J’ai signé l’achat de ma maison, c’était un mercredi et il neigeait

Nouvelles clés./ Photo Linus Bohman

Nouvelles clés./ Photo Linus Bohman

Rendez-vous à 18h. Nous prenons la route sous la poudrerie, cette neige fine et battante qui fait des siennes depuis 24 heures. Les rues sont bouchées, les principales artères impraticables, il est 18h10 quand nous passons la porte du notaire.

Ils sont plusieurs à nous attendre déjà : le notaire donc, mais aussi le vendeur et son courtier. Le nôtre, gardien bienveillant, nous rejoindra plus tard, lorsqu’il aura lui -même dompté la tempête.

“Madame, Monsieur…”. Devant tant d’importance, Miss Swing est saisie. Elle profite de l’occasion pour attraper un crayon gras et retapisser le bureau en bois verni du notaire. J’essuie discrètement les traces d’un index humidifié, sans trop de succès.

On nous présente le bâti, les plans, précise que l’occupante a laissé les rideaux. Et puis une pelle, un escabeau, quelques plafonniers, bien trop pressée de partir après des mois d’une succession difficile. “Voici le papier qui vous rend propriétaires”, souligne le notaire. La tension est à sa comble, Miss Swing n’en perd pas une miette, dévorant avec force bruits et postillons une viennoiserie à l’érable dénichée au fond d’un sac et qui devait revenir à son père.

“Signez ici Madame”. Je transfère enfant, sac et miettes à Mr Swing et saisis un stylo au hasard – le notaire en a une bonne trentaine absolument identiques sur son bureau – et signe d’une main et d’un oeil, tandis que l’autre tente d’identifier les possibilités qu’une petite main graisseuse se pose sur le papier au moment où je vais glisser celui-ci vers mon co-signataire.

 Et puis il est l’heure de sortir. On nous tend les clés sans cérémonie. De toute façon, l’un de nous est déjà parti à la recherche d’un nain repu égaré dans le couloir. On se retrouve sur le parking un peu hébétés, nos nouvelles clés carillonnant dans nos mains. Un détour par une boutique de sandwichs pour s’approvisionner et nous traversons lentement la petite zone de commerces située au dessus de la maison. La neige continue sa valse tourbillonnante et le sol uniformément blanc donne à Saint-Bruno un petit air de village de ski.

 On a fêté notre achat accoudés (ou assis, selon nos tailles respectives) aux meubles de la cuisine, avec des sandwichs chauds, des chips (les premières pour Miss Swing dont l’appétit était déjà revenu) et du jus de pomme. Un pique-nique improvisé dans notre maison vide et silencieuse, toute prête pour notre nouvelle vie.

 

Ensuite Miss Swing a découvert les placards où se cacher, les escaliers à descendre sur les fesses, la chasse d’eau que l’on peut tirer quinze fois de suite, les poignées de porte à sa hauteur… Et le spectacle a commencé.

 

-Lexie Swing-

 

4 réflexions sur “J’ai signé l’achat de ma maison, c’était un mercredi et il neigeait

    • Merci. Je n’ai pas très bien réalisé sur le moment, ma fille demande trop d’attention en ce moment pour que tu puisses vraiment te mettre sur pause et te dire « wahouh je vis un sacré moment ». Mais c’était un sacré moment.

  1. On n’avait pas d’enfant quand on a acheté mais on n’a pas trop réalisé non plus à la signature!
    Bienvenue sur la Rive-Sud alors! J’emmènais mon aînée à la piscine à St-Bruno cet été.

  2. Congrats, même si effectivement ça doit faire bizarre, une signature qui vaut si cher (dans tous les sens du mot!) avec si peu de cérémonial!

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