
Dean sleeping./ Photo Andrew Malone
Je lui fais toujours une dernière caresse, un dernier baiser envoyé du bout des doigts en allant me coucher. J’ai gardé ce réflexe des premiers jours de poser la main sur son ventre pour vérifier qu’il se soulève. Parfois, elle me surprend. Alors que je la croyais endormie je discerne tout à coup ses yeux brillants dans le noir et sa petite voix flûtée qui demande : « maman, c’est fini dodo? »
L’autre soir, je suis entrée en tâtonnant dans sa chambre. S’habituant à la pénombre, mes yeux sont tombés sur ses petits pieds serrés l’un contre l’autre. J’ai fait glissé ma main le long de ses jambes, puis de son dos, à la recherche de son doux visage. Et puis j’ai heurté la couverture. Une couverture douce et souple qui a longtemps fait office de doudou et qu’on lui mettait comme un deuxième petit matelas tout doux depuis quelques jours. Au dessus de la couverture, il n’y avait rien. Rien que le drap. J’ai compris. J’ai paniqué. Je n’ai pas crié. Aussi vite que j’ai pu j’ai arraché la couverture enroulée autour de sa tête. Dessous, Miss Swing dormait paisiblement, le visage et les cheveux dégoulinants de sueur. J’ai posé ma main sur sa nuque, je l’ai longtemps caressée, je lui ai dit que j’étais désolée, que je ne savais pas. J’ai repoussé la couette et je suis sortie. J’ai raconté à Mr Swing ce qui venait de se passer, on a convenu que la couverture resterait à sa place initiale, celle de petite couverture doudou. Le problème c’est qu’ainsi allongée dessus, elle avait pris l’habitude de rabattre un morceau sur son visage pour s’endormir. Et autant est elle capable, à deux ans bientôt, d’enlever un tissu posé sur sa tête, autant il lui est beaucoup plus difficile de le faire s’il est entièrement enroulé.
Après coup je me suis dit « oui mais elle aurait crié ». Et puis je me suis demandée: « et si je ne l’avais pas entendue? », ou pire : « et si j’avais dit à travers la porte « dors chérie! » comme nous le faisons ces soirs où elle nous rappelle sans cesse? »
Il arrive que l’on se retourne, et l’on retrouve son enfant dans une position dangereuse, debout en haut de l’escalier ou pourvu d’un couteau tranchant qu’il a réussi à attraper sur le plan de travail. Surtout ne pas crier. Un faux pas et c’est la chute. On récupère. On étreint. Mais on se dit toujours : « et si j’étais arrivé trop tard? ».
-Lexie Swing-
une fois j’ai retrouvé michoco complètement emprisonné dans sa moustiquaire toute enroulée autour de son cou, le cauchemar… c’est bizarre mais moi je ne repasse jamais dans sa chambre une fois qu’il est couché, une habitude depuis qu’il est petit et depuis quand je viens, je le réveille. Mais ce jour-là, j’étais passée…
Intuition? Tu ne sauras jamais. C’est drôle que je repasse toujours dans la chambre et toi jamais. Quand il etait tout bebe non plus? C’est par peur de le réveiller?
Quand il était bébé il se réveillait en hurlant toutes les 2 heures jusqu’à ses 10 mois, donc pas besoin de passer vérifier, je pense que cela nous à un peu traumatisé lui et moi !
Bon sang, le coup au coeur que tu as dû avoir.
Ils ne se doutent pas dans quel état ils peuvent nous mettre.
Le pire dont je me souvienne, c’était quelques jours après la naissance. On lui avait mis un coussin d’allaitement autour de lui pour l’aider à dormir.
Le matin, je me réveille en sursaut : il n’a pas pleuré de la nuit !
Je cours dans sa chambre et là, je le vois la tête dans complètement enfoncée dans le coussin. Je l’ai enlevé précipitamment et T a bougé. J’ai eu envie de vomir et pleurer en même temps et j’ai tremblé pendant un moment.
Oui ils ne peuvent pas savoir mais ils nous font de belles frayeurs. Ma meilleure amie me racontait un souvenir qui est en réalité celui de sa mère. Elle a l’âge qu’ont nos petits aujourd’hui, elle vit en immeuble avec ses parents, sa mère est partie ranger quelque chose dans la chambre, elle arrive dans la cuisine et trouve mon amie la tete passée par la fenêtre puverte. Elle avait escaladé le meuble de cuisine… Ils habitaient à je ne sais plus quel étage… C’est toute l’application du « et là surtout ne pas crier »
Oui, surtout ne pas crier. Pour pouvoir en rigoler 15 ans après…
C’est un peu différent pour nous, nous dormons dans la même chambre. J’ai toujours eu l’habitude de passer le voir dormir, quand nous n’avions pas la même chambre, pour voir si tout allait bien. Je le faisais aussi avec les petites filles que je gardais quand j’étais au pair. Je crois que ma mère m’a repassée cette angoisse, qui l’a tiens éveillée depuis qu’elle a failli me perdre, suite à une mauvaise digestion à quelques semaines à peine. Elle se dit toujours « si je n’étais pas passée vérifier que tu dormais bien ce jour… »
Comme quoi on doit avoir un instinct particulier pour ces choses là.
Je ne sais pas si tu perds un jour ce genre d’habitude. Je suis sûre qu’à 15 ans je continuerai à pousser sa porte le soir (ou alors c’est qu’elle se sera couchée après moi ;))
Cela fait trois semaines qu’on se dit qu’il faut vraiment qu’on descende le matelas du lit de Petit Pois, car il commence à se retourner, car il gigote pas mal, car oui j’ai peur qu’il prenne appui sur les barreaux et qu’il fasse le grand plongeon.
Samedi, nous avons fini par baisser ledit matelas, en nous disant: « il vaut mieux le faire trop tôt que trop tard », quitte à se taper un bon mal de dos pour récupérer l’animal.
Dimanche matin, au réveil, le fameux animal était retourné sur le côté, sa petite main fermement accrochée au tour de lit. Il tentait de se mettre à genoux.
Comme quoi, il était temps…
Il a de la force ce ptit chat!