Les gens parlent à mon dos. Toute la journée, je les vois qui gigotent, rigolent bêtement, s’adonnent à des mimiques compliquées et à des « bababa » pleins d’éloquence. Quelqu’un qui m’ignorait superbement se met tout à coup à me sourire et à bêtifier, mais quand je croise son regard j’aperçois que celui-ci se perd par-delà mon épaule.
Moi, je ne les regarde pas. Je baisse la tête en souriant. Je m’abîme dans mes pensées. Je les laisse parler à mon dos. Je leur laisse un peu de ce plaisir, un peu de ces jolis moments, un peu de ses sourires.
Et puis je sors du bus et dans la vitre qui se referme j’aperçois des petits pieds qui se balancent contre mes hanches et une mèche de cheveux rebelle qui brave le vent d’automne. Et mon dos qui roucoule.

« Y’a quelqu’un qui te suit »./ Photo Eric Kilby
-Lexie Swing-
PS Ce soir, le chauffeur m’a gratifiée d’un « Tu sais que quelqu’un te suit? »
;-)