
Vous êtes leur super-héros./ Photo Mohd Shukur Jahar
«Ma fille, j’ai fait quoi pour elle? Je lui ai donné des biberons, j’ai changé ses couches… Elle, elle a changé ma vie.» C’est sur cette belle phrase qu’un collègue de Mr Swing a résumé son statut de papa la semaine dernière.
Lorsqu’on parle de la venue de ses enfants, on n’est jamais avare de compliments: Ils sont «tout», ils ont eux-mêmes «donné vie à leurs parents», ont «éclairé leur existence» ou leur ont donné la «force de se battre».
Aucun de nous n’est un super-héros. Ou peut-être que chacun d’entre nous a quelque chose en lui qui ressemble à de supers pouvoirs. Parce qu’il y a une vérité: en devenant parent, vous devenez responsable de quelqu’un d’autre. Et ça, ça vous habite. Ça vous file des coups de pied au cul lorsque vous voudriez rester cuver votre mauvaise humeur dans votre lit. Ça vous pousse à taire vos gros mots et vos critiques, ne serait-ce que par peur que votre cinq-ans répète tout haut à la grosse dame ce que vous venez de dire tout bas. Ça vous colle de la bonne humeur en sac de huit kilos quand vous les voyez vous sourire au réveil, la mèche hirsute et le doudou moisissant arrimé au pouce.
Ça vous rend unique aussi. Vous devenez le point de repère, le phare au milieu de tempête, celle ou celui vers qui l’enfant se précipite en le serrant dans ses bras comme si c’était la toute première fois. Et c’est dans la tempête, la vraie, que je me suis dit ça hier soir. Emprisonnée par la neige battante, en plein milieu d’un quartier résidentiel, protégeant du mieux que je pouvais Miss Swing dans sa poussette canne sans capote de pluie, j’ai vu le bus me passer devant. J’étais à 20 minutes à pied, le prochain bus passait 30 minutes plus tard. J’aurais volontiers pleuré. Ou appeler Mister Swing pour me plaindre. Mais entre la poussette et le parapluie, je n’avais pas de main de libre pour décrocher mon téléphone ou sortir un mouchoir. Et puis la neige s’est faite plus cinglante encore, et mon bébé a menacé de virer au rouge écrevisse. Alors j’ai joué le tout pour le tout, j’ai chargé la poussette de nos sacs et saisi ma quatorze-mois de 9 kilos à bras le corps. Abritées sous notre frêle parapluie, nous avons traversé le quartier. Mille fois je me suis dit “Mais quel enfer!”, mille fois j’ai juré “putain de neige de merde”. Mille fois, elle a ri, mille fois, j’ai senti ses cils sur ma joue, mille fois, elle a secoué le parapluie comme un prunier et s’est ébrouée sous les gouttes.
Je ne me suis pas sentie plus forte ou plus sûre, mais je me suis sentie responsable. Peu importait ma propre carcasse tant que la sienne était sauve.
J’ai repensé à cette phrase du collègue d’Alex. Combien de premiers-nés ont joué ce rôle? Nous oeuvrons toute notre vie à tenter de rendre les autres heureux, sans nous souvenir que nous avons déjà fait tellement, il y a longtemps…
-Lexie Swing-
Je me retrouve dans ton recit, je me suis aussi rentrée sous la neige hier soir avec Sydney dans les bras pour le proteger de la neige/ froid/ vent, lui etait tout sourire au chaud dans mes bras alors que moi j’etais toute mouillee, les cheveux hirsutes et le maquillage coulant lol. Heureusement moi je n’avais que 10mins de marche!
Mon Dieu Sophie, j’ai cru que c’était Max, et puis arrivée au maquillage qui coulait j’ai eu un bug. LOL. Quelle m**** cette tempête hein? Pas de bus pour toi non plus?
Très beau texte…c’est émouvant comme tout et tellement vrai
Pom, est que ce super-pouvoir devient plus grand à chaque enfant qui arrive :) ?
J’aimerais te dire oui…
eh oui en devenant parent, on deviens plus fort, prêt à tout pour eux…en tout cas, cette dernière tempête t’aura bien inspiré, quel plaisir de te lire…
Merci Aurore, vivement les jours chauds hein…
Récit très émouvant, et toujours parfaitement écrit !
Moi qui n’ai pas encore d’enfants (et apparemment pas prête d’en avoir :-/), ça me donne presque hâte de devenir mère tout de suite, et de ressentir tout ce que tu décris là.
Par contre, je tilte sur autre chose : le Canada (montreal ou Toronto) fait partie de nos éventuelles destinations d’expatriation… mais le fait qu’il neige encore fin avril, ça craint un peu, non ?? Je ne vois pas grand monde se plaindre du temps sur les blogs ou autres, c’est ce qui me rassure un peu… Le froid, je m’en fiche, du moment qu’il fasse soleil régulièrement :-)
Coucou Jen! Oui le temps est un peu fou en ce moment, il faisait 23 degrés lundi! Mais bientôt ce sera mai et le temps va vite devenir très chaud! Vous pensez déménager dans un nouveau pays? Vous ne prévoyez pas de petit bout pour le moment?
Disons qu’on est certain de ne pas faire notre vie entière au Portugal ! Donc le Canada fait partie des éventualités. Pas de suite, mais bon, on s’y penche quoi :-)
Quant aux enfants, je ne me sens pas encore trop prête (il parait qu’on est prête que le jour où l’enfant nait ?!) et on n’est pas top top côté financier ; les salaires sont très bas au Portugal pour un coût de vie équivalent à celui qu’on connait en France… On attend juste de meilleurs jours :-)
Ici je trouve que le ratio salaire-coût de la vie est relativement bon, du moins pour un couple. Pour le bébé, je dirais que ça dépend de ton caractère, certains en ont envie mais comme ils sont de nature indécise ils ont du mal à passer le cap, d’autres sont très sûrs d’eux et à partir du moment où ils se disent qu’ils sont prêts il faudrait que le précieux arrive là, tout de suite. C’était mon cas :) y’a les sûrs d’eux très raisonnables qui ont envie mais voient que ce n’est pas le bon moment dans leur vie et ont envie d’accueillir leur enfant dans des conditions optimales (CDI, appart acheté, etc). Y’a pas une bonne réponse :) tu es du genre quoi toi?
Je dirais la 3eme catégorie !