Tempête. C’est le nom qu’on lui donne dans l’intimité. Vivre avec E., c’est comme être dans l’oeil du cyclone. En apparence, tout est calme. Pas de bruit, pas de geste brusque, pas de murmure. Et puis soudain les murs tremblent, la maison s’emplit de rugissements suraigus et de gestes désordonnés. Tempête. Elle est aussi calme qu’agitée. Déterminée à secouer la vie comme un prunier pour accéder plus vite à ce qu’elle a de meilleur : des biberons, des couches propres et du yaourt nature volé au coin d’une cuillère qu’on aura attrapée au vol alors qu’elle ne nous était pas destinée. Tempête. Elle s’agrippe, pour mieux comprendre, pour mieux observer, pour mieux saisir. Surtout aux cheveux de sa soeur, au besoin. Sa soeur qui, comme souvent les deuxièmes, la fascine. Il n’y a personne de plus drôle, de plus intelligent et de plus beau au monde que B., pour la petite mandarine. Mais un bisou de trop et voilà qu’elle l’empoigne. Quitte à danser, autant le faire à deux, voilà ce que doit se dire ma cadette, qui ne lâche prise qu’après de longues minutes et toujours à regret. Tempête. Qui a déboulé si vite dans l’existence que l’obstétricienne a failli l’échapper. Bien décidé à faire sa place. Ce n’est pas parce qu’on arrive en deuxième que l’on n’a pas son mot à dire et des cris à pousser. Tempête. Qui se secouait dans tous les sens, les premières semaines, pour échapper à l’emprise des bras ou du porte-bébé. Toujours mieux seule, dans son lit ou à terre, pour observer. Tempête. Tempête qui retombe désormais lorsqu’on la promène. A l’abri contre nous, ou lovée dans sa poussette, elle se tord le cou pour découvrir le monde. Aucun bébé n’aime autant qu’elle parcourir les magasins et manger au restaurant. Tempête. Qui se dévisse la tête pour regarder la télé malgré nos tentatives pour qu’elle reste le dos tourné. Et qui est l’interlocuteur idéal de nos familles sur Facetime, les yeux fixés sur la caméra, babillant à mesure. Enfant de son siècle, définitivement. Tempête, qui m’a renversée, chamboulée mais jamais lassée, malgré ses cris aigus et son appétit démesuré. Tempête, mon bébé chéri, ma cadette, mon portrait craché. Mon Erin d’amour.
-Lexie Swing-
« Elle aime parcourir les magasins » cela me rappelle quelqu’un…
Très joli texte pour ta petite mandarine :)
Merci! On les chérit nos petits 2015 hein?
Chaque fois que je te lis je me dis » mais quel talent ! » Vraiment, tu as une plus belle écriture que bien des écrivains à succès !
Merci beaucoup!