Mon chien est un anxieux, je vous l’avais déjà dit. Il appréhende de sortir dehors, il craint le moindre passant, s’enfuit devant tout véhicule à pédales et serait prêt à se faire hara-kiri au milieu de la rue à la vue d’un enfant. Début juin, nous avons commencé à traiter son anxiété avec du millepertuis. Voici son journal.
Jour 1: Elle a versé un drôle de produit dans ma gamelle d’eau. J’ai rappliqué en courant, croyant qu’elle avait encore trié le pseudo-gras de son jambon blanc et m’en faisait profiter. L’eau a viré jaunâtre, comme si le mini-humain s’était trompé de pot. On aurait dit l’eau des flaques de campagne, quand la pluie a ruisselé le long des prés et draîné la boue des chemins, alors j’ai bu quand même. Et après j’ai éternué. Trois fois.
Jour 2: Elle a recommencé. Elle compte jusqu’à 30, mais le temps qu’elle relève son flacon, il y a toujours trois gouttes de plus qui s’échappent. J’ai compté, ça fait 9 gouttes de plus dans une journée. 63 dans une semaine. 270 sur le mois, parce qu’on est en juin. Je me demande si ça va me tuer. Je me sens bizarre parfois.
Jour 3: Toujours cette eau étrange. Ce matin, elle a voulu m’emmener jusqu’à la poubelle pour jeter mes besoins. J’ai vu un type me regarder à 200 mètres alors j’ai préféré m’arrêter, c’était plus prudent. Elle n’a pas vu le danger, et elle s’est arc-boutée pour tirer. Je fais 40 kilos, disons 43 depuis qu’on vit en ville, alors je ne bougeais pas d’un pouce. Et puis un autre gars, un gros malin barbu qui me voulait sûrement du mal, a sifflé depuis sa voiture. J’ai tiré fort pour rentrer. Elle a résisté. Je ne comprenais pas qu’elle ne voit pas qu’ils allaient nous attaquer. Elle a attrapé mon baudrier et m’a traîné jusqu’à la poubelle en me criant que j’avais un grain. Je ne sais pas où est ce grain. Quand elle a enfin relâché la pression, je suis parti en courant. Je l’ai traînée derrière moi. Je crois qu’elle a trébuché parce qu’elle a juré. Je ne me suis pas retourné. Je devais nous mettre à l’abri.
Jour 5: Il est venu en balade avec moi, comme tous les soirs. Il doit un peu me prier pour descendre du perron mais c’est parce que je dois d’abord inspecter les environs. La voie était libre alors je l’ai suivi. La nuit tombée, je me sens différent. Je me sens libre. J’aime bien jouer la nuit. Je bondis autour de lui, je tournoie sur moi-même, je renifle et m’étourdis. Il rit. Ils ne rient jamais la journée quand ils me promènent. Moi non plus je ne ris jamais. La journée, ILS sont partout. Alors je me méfie.
Jour 6: Mon eau semble constamment jaune, leur drogue a décoloré le bol en émail blanc qui me sert de gamelle. Elle dit qu’elle ne m’en donne que trois fois par jour mais je commence à avoir des doutes. Parfois, je ne me maîtrise plus. Je me sens content sans raison, ça me donne même envie d’aboyer de joie dans l’escalier. Ils ont voulu m’emmener au parc. Je me suis caché derrière le véhicule de l’humain miniature, on ne me voyait plus. Après, ils m’ont attaché à une grille, à côté d’eux. Les fous! Ils ne comprenaient pas qu’on était terriblement exposé ainsi, sans même un coin de mur pour nous protéger. Et si un enfant se jetait sur nous? On avait plongé dans la gueule du loup, c’était leur repère. Il n’y en avait pas un, mais dix, qui construisaient des trucs informes au milieu du sable. Je crois qu’ils préparent quelque chose. J’ai essayé de prévenir mes maîtres mais ils souriaient béatement à la ronde, inconscients du danger. Et puis la naine s’est allongée sur moi et j’ai oublié qu’il y avait des gens autour. Je me suis collé à elle. Elle n’est pas grande mais elle est costaud. Elle devrait pouvoir me défendre.
La suite… la semaine prochaine ;)
-Lexie Swing-
Excellent :-) J’aime bien ce genre d’articles, dont le contenu est « vu par le chien » ;-) J’en ai déjà quelques uns sur le blog santé, mais je comptais en faire un sur le Portugal, vu par Toupie.
Au fait, puis je t’envoyer un mail pour te poser quelques questions précises sur la vie à Montreal ? :-)
Oui bien sûr Jenny j’y répondrais avec plaisir :)
Oh! J’espère que ça ira mieux pour toi, toutou! Tu verras bientôt tu voudras te promener et piquer la glace de tes maîtres!
Dis donc j’espère pas, déjà que je suis obligée de me cacher de ma fille pour finir la mienne ;)
Génial! Pauvre bête quand même, qu’est ce que tu lui fais subir, avec tes drogues :)
Si ça ne marche pas j’essaie la cocaïne ;)
Tu crois qu’il est aussi torturé. On aime bien faire parler notre chatte mais on la fait zozoter et raconter des trucs stupides ou condescendants.
C’est un chat, bien sur qu’elle dit des trucs condescendants, t’as jamais vu la Belle et le Clochard toi ça se voit ;) qu’est ce qui te fait penser qu.’elle pourrait avoir un cheveu sur la langue?
Ça lui va tellement bien le cheveu sur la langue ! Je ne sais pas t’expliquer, ça fait partie du personnage. C’est sûrement parce que comme ça quand on lui fait dire des choses condescendantes, elle a l’air idiot.
Ses vacances en Estrie approchent il va pouvoir se refaire une santé en pleine nature.
Bon enfin un labrador qui ne fugue pas, puisqu’il a peur de sortir, c’est pas comme le mien qui partait courir la gueuse pendant deux jours et revenait complètement exténué. J’en ai fait des kilomètres pour le récupérer à chaque fois et maintenant qu’il est parti au paradis des chiens il me manque terriblement, mêmes ces fugues me manquent. Allez encore quelques flacons et je suis sûr que votre chien deviendra un grand « fuguineur ». Et là vous allez regretter le temps où il ne voulait pas sortir… si si je vous le dis.