Journal d’un confinement – Semaine 3

Cette semaine-ci a été bien meilleure que la précédente, on sent qu’on commence à prendre le rythme. La patience va fluctuante – en témoigne notre retour précipité dans la maison en fin d’après-midi alors que je glissais à mon conjoint « je les rentre maintenant parce que je commence à avoir quelques pensées criminelles ». Notre sortie au jardin avait débuté sous les meilleurs auspices – un ciel bleu azur – mais c’était sans compter la Chouineuse, notre numéro 1, qui avait décidé que rien n’allait, ni le poids du ballon, ni le panier de basket improvisé, ni la boue du jardin (ils étaient, dans l’ordre, « trop lourd, trop facile, trop collante »). Après une remise aux ordres (« je compte jusqu’à 3, si tu te plains encore, tu rentres dans ta chambre et t’y passes l’après-midi » – l’éducation bienveillante à son meilleur), tout aurait pu s’arranger. Mais la Casse-Pieds, notre numéro 2, en avait décidé autrement. Elle a ainsi choisi de laisser libre-court à sa nature d’enquiquineuse en chef en volant le ballon de sa soeur, renversant le panier improvisé et s’étalant dans la boue. En résumé, « une douce après-midi de printemps », comme le décrirait une influenceuse sur Instagram. Et encore, je n’en ai que deux, des enfants. Les parents d’enfants nombreux devraient être sanctifiés…

Humeur : confuse. Il y a des moments réellement difficiles, comme lorsque ma cadette réclame en pleurant ses amis, parce qu’elle ne parvient pas réellement à comprendre pourquoi elle ne peut plus retourner à la garderie et qu’elle s’inquiète de commencer l’école en septembre sans avoir pu les revoir. A côté de ça, nous profitons de plus en plus de ce quotidien apaisé que nous avons, sans course folle pour arriver à l’heure partout où l’on nous attend, quotidiennement.

Organisation : en marche. La troisième semaine nous a amenés une certaine forme de routine. On fait les cours le matin et des activités manuelles l’après-midi, et lorsque l’on doit se concentrer sur un appel ou un travail particulier, on fait parfois intervenir le Dieu télé. On a décidé à l’unanimité de nos deux voix de sucrer les dessins animés parce que Tempête, accro aux écrans, devenait surexcitée. On les utilise désormais pour retransmettre un cours de sport pour enfants, un documentaire animalier ou un cours d’anglais; ou on branche les casques sur un podcast en plusieurs chapitres, et on est tranquilles quelque temps (pas trop non plus) (tu sais jamais à quel moment l’un des enfants va décider que les podcasts, c’est nul, mais que s’enfiler une prise mini-jack dans le nez, c’est mieux).

Couple : amoureux. Si si. Il a fait le souper et je suis partie faire du vélo. S.E.U.L.E. Si c’est pas de l’amour, ça.

Point d’orgue : le vélo justement. Au Québec, nous ne sommes pas (encore) confinés. Nous avons donc le droit de sortir pour une balade (pas trop non plus), en gardant une distance avec les autres. Si on est en couple, on peut se tenir la main par contre (vous y croyez, vous, que notre premier ministre québécois a dû répondre à cette interrogation, PARCE QUE DES GENS SE POSAIENT LA QUESTION…?). On a donc sorti les vélos plusieurs fois cette semaine. Souvent, je suis en course à pieds, Tempête ayant la fâcheuse habitude d’abandonner soudainement sa trottinette au milieu de la rue et de partir en courant de toutes ses petites jambes derrière son père et sa soeur. Mais course ou vélo, dans tous les cas, ces sorties nous ont fait un bien fou. Je ne veux en aucun cas narguer ici ceux qui n’ont pas la possibilité de sortir. Mais je me rends compte à quel point ce que l’on prenait pour acquis devient important lorsque limité (ou interdit).

À la télé : les Croods! Absolument fabuleux.

Vague à l’âme : les questionnements. À trop lire les nouvelles, je m’interroge beaucoup : si l’on doit atteindre un pic d’immunisation alors que l’on est tous confiné pour ne pas avoir le virus, ressortira-t-on un jour? Je sais que des gens espèrent encore pouvoir ressortir le 15 avril, et que la plupart d’entre nous comptent sur début mai; mais j’avoue aujourd’hui espérer surtout que mes enfants puissent passer au moins quelques jours avec leur classe actuelle à la fin de l’année. Oui, j’en suis rendue là, et je ne crois pas que l’on « nous ment » en parlant de début mai, mais je crois par contre que l’on nous ménage…

Point bonus : tous ces messages, appels audios et appels Facetime que l’on partage avec notre famille et nos amis!

Les bonnes idées de la semaine : les idées d’ateliers du blogue Les mercredis sous la pluie et les ressources québécoises de l’École Ouverte.

