Aider un enfant de 4 ans à changer son comportement 

Prendre l'avion à 4 ans J’ignore comment vous percevez Miss Swing, mais c’est peu dire que le surnom de «Tempête» lui conviendrait parfaitement à elle aussi ces temps-ci. Elle crie, elle tape, elle bouillonne, elle coupe la parole, elle répond… Je peux dater assez précisément nos premiers déboires : le jour où je suis tombée enceinte de sa petite sœur. Son sixième sens lui a fait comprendre avant moi les chamboulements à venir. Depuis, nos journées ont connu leur lot de cris et de tornades.Cela fait donc deux ans et demi, mais les choses sont devenues plus compliquées il y a an. Le combo «ma sœur est en fait un véritable individu»/«j’entre dans le fucking four» a eu raison de …sa raison. Comme tous les parents modernes, nous avons lu, expliqué, crié, pleuré, puis recommencé. On en est de nouveau au début. Nous avons lu. Nous nous sommes mis ensemble, et nous avons décidé d’aborder le problème différemment. Avec ce que ça prenait de psychologie et de patience, de rabâchage et de «conséquences» (punitions).

On galère toujours à mort…

… mais moins quand même. On voit une lueur d’espoir. On gratte un peu et on s’aperçoit que la petite B. est bien là, sous la fureur née de la jalousie et la rage de tout comprendre et de ne rien pouvoir faire seule. Elle a une petite voix flûtée que je ne comprends pas toujours tant elle est haut perchée. Et des raisonnements qui laissent pantois.

« Je peux avoir encore du lait?

– Non chérie, tu n’auras plus faim pour le souper.

– Mais papa, le lait ça se boit. Si je bois encore du lait, je n’aurais plus soif. Mais j’aurais toujours faim!»

CQFD.

C’est en googlant « mon enfant de 4 ans tape» que j’ai trouvé mes premières réponses utiles. Car sa violence est, à date, notre principal problème. Le plus visible en tout cas. Les solutions que l’on a trouvées, celles auxquels on a réfléchies ensemble, évolueront sans doute. En attendant, les voici.

Être parents ensemble

Miss Swing a un soleil, moi. Je dis ça sans rire. Et avec un peu de désarroi. Mais pour bien éduquer, il faut que les adultes de la maison travaillent ensemble et de façon cohérente. Pas seulement physiquement, mais aussi dans le cerveau de son enfant. Malgré le temps dévolu à nos enfants (quasiment égal), les temps de jeu (égaux), les fois où l’un ou l’autre allait les chercher à la garderie (égales), Miss Swing se tourne toujours vers moi. Par automatisme certainement, et aussi parce qu’elle semble penser que j’ai la réponse pour toute son existence. Nous nous employons à déconstruire ça en repensant nos rôles et notre implication respective. Il n’est pas juste que ce soit toujours le même qui soit le bad cop, et toujours le même qui propose d’aller manger une glace ou de repousser l’heure du coucher. À côté de ça, mon chum a augmenté le temps consacré à notre fille : plus de partage, plus de jeux, plus de discussions. Nous voulons qu’elle comprenne que nous sommes deux, inséparables dans son existence, avec un discours commun.

Atténuer la jalousie

C’est un travail de longue haleine et il mériterait un article à lui seul. En substance, il passe notamment par le fait de lui consacrer du temps rien qu’à elle, de tenter de rester juste au maximum (pas de la punir elle seulement, en laissant à sa sœur le bénéfice du doute), de passer du temps séparément la fin de semaine, et de la valoriser comme grande sœur.

Sœur de 4 ansRéapprendre à parler normalement

«Fais la petite voix». C’est en entendant mon amoureux dire cette phrase que j’ai su qu’il avait lu à fond le dernier article que j’avais trouvé. Notre problème : Miss Swing ne parle pas, elle crie. Est-ce dû à la garderie? À son besoin de parler par-dessus sa sœur? Peut-être. Reste que cela fait vite monter la pression chez nous, avec la fatigue de la journée, les cris de la petite sœur et les tâches à accomplir au milieu de ça. «Fais la petite voix», nous lui demandons maintenant. Son papa lui a montré. Elle a reproduit. Nous recommencerons au besoin mais désormais c’est un infaillible. «Fais la petite voix, que je t’entende mieux…» Et tout le monde respire.

