On est aux premières loges. Depuis le quai de notre petite gare de campagne, seuls les rails et un fossé profond nous séparent de la scène. Les lumières clignotent en tout sens sur le toit des véhicules garés. Seule une voiture n’a pas droit à son gyrophare. Celle qui a castagné, qui a pris un mauvais quart, évité un écureuil, mal jugé de l’angle du virage. Elle se tient droite sur ses roues, immobile. Autour d’elle, pompiers et policiers forment un cercle. Aucun ne se penche. Ils échangent au dessus du front plat de taule. La voiture demeure muette. Nous sommes au balcon, sans les jumelles. Pourquoi personne ne se penche ? “Ça va aller, on va vous tirer de là”. C’est ce qu’ils disent toujours dans les films. Le conducteur peut-il l’entendre ? Est-il conscient ? Est-il blessé ? Les urgentistes préparent d’un geste sûr et maîtrisé leur matériel. Nous voyons tout. Nous ne le voyons pas lui. Ou elle. Ou eux. Il doit avoir froid. On a toujours froid quand on a mal. Les couvertures seront-elles assez chaudes ? J’aurais envie de couvertures chaudes si je me retrouvais inconsciente dans ma voiture accidentée par -10 degrés. Et d’un café. Ou alors d’une licorne qui roterait en alexandrins. Qui peut bien savoir ce dont on a envie avec les tripes à l’envers et les dents plantées dans le volant ? Nous assistons à tout, malgré nous, impuissants derrière notre fossé et nos rails enneigés. Le train arrivera, la vie continuera. Et puis toi ?
-Lexie Swing-
Ouch! Dur des le matin…
Ce sont des instants difficiles, douloureux, à voir, à regarder, même quand on ne connait pas les êtres accidentés. Qu’est ce qu’on peut bien vouloir dans ces moments là? Je me pose moi aussi la question. Peut-être juste s’en sortir.
Ouch. Ça choque, même quand on a rien à voir avec l’accident ou les personnes. C’est ça qui fait de nous des êtres humains, on est doués d’empathie…
dur dur… surtout que ça nous ramène forcément à nous-mêmes, à nos proches à des « et si demain… »