
Se méfier du racoon qui dort./ Photo Trevor Blake
C’est toujours la lune de miel. Les choses sont moins nouvelles mais le plaisir reste le même. Montréal est ma maison. Celle que j’ai choisie. J’aurais pu me tromper, mais il fallait s’y rendre pour en avoir le coeur net. Certains rêves sont faits pour devenir réalité.
Et à l’image de l’amour, il suffit parfois de s’en éloigner pour se rendre compte de son importance. Lorsque nous avons plongé dans le brouhaha de New-York et que les voisins du dessous ont poussé à fond les premières notes de la musique techno qui allait accompagner notre samedi soir (jusqu’à 4 heures du matin, petits joueurs), nous avons soupiré, les yeux grands ouverts et le moral à -200 en dessous du niveau de la mer, que l’on voulait « rentrer chez nous ». Et aussitôt, je me suis posée la question: c’est où chez nous? Cela semblait, comme ça, évident. Chez nous, c’était là d’où nous arrivions, tout droit au nord de la 87. Mais j’ai pensé un instant à ma belle-soeur, éveillée aussi (difficile de dormir sur autant de « db ») de l’autre côté du mur. Chez elle, c’est la France. Je me suis imaginée un instant en France. Et j’ai frissonné.
La France, c’est le pays de ma famille, mon pays de naissance. Mais c’est aussi un pays qui m’inquiète, dont je me moque volontiers, dans lequel certains commerçants ont l’amabilité d’une porte mal refermée: tu crois à une ouverture mais le battant menaçant qui claque au vent t’indique clairement de passer ton chemin. C’est un pays dont je suis fière de l’histoire et déçue des perspectives d’avenir, pour les jeunes, pour les femmes, pour les pauvres, pour les riches aussi, pour les LGBT et pour tous ceux dont la couleur de peau ne se situe pas entre blanc cireux et café avec un grand nuage de lait. Il fait partie de mon histoire, mais guère de mes perspectives d’avenir. Ou peut-être que si, et alors je retournerai m’enterrer dans ce Sud-Ouest chaleureux qui m’a si bien accueillie.
J’ai pensé aux sourires, au calme, aux gens qui pensent qu’un demi-centimètre entre eux et moi, dans le métro, ça ne suffit pas. J’ai pensé à cette fille, qui a traversé en courant la rue, il y a quelques jours, pour m’aider à sortir le carrosse de l’autobus. Et aux quatre femmes, cet hiver, qui l’ont saisi ensemble pour le soulever par dessus la congère de neige. J’ai pensé au parquet qui grince, au four XXL, à cette énorme bête qui dit être un raton-laveur et à qui on abandonne volontiers poubelle et balcon lorsqu’on l’aperçoit. J’ai pensé à la tarte au sucre, qui à elle seule mérite que je sois venue ici.
C’est ma maison. Montréal.
-Lexie Swing-
Une belle déclaration d’amour à cette ville que j’attends de retrouver avec impatience. Tes mots sont plein d’émotion et me dresse les poils sur les bras.
Voilà 3 ans que nous sommes rentrés en France. Alors qu’on attend patiemment notre résidence permanente pour repartir à Montréal, j’ai parfois quelques appréhensions en me demandant si ce sera toujours comme avant, si je n’ai pas idéalisé cette ville qui me manque tant au fil du temps. J’espère ressentir la même sérénité en y posant à nouveau mes valises, ma vie et mon avenir.
Tu penses que vous l’aurez dans longtemps? Combien de temps aviez-vous passé à Montréal?
On a passé un peu plus de 2 ans à Montréal. Et au bout de 2 ans en France, on s’est dit que notre vie était au Québec.
Côté démarches, on a eu le CSQ. L’étape fédérale a été envoyée il y a 1 bon mois. Si tout se passe bien, on pourra peut-être déménager début/printemps 2015.
Je comprends tout à fait ce que tu expliques. Il faut se dire que c’est une chance d’avoir trouvé l’endroit où posés ses valises, ça n’a pas besoin d’être là où on est né par hasard.
Est ce que c’est le sentiment que tu as pour la ville où tu es pour le moment?
Oui, même si ça ne me poserait pas de problème de repartir si il le,fallait.
Vive les tartes au sucre !
La vache, que c’est bon!
Je viens de rentrer quelques jours en Belgique et en rentrant, je me suis posée la question. Mais c’est où chez moi? Je dis « chez moi » quand je parle de Doha en Belgique, je dis « chez moi » à Doha quand je rentre à Bruxelles…C’est confus mais je n’ai pas non plus choisi le Qatar comme toi le Canada. Pour l’instant je me sens un peu SDF mais je me console en me disant que chez moi c’est ma famille, mon mari, ma poupette. (ça c’est un vrai spoiler d’un billet à venir hihi)
C’était précisément ce que je ressentais quand j’étais au Brésil, et aujourd’hui, étant donné que j’ai du mal à me plaire au Portugal mais que je ne me sens pas à ma place en France non plus, je me sens un peu perdue. Mon coeur est clairement resté outre Atlantique, mais est-ce resté mon chez moi pour autant…? Serais-je devenue apatride …?