Fous d’amour

Sieste./ Photo DR Lexie Swing

Sieste./ Photo DR Lexie Swing

Aimer le deuxième autant que le premier ? La question est naïve, mais la crainte est bien réelle : comment peut-on aimer une inconnue de la même façon que la petite fille que l’on chérit depuis deux ans et demi ? Ses yeux verts vs ses yeux sombres, son sourire face à son air terriblement sérieux, nos conversations contre son silence, à peine ponctué de quelques cris et petits grognements. « Quand tu la verras… ». Je l’ai vue et l’électrochoc n’a pas eu lieu. C’était un joli bébé, venu on ne peut plus facilement, qui m’observait de son air tendre. Je lui souriais, faisais lentement danser mes doigts sur ses cheveux tout doux, mais la vague d’amour me submergeait-elle? Pas exactement.
J’ai eu une petite appréhension… Et si ce n’était jamais aussi fort que pour sa grande sœur ?

Je ne sais pas vraiment à quel moment le vent a tourné. Aux premiers pleurs ? Au premier demi-sourire poli offert au creux d’une nuit agitée? Lorsqu’elle s’est endormie couchée en chien de fusil, face à moi, sur le lit d’hôpital, après s’être accrochée à mes bras toute la nuit durant ?
Je sais qu’à un moment, j’ai pensé à elle, et ce n’était plus pareil. Lorsque ses yeux ont plongé dans les miens, mon cœur s’est gonflé d’amour. Et lorsque sa sœur nous a rejoint, j’ai bercé dans mes bras mes deux filles, avec un amour sans doute différent, mais aussi fort l’un que l’autre.

J’ai encore de la peine à réaliser que la petite mandarine est ma fille, mon enfant à moi. Les grands yeux verts aux cils démesurés, le sourire coquin aux dents écartées, et les cheveux presque blonds, je les reconnais comme tels, même s’ils semblent finalement peu de moi. La petite mandarine, avec ses cheveux et sa peau sombre, me sont tout à la fois beaucoup plus ressemblants et beaucoup plus étrangers. En attendant qu’un matin je réalise qu’elle est mienne, tout autant que je suis sienne. Des gènes communs, et beaucoup de ressemblance. Et de l’amour, à en perdre la tête.

-Lexie Swing-

 

PS Et vous, le deuxième? L’amour au premier regard ou quelque temps plus tard?

19 réflexions sur “Fous d’amour

  1. Je saurais bientôt mais je sens déjà que ce ne sera pas l’amour au premier regard.
    Je ne trouve pas ça évident d’éprouver des sentiments aussi forts pour un être qu’on ne connaît pas.

    • C’est exactement ça! Ca n’avait déjà pas ete l’amour au premier regard pr moi la première fois et je trouve que quand c’est le deuxième c’est encore moins le cas car il souffre de la comparaison avec un gd frère ou une grande sœur pour qui tu as eu le temps de construire un amour profond

  2. pour moi, je dirais au premier regard, mais pas avec la même intensité que pour le premier enfant, l’amour a grandi au fil des jours.
    J’attend la petite cinquième et j’avoue ne pas trop me poser la question, car elle a été voulue, et je sais que mon coeur de maman est largement assez grand.
    Ma grande question c’est plutôt serais-je à la hauteur avec un enfant de plus « à gérer » à la maison ;)

  3. C’est une idée qui m’angoisse totalement! Le 1er est tellement tout pour moi je l’ai tant attendu et espéré… Difficile d’imaginer pour ressentir quelque chose d’aussi fort pour un autre bébé… ;)

  4. J’ai toujours « compris » Mark (ça fait bizarre d’écrire ça comme ça :lol:), dans le sens où on est sur la même longueur d’onde, ce qui n’est pas toujours une bonne chose car il capte mon stress, moi le sien, etc. Je ne peux pas dire que j’ai ressenti la vague d’amour comme certaine la décrive, mais plutôt un gros soulagement à l’accouchement (ouf, il va bien, il est en bonne santé, tout complet et tout). Le porter et tout a été très naturel par contre, même si je n’avais pas tant d’expérience avec les bébés.

    Je crois que l’amour se construit au fur et à mesure, se renforce, surtout. (Chui pareil avec les hommes ;-))

  5. L’amour au premier regard, c’est dans les films non!
    Il y a de la magie je crois. Et puis doucement nos yeux se croisent, la vie nous entoure de ses bras rassurants et les sentiments naissent.
    Tu ne l’aimeras peut-être pas de la même façon cette jolie petite fille mais tu l’aimeras autant que la première c’est certain!

  6. Je découvre ton blog, et je trouve ce texte magnifique ! La manière dont tu décris comment votre lien et votre reconnaissance se sont faits doucement.

    Je n’ai qu’une fille, mais déjà quand je pense à un deuxième j’ai peur de ne pas l’aimer pareil. Parfois plus, parfois moins. L’avenir nous dira sûrement comment ça se passe.

  7. C’est drôle, moi je ne m’inquiétais pas trop de l’amour que j’aurais pour l’enfant (1er, 2ème ou 3ème) à venir, mais j’avais peur, à la naissance de mes 2ème et 3ème enfant, que les premiers se SENTENT moins aimés.

    Quand j’ai eu mes enfants, j’étais plutôt jeune. C’était le rêve de ma vie. Je n’aurais pu être plus prête. Il me semble que c’est ce que j’ai attendu toute ma vie. Alors, quand je les ai eu dans les bras, ma tendresse et mon amour étaient sans fin. Un explosion. J’ai essayé de décrire ce sentiment dans l’un de mes articles : L’étonnante conception d’une œuvre d’art vivante.

    Cela dit, nous avons tous notre façon unique de vivre les grands événements de notre vie, et ça, c’est beau et c’est grand.

  8. C’est vraiment bien écrit !
    On en avait déjà parlé sur FB je crois, mais pour moi c’est pareil. Je n’ai pas été submergée d’amour pour mon 2ème au moment de sa naissance comme ce fût pourtant le cas pour le 1er.
    Mais au fil des jours cet amour grandit et même si j’ai parfois encore un peu de mal à réaliser que cet enfant est le mien, je n’imaginerais pourtant plus la vie sans lui.

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