Day to day

Deux ans./ Photo  Thomas Hawk

Deux ans./ Photo Thomas Hawk

En ce moment, on vit au jour le jour, appréciant les moments de calme et attendant le renouveau quand le jour est trop mauvais. Un mauvais jour commence généralement dès le réveil.

« Est-ce que tu veux petit-déjeuner ou t’habiller d’abord? »

Trop de questions, le choix, toussa. La miss choisit donc de geindre, pour toute forme de réponse. Ma patience matinale ayant des limites moyennement extensibles (les siennes sont par contre très longues, Miss Swing ayant réussi l’exploit de vitupérer une heure et demi depuis son lit il y a deux week-ends de cela, tandis que nous prenions notre petit-déjeuner, puis partions nous laver, puis nous habiller, sans qu’elle daigne jamais se lever), je la soulève et lui propose donc de s’habiller, histoire de gagner du temps. À ce stade, elle geint toujours mais cumule avec la technique de la poupée molle, tout en s’accrochant désespérément aux manches du pyjama, puis à celles de son t-shirt que je tente de réenlever car, faute d’avoir bu mon premier café, je l’ai mis à l’envers. Le tout tandis que je scande une improbable chanson faite de petits poissons qui nagent nagent nagent dans la forêt, avec des crocodiles.

L’enfant sur la hanche – ne comptez pas sur elle pour faire un pas, elle n’a cure du fait que je porte déjà quelqu’un d’autre sous mon nombril – je zigzague jusqu’au banc de la salle à manger. Où je tente de la déposer. En vain. Les petits bras sont ligotés à mon coup et mon tympan vrille en cadence avec ses cris.

Je repars en direction du frigo, tentant l’improbable figure : sortie du lait de la main gauche, débouchage de la main droite, l’avant-bras soutenant les 12 kilos d’agitation. Sortir le verre. « Non pas celui-là! ». Sortir la tasse en plastique, ajouter que si si ce sera celle-là, au moins elle ne se casse pas. Récupérer quelques gâteaux, et puis se rasseoir sur le banc, l’enfant en cordée et le ventre affaissé.

Bien sûr, si c’est un jour sans, il y a des maladresses qui finissent par devenir des habitudes : ma tasse qui finit inexorablement par être renversée. Le bavoir qu’elle ne veut pas mettre. Le pain qu’elle demande et qui n’arrive pas assez vite, et finit généralement par être jeté par dessus la table.

Alors on prend nous-mêmes des habitudes. « Ouvre cette compote s’il te plaît chéri ». « Elle a dit qu’elle n’en voulait pas ». « Elle n’en veut pas maintenant mais dans deux minutes, quand elle l’aura décidé, elle en voudra, se rendra compte qu’elle ne peut pas l’ouvrir seule, te demandera de l’ouvrir, mais tu ne seras pas assez rapide et la compote finira sur tes genoux. Ouvre je te dis. » Et ça ne manque pas. Deux minutes passent. Nous faisons semblant que le sujet de la compote n’a jamais été abordé et la petite menotte se saisit soudain de la gourde, en tourne triomphalement le bouchon avant d’enfourner le précieux.

Je savais que le terrible two existait. Je savais qu’un jour ou l’autre il arriverait. Je n’en avais pas mesuré l’intensité. Je n’avais pas pesé la frustration et la colère intériorisées par un enfant de deux ans, doublées par l’échéance d’une naissance toute proche. Je ne reconnais pas toujours ma toute petite fille, dont la bonhommie n’avait d’égale que la mesure.

Les choses finiront par se tasser. Je veux dire… il y aura pire! Le joliment nommé « fucking four » par exemple. J’ai hâte de connaître ça. Et vous?

-Lexie Swing-

15 réflexions sur “Day to day

  1. Ben tu sais quoi, naive que je suis, je trouvais que Mark n’était pas si terrible pour ses terrible twos. Oui, bon, il disait « non » beaucoup et se roulait de temps en temps par terre mais, eh, moi aussi ça me démange de temps à autre quand je suis frustrée.

    Mais alors depuis quelques semaines…

    Oh. My. God.

    Il chouine. Hurle, tape du pied, tout rouge. Pour RIEN. Genre, j’ai posé le lapin en peluche sur le fauteuil, machinalement. I WANT IT I WANT IT! Ben… prend-le mon grand? NOOOOO! DADDDYYYY!

    Elle dit qu’elle voit pas le rapport.

    Avant-hier il a fait la colère parce qu’il voulait aller sur le toit. Curieusement, ça me tentait moyen.

    On va dire que c’est une phase…

    • Lol oui j’ai fait le même chemin que toi : « c’est ça le terrible two? De quoi les gens se plaignent? », et maintenant je sais ;) Je suis épatée par le fait qu’ils craquent complètement pour des petites choses. Une veste mal mise, la question de trop, le morceau de saucisse qu’ils n’arrivent pas à piquer avec la fourchette, etc

  2. Comment ça le « fucking four » ??? Qu’est que tu racontes?? J’avais toujours entendu parler du terrible two mais jamais du fucking four!! Tu ne vas pas me dire que ça va recommencer!? Fripouille a un peu plus de deux ans… Je m’arrache parfois les cheveux, il y a des piques! Bon courage!
    On va s’en sortir!! Si si! ;)

    • Moi aussi, j’avais entendu parler seulement du terrible two. Et puis elle a eu deux ans, et on m’a dit « oh oui c’est difficile mais attend le fucking four » lol! La miss était une enfant particulièrement sage, capable de jouer seule à un an dans sa chambre, pas spécialement d’angoisse de séparation à 7-8 mois, aucun problème pour dormir : extraordinaire. Honnêtement je n’aurais jamais pensé qu’elle avait autant de caractère!

  3. Ahhhhh tu me fais peur.
    Je prie pour que, ma grossesse avançant, numéro 1 ne se transforme pas en mini monstre…
    Je te souhaite plein de courage (et de séances de yoga).

  4. Il y a une méthode remarquable, mais à utiliser à très petites doses (sinon ça ne marche plus…et c’est fatiguant): tu fais pareil! Quand to enfant fait un caprice incontrôlé pour rien, imite la. Ça a toujours marché avec les miens, ils sont tellement interloqués qu’ils s’arrêtent net.

  5. C’est quoi ce « fucking four » . Jamais entendu parlé. Oh mon Dieu!!! C’est pas fini donc. Avant d’avoir un enfant, je pensais que le « terrible two » était un mythe inventé pour faire frissonner les parents. J’ai mieux compris quand je me suis trouvée face à un petit démon. Au début je me suis demandé où MON fils, le vrai hein, était passé. Et puis j’ai compris qu’il avait grandi (oh non). Depuis c’est comme vous, au jour le jour. On profite des moments de calme et on gère (au mieux) les crises en tous genres qui arrivent toujours quand on s’y attend pas, et souvent pour rien.
    Courage. Ca finira par se calmer. On y croit fort Lexie.

  6. que je compatis… On dirait que tu es venue faire un reportage chez nous !! Je te lis avec un peu de jalousie cela dit : 12 kilos me semblent plus faciles à gérer que 14 !!! Je continue désespérément à chercher des parents pour un échange d’enfants, persuadée que ça se passe toujours mieux chez les autres ça ferait des vacances à tout le monde… Blague à part, quoi après le terrible 2, il y aurait un fucking 4 ?? what the f…….

    • Ceci dit, c’est vrai : ça se passe mieux chez les autres! Mais pourquoi un échange ? On trouve un sans-enfants prêt à en accueillir plusieurs, on les laisse et on part en vacances ;)

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