Slate publiait il y a quelques jours un article relayant l’action du collectif La Barbe: 1700 personnes du milieu du cinéma ont signé une pétition dénonçant l’absence de films réalisés par des femmes à Cannes. Moi, dès que je lis « femmes », « discrimination », « lutte féminine », je clique. C’est mon dada, l’égalité hommes-femmes. J’admire les femmes fortes et indépendantes, applaudit les mères, fait la moue quand une amie m’annonce « son congé parental de trois ans et après on verra », soupire quand l’une de mes consoeurs, surdiplômée, snobe son groupe de copines pour tendre le pot de cornichons au couvercle récalcitrant au seul homme de la tablée.
Sur Slate.fr, j’ai lu « misogyne » alors j’ai cliqué. Qui était encore le gros naze de bonhomme qui faisait le paon sur son piédestal?
Pas de films de réalisatrices à Cannes… bon. Je connais mal le milieu du cinéma, mais on semble y croiser plus d’hommes que de femmes. Pourtant j’ai gardé en mémoire l’excellent Polisse réalisé par Maïwenn, le Tout ce qui brille de Géraldine Nakache (son premier long-métrage), l’oscar du meilleur film en 2010 pour Démineurs de Kathryn Bigelow. Cannes privilégierait les réalisateurs? Je reste souvent stupéfaite devant certains rouages corruptifs dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence, mais encore ici je doute. Le festival de Berlin, moins snob, et semble-t-il plus ouvert, accueille-t-il plus de réalisatrices? Et surtout: le milieu des récompenses cinématographiques devrait-il user de discrimination positive à l’égard des films « de femmes »?
Moi je ne pense pas. Mettre en avant les femmes par le biais de la discrimination positive, c’est parfois urgent, par moments incontournable, mais à mon sens pas toujours nécessaire. Je pars du principe que l’on aime les films (qu’on soit jury à Cannes ou simple spectateur, entendons-nous bien!) indépendamment du sexe de son réalisateur. On recherche la qualité des plans, la capacité à raconter une histoire, les prises de risque. A un moment, il serait bon de cesser de différencier pour englober. Il est des choses pour lesquelles hommes et femmes seront toujours différents, physiologiquement entre autres, mais le fait de réaliser un bon film, apprécié du public, adoubé par un jury à Cannes, Berlin ou Toronto n’en fait pas partie.
Le problème est alors dans « l’avant », la décision. Comme le souligne Charlotte Pudlowsky dans son article, en reprenant les paroles de Thierry Frémaux, Cannes n’est que l’illustration de ce qui se passe dans le milieu du cinéma: très peu de femmes réalisent des long-métrages. Si mise en avant des femmes il doit y avoir, elle doit se faire en amont. En les appâtant dans les écoles de cinéma, en les poussant à prendre des risques, en les rassurant dans leurs capacités à lutter, non pas en tant que femme mais en tant que réalisateur à part entière.
« Polisse »
-Lexie Swing-