Mal à la liberté

Je suis Charlie

Je suis Charlie

J’ai mal à la liberté. L’expression vient de ma cousine. Moi j’ai d’abord cru à une (mauvaise) plaisanterie. J’attendais que Mr Swing rigole après me l’avoir dit. Il n’a pas ri. Ce n’était pas le Gorafi. Je veux dire…. assassiner des caricaturistes, des maîtres à penser de l’humour bien mené, quelle ironie.

Je suis humaniste. J’ai vu en premier lieu les corps couchés, les connus comme les anonymes. J’ai pensé aux familles, aux orphelins, à celui qui pleure ce soir d’avoir perdu l’un des siens. Je me suis demandée quel âge ils avaient, j’ai mis des visages sur des noms, des histoires personnelles sur des parcours connus de tous, et chaque fois mon coeur s’est pincé de devoir mettre une date de fin à ces sourires narquois.

Et puis l’emballement du coeur a laissé place à celui d’un autre organe, méconnu, la liberté. Un tout petit organe, logé dans nos entrailles. Un organe qui s’est rebellé dès l’info affichée. De quel droit tue-t-on l’expression ? Depuis quand les armes sont-elles une réponse aux mots, aux stylos, aux dessins griffonnés sur un bout de papier ? Quelle absurdité de l’espèce humaine se joue dans cette attaque démesurée?

Journaliste est l’un des métiers non armés les plus dangereux au monde, dangerosité hier cantonnée aux zones de conflit, désormais transportée jusque dans les rédactions. Et les gros journaux satiriques n’en sont pas les seules victimes. Quel petit journaliste de Province ne s’est jamais vu menacer ? Quel fait-diversier n’a jamais eu maille à partir avec de petits criminels accomplis ? Qui ne s’est jamais entendu répliquer « Changez ça ou c’est avec le fusil que je vous reçois la prochaine fois ».

Nous sommes au coeur de tous les maux. Receveurs, transmetteurs, gestionnaires de conflits, pris entre des clans déchaînés qui utilisent nos espaces comme des zones d’expression personnelle. Appelés, implorés, puis décriés, sans cesse.

J’ai mal à la liberté, cet organe palpitant désormais amputé. Mais la rage est grande et l’espoir immense, les témoignages et les rassemblements le prouvent. Demain chantera peut-être.

-Lexie Swing-

4 réflexions sur “Mal à la liberté

  1. Très beau texte. Un peu comme toi, j’ai d’abord pensé à l’humain. Aux victimes, à leurs proches. Et je me suis sentie effondrée et impuissante. Et puis j’ai regardé ma fille, au monde que je veux pour elle… et j’ai écris! Car rien ne nous enlèvera notre liberté! Et il faut le clamer haut et fort.

  2. Derrière l’horreur, il y a ces hommes et ces femmes qui avaient des idées et des idéaux, il y a les anonymes dont personne ne parle, mais qui laissent derrière eux des familles interdites, démunies.
    Demain il y a l’espoir, toujours, parce que la vie ne meurt jamais vraiment, la liberté peut être amputée, elle ne disparait jamais vraiment.
    Très beau texte Lexie, qui nous touche profondemment.

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