Monologue à ma fille

Regarde, chérie, regarde le monde. Un monde tout neuf, une vie à construire. Tu es une fille, tu es ma fille. Tu es mon royaume, et je t’aiderais à en construire un à ton image. La vie que tu mérites, sans barrières, et sans obstacles. Dussé-je les déchiqueter à mains nues, je ne laisserai personne intervenir pour te dire que tu ne peux pas, que tu ne sais pas, que ce n’est pas ta place. Tu porteras les vêtements qui te plaisent, tu joueras aux jeux qui t’amusent et tu auras les amis que tu veux. Tu feras le sport qui t’allume, l’activité qui te transporte. Tu étudieras ce qui t’intéresse et tu feras le métier que tu t’es choisie. Tu en changeras, tu te tromperas peut-être, tu avanceras, tu iras ailleurs, et personne ne te jugera pour ça. Tu vivras où tu veux. Tu vivras seule, ou avec une bande d’amis. Avec une amoureuse, un amoureux. Avec des gens que j’aurais le goût de connaître puisqu’ils seront importants pour toi. Tu pourras tout me dire, toutes tes joies, toutes tes peines, toutes tes erreurs, toutes tes errances.

Je te promets de ne pas juger, d’essayer de comprendre, d’essayer de t’aider. Je te promets de ne pas te changer, de ne pas te façonner et de te laisser être la personne que tu souhaites et non celle que j’espère. Je te promets aussi de te protéger, parce que toutes les erreurs ne méritent pas d’être commises, et que j’en ai commis aussi, pour que tu n’aies pas à les faire à ton tour. Je te promets de t’informer, de t’expliquer, pour que tu puisses faire chacun de tes choix en connaissance de cause. Et je te promets de te les laisser, ces choix. De te laisser les portes ouvertes. Toutes les portes.

Je continuerai à me battre, pour que tu les aies. Je continuerai à répondre vertement à ceux qui te minimisent parce que tu es une fille. Je continuerai à sourire lorsque tu affirmes à qui veut l’entendre que ta couleur préférée est le bleu, et que tu arbores fièrement, au milieu de tes amies en robes de princesse, une tunique noire, sur un legging noir, «parce que c’est beau le noir Maman». Je te laisserai être cette petite fille un peu gauche, mais tenace, et à applaudir tes exploits sur le trampoline, parce que je me souviens que ce qui est important ce n’est pas que tu sois la meilleure mais que tu donnes ton meilleur, et fasse un peu mieux, à chaque fois. Et quand on voudra te comparer, je garderai en tête qui tu es, que ce n’est pas parce qu’un domaine n’est pas ta force, qu’il est nécessairement une faiblesse, et que c’est la somme de tes faiblesses, ajoutées à celle de tes forces, qui ont construit la jeune femme que tu deviendras.

Je te promets de ne laisser personne me dire qui tu es. Si tu promets de ne laisser personne te dire qui tu es toi-même, même pas moi.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

9 réflexions sur “Monologue à ma fille

  1. Je lui souhaite, et j’espère qu’elle lira ce beau texte seule dans un p’tit moment.

    Maman d’un gars, je dois aussi faire ma part pour surmonter les clichés… pas toujours facile de tracer une voie dans laquelle les deux sexes sont à égalité absolue, avec le poids de la société et les stéréotypes à la con qu’elle nous fait avaler. Et le marketing, oh, le marketing sexué dès le plus jeune âge… m’en fous, Mark a une poupée et un ours Batman et je le laisse faire ses choix de jeux, de couleurs.

    (rant over :lol:)

  2. J’aime beaucoup ton texte, destine a ta fille, mais qui pourrait tout autant etre destine a un petit garcon! Pas facile d’accompagner nos enfants lors qu’ils grandissent :-)

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