le fait que mes parents vivent dans la même ville ou même région aide énormément. Mais, s’ils vivaient dans une autre région ou province du Canada, nous aurions probablement le même effet ;-)

  3. Ou,i mais quand ils grandissent ils nous demandent pourquoi ils ne peuvent pas voir leur famille souvent et ça fait mal au coeur. Ma fille de 6 ans réclame sans cesse ses cousines et grands parents. On a décidé de rentrer en Europe à cause de ça. Entre ma famille qui est au Brésil, celle de mon mari en Suisse et la France Où nous avons laissé nos meilleurs amis, on se sent coupés du monde à Montréal. En étant un couple binational, on ne pourra jamais avoir nos 2 familles à côté, mais pourquoi d’infliger cette distance de toutes les personnes qu’on aime? Alors pour nous, l’aventure canadienne finira le 20 janvier 2017. Pas dans un des pays Où vivent nos familles, mais au moins ça sera moins loin!!!

    • Je comprends, notre aînée commence aussi à les réclamer, mais heureusement ils arrivent à être assez souvent présents. Nous espérons aussi pouvoir leur faire faire le trajet seules en avion d’ici qq années :) Ou aller vous vous installer de votre côté?

      • On part à Vienne en Autriche. Alors en 1h on est à Lausanne ou Paris, c’est quand même beaucoup plus facile. En plus personne ne veut venir à Montréal nous rendre visite. Trop loin, trop froid et trop cher. Espérons que ça changera à Vienne et surtout les petits pourront voir les cousines et grands parents un week end par mois!

      • Et au fait en tapant ton nom sur fb (je cherchais une page Facebook en lien avec ton blog car rien ne s’affiche sur ton blog) je me suis aperçue qu’on avait un ami commun :)

  4. C’est tellement dur d’être loin des siens…
    Ma famille n’est « qu’à » 600 km (du pipi de chat à côté de vous!), et pourtant…
    C’est un déchirement à chaque fois que je les quitte, et ça depuis des années. Et c’est encore pire depuis la naissance de Lilas. FaceTime est devenu omniprésent pour aider à maintenir le lien, on s’envoie beaucoup de photos, de vidéos, on essaye de monter, ou eux de descendre quand c’est possible. Mais bon sang que c’est dur…
    Lilas se rend compte, du haut de ses 19 mois, que Papy, Mamie, et Tonton sont loin, que Maman pleure quand ils s’en vont, et je lui explique les choses simplement.
    Et quand je vois que ma belle-famille est seulement à 1h15 de route, et qu’ils viennent nous voir rarement, ça me met encore plus en colère…

    Alors on profite des choses simples comme en ce moment, on immortalise ces instants précieux et on évite de penser au départ…

      • Ben vraiment je ne les comprends pas, Lilas grandit tellement vite, tout le monde veut la voir, eux y compris, mais ils se plaignent de ne pas la voir assez alors qu’ils ne se déplacent pas…
        Le lien ne risque pas de se créer comme ça, d’ailleurs ça se voit, elle est plus proche de ma famille alors qu’elle est loin!

  5. On a un lien fort avec mes parents, heureusement. On a quand même été en France pour plusieurs semaines depuis que Mark est né, et j’ai usé et abusé de Skype quand je l’avais à la maison avec moi les deux premières années. Maintenant, mes pauses Skype, je les fais souvent seule juste pour pouvoir discuter tranquillement avec ma mère sans que Mark fasse le zouave devant la caméra :-D On s’échange aussi pas mal de paquets, des petits cadeaux et des morceaux de vie, comme des dessins, des photos… et oui, comme tu dois le voir sur le blog, je prends beaucoup de photos donc la vie de Mark a été assez documentée.

    Ce qui est le plus dur, finalement, c’est que la génération de mes parents ne peut tout simplement pas tout plaquer pour venir aider/profiter du petit roi. Et oui… ils bossent. On en parlait avec ma mère cet été. Quand je suis née, mon papi et ma mamie étaient 100% dispo, ils avaient pris leur retraite mais étaient encore jeunes (la toute petite soixantaine, je crois… même pas, en fait), bref, la génération des Trente glorieuses. Mes parents n’ont pas encore soixante ans mais leur parcours pro, comme celui de bien des gens qui sont rentrés sur le marché du travail après les années 1970, a été chaotique. Ils bossent encore et ils ne sont pas près de la retraite. Du coup, ils ne peuvent pas vraiment venir ici (ma mère est venue une fois depuis dix ans que je suis là), les sous manquent, les vacances aussi.

    Eh, c’est comme ça, c’est la vie. C,est cool aussi d’avoir des parents/grands-parents jeunes :-) Et puis on en profite à fond quand on se voit! Les liens familiaux, c’est pas forcément vivre à quelques pâtés de maison des uns des autres.

      • Pas la mienne non. En 5 ans d’expatriation, j’ai réussi à croiser mon père ici en Australie parce qu’il avait un voyage prévu pour lui (prévu avant que nous on décide de venir). Sinon, non. C est moi qui suis partie, c est à moi de revenir pour prendre des nouvelles en gros…..
        La famille (les parents) d’Alban, eux, profitent justement du fait qu’on soit à l’étranger pour venir. Il n y a qu’au Canada que nous ne les avons pas vus (en même temps on est restés 6 mois lol)

  6. Si je suis complètement honnête, j’aime vivre loin de la famille. Ton dernier paragraphe me fait sourire parce que oui chaque chose que tu décris fait partie de notre quotidien, y compris le planisphère qui vient de rejoindre la chambre, les skypes, les albums photos. J’aime ma famille mais vivre loin d’eux m’a vraiment libéré de quelque chose. Quoi je ne sais pas mais il y avait une sorte d’étouffement de mon côté. Je suis la première à sauter dans un avion pour aller les retrouver mais j’aime bien cette relation là, sans obligation, faite de rendez-vous tant attendus. J’apprécie vraiment les moments ensemble et finalement Hanaé ne souffre pas trop, on parle beaucoup de tout le monde, ils vivent un peu chez nous en quelque sorte. Mais c’est plutôt affreux de le dire comme ca: c’est une des raisons pour lesquelles l’expatriation me plait. Ca dépend des familles sans aucun doute, la mienne est plutôt dans l’amour fusion où tout le monde y va de son grain de sel, parle très fort, s’adore et se déteste, c’est peut être pour ca…

    • Je partage ton point de vue, on se sent qq part « à l’abri ». Quand tu entends les disputes, quand tu apprends les problèmes, tu es content d’avoir mis qq milliers de kilomètres entre eux et toi…

  7. Notre fils est parti vivre à Montréal avec sa compagne qui vient d’accoucher!
    Alors forcément, ton article me parle…Nous avons vu notre petit-fils âgé maintenant d’un mois sur Skype et ils nous ont envoyé des photos…
    Nous ne connaissons pas encore ce beau pays mais nous avons fait faire nos passeports ☺☺

      • Merci :) :)
        Ils viendront en France en février/mars alors on prévoit un voyage pour le printemps ou bien l’été…

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