Se faire aider de la garderie

Lorsque Miss Swing avait la trouille des camions poubelles, je me suis fait aider de la garderie pour que nous expliquions ensemble, et avec des méthodes différentes, qu’il n’y avait pas de danger. Alors comme depuis un an Miss Swing s’endort à 22h lorsqu’elle a fait la sieste, nous avons fini par demander de l’aide de nouveau. Plus de sieste, mais un temps lecture. Et une fillette qui s’endort à 20h, fait une nuit complète et se réveille (pas toujours quand même!) de bonne humeur. Un point pour tous.

Contrôler ses émotions

Pour contrôler sa voix, encore faut-il qu’elle ne soit pas en pleine crise de nerfs. Lorsque j’ai recherché pour la première fois des informations concernant les enfants qui perdent ainsi le contrôle de leurs nerfs, je ne suis tombée que sur des articles concernant les «enfants de deux ans» qui étaient incapables de «gérer leurs émotions faute de vocabulaire». Rien ne pouvait être plus faux de notre côté. Une enfant plus âgée, un vocabulaire très élaboré pour son âge… Alors quoi penser? Finalement, en cherchant plus autour du Fucking four, je me suis aperçue que la gestion des émotions restait difficile à cet âge également. On parlait de «coups dans la porte», «d’objets qui volent», «d’enfant capable de hurler à en shaker de nervosité». Là, ça me parlait. On est donc revenu à la base : exprimer ses émotions, rappeler qu’il est correct d’être en colère, évoquer l’idée de la frustration, trouver ensemble des solutions pour gérer ces débordements. C’est notre difficulté la plus intangible et la plus difficile à gérer. Lorsque nous atteignons un certain point de colère, un bouton «non retour» se met en place et il est alors quasiment impossible de la faire revenir rapidement à un seuil de contrôle. On y travaille!

Routiniser, décrire et expliquer

Pour prévenir les crises, nous essayons d’annoncer ce qui vient ensuite dans la journée et de respecter un certain rythme. «Nous allons arriver à la maison, je vais te détacher et tu monteras sur le perron pour m’attendre pendant que je détache ta sœur et que je prends les sacs. Tu marches directement et tu vas jusqu’en haut» fonctionne nettement mieux désormais que «Voilà, tu es sortie de la voiture, va en haut allez, non ne t’arrête pas au milieu de la route! Monte je te dis! Pourquoi tu reviens? Bon sang la moto, attention…!!»

Parc des aviateurs Utiliser des phrases positives

C’est beta comme tout et pourtant nous nous sommes aperçus que dire «marche sur le trottoir» était plus efficace que «ne marche pas sur la route». C’est pourquoi «Fais la petite voix» a trouvé enfin un écho alors que «parle moins fort» pouvait être répété jusqu’à 45 fois sans succès. On a naturellement tendance à utiliser la négation, qui est certainement plus difficile à comprendre pour un enfant. «Range après avoir joué», «mange avec tes couverts» et «utilise un mouchoir» devraient donc être plus efficaces que «Ne laisse pas tout traîner!», «Ne mange pas avec tes doigts» et «Ne mets pas tes doigts dans ton nez!». C’est particulièrement vrai, je pense, lorsque l’enfant a une capacité d’attention moindre et qu’il a tendance à écouter seulement certains mots de la phrase.

Montrer l’exemple

J’ai rendu à B. une gifle qu’elle venait de me mettre. J’écris ça là. Vous en pensez ce que vous voulez, vous condamnez, vous reconnaissez que ça vous est arrivé une fois aussi, vous admettez, vous ne pouvez pas concevoir, etc… Le fait est que, c’est arrivé alors qu’elle venait de taper violemment sa sœur et que je l’ai saisie par le bras en criant «on ne tape pas dans cette famille». Elle m’a tapée, et je lui ai rendue. Si je suis parfaitement honnête, j’ai réagi d’instinct, je ne me souviens pas avoir réfléchi à quoi que ce soit. J’étais très en colère devant la violence et la gratuité de son premier geste (envers sa sœur). La gifle qu’elle m’a mise m’a surprise (dans le mauvais sens du terme) et les guts ont fait le reste.

Reste que… A quel point est-ce abscons de crier «on ne tape pas dans cette famille!» pour ensuite gifler son enfant? Je sais, je sais… Moi aussi je me suis trouvée cave. Si je donne cette règle, je dois pouvoir l’appliquer en premier lieu. Désormais, je me calme d’abord, ça m’apprendra!

La règle des trois R

Pour bien éduquer il faut être capable de se contrôler. Et Dieu sait que ce n’est pas toujours évident. La règle des trois R est donc : Recule, respire, réagis. En d’autres termes : tu sens que tu vas décapsuler, tu recules un peu, tu t’isoles, tu prends une marche si nécessaire. Lorsque tu es prêt à jouer ton rôle de parent patiemment et efficacement, tu reviens.

