L’achat de l’Instant Pot ou le slow consumerism

Je ne sais plus, la première fois que j’en ai entendu parler. C’était sûrement au dessus d’un café partagé, peut-être un message du matin. C’était l’une de mes amies, récemment pourvue. Elle ne tarissait guère d’éloges pour son nouvel achat, alors j’ai dressé l’oreille. Plus tard, une autre amie a mentionné un plat facile, un plat goûteux, en passant, comme ça, dans une conversation. L’outil était le même, la joie équivalente. Mais je n’étais pas encore convaincue. J’ai l’achat difficile, moi, voyez-vous. Passés 45 dollars, ça me prend une plaidoirie en béton, un argumentaire solide. J’ai regardé le prix de l’appareil, récemment soldé, et puis j’ai fait machine arrière. 

Une année est passée. Quelques recettes apparaissaient parfois dans mon fil et je découvrais alors le fonctionnement de l’Instant Pot, cet outil sacré. Mais c’est à la faveur d’une redirection du plan initial que nous nous sommes rencontrés lui et moi. 

Je voulais une yaourtière de luxe. Il faisait yaourtière, pour à peine plus que le prix de celle sur laquelle j’avais lorgné. Il faisait des tas d’autres choses aussi. Je l’ai acheté au moment des soldes de novembre, cette année. Et je n’ai jamais fait de yaourts dedans.

Mais des plats, ça oui. Du lever au coucher, je le branche et y dépose les composantes de nos repas et les gourmandises du quotidien. Du  premier moment de rejet – pourquoi tant de boutons – à l’adoption complète, il n’a fallu que quelques jours à peine.

C’est quoi un achat réfléchi ?

Je n’avais pas vocation à soupeser le possible achat de l’Instant Pot, mais il est devenu un achat réfléchi de fait. Il n’était au départ qu’un gadget dont je n’avais pas besoin. Il n’a pas répondu à une nécessité première qui aurait pressé un nouvel achat. J’avais des casseroles, des poêles, je n’avais pas besoin d’un artifice supplémentaire.

Lorsque j’ai commencé à réellement m’y intéresser, je lui ai confronté ma réalité. J’ai contacté l’amie susceptible de faire des recettes proches de mes habitudes et je lui ai demandé quels plats elle faisait dedans. Quelqu’un qui manque de temps et mange beaucoup de plats préparés et/ou enfournés n’aura pas forcément l’utilité d’un tel accessoire. 

Ma cuisine étant celle des ragoûts de légumes, des soupes, des riz au lait et des crèmes dessert, je ne pouvais qu’y trouver mon bonheur.

Cuits à l’Instant Pot cette semaine

L’hiver désormais bien présent, j’utilise l’IP tous les jours. Plusieurs fois par jour la fin de semaine. Hier j’y ai fait une soupe. J’y aurais fait aussi une compote si je n’avais pas manqué de temps. La veille, j’y avais cuit un minestrone. Et le midi, un risotto de champignons absolument parfait. 

Je suis de celles qui pensent que les accessoires techniques ne servent pas à grand chose en cuisine, à part à encombrer les tiroirs. Je me force par ailleurs, depuis quelques années, à limiter les gros achats, a fortiori les compulsifs. 

Un an, c’est ce que ça m’a pris pour investir dans un appareil qui m’accompagne désormais au quotidien, et qui me sauve tous les jours du temps. Pour une fois que ce n’était pas une promesse en l’air.

Pas d’articles neufs en 2019?

Le « slow consumerism » est, et c’est quelque part antinomique, « à la mode ». Sur les réseaux sociaux, j’ai vu fleurir une bonne résolution engagée : « pas d’achats de neufs en 2019 ». J’imagine que l’année se prêtait bien à la rime. 

Je me suis demandée qui se confrontait ainsi à une telle résolution : des accros du shopping en pleine rehab ou des écolos convertis ? 

