
./Photo Clemens v. Vogelsang
L’autre jour, à l’épicerie, un cri suraigu a retenti à travers le magasin, suivi d’un autre, et plusieurs encore. Miss Swing a déclaré, laconique, « il pleure maman ». Pas dupe. C’était bien un petit garçon qui hurlait de désespoir au rayon des surgelés. Une glace refusée? Pas les frites qu’il voulait? Les pleurs ont laissé place à des cris de nerfs et sa mère, blonde et rougie par l’effort, a finalement abandonné courses et caddy et a pris la poudre d’escampette, son garçon sous le bras, à qui elle murmurait : « je suis tannée, tannée, tannée ».
Quel parent d’un enfant de plus de deux ou trois ans n’a pas eu droit un jour ou l’autre à une crise de colère? Qui n’a jamais assisté au spectacle d’un enfant qui se roule par terre pour un « non » au rayon des bonbons?
La réaction est souvent inversement proportionnelle à la gravité du moment. Plus petit est le refus, plus grande est la crise. Et elle peut surgir à tout instant : une chaussette mal mise, un morceau de puzzle incompétent qui refuse de prendre son emplacement, un « non » du parent de laisser l’enfant arracher méthodiquement les poils du chat, etc.
Si elle n’est pas férue des crises de nerf, Miss Swing n’hésite pas à exprimer toute sa colère en lançant divers objets. Un morceau qu’elle n’arrivait pas à piquer vendredi avec sa fourchette a ainsi transformé le repas en pugilat, lorsqu’elle a jeté successivement son assiette, puis son pain et ses couverts par dessus la table.
Punie? Illico! On ne jette pas ses couverts sur les genoux de sa mère! Cependant je m’efforce de plus en plus de l’aider à mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Tu es en colère parce que je n’ai pas voulu que tu manges un bonbon; parce que tu n’arrives pas à faire tes lacets; etc.
La réaction paraît souvent énorme au regard du côté dérisoire du moment. Hurler pendant 25 minutes parce que tu n’arrives pas à tourner la page du livre; vraiment? Mais quand on y réfléchit bien, le sentiment ne l’est pas. Quand je mesure la frustration ressentie face à un problème que je ne parviens pas à résoudre, ou la colère de mon amie quand son boss lui refuse une augmentation qu’elle jugeait méritée, je comprends quel chemin nous avons à parcourir. Quelle claque que ce « non »! Quel sentiment détestable que celui de ne pas parvenir à faire quelque chose, fusse de mettre ses chaussettes.
En grandissant, on apprend à moins s’émouvoir, à se contrôler, à juger de l’importance de l’acte. N’en reste pas moins que lorsque la colère ou la frustration nous envahissent, elles nous prennent à la gorge, s’attachent à notre vue comme ces sensations bien égoïstes qu’elles sont, nous obnubilant au point de nous faire oublier le reste. Et que dire du fait que nous sommes souvent, dans ce cas, incapable d’entendre les voix de la sagesse qui nous murmurent à l’oreille : « Ce n’est pas important, il y a des choses plus graves dans la vie ». Il y a plus grave que de ne pas parvenir à faire ses lacets; il y a plus grave aussi que de ne pas obtenir le poste qu’on souhaitait. Il y a toujours plus grave. Mais à cet instant même, on se ferait quand même bien une petite crise de nerfs au rayon des surgelés, juste pour s’exprimer…
-Lexie Swing-
Oh que oui !
Du vécu Lexie! C’est vrai que pour nous aussi la frustration est difficile à gérer. On a les mots, c’est la seule différence, mais ça ne nous aide pas davantage dans bien des cas.
Comment est ton fils?
En ce moment c’est assez dur je dois dire. On a quelques fourchettes qui volent à travers la pièce et il sait bien crier, si tu vois ce que je veux dire. En public ça se passe plutôt bien. Je le laisse pleurer et il finit par se calmer. J’évite souvent le regard des gens (qui pensent quel gosse mal élevé) et je suis beaucoup plus tolérante vis à vis des mères vivant les mêmes instants de solitude que moi face à des enfants inconsolables!!!
C’est tout à fait ça.
Il y a un bouquin hilarant sur le sujet, né du site http://www.reasonsmysoniscrying.com/
Chez nous aussi, colères souvent inattendues pour un détail. Meh. J’attends que ça se passe. Ce genre de démonstration ne m’énerve pas en fait. Ce qui me fait sortir de mes gonds, par contre, c’est casser/jeter/taper sciemment pour énerver maman…
Je connaissais et je l’ai relu en partie, j’adore!