
Il y a quelques années, je prenais le clavier pour relayer une situation qui pesait sur nos vies depuis la naissance de notre petite dernière : son sommeil en grand-huit et nos nuits erratiques. J’avais décrit, dans un article sur le manque de sommeil, combien mes nuits étaient difficiles alors. J’ai relu cet article, il a la poésie de ceux qui espèrent encore. Tempête avait alors un an. Elle en a 7 et croyez-le ou non, rien n’a changé.
Ou presque. Il faut quand même être honnête. L’enfant de 7 ans n’est pas celui d’un an, et son autonomie joue un rôle fondamental. Le bébé qui pleurnichait a laissé la place à une enfant sachant trouver seule son chemin jusqu’à la salle de bains, ou retrouver la peluche dans laquelle elle espérait pouvoir enfouir son nez. Mais dans ce texte, je me demandais alors comment c’était, les nuits sans réveil, parce que j’avais comme oublié. Et je ne sais toujours pas.
Tempête n’est jamais rentrée dans les cases des enfants au sommeil difficile. Aucune recherche google ne donnait de recette magique, aucune fiche du médecin n’avait de solution toute trouvée. Elle a très vite eu une facilité à sombrer dans le sommeil que certains nous enviaient. Nul besoin de faire le pied de grue à la tête du lit en marmonnant quelques incantations. Aucune volonté de sa part de se glisser entre nous, au beau milieu de la nuit, en raison de quelques cauchemars un peu trop remuants. Le bal commençait alors que son sommeil était déjà bien avancé : les incontournables cris, la tête qui heurte un montant du lit lors d’un retournement plus abrupt, des jeux ou disputes entre amis rejoués à l’infini, les pleurs soudains, les « non, non, non ». Nous avons eu une brève période de terreurs nocturnes – une chose assez terrifiante, entre nous – mais surtout sept années de sommeil haché. Pour elle comme pour nous. L’expression « avoir le sommeil agité » aurait pu être inventée pour elle.
Plus surprenante encore, reste la légèreté de son sommeil. Il suffit d’entrer dans sa chambre pour qu’elle nous demande si ça va, il suffit de l’embrasser pour qu’elle en profite pour demander de l’eau, et il suffit de passer devant sa chambre sur la pointe des pieds pour qu’elle nous interpelle au profit d’un détour par la salle de bains. Ou d’un mouchoir. Ou d’une peluche tombée au sol. Quand elle dormait une minute avant à poings fermés. Mais, aussi fou que cela puisse paraître, je connais cette capacité, et ma mère avant moi. Dormir d’une seule oreille est un atout (tout autant qu’une malédiction) génétique. Si un enfant entre dans ma chambre, je lui demande ce qu’il a. Même s’il est 3h du matin. Si une porte s’ouvre, je sais de quelle chambre il s’agit et j’interpelle la concernée. Même si je dors depuis deux heures. La différence est que je n’ai pas le sommeil agité. Enfin si, depuis sept ans.
Alors, pourquoi ai-je intitulé cet article « Trucs et astuces »? Car en sept ans, nous avons eu l’occasion d’essayer une panoplie de choses, qui généralement ont du succès pour certains, et ont parfois fonctionné pour nous, pour un temps donné du moins.
Le microkiné
Au lendemain d’une nuit particulièrement difficile, nous avons empoigné notre téléphone et cherché, une fois encore, des pistes de solutions pour permettre à Tempête de vivre des nuits moins agitées. L’une des réponses trouvées mentionnait le recours à un microkiné. Cette profession, désormais assez répandue en Europe, se fait rare ici au Québec. C’est donc au détour d’un voyage en France, quelques mois après, que nous avons pris rendez-vous avec un professionnel. Nous connaissions déjà le principe, pour l’avoir expérimenté en tant que jeune adulte. De la même façon, le microkiné a ainsi commencé par nous poser différentes questions sur Tempête, sa personnalité, ses défis, etc. Il lui a ensuite expliqué qu’elle allait devoir s’allonger et qu’il allait passer les mains au dessus d’elle, sur l’ensemble du corps, mais sans jamais la toucher. Après s’être attardé, selon mon impression, au niveau du ventre puis du crâne, il est revenu s’asseoir et nous a expliqué comment il la percevait, ponctuant son discours des termes « stress » et « anxiété de performance », si ma mémoire est bonne. Je me souviens avoir pensé qu’il semblait parler d’une adulte et non d’une enfant qui venait juste de finir son année de maternelle (6 ans), et je le trouvais un peu à côté de la plaque, pour être honnête. Il a dit qu’il avait tenté des interventions afin de changer un peu cette dynamique. Durant un mois, il n’y a eu aucun changement. Et puis soudainement, Tempête s’est mise à dormir. Bien. Et longtemps. Sans se réveiller, sans crier, plus apaisée. Combien de temps l’accalmie a-t-elle duré? Un ou deux mois peut-être? Ensuite, le mauvais sommeil est revenu, accompagné de ses batailles et autres cris. Aurait-on dû y retourner? Dans un monde idéal, oui. Dans notre réalité et les 6000 km nous séparant du microkiné, nous avons fait sans.
