Dernière ligne droite avant Noël

Nous sommes en direct de l’aéroport. Cela fait des années que nous ne sommes pas rentrés pour les Fêtes. L’avantage de rentrer pour les fêtes, c’est que tout le monde est là. L’inconvénient c’est que… et bien tout le monde est là et que notre agenda est plus rempli que celui d’un ministre du travail en pleine négo.

Mais honnêtement je suis ravie, cela fait si longtemps que nous n’avons pas eu la chance de voir certains membres de notre famille et nos amis. Être immigré et passer les Fêtes de Noël dans son pays d’origine est à la fois exaltant et épuisant. C’est comme boire cul-sec une tequila frappée. C’est bon mais on a la tête qui tourne et après trois de suite, ce n’est plus le sel c’est la teq qu’on jette par dessus l’épaule. Oui c’est du vécu.

La perspective de Noël a changé, vous ne trouvez pas ? Il y a quelques décennies de ça, on se réjouissait davantage, et surtout faisait-on plus semblant. La maîtresse de maison faisait semblant de se réjouir de cuisiner trois jours entiers et recevoir 25 convives dans son salon qui ne lèveraient pas le petit doigt pour l’aider à débarrasser. Les étudiants faisaient semblant d’avoir du plaisir à retrouver leurs parents, oncles et tantes qui ne manqueraient pas de les harceler sur le sens qu’ils voulaient donner à leur vie et la personne du sexe opposé avec qui ils comptaient la passer. Les adultes plus matures faisaient semblant d’avoir de la compassion pour l’oncle alcoolo-raciste qui réduirait l’immigration à un fait-divers tragique et le continent africain à la colonisation.

Les temps ont changé. On s’autorise à appréhender les fêtes, à dire que l’on se passerait bien de cet étalage de faux bons sentiments. On a appris aussi à dire non, non aux gens avec qui l’on ne partage rien, sauf de l’ADN. Non aux réceptions qui laissent les maîtresses de maison exsangues sans même un merci. Non aux sentiments d’obligation.

On voit de plus en plus des gens qui feront l’impasse sur le repas colossal au profit d’un simple souper avec la famille proche. On lit tous ceux qui refusent de souscrire aux traditions culinaires qu’ils n’aiment guère pour créer leur propre tradition. Il y a des gens autour de moi qui seront avec leurs amis pour Noël, leur famille de choix. Il y a des gens qui feront un plateau télé en famille devant un bon film. Il y en a qui seront seuls, par choix ou non, et j’espère qu’ils profiteront quand même et feront fi de tous les impératifs sociaux qu’on se fixe alors même que l’on s’y sent à l’étroit.

Je vous souhaite de merveilleuses fêtes, des choses qui vous plaisent à manger, des films sympas à regarder, des moments pour vous et avec vos proches, si c’est ce que vous souhaitez. Soyez heureux, vous le méritez.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

11 réflexions sur “Dernière ligne droite avant Noël

  1. Merci Lexie,
    Bon retour! Profitez bien de ces fêtes!! Et de vos proches, famille, amis…
    J’ai la sensation que je m’oblige moins avec le temps mais si ça ne tenait qu’à moi, ça serait plateau télé devant un bon film en effet ou au moins repas simple. Car des qu’on fait un peu compliqué ça s’accompagne inévitablement de tensions!!
    Et on s’en passerait bien.
    Mais les enfants sont heureux. C’est sur toutes les bouches. Alors que ne ferait-on pas pour cet émerveillement – encore – dans leurs yeux!

  2. C’est vrai que quand je repense aux Noël de mon enfance avec mes parents boulangers je me demande comment on faisait pour se retrouver à ? 10 ou 12 ou plus dans une cuisine qui me semble maintenant minuscule. Bon OK la dinde cuisait dans le four du boulanger et la bûche changeait juste de pièce ! Mais quand même pas de lave vaisselle et pas d’eau chaude sur l’évier. C’était il y a quelques années, au siècle passé.
    Alors profitez bien de vos proches cette année.

    • Premier repas : du Mont d’Or, deuxième repas : une tarte chèvre figues. À ce rythme, on va devoir me faire rouler jusqu’à l’avion 😅 Je te souhaite de très belles fêtes !

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