Et tu recommences deux minutes plus tard parce que les cris suraigus de ton petit dernier ont eu raison de tes bonnes résolutions.

À la nôtre hein! On s’en sortira…

-Lexie Swing-

12 réflexions sur “Aider un enfant de 4 ans à changer son comportement 

  1. J’ai 75 ans, 3 enfants maintenant bien grands et si j’avais appliqué vos méthodes de parents responsables, je pense qu’un de mes enfants serait un adulte bien plus équilibré, j’ai été complètement dépassée par ce qu’il nous a fait vivre, je l’ai aidé mais sûrement pas d’une façon aussi profonde. Bravo à vous pour votre implication, je pense que les résultats seront là pour aider votre petite fille. Pas facile d’être parents (surtout quand on est seule) mais pas facile d’être enfant ! Je vais suivre attentivement vos avancées. mes amitiés.

  2. Je me retrouve complètement dans ton billet, Fripouille a 4 ans et sa petite sœur 3 mois… Je vais tenter d’appliquer ce que tu expliques! Quels autres articles t’ont aidé à apaiser tout ça!
    Merci en tout cas pour ce billet!

    • Est ce que c’est rendu difficile aussi ? Il s’agissait d’articles de pedo-psy sur la jalousie, d’articles de naître et grandir sur le développement de l’enfant de 4 ans, et du livre d’Isabelle Filliozat « j’ai tout essayé »

      • Oui c’est parfois très difficile et comme toi, j’ai l’impression que ce n’est pas notre fils… Mais tout en ayant du mal à saisir ce qu’il faudrait réajuster!
        Je vais aller chercher sur le net, comme toi jusqu’à maintenant je suis souvent tombée sur des articles qui évoquent le terrible two mais pas d’un enfant de 4 ans…
        Merci en tout cas! Je devrais peut être relire « j’ai tout essayé »! ;)

  3. Merci pour cet article, il n’y a pas encore de deuxième ici, mais les incompréhensions et frustrations de Lilas nous laissent pourtant sans voix parfois. Je me demande comment on gérera à ce moment-là…Enfin on fera comme les autres parents, on tâtonnera, on fera des erreurs, on respirera dans les moments d’accalmie…On sera deux fois plus parent :-) (et je garde en mémoire la règle des 3 R!)

  4. Pas de 2e ici et pourtant qu’est-ce que je me reconnais dans tes mots. J’essaye moi aussi de trouver des solutions. Je confirme que l’affirmative marche mieux que tous les « non – arrête – fais pas ça ». Et que plus je garde mon calme, plus j’ai de chances de maitriser la situation. Quand elle n’est plus gérable, j’attends que la colère, sa colère, soit sortie et on en parle, sur le coup ou un peu plus tard.
    Comme toi je replonge parfois et je me dis que je ferais mieux la prochaine fois. Nous parents sommes aussi humains…
    Merci pour ton partage en tous cas. On se sent moins isolé d’un coup.

  5. Mon dieu comme cet article me parle!!! Un petit frère qui arrive dans quelques mois, un donc futur grand frère qui vient d’avoir 4 ans, et qui enchaine crise de nerfs sur crise de nerfs…On se couche chaque soir exténué avec le sentiment d’avoir « crié » bien plus que de raison, alors même qu’on sait que dans ces moments là il faut « attendre que ça passe ». Même souci ici pour l’endormissement, mais la sieste de l’école n’est pas négociable…Vivement le passage en grande section ! Et se dire que ça va passer, savourer les petites victoires (un habillage sans crise et sans stress youpi!), profiter des moments magiques post crises où il redevient magiquement calme…dans quelques jours j’attaque le congé mat’, encore un nouveau changement dans sa routine, mais j’ai bon espoir d’être un peu plus zen (je plaide dans l’équipe de la mère qui hurle « mais calme toi bon sang » , le truc inconhérent au possible, et qui s’adresse plus à toi qu’à lui…). Le papa est plus zen, alors quand je peux je m’éclipse quelques minutes le temps que ça redescende et je reviens d’attaque. Bref, je vois que cet article date et je croise les doigts que tu me confirmes que c’est passé ;) (et que cette fois c’est le « terrible 2 » de la petite soeur qui a pris le relais, l’éternel recommencement de la vie de parents :) )

    • Oui! Ça passe! Plongée dedans je ne pensais pas que ça passerait un jour mais tout finit par évoluer. La petite sœur … décape par son énergie, mais elle nous a épargné le terrible Two

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