
Trois mois déjà que 2023 a commencé, l’occasion de faire le point sur les belles découvertes du début d’année.
Une lecture
Il y a quelque temps, j’ai découvert la version originale d’un joli livre qui m’a particulièrement plu : « Demain, même heure », d’Emma Straub. Il conte l’histoire d’Alice, une jeune femme à l’aube de ses 40 ans qui vit une vie ni démesurément joyeuse, ni terriblement triste. Un je-ne-sais-quoi semble assombrir son existence routinière et c’est dans la perte à venir de son père, fortement diminué, que cette ombre semble prendre racine. Alors qu’elle s’apprête à fêter son 40e anniversaire, Alice se réveille et elle a de nouveau 16 ans. Dans la cuisine, elle croise son père, qui a lui-même tout juste 40 ans, toute sa mémoire, ses facultés et ses attentions paternelles envers sa fille adolescente. Son père, qui n’est pas sur le point de mourir. Alice découvre rapidement qu’elle peut aller et venir entre sa vie actuelle et ce jour précis de ses 16 ans, et ainsi retricoter sa vie passée et future à l’infini. Existe-t-il une version du présent qui lui conviendrait davantage? Et peut-on éviter, toujours, de regretter certains de nos choix?
J’ai adoré ce roman doux, centré sur l’amour entre une fille et son père. La faculté de voyager à travers le temps reste secondaire, le seul impact réel étant les changements que provoque Alice en faisant des choix différents dans sa vie passée. On se régale devant cette horizon des possibles, on se pavane dans le New-York des années 90 et on se souvient des meilleurs tubes de pop d’alors. On se remémore une adolescence pas si lointaine, cette insouciance sur laquelle on a enfilé à peine plus qu’un costume sombre.
« Demain, même heure » est récemment sorti dans sa version traduite, en France. Il est connu aux États-Unis et au Canada sous son titre original « This time tomorrow ».
Pour l’anecdote, j’ai fait mes recherches sur l’autrice avant de publier cet avis. J’ai été un peu ennuyée lorsque j’ai lu qu’elle avait fait l’objet d’une controverse. En cherchant davantage d’informations, j’ai découvert que ses lectures publiques avaient été annulées dans une école du Texas au motif qu’elle avait tenu « des propos anti-armes et pro-avortement » et avait publié sur son compte Instagram « une photo de son fils en robe ». Je prends acte donc : lisons cette autrice de toute urgence (et suivons-la sur Instagram).
Un podcast
Lorsque je cours, je suis de ces gens qui écoutent souvent quelque chose. Mon amoureux, lui, a cette faculté particulière de laisser ses pensées aller quand les miennes me submergent facilement. Et en fait de penser, celles-ci sont relativement restreintes : « est-ce un point de côté? », « Quoi, ça fait seulement 300 mètres? » Et le non moins fréquent « Je n’y arriverai jamais ». Pour restreindre ces pensées fort constructives, je leurre mon esprit en lui proposant une histoire. Parfois, il s’agit du dernier Transfert. A d’autres moments, j’aime bien écouter « Ex… ». Mais souvent, mon choix s’oriente vers un podcast de nature davantage culturelle : « Au coeur de l’histoire ».
Au coeur de l’histoire, c’est un podcast écrit et raconté par l’historienne Virginie Girod (depuis septembre 2022). Il est l’adaptation d’une émission radiophonique qui a été proposée sur les ondes d’Europe 1 entre 2011 et 2018. En deux ou trois épisodes de 12-13 minutes, elle dépeint avec finesse et humour l’histoire de celles et ceux qui ont fait l’Histoire, justement. Le premier épisode que j’ai découvert avec elle évoquait Émile Zola, et pour une fois je découvrais l’homme derrière la plume. Elle n’a pas son pareil pour narrer un contexte ou faire mention d’un grain de peau, donnant du relief à une chronologie, et du mordant à des décisions qui semblaient purement rationnelles. Virginie Girod semble avoir un faible pour les femmes fortes et marquantes de l’Histoire, donnant encore davantage de stature aux reines de France et aux dames de la haute société qui furent leurs contemporaines, mais aussi aux aventurières, aux scientifiques, aux artistes. Un intérêt qui fait du sens au regard de l’expertise à laquelle on la ramène souvent, celle de l’Antiquité, de l’histoire des femmes et de la sexualité.
Pour l’anecdote, l’autrice et narratrice est une historienne de ma génération. Elle remplace dans ce podcast d’autres historiens qui se sont succédé. Les puristes semblent trouver que son approche est trop vulgarisatrice, les autres – comme moi – devraient apprécier cette vision plus proche de l’individu, et volontairement orientée, à défaut d’être réductrice.