La semaine 3 se termine et c’est quand même une bonne chose. Rendu à trois, on peut se dire « qu’on tient le bon bout ». Je vous souhaite une belle nouvelle semaine, avec du soleil surtout. On dirait que c’est toujours plus facile au soleil (la misère…).

Des bises!

-Lexie Swing-

6 réflexions sur “Journal d’un confinement – Semaine 3

  1. Pingback: Journal d’un confinement – Semaine 3

  2. En Ontario, l’école aurait dû reprendre le 14 avril (je n’y croyais pas!), et c’est à la dernière minute qu’on nous a annoncé que, ben non. Mark a un peu accusé le coup, comme il a la notion du temps maintenant, ça lui paraît vertigineux ces semaines ou mois sans écoles. Franchement, je crois que l’école ne reprendra pas cette année scolaire. J’espère me tromper, mais dans la tête c’est ça.

    J’ai commencé à emmener Mark se promener un peu et ça lui a fait du bien, Il paraissait presque surpris de la normalité du quartier : « tiens, les jeux sont encore là! » Oui, c’est pas la guerre dehors, hein…

    Toujours pas de structure-très-structurée chez nous. Enfin plutôt, on a chacun notre routine, mais c’est vrai qu’on ne structure pas Mark top top. Je n’en suis pas fière, mais je l’admets. J’essaie de prendre du temps pédagogique avec lui, mais impossible de me transformer en maîtresse. Y’a des tonnes de ressources en ligne, JE SAIS, mais c’est encore du travail à faire… sur des écrans, et ça me fait chier.

    • Peut être un cahier de vacances ferait l’affaire ? Je t’avoue qu’ici, outre l’apprentissage en tant que tel, elle semblent avoir besoin d’une routine, de savoir ce qu’on fait le matin, ce qu’on fait l’après midi, etc. On dirait que ça les rassure.

  3. Ici ça se passe plutôt mal… Mon mari qui était en burn out a demandé une rupture conventionnelle juste avant le confinement, donc très mauvaise période pour trouver un nouvel emploi. Je n´arrive pas de tout à aider ma grande avec ses devoirs (en allemand) vu que mon niveau d´allemand est médiocre. Elle a aussi du mal à être autonome et on doit être à ses côtés pour les devoirs, donc dur de se concentrer sur mon travail ou recherche d´emploi de mon mari. Je travaille depuis la maison depuis 3 semaines et j´ai bcp plus de travail de d´habitude et bcp de pression… et le petit de 6 ans qui ne va pas encore à l´école (en Autriche il faut avoir 6 ans au 31 août pour commencer l´école et il est né en septembre) s´ennuie à mort dès que sa sœur doit faire ses devoirs…
    Sans compter les repas! Désolée de me lâcher ici, mais on doit tenir au moins encore 4 semaines, si tout va bien! (Sinon des mois ???)Et le gouvernement a aussi déjà dit que le retour aux voyages comme avant, seulement une fois qu´il y aura un vaccin. Donc on se demande aussi quand on pourra voir nos familles (France, Suisse, Brésil). En attendant on reste chez nous, en sortant juste pour faire en courses (seul.e) une fois par semaine parce qu´on n´arrive pas à se faire livrer les courses, les services de livraison sont saturés !
    Pour me rassurer je me dis 1. j´ai un travail pour payer les factures et à manger 2. on a un logement confortable 3. on ne vit pas dans un foyer violent, donc nous sommes en sécurité chez nous. 4. on ne manque de rien, donc je ne devrais pas me plaindre !
    Gros bisous

    • Tu as le droit de te plaindre. Oui il y a tjs plus malheureux, et il faut relativiser, mais tout garder pour soi en se disant que l’on n’est pas légitime dans son désarroi n’est pas plus productif. Est-ce que la rupture conventionnelle de ton conjoint est active, il est au chômage en ce moment? Je te pose la question car tu dis que tu dois aider tes enfants avec les devoirs alors que tu as bcp de travail, est-ce que vous pourriez vous relayer? Je comprends pour ton fils (ici c’est 5 ans au 30 septembre), ma cadette entre à la maternelle (équivalent de la grande section en France) en septembre, et puisqu’il faut bien l’occuper, je lui fais faire des devoirs de maternelle que je prends sur différents sites gratuits qu’on m’a conseillé. J’ai aussi commandé un cahier de vacances. Elle aura sûrement de l’avance sur le programme, mais peu importe. Quand tu commences l’école il y a aussi (et surtout) une question d’adaptation à la routine, à la socialisation, à la nouveauté, et ça je ne risque pas de lui enseigner :)

  4. Oh oui, on commence à prendre des petites routines, à savoir ce qui nous sauve ou pas (les dessins animés c’est pareil ici…la 1ère semaine c’était le secours en cas de visio parentale impérative…mais on le regrettait amèrement pendant les 2heures qui suivaient alors on a rusé aussi ;)
    Bonne 4ème semaine à vous <3

Répondre à Juliette Giannesini (@Xiaozhuli) Annuler la réponse.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s