
La première fois que l’on a fêté Noël à quatre, c’était en 2016. Nous étions sur la route de la Floride et avions fait étape à Philadelphie. Nous avions réservé pour l’occasion dans un bel hôtel du centre-ville. J’avais emporté des guirlandes pour décorer la chambre et nous avions commandé du room-service après avoir arpenté les rues de cette belle du Sud. Je me souviens des patineurs maladroits qui s’élançaient sur la place principale, et de notre fille aînée, alors âgée de presque 4 ans, qui avait écouté avec des yeux émus une toute jeune fille qui faisait la manche lui demander si elle était heureuse que ce soit Noël. Nous avions regardé les lumières de la ville par la fenêtre immense et B. avait alors su que le Père Noël saurait nous retrouver.
La deuxième fois, c’était en 2017. C’est l’année où nous avons inventé nos traditions. Je portais pour l’occasion une robe de cocktail rouge, achetée à la va-vite au Winners du centre-ville. Destinée au party de Noël de mon bureau, je l’avais ressortie quelques jours plus tard, pour qu’elle ne reste pas un vulgaire chiffon, porté une fois et remisé dans un carton. Elle est devenue ma robe de fête. Alors que les filles revêtent leur tuque de Père Noël, je fais fi de mes jeans et enfile ma robe. Elle est le signe que Noël est là. Cette année-là, nous avons pour la première fois décidé que le réveillon serait le soir du « chacun mange ce qu’il veut », réadapté en apéro dinatoire avec la famille l’année suivante, et les amis, l’année d’après. Le 25, lui, est devenu un matin traînant et un brunch sur le coup de 11h. Loin des festivités en plénière et des repas sans fin, nous avons revêtu le jour de Noël de son habit d’enfance, boudé les huitres et repoussé les meubles. Nous avons fait de la place aux constructions, aux papiers cadeaux déchirés, aux paquets éventrés. Les années clémentes, nous dansons sous la neige et sortons les luges jusqu’aux premiers rayons de nuit.
Si en 2018, nous avons passé Noël avec mes parents dans un joli chalet en Estrie, nous étions de retour à la maison en 2019. Nous avions alors réveillonné en petit comité, avec nos amis de longue date, avant de se retrouver une nouvelle fois entre nous pour notre désormais habituel brunch de Noël. Et si nous sommes attristés de ne pas pouvoir réveillonner entre amis une nouvelle fois cette année, c’est sans trop sourciller que nous avons accueilli la nouvelle du reconfinement. Car chez nous, avant même ce drôle de Noël 2020, celui qui restera dans les annales, il y aura eu les autres. Tous ces Noël où nous étions trop loins, pas assez riches ou finalement trop paresseux pour voyager durant les Fêtes. Nous avons connu des Noël où nous parcourions nos régions hors d’haleine, s’arrêtant ici, courant là-bas, chargeant les cadeaux, avalant du foie-gras, ébouriffant des cheveux fins et s’extasiant sur des yeux malicieux. J’ai aimé ces courses folles, comme j’ai aimé ces Noël hors du temps, ce repli sur nous, sur nos enfants, sur notre famille, où l’on invente sans jugements nos traditions propres. Il n’y a pas de chicanes chez nous sur le repas du réveillon, et s’y cotoient pêle-mêle pâtes à la crème et saumon frais, fromages fins et babybels, vins de garde et jus d’orange. Tempête peut demander de la charcuterie, B. se gaver de pâtes et son père de saumon, plaisir qu’il ne s’autorise que pour les grandes occasions. On pourrait décider que l’on offre les cadeaux tout de suite, à minuit, à deux heures du matin, qui serait là pour s’en soucier? On pourrait choisir de traîner au lit, de souper de chocolats, de trinquer au lait frais. Il n’y aurait personne pour nous dire que ce n’est pas comme ça Noël, que le souper n’est pas à la hauteur et que les enfants s’impatientent.
C’est tout ce que je vous souhaite, pour vos fêtes cette année : réinventer vos traditions, boulotter des petits fours et des crackers écornés, manger des pop-corns sous une couette en regardant un film, saluer votre famille depuis la cour ou en visio, trinquer par dessus la barrière avec vos voisins, décider de ne manger que du fromage et huit sortes de pains, assortir les pyjamas, accrocher un bas pour le hamster de la famille, et laisser une bière au vieux barbu. Ne vous sentez pas triste de devoir remiser cette année vos traditions et laissez vous surprendre par toutes celles que vous pourriez inventer.
Je vous souhaite de merveilleuses fêtes, de belles célébrations et beaucoup d’amour, surtout. À l’année prochaine!
-Lexie Swing-
Magnifique billet comme tu sais si bien les écrire. Le fait de vivre au Canada brouille forcément les possibilités d’un Noël immuable d’année en année. Ici aussi, il n’y a pas de prise de tête, et un brunch le 25. Ce qu’on préfère, c’est voir la tête des enfants quand ils découvrent le sapin. Même ceux qui ne croient plus au Père Noël.
Passez de très belles fêtes en famille alors ❤️
Merci ❤️ je te souhaite de très belles Fêtes !
J’aime beaucoup ta vision du Noël ne répondant à aucune autre attente que celle que l’on veut bien s’offrir ! De notre côté et il s’agit d’une première, nous avons décidé de ne pas nous rendre dans ma famille pour les fêtes afin d’éviter toute contamination. Nous réveillerons donc demain tous les 3 à Paris autour d’un apéro dînatoire et déjeunerons le 25 d’un repas plus « tradi ». Et tu sais quoi, j’en suis ravie !
Je te souhaite de très belles fêtes de fin d’année^.
Je suis sûre que vous allez passer un bon moment tous les trois et je trouve que ça enlève aussi un peu de la pression du moment.
C’est chouette ça! Cette année j’avais prévu un noël tout doux, coconing comme dans les films avec plein de sessions « petits gâteaux » et de la musique de Noël non-stop, avec juste ma maman pour plusieurs jours qu’elle puisse profiter de ses petits enfants en conclusion d’une année où elle ne les aura que trop peu vu….
Copain coco (entre autre) en aura décidé autrement et elle ne sera pas là pour Noël…Alors on a décidé qu’on ferait « la fête », avec des ballons, des confettis et beaucoup de champagne (pour les grands).
En revanche dès qu’elle est remise sur pied, on se refera notre session Noël prévu, même si ce doit être en février. j’ai promis que je n’enlèverai pas les décos tant qu’elle ne serait pas venue ^^ (pourvu qu’on ne soit pas reconfiné jusqu’au printemps quand même hihi)
Oh je suis navrée pour vous que vous deviez repousser vos plans. Comment se sent ta maman ?
Ma foi ton programme est tout à fait charmant, comme ton texte d’ailleurs. Cette année nous n’avons que les petits à Noël et ça sera donc un millésime doux et reposant, à quatre avant de partager un repas le jour même en tout petit comité. Joyeux Noël à vous chère Lexie !
Un mois sans publication… j’espère que tout va bien pour vous.