Et tu t’appelles B. comment?

Miss Swing ne connaît pas son nom de famille. Je ne sais pas à quel âge les enfants sont susceptibles de donner leur nom entier mais ce n’est pas demain la veille pour nous. Elle ne répond pas à la question « Comment tu t’appelles? », elle parle beaucoup mais répond rarement aux questions, surtout si c’est en public, encore plus si elle peut nous faire honte. Ma fille est une sacrée tête de mule mais c’est une autre histoire…

Dans son billet d’hier, Marine évoquait ce choix, ce difficile choix, peut-être le premier vrai choix à faire à deux qui nécessite moult argumentations : le choix du prénom. S’il y en a un autre qui se fait souvent naturellement, c’est plutôt le choix du nom de famille.

En France, comme au Canada et dans de nombreux pays, le nom du père a longtemps été plus qu’une légitimité : une légalité. L’enfant prendra le nom du père, point. Et puis l’évolution de la société a joué son rôle et le nom de la mère est devenue une option.

Pour moi,  et cela ne concerne que mon ressenti, on en est resté là. Dans les mentalités, le nom de la mère reste une option. Pourquoi ? Parce que la coutume a la vie dure et la carapace solide. Parce que les administrations jouent admirablement leur rôle en termes de destruction de l’équilibre chèrement acquis, il suffit de lire le témoignage de LMO pour s’en rendre compte. Mais aussi parce que, nous tous, nous nous sommes habitués à ce que ce soit « le nom du père ». « Vous êtes Monsieur Martin, le papa de Jean Martin? ». C’est l’évidence même.

Notre cas le prouve. Notre fille, et bientôt son frère ou sa soeur, porte mon nom, puis celui de son père. Elle porte nos deux noms, mais le mien en premier. Aucune vélléité féministe, j’ai laissé libre choix au papa quant à l’ordre des noms ou même d’ailleurs, quant au fait de donner seulement l’un des deux, car vraiment la question m’indifférait. Mais il a fait ce choix là, dans ce sens là, entre autres pour une facilité de prononciation.

Seulement voilà : aussitôt décidé, aussitôt rebaptisé! Mon conjoint a gagné le droit de s’appeler Monsieur N., comme moi. Cocasserie : il est ainsi renommé comme mon frère, dont il partage le prénom. Exemple : le médecin demande le nom de notre fille, puis remplit les cases père et mère. Il sait que les noms sont différents puisque le nom de notre fille est double et que de surcroît au Canada la femme ne porte pas le nom du mari (et vice versa), mais il commence toujours pas remplir la case père avec le premier nom. Puis c’est logique non?

Dans la vie, nous avons beaucoup d’automatismes. Malgré toutes mes bonnes résolutions progressistes, je continue à chercher les femmes mariées au nom de leur mari, une habitude que j’apprends à perdre puisqu’elle n’a pas lieu d’être ici. Au même titre que j’apprends chaque jour à ne pas supposer que l’ami de mon enfant a forcément un papa et une maman, ou que cette dame qui vient le chercher à la garderie est forcément sa mère (alors que c’est sa belle-mère, une situation très courante aujourd’hui). Mais il est dur de repartir l’esprit vierge de toute supposition et de toutes habitudes.

À noter qu’au Québec, on peut donner le nom du père, le nom de la la mère, les deux, dans un sens, dans l’autre, et changer pour l’enfant suivant. Oui, oui. Notre deuxième pourrait donc porter nos noms dans le sens inverse. Bonjour les complications!

-Lexie Swing-

8 réflexions sur “Et tu t’appelles B. comment?

