En arrivant à Montréal, je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas une seule immigration qui soit semblable à une autre. Entre ceux arrivés à la faveur d’un échange universitaire ou d’un contrat obtenu à distance, les PVTistes qui décident de rester via un permis jeunes pros et les immigrants qui, comme nous, ont commencé par dealer leur immigration avec le Canada avant de fouler le terrain pour de bon, il y a parfois de larges fossés.

Skyline./ Photo Maha
Il y a aussi plein de « si on reste… » Comment ça « si »?, me demandais-je sans cesse au départ. Vous êtes là, vous avez tout quitté, tout reconstruit ici, et vous songez à repartir? Suivant le parcours initial, « rester ici » n’est pas toujours acquis. Une de mes collègues est venue pour ses études, elle est restée pour le travail et repartie pour la famille… avant de revenir, parce que leur vie ne pouvait s’inscrire, finalement, qu’ici. C’est aussi le cas d’une de mes amies, arrivée avec un permis de travail fermé et qui est repartie au bout de quelques années, parce qu’elle avait l’impression d’être toujours dans le temporaire ici. Après quelques mois passés en France, elle est revenue. Depuis elle s’est installée en couple et se construit une vie riche qui n’a rien de… temporaire! Elle m’a dit un jour que c’était comme si elle avait eu besoin de retourner en France pour se rendre compte à quel point elle voulait vivre et construire sa vie ici, au Canada. Pour moi, ça revient à mettre sa foi à l’épreuve.
Nous, ça relève plutôt du mariage. Le Canada et nous, ça aura pris deux ans de préparation. Deux ans pour être sûrs, deux ans pour s’interroger, deux ans pour soupeser, deux ans pour renoncer. On s’est passé la bague au doigt, on s’est dit oui, pour la vie. Dans la joie, comme dans la peine, dans la santé comme dans la maladie. On a fait la fête, on a consommé.
Là, c’est la lune de miel. Puisse-t-elle, comme dans tout mariage réussi, durer toute la vie.
-Lexie Swing-
Ça donne envie…