
Porter bébé./ Photo Meagan
La miss pleure. Un cauchemar. Je chuchote à son attention depuis mon lit. Le cri s’amplifie alors je me lève (la nuit rend l’amoureux particulièrement sourd). La belle au bois dormant n’a plus le sommeil très paisible et son petit corps se tord sous l’assaut de quelque mauvais rêve.
Tandis que je l’apaise, 30 centimètres de chair et d’os s’agitent en mon for intérieur. Car quand sa soeur est réveillée, mon bébé ne tarde jamais à s’agiter. Telle une lionne tapie dans la savane, ma future-née ne dort jamais que d’un oeil. Il me suffit parfois de penser à elle pour sentir ses petits pieds s’agiter sous mon nombril. À midi ou au milieu de la nuit, elle est toujours partante pour quelques soubresauts.
Et lorsque je sens glisser sous mes doigts de fines articulations, je réalise que je ne suis plus jamais seule. Dans quelques semaines, j’aurais recouvré la propriété entière de mon corps, à défaut d’en avoir vraiment l’usage. Mais pour le moment, je suis un condo en location. Un studio un peu étroit duquel elle repousse souvent les murs, défiant les lois de la physique et des sciences humaines en réduisant mon estomac à la taille d’un timbre poste et écrasant ma vessie comme un vulgaire coussin à billes.
Ma petite mandarine est de ces pensionnaires presqu’encombrants, qui prennent deux fois la place allouée et font la fête aux aurores sans se soucier du sommeil des propriétaires.
Mais elle est aussi présente, toujours. Me tenant par la main du coeur à chaque moment de fatigue, à chaque moment de doute. Me rappelant sa présence, son énergie, une énergie vitale brûlante qu’elle me partage chaque jour. Elle est tout à tour cabotine, enthousiaste ou câline. Se serrant contre la joue de son père avant de lui décocher un coup sur le nez tandis qu’il cherche à lui parler.
Je ne sais pas si elle restera cette enfant-là, ou si le petit ouragan qui vit en moi deviendra un nouveau-né au calme olympien, à peine troublé par une porte qui claque ou un chien qui aboie. Je commence juste à retrouver le (mauvais) caractère de sa soeur lorsqu’elle était dans mon ventre. Nul doute que passer de quelques centimètres carrés au vaste monde demande un peu d’adaptation.
By the way, Mandarine, c’est juste parce que j’aime bien ce mot. Il y a longtemps elle n’était qu’une mandarine, un petit fruit rond et souple à peine éclos. Elle fait désormais la taille d’une aubergine (selon mon appli de grossesse chérie), mais c’est nettement moins sexy non?
-Lexie Swing-
Tu as raison, mandarine est bien plus mignon qu’aubergine! Très joli billet.
Merci :) Elle grossit de jour en jour, samedi à 25 sa elle devient une papaye :)
Ah, c’est mignon aussi!
Joli billet!
Et vivre avec deux aubergines… c’est pas facile… déjà on a l’impression que je suis presque à terme…
Et puis elles ont du se mettre d’accord… toi tu pousse l’estomac au fond de sa gorge et toi tu écrase la vessie avec tes fesses… On va s’en faire de la place et tiens si on se battait au niveau des côtes… Comment ça il est 2h du matin? C’est bon elle a pas besoin de dormir non plus…
Pfff j’appréhende déjà la fin…
Bref, bonne grossesse Lexie Swing!!
Je sais, je pense à toi des fois, à toute la place qu’elles doivent prendre… Je te souhaite plein de courage!
Mandarine j’adore! Qu’il est doux ton billet sur cette vie qui grandit à l’intérieur de toi. Le fait de porter et donner vie à l’enfant me fascinera toujours.
Ça a quelque chose de franchement magique, au sens propre du terme. Créer un enfant c’est fascinant lol
Joli billet! Oh que je m’ennuie de toutes ces sensations! Mon petit ouragan à moi est devenu un petit garçon très calme, mais curieux de tout et très, très expressif… comme quoi ce n’est pas toujours facile d’interpréter la personnalité de nos bébés avant la naissance.
Merci Noémie, quel âge a ton petit loup?
Il aura 1 an ce samedi. On dirait que je ne réalise pas encore tout à fait…
Quel beau texte ! J’aime « elle me tient par la main du cœur ». C’est exactement ça. Souvenir…
Tu as apprécié la grossesse ?
Oui, beaucoup. Mes trois grossesses ont été pour moi des moments magiques. Je m’ennuie même parfois de ressentir la présence d’un petit être en moi. C’est un privilège d’avoir pu vivre ça.
Je suis d’accord avec toi, tu as parfaitement raison, c’est un privilège
C’est mignon les aubergines aussi :-) C’est marrant, dans ton texte tout d’un coup j’ai retrouvé l’espace d’une seconde les sensations d’être enceinte. Bien écrit et bien décrit!
qu’est-ce que tu as contre les aubergines ?! ;-)