Une recette (du goûter)
Quand nous étions enfants, les placards de mes amis, et les miens, débordaient de gâteaux en tout genre. Se souvenir de nos meilleurs goûters est un de nos jeux préférés et j’assume fièrement être la seule à vouer un culte aux pains d’épice individuels Prosper goût chocolat. Cependant, quand nos filles ont atteint l’âge de rentrer de l’école et de vouloir un goûter, nous avions déjà atteint ce stade de notre existence où beaucoup de produits de supermarché avaient disparu de nos placards, dans une volonté altruiste, quoiqu’usante, de vouloir leur donner à manger un maximum de fait-maison. Je vous rassure tout de suite : nous avons encore des biscuits de supermarché dans nos placards et si vous n’avez jamais vu de biscuits au beurre recouvert d’une guimauve industrielle trempée dans une coque de chocolat, je peux vous certifier que ça n’a rien à envier au Prosper de mon enfance côté tableau des ingrédients. Mais l’effort, la volonté, l’idée (furtive) est là, et donc régulièrement nous proposons aux filles des gâteaux fait-maison. Cette longue introduction pour vous dire qu’en la matière, elles ont leur préféré. Surtout un. Et c’est le même que toutes leurs amies qui viennent à la maison au point que je ne peux plus en manger sans avoir des haut-le-coeur. J’ai nommé : le cookie géant. Il est demandé pour le goûter, pour les fêtes, pour les pique-nique, pour le jour spécial de l’école, pour apporter au souper des copains, etc. Il existe une recette qui est, selon moi, parfaite. Et inratable. Je vous la transmets ici, gardez-la précieusement, c’est un secret bien gardé. Croyez-moi, je suis du genre à tester des tas de recettes et à ne me souvenir d’aucune, au grand dam de ma famille. Celle-ci a passé tous les obstacles et finit dans la boite à recettes. C’est un incontournable. La voici : superrecettedecookieàgardertoutesavie. Chut.
Un concept intéressant
Cette liste n’a aucun sens, on est bien d’accord. Je parlais de gâteaux et me voici revenue sur un concept. Et pas n’importe lequel : l’IA. C’est le bordel, bienvenue dans ma tête. Est-ce que vous aussi vous tentez régulièrement de refaire le fil de vos pensées en vous demandant ce qui a bien pu vous amener à penser à l’Italie alors que le restaurant sentait la soupe aux choux (réponse : le Noël de 97 quand vous mangiez de la soupe aux choux et que Papy Claude a voulu vous présenter le chef d’oeuvre cinématographique du même nom en disant qu’il s’agissait du film éponyme et que la tante Cécile s’est exclamée « ah non Papy, c’est la soupe qui est éponyme pas le film ». Papy a dit non. Cécile a dit si. Papy s’est mis à bouder et tante Cécile a sorti son dico et déclaré d’une voix sentencieuse que ‘ »tiens écoute Papy, Athéna était la déesse éponyme d’Athènes ». Victor, qui avait 15 ans et plus de poils au menton que d’attention en classe a dit « Athènes ? En Italie? ». Et là Papy Claude a dit à Tante Cécile qu’elle ferait mieux d’éduquer son fils au lieu d’embêter son père et plus personne n’en a jamais reparlé.)
Comme vous, quand je ne cherche pas le fil de mes pensées dans ma tête, je lis des articles sur des choses intéressantes. L’un des sujets plus « technos » qui prédomine depuis quelque temps, c’est l’IA, ou Intelligence artificielle. On en souligne souvent les effets potentiellement néfastes sur l’humain, sa capacité à réfléchir, à agir, on s’interroge sur la dimension légale, sur la coexistence de ces entités plus-si futuristes avec l’humanité qui l’a créée, etc. Dans les aspects positifs de l’IA, le journal québécois La Presse a récemment publié un article qui compilait des témoignages de professeurs, principalement au secondaire (niveau collège et lycée en France) utilisant l’IA comme support à leur pratique. L’un des principaux interviewés a ainsi appris au logiciel, désormais bien connu, ChatGPT, à le seconder, notamment pour préparer certains travaux plus majeurs ou chronophages. Il explique ainsi que le gain de temps lui a permis de proposer des activités différentes, plus ludiques dans certains cas, qui n’auraient pas été envisageables pour lui dans un cadre horaire normal. Autre apport intéressant : il a « appris » au logiciel à corriger des copies selon sa méthode et sa grille d’évaluation. Le bénéfice : des copies rendues beaucoup plus rapidement, permettant de rencontrer ainsi une dimension-clé de l’apprentissage, soit une correction donnée dans les jours qui suivent les évaluations et donc les potentielles erreurs commises. Des délais qui sont très difficiles à rencontrer pour les professeurs dans leurs horaires normaux de travail. Bref, l’IA et la scolarité, ce n’est pas qu’une source d’inquiétude, et cet article le montre bien. Vous pouvez donc le découvrir sur La Presse : L’électrochoc de L’IA.
Maintenant que je vous ai partagé mes dernières découvertes, n’hésitez pas à me faire mention des vôtres!
-Lexie Swing-
Photo Samantha Hurley
Merci pour ce billet décousu dont je retiens 2 éléments :
1) la recette du cookie géant même comme toi, je sais d’avance qu’il m’écœurera rapidement tandis que les autres en raffoleront
2) ce podcast « Au cœur de l’histoire » que j’ai d’ores et déjà téléchargé. Comme toi, j’écoute mes podcasts lors de sorties telles que mes balades hebdomadaires le long des quais de seine. Connais-tu « Culture 2000 » ?
Bises et très bonne semaine à toi !
Non mais merci beaucoup, je vais enregistrer l’émission de ce pas et écouter ça lors de ma course d’aujourd’hui, j’ai bien hâte !
Tu vas voir, il y a énormément d’épisodes. Difficile de choisir ! Bonne course 😉
Oulala tout y est, tout ce que j’aime… une reco lecture que je m’empresse de mettre sur ma liste; les podcasts …j’ai longtemps couru sans, les réservant aux longs trajets en voiture et au pile de linge, mais je rame un peu depuis et j’ai remis des podcasts dans mes oreilles…course épique sur le run, les pieds sur terre un grand classique, et « vivre heureux avant la fin du monde » qui ne dépayse pas trop mais toujours éclairant. sur l’histoire en ce moment je suis dans les épisodes de « la concordance des temps », mais la voix me berce et je ne cours pas très vite ^^
Merci je vais noter toutes tes propositions, je t’en donne des nouvelles!