De retour

Il y a dix ans, je lançais « Le cahier d’idées de Lexie Swing ». Les blogs étaient alors à leur apogée, comme un lieu primaire d’échanges et d’opinions. Encore en pleine construction, de ma vie, de ma carrière et de mon identité, j’ai vu dans cette enclave anonyme le lieu parfait pour déverser mes mots et mes idées.

Le temps passant, il a perdu une partie de son anonymat, sans que l’on sache tout à fait, ni qui j’étais, ni, finalement, ce que je pensais vraiment. J’ai longtemps cru que je craignais d’assumer mes pensées, quand finalement, l’espace aidant, j’ai réalisé que c’était ma personnalité toute entière qui se trouvait dans cet entre-deux. Il y avait des choses que j’assumais fièrement, et d’autres que je gardais pour moi, moins par peur de la vindicte que par crainte de blesser. J’ai vite compris que notre vérité n’est pas celle des autres, dans l’éducation et la parentalité peut-être encore plus qu’ailleurs.

J’ai distillé au fil des années des miettes de notre existence. Nos aventures, nos joies et nos quelques combats. J’ai partagé avec passion des convictions qui ont évolué aujourd’hui, parce que mes préoccupations sont différentes et que j’ai été exposée à d’autres réalités. J’ai commencé ce blog avec un embryon dans le ventre dont j’ignorais encore l’existence, je le rédige aujourd’hui avec, non loin de moi, deux enfants dont la plus jeune vient de fêter ses sept ans.

Lorsque la pandémie nous est tombée dessus, il y a eu dans le monde des blogs une déferlante. La vague, gigantesque, s’est nourrie de ces existences réduites à nos quatre murs. Soudainement, les écrivains amateurs n’avaient pour échappatoire que cet espace blanc. Espace qu’ils ont nourri de leurs menus déboires et de leurs quotidiens fragiles. Tous les blogs que je connaissais, le mien compris, se faisait le miroir de ce repli involontaire. Et puis, le contrecoup. La vague a déferlé, des murs se sont abattus, des pans entiers ont disparu. Et à l’instar de toutes les tempêtes, c’est le silence, finalement, qui s’est installé. Un jour, à force de tourner entre quatre murs, il n’y a plus rien eu à dire. On avait épuisé les qualificatifs et pris la mesure de l’événement. Il allait perdurer alors on a dressé les barricades et l’on s’est enfermé dans cette demi-vie, avec moins le goût de l’évoquer que celui d’y survivre. Et lorsque le temps est venu de vivre de nouveau, la vie s’est faite ailleurs, dans les plaisirs réels, au contact de ceux dont nous avions été privés. Loin des blogs, donc.

Il y a eu un essoufflement généralisé. Et malgré les tentatives pour relancer les machines, la plupart d’entre nous sommes restés à quai. L’inspiration et l’envie n’étaient plus là et les partages se faisaient sur des réseaux plus rapides, plus exposés et moins exigeants. Je me suis laissée la chance, j’ai payé mon nom de domaine avec l’espoir de reprendre. J’ai fait une série fournie. J’ai fermé de nouveau la porte. J’ai repayé mon nom en me laissant une dernière chance. Ceci est ma dernière chance. Mais je vais faire les choses bien, je vais les faire jusqu’au bout.

En 2023, vous trouverez un contenu – minimum – par semaine. Je m’y engage. Dans un an, je ferai le bilan. Est-ce que ce blog a encore un avenir ? Fait-il encore écho à certains d’entre vous ?

Rendez-vous la semaine prochaine !

-Lexie Swing-

Crédit photo : José Silva

17 réflexions sur “De retour

  1. J’aime ce que je lis! J’essaie tant bien que mal de faire survivre mon propre espace : mais j’avoue que l’essoufflement du temps, et celui d’une communauté autrefois active et aujourd’hui si silencieuse met à mal mes ambitions… mais je résiste! Sans m’imposer ce genre de pression. J’espère que tu arriveras, toi, à la tenir : et j’aurai plaisir à te (re)lire!

  2. J’ai confiance!
    Ta vie professionnelle s’est éloignée du journalisme mais tes qualités rédactionnelles et ton envie de partager sont intactes.

  3. Je me réjouis de te lire à nouveau. Ta plume m’est très plaisante. Et tes mots, encore dans cet article, auraient pu être miens, tant ils décrivent si bien des choses que je ressens et vis.

  4. Bonjour Lexie,
    Très heureuse de te relire, en espérant que tu tiendras le rythme. Je suis certaine que tu as encore beaucoup de choses à partager. Tu nous manquais un peu par ici et tout ce que tu dis est très juste aussi sur cette période particulière qui dure…

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