L’autre jour, sur France Info, le journaliste sportif a résumé le tennis « l’important, finalement, sera d’être le dernier à rester sur le court ». Il évoquait alors Wimbledon et l’envie farouche de Tsonga, Gasquet et autre Roger Federer de détrôner l’insaisissable duo « Djoko/Nadal » qui sévit depuis un an. Tsonga est pour le moment en bonne voie, puisqu’il vient de battre l’Australien Lleyton Hewitt en tout juste trois sets.
Et à l’heure où la bataille reste encore très digne sur les terrains herbeux du sud-ouest londonien, une autre fait rage en France: celle de l’égalité salariale entre tenniswomen et tennismen. L’idée semble normale, le contexte actuel la favorise, la question ne devrait « même pas se poser ». Mais comme l’a dit récemment une rédactrice en chef de ma connaissance, « lorsque pendant trente ans vous constatez que les choses les plus logiquement évolutives restent pourtant immobiles, il est temps d’ouvrir le débat ». Alors, l’égalité salariale dans le tennis: les sportifs sont des sportifs, les équipements sont les mêmes, l’ambition équivalente. Là où le bât blesse, c’est que le tennis féminin attire moins de spectateurs. Cela devrait-il déterminer les différences salariales?
Depuis trente ans pour l’US Open, un peu plus récemment pour les autres, l’égalité prévaut. Dans les tournois du Grand Chelem, les primes sont les mêmes, peu importe le sexe du joueur. Un joli symbole qui montre que le tennis est un sport bien plus évolué socialement que d’autres. Et autant il est courant aujourd’hui, tant pour les femmes que pour certains hommes, de taper du poing sur la table en clamant: « l’égalité salariale est un droit et une évidence », autant il est rare (et stupide) de déclarer, une fois cette égalité salariale obtenue, « différencions les salaires en fonction du sexe ». Mais qu’elle mouche a donc piqué Gilles Simon pour qu’il déclare, nouvellement nominé au Conseil des joueurs, «on est le seul sport aujourd’hui où il y a la parité, alors que le tennis masculin reste plus attrayant que le tennis féminin à l’heure actuelle.»
Est-ce que la différence devrait également se faire au sein des tennismen: serait-il justifié qu’une tête de série n°20 adorée du public soit mieux payée que le numéro 10 mondial, peu apprécié, mais au jeu plus efficace, au nom de l’audience? En quoi l’attractivité détermine-t-elle la qualité du jeu? Sharapova, qui a lutté cette année à Roland-Garros, ambitieuse et déterminée, ne justifie-t-elle pas sa prime au même titre que Nadal? Doivent-elles réduire la longueur de leur jupette pour attirer les spectateurs et mériter ainsi leurs salaires?
Pour ceux qui ignoreraient encore quelle position adopter, l’ex-joueur américain Pat Cash nous livre, en conclusion, un argument inattaquable: «Je pense toujours qu’elles ne devraient pas gagner autant que les hommes car elles ne font pas le même sport.» Ah. C’était donc ça.
-Lexie Swing-