Je n’aime pas les défis de masse, quoiqu’ils puissent m’intéresser lorsqu’ils ont un impact écolo. Mais pour moi cela revient à bachoter avec un examen : il y a peu de chances qu’on ait retenu beaucoup d’informations sur le long terme. 

Je suis une adepte de l’approche raisonnée. Pour des raisons techniques, sanitaires, pratiques, le neuf est parfois plus intéressant. Mais soupeser ses achats, qu’ils soient neufs ou d’occasion, c’est pour moi la bonne approche. Car encombrer son grenier de bons plans trouvés sur kijiji ne changera pas l’écueil initial : un jour ou l’autre ces vieilleries se retrouveront en première ligne à la déchèterie. N’acheter que ce dont on a vraiment l’utilité et le plaisir réel, c’est ça le vrai défi de ce premier cinquième de siècle, je crois.

Et vous ? A quoi croyez-vous ?

-Lexie Swing-

3 façons d’acheter différemment

Quand, il y a quelques mois, nous avons plongé les yeux dans nos dépenses afin de circonscrire le flot continu, nous savions qu’il y avait quelques trous. Comme tout le monde, nous laissions parfois aller nos achats, nous équipant de manière plus ou moins compulsive. Mais ce qui nous a surpris, une fois l’application Mint installée, a été de constater le montant d’argent dépensé certes, mais surtout le nombre de dépenses, le nombre d’achats et de paiements faits, et leur fréquence. Ils pourraient se résumer ainsi : un café au Starbucks, une brioche au Pain Doré, une jolie carte chez Papyrus, un beau stylo chez Indigo, une super promo chez Winners et une incontournable paire de jeans taille 2 ans chez Zara.

Je suis sûre que vous voyez de quoi je parle.

Je travaille en plein centre-ville de Montréal, j’ai une heure de pause le midi et les centres commerciaux sont accessibles par les souterrains depuis mon building. Je peux magasiner par -15 degrés en pull et bottines, entends-tu ça??

Bien sûr j’en ai profité. Ardemment. Mais l’étude de nos dépenses m’a mis face à cette réalité indubitable : je dépensais par ennui et non par besoin. Avec ce qui en découlait : je gâtais trop mes enfants parce que je trouvais toujours des bébelles à ramener, j’encombrais ma maison de choses inutiles, j’encourageais une consommation qui ne me correspondait pas (tsé le petit machin de plastique made in China?).

Alors on s’est imposé des nouvelles règles : moins d’achats, plus de réflexion, aussi plus de faits-maison dans les repas. On s’est mis à dépenser différemment, voilà comment.

1. Réfléchir avant d’acheter

J’écris cet article un sac Winners sous le bras, une histoire de cordonnier mal chaussé sûrement. Mais il n’empêche que l’item que je dissimule ainsi correspond en tout point à ce que je cherchais. C’est quelque chose dont j’avais besoin, pour une occasion précise. Et je me suis rendue chez Winners trois fois avant de trouver ma perle rare. Niveau rentabilité horaire, zéro, mais en termes de rentabilité objet, on est au top. La règle numéro 1 : n’acheter que ce qui a été voulu, soupesé, estimé. Et surtout ne jamais acheter par dépit. Car acheter quelque chose dont on sait qu’il n’est pas exactement comme on l’imaginait, c’est l’assurance de racheter à plus ou moins court terme un nouvel item, plus adapté. Et c’est valable pour les choses les plus bêtes. J’ai investi comme ça dans un épluche-légumes. Magasin de cuisine reconnu, marque bien sous tout rapport. Mais d’une inutilité crasse. J’avais bien vu qu’il n’était pas comme je cherchais mais tsé, c’était le seul du magasin. Et j’avais justement une soupe à faire ce soir là qui n’en pouvait plus d’attendre… le plan classique!

