Il y a quelques jours, des femmes journalistes politiques françaises ont publié une longue tribune dénonçant le sexisme auquel elles ont droit. Regard appuyé sur le décolleté, blagues déplacées, minimisation des compétences. C’est un peu ça le trio infernal.
En France, l’homme politique a en moyenne, je ne sais pas, 50 ans ? Ceux que l’on rencontre sont en tout cas tous grisonnants. Ils sont assis, confiants, sur leur trône de pacotille, et vous accueillent avec la légitimité qu’ils estiment vous devoir. Aux hommes, même jeunes, la poigne confiante. Aux femmes, surtout jeunes, le dédain, le sourire condescendant ou concupiscent selon les goûts du bonhomme et l’humeur du moment.
Il faut du temps à une femme journaliste politique pour acquérir le respect auquel elle a droit. Il y a celles qui bataillent, il y a celles qui échouent, il y a celles qui s’en moquent. Mais toutes ont eu droit un jour ou l’autre à leur lot de petites remarques sexistes ou apparentées. À leur invitation à souper et plus si affinités. À leur petite drague ouvertement plébiscitée par les autres bedonnants en présence.
Ce n’est pas une poignée de femmes journalistes, parmi les plus connues du bottin, qui expriment ainsi leur désarroi. C’est une profession à part entière. La plus grosse moitié. Ce ne sont pas seulement celles qui bénéficient du package Entrée à l’Elysée et déjeuner de presse sur les Champs Elysées. Mais toutes les femmes journalistes politiques, reconnues ou temporaires, de signature ou de remplacement pour l’été.
Ce sont des hommes qui proposent des lois pour abolir les comportements sexistes au travail. Des hommes qui estiment en assemblée qu’est considéré comme du harcèlement sexuel une remarque ouvertement déplacée, et qui se permettent, dans l’antre de leur bureau, de soupeser sans gène aucune les jambes croisées de la femme qui les interviewe. Ce sont des hommes qui votent pour l’égalité des salaires et évaluent les compétences en fonction de la taille des bonnets. Ce sont des hommes qui ont la parole dorée, le rire gras et la main baladeuse.
Ce sont des hommes qui disparaîtront. Car c’est l’un des premiers arguments donnés dans la tribune précitée : ce sont des hommes dans le déclin de l’âge qui seront bientôt remplacés par une toute autre génération. Une génération que l’on qualifie volontiers de paresseuse et d’égoïste, mais une génération qui croit aussi à l’égalité des sexes, au partage des tâches et à l’importance des enfants. Une génération née sous la coupe de femmes libres. Il n’y aura plus alors de place pour les hommes d’hier, les vieux de la vieille, qui rassurent leur peur de la déchéance à grands coups de remarques sexistes.
Mais dans tout ce tapage, il y a quelque chose qui me sidère : assez nombreux sont les commentaires de femmes, et j’appuie sur ce dernier mot, qui déclarent qu’elles « l’ont bien cherché » et qu’elles n’ont qu’à pas « coucher avec des politiques » et « porter des robes courtes ». Au pays du sexisme, le premier ennemi de la femme, c’est la femme elle-même. Ça se confirme, ça perdure. Et ça ne changera pas tant que toutes les femmes ne parleront pas d’une même voix. Mais peut-être est-ce un autre débat ?
-Lexie Swing-
Non ce n’est pas un autre débat. A l’heure où comme tu le soulignes beaucoup d’hommes sont naturellement féministes, dans la bouche de certaines femmes ce mot semble péjoratif. Je pense qu’il faut continuer d’en parler librement, et souvent, pour que ce phénomène ne se banalise pas, ce serait un recul en arrière alors qu’il y a encore tant de pas en avant à faire…