Quand on est immigré, on vous demande toujours d’où vous venez.
« De France »
Ça les calme deux minutes, mais presque aussitôt, une autre question survient.
« De Paris? »
Quand on est un immigré français, on est toujours « de Paris ».
Je suis de partout sauf de Paris. Je ne suis pas de Paris. C’est la seule chose que je peux dire avec certitude.
Parce que je viens de nulle part, d’aucun endroit en particulier. Je suis née dans la Loire où je suis restée trois mois. J’ai fait mes premiers pas ailleurs, vers Grenoble. Ma première rentrée un peu plus loin. J’ai appris à lire dans les Deux-Sèvres, et fumé ma première cigarette à Clermont-Ferrand. Ma vie d’adulte s’est construite dans le Sud, à Toulouse. Et ma vie de mère, quelque part plus à l’ouest, dans le Gers.
Je n’ai pas d’accent qui me trahit, pas d’expressions qui m’attacheraient à un endroit en particulier. Je dis barrer la porte et passer la scince, beauseigne et émaselé, en suivant et chocolatine. Ailleurs, je suis de Montréal. A Montréal… je suis d’ailleurs! De France, où en France? Un peu partout…
J’envie quelque part ceux qui savent reconnaître les signes de leur chez-eux: les conifères à l’entrée des mont d’Auvergne, la première image bleue de mer, dans la pente avant Narbonne, le train qui ralentit, à l’approche de Paris. Ils ont des attaches, des racines. Une grand-mère qui les attend, des souvenirs d’enfant dans le parc derrière la maison. Ils rentrent à la Noël ou pour les grandes vacances. Ils sont partis, mais ils reviendront. Ils élèveront leurs enfants ici, entourés des leurs. La terre n’est plus seulement de la poudre ocre ou chocolat, c’est une composante à part entière, un pan de leur identité. Le pied à peine posé, ils exhalent leurs soucis, pour jouir pleinement de ce chez eux. Et dans leurs moments de peine, ils l’imaginent, comme ils le feraient avec une vieille amie au sourire réconfortant.
Mais lorsqu’on est de nulle part, le chez soi n’est pas un lieu. C’est un amour, une personne, une famille. C’est là où des bras s’ouvrent pour nous envelopper. Peu importe où je suis tant que tu y es aussi. Alors chez nous, ce sera.
Et vous, d’où êtes-vous??
-Lexie Swing-
De nulle part aussi. Moi je réponds « mes parents sont en Normandie ». Ça leur donne une réponse et je ne raconte pas ma vie ^^
Et moi: mes parents vivent non loin de Toulouse. :) Nos parents sont un bon support géographique :)
Je suis de l’île Maurice :) Depuis que je suis ici, on m’arrête souvent pour me demander si parle espagnol… Les gens pensent que je suis espagnole, mexicaine.. Et là j’ai qu’une envie : leur dire : Cucaracha ? Une fois, on m’a demandé si j’étais iranienne hihi. Je l’ai pris comme un compliment.
Ici je suis tout sauf Mauricienne et dès fois ça m’enrage…J’ai l’impression d’avoir perdu mon identité. C’est extrême mais c’est ce que je ressens des fois :P.
Par contre, j’aime bien raconter aux gens comment c’est chez moi (île Maurice), hihi surtout pour balancer hey toé, là-bas l’hiver s’arrête à 15 dégrées. Les – 30 c’est que dans le frigo! :D
ooo mais qu’as tu fait du soleil? Pourquoi ne l’as tu pas emmené avec toi? :) C’est beau l’île Maurice, ça doit être réellement dépaysant pour toi d’être ici! Est-ce que tu y retournes de temps en temps?
Euh c’est grâce à moi que tu as du soleil aujourd’hui haha… Le 17 juillet ça fera 1 an qu’on est ici :p On y est pas encore retournés et on n’y compte pas avant des années, sauf s’il y a des urgences genre un décès. Et puis il y a le coût des billets :D
J’aime beaucoup ton article…Mes parents ont beaucoup navigué et je suis de nulle part mais je me suis toujours sentie Parisienne et ce même avant d’habiter cette région. J’y suis depuis que j’ai 23 ans et c’est apercevoir la Tour Eiffel qui me fait dire « Bientôt à la maison »
Oui je suis d’accord avec toi, il y a aussi la région qu’on se choisit et qu’on adopte. Je me sens chez moi ici, et c’est la premiere fois que ça m’arrive. Avant, j’avais toujours l’impression d’être « en transition ». Qu’est ce que tu aimes le plus à Paris?
Complètement d’accord. On trimballe nos enfants entre deux cultures, et même trois pour les plus grands (on ne veut pas qu’ils oublient où ils sont nés), mais notre point d’ancrage, c’est notre cellule familiale.
Sinon, Paris ça va encore, en Irlande, on nous demandait si on venait de Lourdes! :)
Je me souviens pas qu’on me parlait de Lourdes? :) Je suis toujours étonnée des reperes geographiques: il y a quelques jours un commerçant m’a demandé, plein d’espoirs, si j’étais de Bretagne, parce que c’était le seul endroit qu’il connaissait et qu’il avait beaucoup aimé :) Il m’arrive de dire « du Gers », puisque c’était mon chez moi précédent et que c’est assez connu ici (en mode « je viens du Gers tu sais le foie gras, l’Armagnac, D’Artagnan, les canards, tout ça? » lol)
Moi je réponds que je suis de partout… Je suis né dans le 93, vecu dans le 95, 01, 69, 90, 06, 35, à Sydney, à Nouméa puis Montreal…
Vous avez aussi vécu à Noumea?? Apres Sydney?
Maxime y a passé presque 5 mois c’est tout, moi juste 1 semaine de vacances je suis restée à Sydney tout le temps.
De partout je dirai ;)) Comme toi je suis née en Bretagne, mais j’ai vécu une partie de mon enfance dans le 91, puis ensuite en Charente, puis de retour à Paris pour mes études supérieures, puis je suis allée à Bordeaux, bref des allers-retours mais qui construisent ma vie ! Souvent je dis que ma famille est originaire de Bretagne et que j’y suis née mais que j’ai passé ma vie ailleurs.
Tu es à Bordeaux en ce moment? Ce sont nos allers retours qui nous construisent, c’est vrai! Moi j’ai toujours eu la bougeotte :) Dans quel coin de Bretagne es-tu née?