Il y a longtemps, j’ai vu une blogueuse préciser qu’elle ne supprimait aucun commentaire par respect de la liberté d’expression. Et qu’elle répondait à tous, même aux trolls. Suivaient alors des débats sans fin avec des personnes conflictuelles dont les arguments solides du type « grosse salope mal baisée » et « connasse de féministe », deux expressions synonymes par ailleurs, intervenaient fréquemment.
Je me souviens m’être trouvée un peu poche, à l’époque, moi qui n’hésitais pas à supprimer les commentaires que je jugeais déviants, voire insultants.
Aujourd’hui, lorsque je vois trois chroniqueuses québécoises de renom abandonner certaines de leurs chroniques par fatigue des attaques répétées sur les réseaux sociaux, je réalise que je souhaitais seulement préserver mon espace vital.
Je suis journaliste de formation. La liberté d’expression est ma clé de voûte. Mais la liberté d’expression a, pour moi, un caractère noble. Elle a dans mon esprit – et peut être dans mon esprit seul – pour but premier d’être utilisée pour défendre la veuve, l’orphelin et l’opprimé. Dénoncer la puissance, souligner les incohérences d’un système qui nous écrase comme de vulgaires bibittes entre ses grosses mâchoires. La liberté d’expression, son concept, n’est pas à mes yeux un fourre-tout dans lequel devraient se côtoyer la dénonciation de la condition de vie des Syriens et le « grosse pute » adressé par un énervé du clavier à une jeune femme qui met à mal sa vision machiste de la société actuelle dans laquelle ses testicules et lui se sentaient jusqu’ici parfaitement à l’aise.
Chez moi donc, je supprime. Pas souvent, je n’ai probablement pas un ton assez polémique. Mais je supprime. Je supprime le type qui me dit que je rigolerais moins quand, avec mes histoires de poupées noires achetées à mes filles, je leur aurais donné le goût d’aller se marier au bled avec un Arabe (?!).
Je supprime quand une lectrice m’avise qu’à trop vouloir proposer des jouets non-genrés, je vais faire de mes filles des petites lesbiennes. Alors que rien ne dit que mes filles seront petites.
Je supprime quand on me traite de chialeuse de Française.
Je supprime quand on m’insulte. Je supprime quand on m’attaque gratuitement. Et plus que tout, je supprime quand on adopte sur ma page des propos sexistes ou racistes. C’est mon opinion à moi de considérer que le racisme et le sexisme ne sont pas des opinions. Et que je ne suis donc pas tenue de les respecter.
Je ne suis pas une personne de conflit. Ça me prend beaucoup de temps d’esprit d’argumenter valablement dans un débat. Mais il n’y a pas débat, pour moi, avec quelqu’un qui m’annonce d’emblée « ils sont tous tarés ces Chinetoques » ou « Allez, entre nous, admets qu’une lesbienne c’est juste une fille qui n’a jamais connu un vrai coup de bite? »
Oui je suis grossière. Et ce n’est pas seulement parce que je rêve d’attirer le gratin de la pornographie moderne sur mon blog grâce à quelques mots clés subtilement glissés. Les gens sont grossiers. Le monde est grossier. Caché derrière son écran, le monde oublie sa politesse, ses bonnes manières. Il s’exprime avec moult injures, et moult fautes souvent. Et au nom de quoi? On se le demande franchement. Pensent-ils changer la face du monde en exprimant des avis aussi solides ? Se couchent-ils plus détendus ? Plus heureux ? Racontent-ils leurs derniers mots mal orthographiés autour de la machine à café le lendemain matin?
Je refuse tout bonnement de changer le monde un abruti à la fois. Je ne peux pas. Je n’ai pas envie. Et ça ne sert à rien. On sent tout de suite, dans la vie, quand une conversation sera stérile et un débat sans fin. Je ne veux pas entrer dans ce jeu.
Je crois en un monde ouvert, de discussion. Je crois aussi fermement que les gens devraient être égaux, que la couleur de peau, les origines ou la religion sont seulement des caractéristiques, et que l’on peut être et aimer qui l’on veut. Si ces principes de base ne sont pas les tiens, passe ton chemin. J’ai la suppression facile.
-Lexie Swing-
Je suis comme toi, je supprime Lexie. Tout d’abord parce que je ne vois pas quoi répondre et que je considère que ces propos n’ont pas lieu d’être sur mon blog. Et puis parce que bien souvent une réponse entraine un débat qui n’aboutira à rien. Parfois, mais c’est rare je réponds dans un billet avec une pointe d’humour. Il faut alors que l’attaque soit légère et sur un sujet qui ne touche ni à l’intégrité des personnes, ni à la tolérance.
Belle journée à toi.
J’avoue que certains sujets s’y prêtent. Mais le vrai troll fait rarement dans la dentelle…
Bravo!
Ca alors. Je suis etonnee. Je ne trouve pourtant pas tes billets tres polemiques. Au contraire, je les trouve toujours justes et emprunts de bienveillance.
J’adhere a tes conclusions cela dit. Rien de sert de repondre a tes trolls. Et j’apprecie ton argumentaire « C’est mon opinion à moi de considérer que le racisme et le sexisme ne sont pas des opinions. Et que je ne suis donc pas tenue de les respecter. » Je crois que je vais le faire mien ;-)
Merci pour tes mots :-)
Merci :) est ce que tu as quelques trolls toi aussi ?
Oui, j’ai eu quelques trolls de temps en temps… quand on parle de la vie en expatriation, ca conduit vite a des cliches deplaces ;-)
Je suis sidérée de lire la violence de certains commentaires sur les blogs ou Facebook. Il me semble que l’on peut exprimer une opinion sans être haineux, vulgaire …. Et je suis bien de votre avis il est inutile de laisser une place aux commentaires qui vont à l’encontre de çe en quoi l’on croit.
Moi aussi je trouve ça sidérant toute cette violence, vraiment. Je n’en reviens pas de ce que certains sont capables de dire…
J’approuve complètement tes propos. J’avoue que chez moi, avec principalement des DIY, de slivres et des recettes de cuisine je n’ai pas eu affaire à des propos violents… mais si je devais en trouver, je ferai tout comme toi! bisous
C’est plutôt rare chez moi aussi je te rassure :)