Pourquoi le travail a fait de moi une (bonne) mère

Mother and son./ Photo Blue Skyz Studios

Mother and son./ Photo Blue Skyz Studios

Pendant un temps, il y a eu deux clans : les mères au foyer et les mères qui bossaient. Ces dernières s’autoproclamaient mères imparfaites et s’enorgueillissaient volontiers de leur absence dans le but ultime de faire râler les mères à la maison, elles-même un peu trop vertueuses pour être vraies.

Les bad mothers ont plus ou moins disparu, ou du moins ont-elles cessé de se vanter d’en être, se cachant désormais derrière ce terme pour reconnaître une certaine culpabilité quant à leur absence du foyer. Ça me gène, moi, cette culpabilité. Ça me gène, car je ne la ressens pas. Et je me sens parfois coupable de ne pas la ressentir. On a un esprit tortueux ou pas…

Je ne serais pas devenue mère si je n’avais pas travaillé. En tout cas je ne serais pas devenue « cette mère-là ». Le travail, qu’il m’ait passionnée ou donnée envie de m’exiler au fin fond de l’Afrique (coucou Heidi ;)) m’a toujours équilibrée, épanouie, donnée envie d’aller plus loin et de chercher ailleurs lorsque l’envie s’en faisait sentir. Je suis de celles pour qui il est un pan de vie. Pas une option alimentaire, encore moins quelque chose que j’abandonnerais volontiers si mon mari était un riche entrepreneur. Je suis de celles-ci. Tout comme certaines de mes amies s’épanouissent pleinement dans le fait d’être mères au foyer. Il y a une pluralité de mères et toutes n’aspirent pas à s’occuper à la journée longue de leurs enfants.

Si l’on m’avait dit que faire des enfants signifiait rester à la maison, je n’en aurais probablement pas eu, ou peut-être bien plus tard, ou bien trop tard. Tout le monde peut-être parent au foyer mais ce n’est pas si courant de s’y épanouir, de rester un bon père ou une bonne mère lorsque l’on vit 24h sur 24 avec ses enfants, de garder du recul et de la patience. Mes copines mères au foyer savent à quel point je leur tire mon chapeau. Je leur dis souvent mon admiration. Cela me semble, à moi, aussi compliqué et inatteignable qu’être ingénieur aérospatial. Et j’étais nulle en maths, c’est dire!

Je suis de ces mères qui ont besoin de parfois prendre leur distance, qui n’ont pas un centre d’intérêt mais mille. Si mon enfant, et bientôt le second, est ma priorité, il n’est pas toute ma vie. Il est un (grand) pan de ma vie seulement, et j’ai besoin du reste pour tenir debout. Travailler me rend plus patiente, plus prompte à jouer, plus prête à accorder tout mon temps lorsque je suis présente. Cela m’aide à délimiter mes moments, ce que je ne sais pas faire les week-ends, quand coincée entre le linge à plier et la vaisselle à essuyer, je ponctue ses demandes d’un « plus tard chérie ».

Est-ce que la culpabilité vient en combo avec la peur lorsque l’enfant naît? Pourquoi culpabiliser de ce que l’on est, de ce que l’on fait, quand parallèlement on donne le meilleur de soi pour être un bon parent? Je préfère me donner pleinement à mon enfant quatre heures par jour qu’à moitié durant dix. Tout comme je préfère donner le biberon avec un plaisir évident que de donner le sein sous la contrainte. Je préfère être une mère heureuse. Il paraît que ça peut faire des enfants heureux. Et je ne crois pas que l’on devrait culpabiliser de cela.

-Lexie Swing-

 

16 réflexions sur “Pourquoi le travail a fait de moi une (bonne) mère

  1. Très belle réflexion, merci ! Je suis particulièrement frappée par ta phrase « Tout le monde peut-être parent au foyer mais ce n’est pas si courant de s’y épanouir, de rester un bon père ou une bonne mère lorsque l’on vit 24h sur 24 avec ses enfants, de garder du recul et de la patience ». C’est très juste. Moi qui suis au foyer pour le moment, il m’arrive souvent de penser que je serais plus patiente et plus harmonieuse dans ma relation avec mon ptit bout si je bossais.

    • Je suis comme toi. On a parfois par le choix d’être au foyer, mais il y a des personnes pour qui c’est très épanouissant et d’autres qui ont besoin de travailler pour être des parents épanouis

  2. Bien sur qu’il ne faut pas culpabiliser! Il n’y a pas de mere parfaite, et on est toute différentes, normal de vivre la maternité différemment.

    • Pourtant il y a beaucoup de phrases de mères qui commencent par « je culpabilise car… » (je le laisse à la garderie, j’ai décidé de le laisser à son père pour m’octroyer une journée entre filles, etc.)