2. Consommer durable

Il y a quelques années, on nous a très gentiment donné deux gros sacs de bébelles. Le genre de petits gugusses en plastique fin, et des tas de mini accessoires. Il devait y avoir mille morceaux, au bas mot. Ma cadette n’était alors qu’un pépin de pommes et les sacs furent rapidement remisés. Mais maintenant que l’on pourrait les ressortir, voilà qu’ils nous donnent de l’urticaire. Des affaires toutes croches, qui ne tiennent pas vraiment. Des petits bouts, tout le temps, partout, qui glissent dans les coussins du canapé et collent aux poils du chien. Résultat, ils ont réintégré leurs sacs plastiques et partiront bientôt pour d’autres cieux que les miens. Alors pour ne point encombrer plus notre vie, nous avons mis un terme aux petits jouets inutiles, aux bébelles de sacs surprises du supermarché et autres affaires de plastique. Je veux du solide, et surtout du « je te l’offre et tu as intérêt à jouer plus qu’une demi heure avec ». Hier nous avons arpenté Toys’r’us à la recherche de sucettes pour Tempête, l’occasion pour sa grande sœur d’ouvrir des yeux comme des soucoupes en s’exclamant qu’elle était arrivée au paradis (rien que ça). Et bien sûr en réclamant chaque chose qu’elle voyait. Absolument chaque petite chose. Et généralement des peluches moches et des crayons pailletés.

No way.

Et puis une chaise haute et un lit mais pas comme le lit que j’ai mais un autre lit, superposé, pour mes deux bébés.

Elle en a 5, un dortoir n’y suffirait pas.

Alors passé les caisses – et les bijoux et accessoires de coiffures Claire’ s, l’occasion de nouvelles demandes – j’ai pu échanger avec elle et lui demander ce qu’elle aurait choisi dans tout le magasin. Elle a dit la peluche moche (enfin elle n’a pas dit moche bien sûr, elle a dit « le petit tigre trop beau avec ses yeux qui font comme des paillettes »). Après elle s’est ravisée et elle a dit « Rocky et sa voiture ». (On a déjà mais passons). Et puis ce matin elle m’a avoué avoir bien réfléchi. Elle voulait – elle en était sûre et certaine j’en n’ai pas dormi de la nuit maman – elle voulait un cahier de jeux Peppa Pig. On est passé d’un lit superposé en plastique rose à un cahier de jeux Peppa Pig. Apprécie le sentiment d’accomplissement.

D’ailleurs on est sorti du magasin et elle m’a dit « je suis bien fière de ne t’avoir rien demandé maman ». Lol.

3. Réinvestir son argent

Le problème des items superflus, c’est qu’ils ne sont pas prévus dans le budget. J’imagine que tout le monde prévoit une case plus ou moins lousse de « divers ». Mais pas de « j’ai acheté un poney sur Groupon parce que je m’ennuyais à la job ce midi ». Pour acheter ce qui n’est pas vital, nous commençons donc par nous départir de l’existant. Je rêve de ce moule à tarte rectangulaire (chacun ses passions les gars), je vais donc commencer par revendre cette machine à jus dont nous nions l’existence depuis sa première utilisation. Les filles auraient besoin de quelques paires de jeans supplémentaires ? Pourquoi ne pas commencer par faire de la place dans leur garde-robe avec les paires trop petites. « Maman je voudrais le Livre du Loup qui part sur la Lune ». Miss Swing a donc choisi quelques jouets qu’elle n’utilisait plus et nous les avons mis en vente. Elle est à quelques dollars de pouvoir s’offrir le livre du Loup et j’ai bien hâte de voir son visage quand elle pourra donner elle-même son argent au caissier ou à la caissière de la librairie.

On est passé des bébelles du Dollarama à ma fille qui se paye ses propres bouquins, j’assume.

Mais croyez-moi, terminer la négociation d’une vente par « je ne souhaite pas descendre le prix plus bas, l’argent va à ma fille de 5 ans pour qu’elle puisse s’acheter des livres », ça fait son petit effet.

Pour tout ceux qui aiment les bonnes idées budget, je vous conseille d’aller faire un tour chez Béatrice. C’est le thème central de son blog et elle est pleine de ressources.

Et vous, comment consommez-vous ? Avez-vous des astuces ?

-Lexie Swing-

Photo : Matthew Henry