  1. En France on peut faire la même chose, mais si on choisit pour le premier, on doit garder ce choix pour toute la fratrie. Nous avons choisi la même chose que vous : mon nom suivi de celui de mon mari. C’était assez comique puisque mon mari voulait qu’il ne porte que mon nom sur les papiers français ! Comme au Sénégal il ne porte que son nom, je trouvais cela confusant pour lui-même et pour les administrations. Je tenais cependant à ce qu’il porte mon nom, ne serait-ce que pour faciliter les démarches liées à sa nationalité française et à ses voyages qu’avec moi (bizarre mais comme il n’est pas évident pour tout le monde qu’une belle-mère peut venir chercher un enfant à la garderie, il n’est pas évident non plus qu’un enfant qui n’ai pas exactement la même couleur que vous soit votre enfant !!). J’ai moi aussi laissé choisir l’ordre à mon conjoint et dans son pays c’est le dernier nom qui l’emporte donc il a choisi de mettre le sien en dernier ! Dans l’usage courant on utilise que le nom de son papa, car ça parle tout de suite aux gens au Sénégal, c’est un nom de famille courant. Michoco sait d’ailleurs très bien le dire puisque les gens veulent toujours savoir ton prénom puis te demande ton nom et que moi aussi je répond par faciliter avec le nom de mon mari. Comme tout le monde est absolument ravi qu’il/qu’on porte un nom sénégalais, Michoco est ravi de le dire à qui veut l’entendre ! et puis ça le saoule moins que son prénom qu’il est obligé de répéter 3 fois, là au moins tout le monde comprend du premier coup !

    • Donc la miss devrait pouvoir l’apprendre… (5 syllabes qd meme, dont deux R, la lettre qui n’existe pas pour elle :)). Je trouve ça drôle que Michoko et elle portent le même genre de nom (maman d’abord), ce n’est pas si courant je crois

  2. Pour mon ex mari, les choses étaient claires depuis le début. Je pouvais garder mon nom de jeune fille mais nos enfants auraient son nom et son nom seul. J’ai donc changé mon nom, je pensais que c’était plus juste pour nos enfants à venir.
    Et puis au final, avec le divorce, je vais reprendre mon nom de jeune fille. Mon petit homme porte quant à lui le nom de son papa. J’aurai bien voulu qu’il ait nos deux noms, mais le papa est contre. Si c’est possible, je mettrais les deux en noms d’usage.

    • Je pense que c’est possible? Si je ne trompe pas, sur ma carte d’identité, j’ai le nom de mon père en nom légal et les deux noms en nom d’usage :) Pourquoi le papa est contre les deux noms?

  3. Merci de m’avoir citée! :-)
    C’est vrai que les automatismes, la coutume, ont la dent dure… Mais ça ne me pose pas de problème quand, comme toi, on sait les remettre en question.
    Ca devient beaucoup plus difficile quand les administrations décident à notre place, jugent, culpabilisent, etc… J’avoue que je sature un peu! (Ici les filles portent le nom de leur papa puis le mien, ça amoindri les problèmes pour elles. Mais moi qui ai gardé mon nom, quelle galère en France!!!!)
    Par contre j’avoue que je trouve dommage que tous les enfants d’une fratrie ne portent pas le même nom, dans le même sens…

    • Moi aussi je trouve ça assez surprenant, pas tant que cela soit un droit, mais que des gens fassent ce choix… Par contre c’est super pour les enfants qui n’ont pas les mêmes père et mère par exemple : j’ai rencontré une fille qui a trois enfants, de trois papas différents, et chacun porte le nom de sa mère en premier, puis le nom de son père. Ça créé une certaine unité du coup. J’ai l’impression que c’est une sacré galère en effet que de vouloir garder son nom en France alors qu’on est une femme mariée! A l’inverse ici, il est très dur de garder le nom du mari quand tu t’es mariée dans un pays qui t’autorisait à le prendre et que tu arrives au Canada, pays dans lequel tu ne peux pas le prendre. lol!

  4. Je porte le nom de mes deux parents (un nom de famille assez long, avec l’un des patronymes italien). Je ne voulais pas prendre le nom chinois de mon mari pour éviter les sempiternels « but but… you’re not Chinese! »

    Conclusion, Mark a le nom de son père parce que je ne me voyais pas lui accoler mes deux noms de famille en plus (vous suivez??!).

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