  3. Je te rejoins complètement Lexie. Il m’a fallut du temps pour admettre que je n’aurai pas fait une bonne mère au foyer. Je ne pourrai pas ne pas travailler. Comme beaucoup j’ai culpabilisé au début, pensant que je privais mon enfant d’une maman à temps plein. Mais non, car en maman à temps plein, je n’aurai pas assuré et la vie aurait été beaucoup moins agréable pour nous deux. Les mères au foyer me paraissent épatantes.
    Mais ce qui compte c’est bien que chacune trouve sa place, celle qui lui convient et qui la rend heureuse. Car je pense en effet qu’une maman heureuse et épanouie dans sa vie, c’est essentiel pour le développement de l’enfant.

    • Comme on prend le congé maternité, le congé parental et du coup le statut de mère au foyer devient l’extension logique, pas forcément dans ton esprit mais dans celui de ton entourage, de la société aussi. Pourtant, c’est une « carrière » en soi. S’occuper de ses enfants à plein temps demande des compétences particulières que tout le monde n’a pas. Ceci dit j’ai d’autant moins culpabilisé que je crois farouchement en qq chose qui n’est pas nécessairement partagé : l’enfant a besoin de se développer aussi loin de son parent. Pour moi c’était une évidence, je voulais lui offrir la richesse d’un monde extérieur à moi, à nous. Je me trompe peut-être hein, mais il est certain que cette conception a servi d’ingrédient à mon bonheur de « mère qui travaille »

  4. J’aime beaucoup cet article. Ca rejoint mon sentiment, mon envie de m’épanouir au travail coûte que coûte depuis toujours. L’arrivée de mon fils m’a apporté la culpabilité pour une seule raison : mon travail ne me plaisait plus et là pour le coup le jeu n’en valait plus la chandelle… être huit heures par jour loin de lui pour ne pas être épanouie à jouer dans la balance…mais pas que : j’ai moi aussi besoin de m’épanouir dans ma vie professionnelle pour être heureuse.

    • Ça se ressent que tu n’es pas partie pour le seul besoin de voir ton fils. Beaucoup de choses dans tes écrits montrent ton envie d’avoir une vie professionnelle réellement épanouissante et par un ersatz en mode métro-boulot-dodo. Ici je fais le travail qui me plaît… mais on s’entend que je finis à 16h! Ça sert donc doublement mes intérêts : j’aime ce que je fais et je finis suffisamment tôt pour m’occuper vraiment de mon enfant. Je n’aurais pu rêver mieux!

  5. Que j’aime te lire… C’est mon grand questionnement du moment : retrouver une activité pro plus épanouissante car l’équilibre que j’avais créé en bossant de la maison m’a permis d’avoir le temps, de profiter pleinement de michoco, mais ça devient de moins en moins le cas, les siestes raccourcissant, et je ne m’y retrouve plus autant qu’avant : ni avec mon boulot, ni avec michoco. Mais bon c’est aussi moins facile quand on est le seul parent… je crois que qq heures de « tranquilité » par semaine suffirait à reprendre plus de plaisir à être ensemble, plus de plaisir à bosser !

    • C’est ça, on a besoin d’avoir qq heures par semaine pour être loin les uns des autres et s’empiffrer le cerveau d’informations qui n’ont rien à voir avec notre vie de famille, il est d’autant plus doux de se retrouver ensuite pour tout ce que raconter :) Qu’aimerais-tu faire du coup à présent?

      • M’empifrer le cerveau d’informations qui n’ont rien à voir avec ma vie de famille !!!! Ça viendra, petit à petit je sais que je vais réussir…

  6. Alors moi c’est pas compliqué, j’ai voulu être tout. La mère parfaite ET bosser. Mais alors, en même temps. Bon, c’est sûr, en tant que pigiste, pas le choix, je n’ai pas eu de congé de maternité. Mais j’ai tellement poussé cette envie de perfectionisme que… ben j’ai pété les plombs.

    Je ne suis pas faite pour être en mode mère à plein temps. Je suis toujours une « maman » bien sûr, mais par « mère à plein temps » j’entends arrêter de travailler pour gérer la maison et Mark. Je ne m’épanouis pas du tout là-dedans et j’ai une énorme admiration pour celles (et ceux!) qui font ce travail, car c’est un travail à plein temps!

    J’adore mon travail de « word nerd ». J’ai besoin de cette coupure dans la vie. Je me sens bien mieux depuis que Mark a sa petite vie à la garderie et moi la mienne. De la distance était nécessaire, pour quelques heures bien sûr.

  7. Jeun fille, j’étais persuadée d’être mère au foyer (comme ma mère et mes grand-mères). Sauf que… je me suis rendu compte qu’il me serait impossible de rester en vase clos avec mon bébé sans devenir folle. Mon travail m’équilibre, me permet de voir du monde, d’explorer des idées, de vivre et de respirer un autre air que celui des biberons, bodys etc. Je suis tout à fait au clair avec ce besoin et n’ai jamais culpabilisé de les mettre à la crèche ou au centre de loisirs. Du coup je pense parvenir à être totalement avec eux, le temps que nous passons ensemble.

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