Il y a toujours un article, une émission, une photo, qui nous fait nous interroger sur ce que nous sommes et ce que nous souhaitons. Comme cet article récent sur une Instagrameuse accomplie qui a choisi brutalement de dénoncer la « perversité » des médias sociaux en révélant l’envers du décor de ses photos.
Pour ma part, c’est une publicité récente d’Ikea qui m’a fait réfléchir. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une publicité à proprement parler, mais d’un projet vidéo d’Ikea visant à faire parler de la grande chaîne. Les réactions des enfants et parents filmés sont censées être honnêtes, mais comme je ne peux en attester, je préfère voir ça comme une publicité. Ce qui ne change rien au message qu’elle véhicule.
Dans le cadre de ce projet vidéo intitulé « The other letter », Ikea fait intervenir dix familles. Parents et enfants sont séparés. Individuellement, les enfants sont amenés à écrire une lettre au Père Noël. Puis une seconde à leurs parents. « Que voudrais-tu demander à tes parents pour Noël? » interroge une voix derrière la caméra. Les enfants flanchent un peu puis retrouvent l’inspiration, pour une ligne ou deux, pas plus. Face caméra, les parents découvrent ensuite la lettre qui leur est destinée. Emotion, culpabilité, sourires, larmes, je vous passe les réactions parfois mièvres, mais les mots sont là. Pour Noël, ces enfants voudraient plus de temps avec leurs parents, plus de soupers en famille, plus de parties de jeu. L’un demande à sa maman de jouer au soccer avec lui, quand d’autres aimeraient plus de sorties familiales. Une maman résume la pensée de tous : « On voudrait leur donner le meilleur, on est prêt à dépenser des fortunes alors qu’on a déjà tout ce qu’ils veulent vraiment, en nous ».
On connaît tous l’histoire de l’enfant très riche dont les parents travaillent beaucoup et qui le couvrent de cadeaux pour remplir le gouffre de la culpabilité de laisser leur gamin unique dans une maison immense administrée par une nanny qu’il considère comme sa mère puisqu’elle est la seule à lui donner un peu d’amour. C’est un scénario mille fois repris, qui a déjà bien rempli les poches de Disney Channel.
Mais il y a un peu de vrai (beaucoup, en fait) dans ceci. Quand on regarde en arrière, ce ne sont pas nos dizaines de cadeaux de Noël qui nous restent en mémoire, mais le moment où on les a ouvert, un sourire sur un visage, une chanson qui faisait la tradition familiale, ou une tourte aux pommes spéciale. Il y a bien longtemps que j’ai remisé ma gameboy et mes Polly Pocket, mais les instants restent, eux.
Faible que je suis… J’ai visionné la vidéo quelque temps avant d’aller chercher Miss Swing à la garderie. Son papa devait rentrer un peu tard. Nous avions prévu de la faire dîner seule, du coup. Mais qu’est-ce qui était vraiment important? Qu’elle goûte en rentrant, quitte à souper une heure plus tard que d’habitude, ou qu’elle suive son train-train mais soupe seule devant son assiette et ne voit guère son père?
En rentrant, j’ai repoussé l’ordinateur, j’ai éloigné le téléphone, je me suis assise sur le banc à côté d’elle. A ses côtés, j’ai empoigné un crayon de couleur pour colorier le chapeau d’une sorcière (rapport à l’Halloween de la semaine dernière). Elle a dessiné, sa hanche contre la mienne, tandis que la petite mandarine l’observait, perchée sur le genou opposé. Elle m’a regardé tenir mon crayon (mal d’ordinaire, mais pour une fois je faisais un effort). Elle m’a demandé de lui placer le sien pareil. Ensuite, elle l’a fait seule. J’ai gagné un joli moment, dont je me souviendrais sûrement encore dans quelques mois. Elle, elle oubliera peut-être. Mais elle se souviendra du sentiment, de l’impression de partage. Je le sais, parce qu’en se levant elle m’a dit « Maman et moi on a dessiné hier. J’ai fait la maman et elle a fait le papa ». Oui, la grosse sorcière large d’épaules était un papa, et la petite aux cheveux filasses une maman.
Il va falloir qu’on ait une discussion.
-Lexie Swing-
C’est vrai que ce qu’ils veulent avant tout c’est du temps, du temps avec nous, et ce temps nous ne le prenons pas assez, en disant toujours « demain je gèrerais mieux ». Ou pas. Quand je suis avec mon petit homme, j’essaye vraiment de ne pas me laisser distraire par téléphone ou ordinateur. Il y a un temps pour moi et un temps pour lui et moi. J’essaye, je n’y arrive pas toujours.
Intéressant Lexie!
Tout à fait d’accord ! L’essentiel des besoins de nos enfants est en nous. Depuis qu’il est tout petit, je couche mon enfant beaucoup plus tard que l’heure communément admise pour qu’il puisse dîner avec nous et profiter de son papa. Et s’il manque de sommeil, et bien il fait de plus grosses siestes pour compenser… Ceci dit, je regrette de ne pas partager plus de moments de jeux avec lui…
Pris dans le tourbillon de la semaine ce n’est pas tjs évident de trouver des moments… En congé maternité c’est plus facile : je cuisine l’après midi et du coup j’ai ma soirée pour profiter d’elles …
J’essaie aussi de trouver des moments. En fait, c’est vraiment notre attention à 100% qu’ils veulent, pas forcément une activité précise ou des heures de jeu (même si ça c’est bien aussi!). Nos moments, ça peut être quand il prend son bain, en voiture quand on « discute », etc.
J’aime beaucoup ton article. Je suis à la maison depuis la naissance de ma fille, elle a bientôt deux ans. Et parfois on me demande si ça ne me manque pas de travailler, si je ne regrette pas, si je ne m’ennuie pas. Non non et non. Car passer tout ce temps avec elle, c’est vital, pour moi mais pour elle aussi. Je ne l’imagine vraiment pas autrement. C’est vraiment de nous qu’ils ont besoin, ces petits êtres humains…
Est ce que tu vas endosser pleinement le rôle de maman à la maison pendant quelques années ou tu vas devoir aller retravailler d’ici quelques mois?