L’hypnothérapeute
Lorsque les nuits sont redevenues vraiment très difficiles, il y a quelques mois, nos nouvelles recherches Google nous ont menées vers l’hypnose. La technique est réputée avoir de bons résultats sur les problèmes de stress et d’anxiété, et les enfants sont souvent de bons patients puisqu’ils n’ont pas d’a priori sur la méthode. L’hypnothérapeute que nous avons consultée pour Tempête est réputée dans son milieu et plusieurs personnes de mon entourage avaient fait appel à ses services. Lors de la première séance, trente minutes ont été consacrées à l’explication des difficultés rencontrées, puis la personne nous a décrit le processus qu’elle allait mettre en place et comment notre fille et elle allaient cheminer. Elle l’a interrogée sur ses nuits, ses angoisses, etc. Une fois que j’eus rejoint la salle d’attente, elle lui a demandé de fermer les yeux, lui a expliqué comment elle pouvait se détendre la nuit, sur quoi elle pouvait s’appuyer lorsqu’elle avait des angoisses, lui a fait visualiser un endroit apaisant, un animal protecteur, etc. Elle devait aussi, lorsqu’elle se sentait en situation d’apaisement, effectuer une pression entre le pouce et l’index, pression qui, la nuit venue, donnerait à son corps le signal qu’il pouvait s’apaiser. Nous avons recommencé le processus deux semaines plus tard. Des résultats ? Absolument aucun, pas le moindre, aucune réceptivité de la part de notre fille, pourtant réputée imaginative. Je pense que l’écueil est venu du fait que pour être réceptif, l’enfant doit faire preuve d’un certain calme, ce qui n’est que rarement le cas de Tempête. Autre difficulté : les fameux cauchemars, décrits à l’hypnothérapeute par notre fille comme étant des ogres, des monstres, etc. Or, pour bien la connaître, ses cauchemars sont presque toujours tournés vers le très réel. Petite fille dotée d’une grande maturité émotionnelle, Tempête a toujours anticipé des situations précises et réalistes, loin des monstres sous le lit parfois décrits par les enfants. Est-ce un échec complet ? Pas si sûr. Une combinaison des astuces données, avec les techniques transmises par la professionnelle suivante pourrait peut-être donné des résultats intéressants.
La massothérapeute
Je patientais un jour chez ma massothérapeute lorsque j’ai lu sur un petit document d’informations que les massages pouvaient être bénéfiques pour les enfants anxieux, très actifs, etc. J’ai donc pris rendez-vous pour Tempête, gageant qu’elle allait apprécier le concept. Elle a dit qu’elle avait vécu le meilleur moment de sa vie (à égalité avec sa visite à la pizzéria et sa sortie au centre d’amusement) et a donc souhaité y retourner très vite. Depuis, elle a droit à quelques séances, par-ci par là, lorsque le besoin de détente se fait sentir. Outre de relâcher les tensions, la masso lui apprend à respirer, à se recentrer, à trouver l’apaisement par certaines palpations, etc. Point de miracles mais quelques techniques fort appréciables qui contribuent aujourd’hui au meilleur déroulement des nuits.
La psycho-éducatrice
Puisque l’anxiété semblait l’un des principaux enjeux, nous avons profité de l’une de nos visites à la psycho-éducatrice qui suit Tempête dans un cadre davantage scolaire pour aborder le sujet. Avec elle, notre fille décortique ses inquiétudes, les dessine et les réinterprète. Elle en fait des brouillons qu’elle jette et des mots qu’elle déchire, afin d’apprendre à naviguer à travers tous ces sentiments qui prennent tant de place. L’impact à court terme est moindre mais gageons que savoir appréhender son stress ne pourra être que bénéfique à long terme.
Et puis le reste…
Il y a nombre de choses que l’on peut essayer pour aider un enfant qui dort mal. Parmi elles, nous en avons testé certaines : la veilleuse, la petite musique apaisante, la porte ouverte, la porte fermée, les repas pris tôt, la limitation du sucre, l’exercice poussé, les sorties au grand air, l’absence d’écrans. Nous avons très ponctuellement eu recours à la mélatonine, quand ses difficultés à rester endormie ne lui permettaient plus de se reposer. Nous aurions pu tester la couverture lestée, pour laquelle les avis sont partagés, et des médicaments spécifiques bien entendu, mais nous n’en sommes pas là.
Aujourd’hui, nous errons toujours à la recherche de la bonne réponse, avec de moins en moins de certitudes. Est-ce qu’il existe une réversibilité à tout ça ? Alors à défaut d’une solution véritable, on procède par petites touches : la coucher plus tôt car la fatigue importante provoque toujours des difficultés, souper également plus tôt, ne pas regarder la télé en fin de journée, la faire sortir le plus possible. Est-ce qu’un jour on testera une solution en la présentant par la suite comme miraculeuse ? Qui sait ?
