Si l’on devait classer la miss quelque part, elle serait certainement – à son jeune âge du moins – dans la case des enfants qui réfléchissent, des enfants qui observent, qui regardent avant d’agir. Les enfants qui aiment les livres et les puzzles. Les poupées et les ours en peluche. Préfèrent le silence aux cris. Et la solitude aux jeux avec trop d’amis.
Mais Miss Swing est comme tous les individus : inclassable. Elle est quelqu’un et puis quelqu’un d’autre encore. Elle est l’été et l’hiver, la lune et le soleil (mon soleil), la canicule et le vent d’ouest, tout à la fois. Parce qu’elle était (les deux ans sont passés par là) si calme et si sage, il était aisé pour nous de nous convaincre qu’elle pouvait rester faire quelques jeux dans le salon tout l’après-midi durant, que lire quelques livres suffiraient à nourrir son imagination. Et puis les crises ont commencé. Tous les soirs, devant la porte, elle criait « non je ne veux pas rentrer ». Elle voulait « encore les fleurs, encore l’herbe, encore le jardin ». Encore les magasins. Encore le parc. Encore la promenade, regarde on est si bien dans le vent du soir.
Miss Swing trouve son équilibre dans le temps qu’elle passe au dehors. Elle n’a rien de ces enfants qui semblent abriter des piles inépuisables dans leurs entrailles, elle marche plus qu’elle ne court, le nez en l’air, tentant de deviner d’où vient l’avion qui l’entoure de son vrombissement. Mais elle est indubitablement faite pour vivre dans le monde, loin de la maison. Une sortie de garderie réussie passe avant tout par un tour au magasin de bricolage avec son papa. Qu’importe si l’heure du souper est passée depuis longtemps, elle parcourt les rayons, tenant précieusement sa boîte de vis. Un dimanche doit se terminer au parc, à tout le moins dans le jardin, à observer les fourmis qui s’agitent et ne semblent jamais vouloir s’arrêter.
Nous étions lassés de la voir se relever 15 fois, à 9h30 passées, visiblement en proie à une énergie qu’elle n’avait guère dépensée! Désormais tous les soirs nous l’occupons : jeux, cuisine, toboggan et même rangement. Nous ne lui laissons guère de répit. Mais l’esprit ainsi nourri, elle s’endort désormais sans problème la nuit venue.
Et quelque part, la vie avec elle est redevenue plus cool aussi. À cet instant précis, elle semble avoir résolument besoin de nous, de notre présence. L’emmener à l’épicerie signifie l’asseoir sur le rebord du caddy et la tenir serrée contre soi tout le long des rayons. Et jouer au train ne se fait souvent qu’en présence de papa ou maman, censés actionner la manette pour faire monter le train dans les hauteurs de la passerelle. Mais notre investissement est récompensé : elle n’hésite plus à partir jouer seule dans sa chambre, le moment venu, après une intense journée à faire des choses ensemble. Et les crises s’atténuent, à mesure que le temps passé à deux ou trois prend de l’ampleur. Bien sûr, tout n’est pas fini. Il y aura d’autres cris, d’autres refus, d’autres soirs où nous n’aurons pas eu suffisamment de temps pour faire des activités en famille. Mais en tâtonnant, on finit par avancer. Et par accepter que son doux agneau est devenu un peu plus que ça. Et que désormais il peut mordre.
-Lexie Swing-
J’aime cette idée que chasue individu est inclassable, ça peut aider beaucoup de parents à ne pas mettre son enfant dans une seule case !
On est les premiers à catégoriser… on se dit que l’enfant qui est une vraie boule de nerfs ne saura jamais apprécier un livre, que l’enfant dit timide n’aimera pas le théâtre ou la colo, etc
Oui c’est pour ça que j’ai beaucoup aimé ta réflexion. C’est vrai que j’essaies de l’appliquer sur michoco car mes gens ont vite tendance à dire « il est ci ou ça » alors qu’il est tellement plus, mais formulé ainsi ça prend encore plus de sens pour moi !
J’ai un peu le même modèle… inclassable. Une brute sauf quand il est tendre, hyper actif ou super concentré, qui aime autant les livres que les « films » d’action (des bribes de films…).
Pas simple de répondre aux besoins qui sont si divers… comme nous!