Un entrechat et deux sauts de côté, la cheville qui vacille et le souffle qui manque. Le temps de souffler j’échange un regard avec ma prof de sport, amusée. Et puis un flash. A ses yeux se superposent ceux d’une autre. Un regard plus sombre et un jugement sans retenue « Toi, tu ne seras jamais douée ».
Ces fantômes qui hantent notre mémoire sont autant de liens qui nous ramènent à nos faiblesses, à nos mauvais moments. Ils sont un garçon, ou une fille, qui dit non, non, toi et moi jamais. Ils sont un prof, qui murmure au parent fatigué, « son cas est désespéré », et qui rature, exaspéré, le carnet de notes de déceptions à peine voilées. Ils sont un ami qui ne donne plus de nouvelles. Et une copine partie hurler avec les loups. Ils sont un « je ne t’aime plus » et plusieurs « elle est mieux que toi ». Ils sont cet inconnu qui crie « bouge ton gros cul » et une voisine qui interroge « est-ce bien raisonnable de manger tout ce chocolat avec ton poids? »
Ils sont ces gens qui, d’une pichenette qu’ils oublieront à peine le doigt lancé, dégomment nos illusions, soufflant sur le château de cartes de notre estime. Ils sont ces fantômes, enfermés dans des boîtes à souvenirs, qui s’invitent dans notre esprit au détour d’un moment impromptu.
Ils sont ces fantômes qu’on devrait libérer, et de leur poids se décharger.
Ils sont ces fantômes que nous sommes tous aussi, pour quelqu’un d’autre.
Quelqu’un dont on ignore les appels
Quelqu’un dont on a refusé la tendresse
Quelqu’un qu’on a jugé
Quelqu’un à qui on a donné notre avis, même s’il ne voulait pas l’entendre
Quelqu’un qu’on a critiqué
Quelqu’un qu’on a méprisé
Quelqu’un qu’on a oublié,
Mais qui lui ne nous oublie pas, entre deux entrechats.
-Lexie Swing-
C’est magnifique.
Quelle belle réflexion sur le travail à faire sur nous-mêmes, pour grandir malgré les fantômes, pour tourner la langue avant de nous faire celui de quelqu’un.