Est-ce que vous, vous l’avez déjà trouvée ?
-Lexie Swing-
Crédit photo : John Kline
Hello Lexie,
Pas facile de trouver des astuces long terme je trouve. Je pense que beaucoup de parents se retrouveront dans ton partage, que leurs enfants vivent ou non la même chose que ta fille.
Mon fils a fait ses nuits très tôt puis il a commencé à avoir du mal à s’endormir vers 3/4ans, période à laquelle nous avons commencé à vivre tous les deux. Depuis 6 ans, c’est la galère. Il a fait de la sophrologie, de la méditation, il a pris des tisanes, ça a tenu, pas longtemps chaque fois, mais un peu et ça m’a soulagée aussi.
Après 3 ans de « j’arrive pas à m’endormir » qui pouvait le mener jusqu’à minuit (et moi jusqu’à beaucoup de désespoir!!!), il a passé un cap mais le moment du coucher est toujours un moment un peu stressant, même si j’ai fait énormément de travail sur moi pour prendre les choses avec plus de douceur et de philosophie. Je me dis qu’il va grandir et que ça deviendra peut-être plus simple avec le temps!
Merci pour ton partage Marie, ça me rassure énormément! Je me dis aussi qu’ils vont grandir, que ça dépendra moins de nous. Je me demande combien de temps une personne peut se réveiller en pleurant, en criant. Est ce quelque chose qu’on vit encore ado par exemple? J’aurais aimé lui donner les clés d’un sommeil serein, qu’elle arrive à se lever reposée, je sais pas si ce sera le cas vraiment pr elle un jour.
merci pour ce retour, c’est galère quand même, ici 8 et 4 et toujours des difficultés d’endormissement… on en a testé un peu moins, et surtout des gadgets, des podcasts, des musiques, des couvertures lestées,… pas vraiment de succès. on a pas encore passé le cap des différents praticiens, aussi par manque d’offre alentours (pas 60000 km quand même ;)
Est ce qu’une fois endormis ils dorment facilement ? Sais tu ce qui les tient éveillés ? Je m’interroge sur la couverture lestée, je me demande si ça pourrait être une bonne idée ou non. Tu n’as vu aucune différence toi?
Bonjour
A la fin de ma pratique professionnelle j’ai rencontré de plus en plus souvent des bébés qui avaient des problèmes d’endormissement. Ca m’a beaucoup interrogée. Quelquefois en parlant avec les parents il y avait souvent eu dans ces cas là, mais pas tout le temps, des problèmes au moment de la naissance. Je disais très souvent aux parents de reparler avec leur bébé du moment de la naissance. Je disais souvent qu’il pouvait y avoir eu un moment de stress même très court et une angoisse ( un ralentissement du bruit du cœur, un bébé qui ne crie pas tout de suite.) Quand je disais ça aux parents et que le bébé était là c’était émouvant de remarquer comment ces touts petits bébés m’écoutaient. Donc je disais aux parents de reprendre ça à la maison entre eux pour pouvoir laisser s’exprimer leurs émotions entre eux.
Et puis je crois qu’ il n’ y a pas de solutions miracles ce qui peut être vrai un jour pour une durée souvent trop courte devient obsolète.
Pour ma part je crois qu’il y a des bons dormeurs et des moins bons et je ne parle pas des gros dormeurs et des petits dormeurs. C’est vrai que quand ils grandissent ils peuvent se prendre en charge plus facilement mais les adultes doivent bien sûr quand même continuer à évaluer la qualité du sommeil de leurs enfants.
Et alors je ne vous parle même pas des troubles du sommeil quand on vieillit !!!! c’est mon cas !
Merci Christine ! C’est une chouette idée, dont on entend peu parler mais qui fait plein de sens. Je vais creuser de ce côté. Je pense qu’il faudrait que je creuse certaines choses aussi car j’ai fait une dpp après sa naissance et elle en a nécessairement été impactée.
Effectivement qu’elle a ressenti toutes tes émotions mais attention à ne pas hyper culpabiliser car la venue d’un premier enfant est souvent difficile. Je crois que maintenant les jeunes parents se mettent souvent la pression dans leur volonté de bien faire. Personne n’est parfait. Et surtout surtout ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui se passe sur le net. Ah ces mères qui soi disant 8 jours après leur accouchement ont retrouvé leur taille de mannequin anorexique peuvent elles en faire du mal face à ces jeunes mamans qui elles galèrent ne serait-ce que pour avoir 5mn pour prendre une douche.
Le bon sens manque maintenant et l’éloignement des familles n’aide pas non plus même si j’ai souvent dit que les grands mères devraient être interdites de visite à la maternité quand l’allaitement est difficile à mettre en place.