Les enfants, ce sont ces êtres lumineux qui chamboulent toute sa vie avec joie et fracas. Ils construisent, ils fracassent, ils imaginent, ils dansent, ils crient, ils font des crises de bacon et des cours de claquettes à 2h du matin sur le parquet du salon. Ils sont adorables et insolents, bavards, parfois survoltés, jamais à court d’idées. Ce joyeux manège a illuminé ma vie, il me pousse à me lever le matin, il m’oblige à sortir l’après-midi, il m’enjoint à quitter mon costume rigide d’adulte pour retrouver souplesse, sens du rythme et fausses notes au gré de Petit bateau sur l’eau et Il était un petit navire que je braille dans la voiture pour divertir ma progéniture.
Mais ce joyeux boucan me fatigue parfois, souvent, dépendamment des horaires de travail et de l’éloignement des vacances. Plus il prend de l’ampleur, plus je m’agrippe aux moments de solitude. Une virée au magasin de bricolage, un trajet en train, un bain qui s’éternise alors que je devrais être couchée depuis des lustres, sont autant de moments où je tente par tous les moyens de m’échapper.
Je lis souvent des témoignages de parents qui rêvent parfois des jeunes années. Celles où l’on était insouciants, où l’on soupait au restaurant sur un coup de tête, où l’on pouvait se permettre de dîner d’un bol de céréales puisque l’on était seuls. Je crois que ça ne m’a jamais manqué. J’aimais ça, sortir au restaurant ou partir en week-end sur une simple envie, mais avoir des enfants ne m’a pas fait me sentir moins libre. Moins seule par contre, oui. Ce qui a des bons et des mauvais côtés.
Et oui j’aimerais tellement ça, des fois, connaître le silence du matin et dormir jusqu’à 11 tapantes. Ou chiller devant la télé jusqu’à potron-minet. Ou bien m’abîmer dans la lecture des romans et l’étrenner jusqu’à la toute dernière page puisque rien d’obligatoire ne m’attend.
Alors je la chéris, cette solitude, lorsque la nuit tombe, ou lorsque je suis malade et que je profite de la maison pour moi seule. Ce sont des parenthèses. On ne se rend pas compte, avant d’avoir des enfants, à quel point ces moments sont précieux, à quel point ils ressourcent, et combien on a besoin parfois, d’être seul avec soi-même.
On trouve la maison trop vide, on rêverait d’y entendre des rires d’enfants, jusqu’à ce qu’ils arrivent, qu’ils soient partout, alors seulement, on comprend, et l’on embrasse le silence lorsqu’il se présente à la nuit tombée.
-Lexie Swing-
Tout le paradoxe de la maternité! j’adore ma maison quand elle est vivante et pleine de cris et de rires! Mais j’avoue aussi que mes très rares moments de solitude je les savoure avec délectation! :) très beau texte! Merci :) Belle journée
On est comme plein de paradoxes nous les êtres humains, c’est comme quand tu veux absolument changer de maison, disons, et une fois dans la nouvelle, plus grande, tu regrettes « ton petit cocon », plus intime, plus facile à nettoyer, alors que quand tu étais dedans tu ne pouvais plus le supporter, et te rêvais dans ta grande maison ;)
Ça sent le vécu…😉
Au début j’ai cru que c’était cette « absence de liberté, d’innocence », ce « temps d’avant qui n’est plus et ne sera plus » que j’avais du mal à accepter. Mais j’ai compris que ce n’était pas ça, c’est le manque de solitude, de silence, qui est parfois délicat à gérer pour moi. Il me faut les rires et le silence! Et depuis que mes parents ont leur maison, je m’en rends davantage compte. Le soir, une fois les chansons chantées, les rires endormis, les livres lus, les bisous mouillés faits, les « je t’aime » murmurés, j’écoute le silence, ça me fait du bien, je me retrouve avec moi et même dans ma cuisine je fais le plein de ce qui n’existe pas dans les jours pleins de vie qui s’allongent à l’infini.
Très juste comme souvent Lexie. Merci.
Moi j’ai vite senti que ce n’était pas le pb des jours enfuis. A chaque fois que mon chum abordait sa propre nostalgie, j’essayais de me revoir à l’époque je faisais la moue et je répondais « mmmh non vraiment pas ». Je ne m’imagine pas dans une autre vie. Par contre être juste un peu avec moi même de temps en temps, c’est devenu vital. J’ai l’impression d’étouffer sinon
Beau texte, plein de vérité. Ici, le silence est revenu après 2 semaines de vacances avec l’amoureux et la marmaille, j’m’ennuie (un peu) de ma gang jusqu’à 16h. Après je m’arrache les cheveux ;-)))
Leur absence te donne le goût de les retrouver :)
Bel article!
Ton texte est si vrai…Je ne voudrais pas échanger ma vie d’aujourd’hui, celle d’avant ne me manque pas vraiment, sauf les moments pour moi, pour nous.
Lilas a 22 mois, elle n’est gardée par personne depuis sa naissance. Ca a du bon pour elle, pour moi. C’est une vraie chance. Mais j’ai souvent l’impression de ne pas avoir de répit, d’être dans une spirale et de ne pas réussir à être faire d’autres choses, à être quelqu’un d’autre.
Ca nous soude aussi tous les trois, nos liens sont forts. Et en même temps, faut batailler pour que notre couple reste uni aussi…
Enfin, on a ouvert un nouveau livre en étant parents, et la voir s’épanouir est notre plus belle récompense !
Le plus difficile est de garder des moments pour soi lorsqu’on est à plein temps à la maison, on a même pas le « temps de pause » que peut représenter le travail dans ce cas!
Tes réponses me réchauffent le Coeur…c’est bête hein! Mais ça fait du bien!
Je suis effectivement Maman au foyer depuis la naissance de Lilas, et c’est vrai, les Mamans dans mon cas sont souvent stigmatisées.
J’ai beaucoup de mal avec ça, surtout quand les réflexions/sous entendus viennent des proches…
Mais je prends sur moi, je serre les dents en faisant de mon mieux avec ma fille!