Je suis curieuse. Tellement curieuse, vous ne pouvez pas savoir. J’aime connaître les gens, les comprendre, fouiller leur âme pour voir ce qu’il y a de caché en dedans. Je suis capable de poser des questions comme « et qu’as-tu ressenti au moment où ton boss a dit ça? ».
Plus que tout j’aime connaître la vie des gens, me la représenter. Rien ne m’émeut plus que de découvrir que quelqu’un que je côtoie mais connais peu a eu une vie riche et dont je n’aurais pu imaginer le premier paragraphe.
Cette curiosité, je la porte en moi et pour moi aussi. J’adore poser des questions sur qui j’étais, ce que j’ai dit et à quel moment. Ce que j’aimais porter enfant, qui était ce petit garçon dont je tenais la main sur cette photo et faire valider un souvenir que je pense avoir mais qui me paraît flou.
Je suis chanceuse, mes parents ont toujours répondu à mes questions. Ma mère s’est appliquée à me raconter ma naissance, à m’expliquer mon enfance. J’ai eu longtemps mes grands parents et arrières grand parents. J’ai fait des arbres généalogiques et me suis représentée sur papier ces vies qui avaient conduit à la mienne. J’ai entrepris de faire de même ensuite avec la famille de mon conjoint, de reconstituer les puzzles et de combler les morceaux manquants. J’ai extorqué des informations qu’on ne voulait pas toujours me donner mais que j’estimais légitime de posséder. Car si moi je reste une étrangère, mes filles portent ce nom, et elles portent ce sang. Elles ont sur leurs épaules le poids de ces histoires, elles sont une résultante, une conséquence, et une continuité.
Je veux pouvoir leur tracer un chemin et leur mettre entre les mains tout ce que j’aurais glané, ce qui est important et ce qui paraît ne pas l’être. Les lieux, les anecdotes, les surnoms, les bravades, et le reste aussi.
J’ai mon propre bagage. Il est paqueté, ficelé. J’ajoute toujours des choses dans les poches, mais pas trop. J’ai fait le plus gros, le plus pesant. J’ai déjà déterré le pire, j’ai aussi révélé le meilleur. Et si d’autres informations surprenantes finissaient par apparaître, alors j’ouvrirais la valise, je réorganiserais et tasserais dans les coins avant de refermer le tout et de repartir sur le chemin.
Je suis allée à ma rencontre. Depuis toute petite. Je méritais toutes ces informations, elles m’étaient dues, elles m’appartiennent. Et personne n’était en droit de juger de ce qu’il avait la possibilité de me délivrer.
Aujourd’hui, alors que je me faisais manipuler par l’ostéopathe, il m’interrogeait sur ma naissance. A-t-on utilisé des forceps ? Es-tu née avec facilité ? J’ai remercié silencieusement ma mère de m’avoir fait cadeau de mon histoire, de m’avoir donné ces informations, même si elles lui ont parfois peut-être parues futiles.
Quand je me retourne, je vois une route dégagée. Cahoteuse mais dégagée. Et j’en connais les moindres recoins.
-Lexie Swing-
Crédit photo : Unsplash
C’est vraiment cool de savoir d’où on vient pour arriver là où on veut aller. Ça permet d’avoir deux pieds bien plantés sur terre, aussi :-)
D’après tes écrits (qui sont, certes, juste une page de ton histoire…!), je te trouve pragmatique, rationnelle, drôle et pas névrosée pour un sous, sans propension aux drames. Bref, quelqu’un de bien dans sa peau! Évidemment, ça ne veut pas dire que tout est rose et que tout est sous contrôle… but you sound like a balanced person!
C’est drôle parce que c’est exactement le sentiment que j’ai quand je te lis. J’arrive à me faire une idée de qui tu es, et j’ai surtout l’impression que tu as pleinement conscience, toi-même, de qui tu es. C’est plutôt rare je trouve.
On dois être deux oiseaux rares alors :lol:
Je m’estime chanceuse, j’ai pas de « bagages ». J’ai des relations sereines avec mes parents, bonne communication, et je crois qu’on a été bien éduqués, dans le sens où il n’y avait pas de tabous, de gros secrets, etc.
Je pense que je sais qui je suis, et finalement, c’est en voyageant et en me confrontant à d’autres cultures (dont celle de Feng) que j’ai trouvé, je crois :-) Après, je suis aussi très consciente de mes faiblesses!
On DoiT… rhô… j’aurais dû me relire, la honte!
Ah ah ah pas évident de se relire parfois dans les commentaires ;) Je crois que c’est ce qui fait qu’on se ressemble le plus : avoir pas mal conscience de qui on est avec notre bagage, nos atouts et nos faiblesses
Je ne suis tellement pas surprise… Il arrive souvent que tu termines tes messages avec une question. L’avais-tu remarqué ? 😛 La curiosité est une très belle qualité. 💪
Défaut très journalistique lol! Et en même temps rien ne m’intéresse plus que le ressenti des autres, qu’il soit similaire ou différent
Je partage ta curiosite, meme si pour ma part elle est plutot nee du fait que mes origines etaient (sont toujours) un secret de famille. C’est peut-etre pour ca que j’ai tendance a beaucoup (trop?) partager. Et oui, je suis curieuse des autres aussi
Tu as l’impression de trop partager? Moi j’ai l’impression d’être pas mal en contrôle, comme si je craignais sans cesse les débordements…
Je ne suis pas sûre. Disons que je ne partage pas tout et je réfléchi avant d’écrire. Mais je ne sais pas comment le fait que j’écrive sur des sujet personnel en mettant en plus ma tête peut être perçu. Et on sent bien cette pudeur dans tes écrits :)
Je suis devenue curieuse avec le temps et j’ai souvent plein de questions à poser aux personnes que je rencontre. J’aime savoir, comprendre.
Tout comme toi, j’interroge mes proches, j’ai la chance d’avoir mes deux grands-mères et je peux passer des heures à les écouter me parler de leur vie – c’est enrichissant! Je crois que c’est essentiel de connaître son histoire pour pouvoir la transmettre. De plus en plus de gens s’y attachent en écrivant leurs mémoires par exemple ou des récits de vie.
Et puis ça m’aide pour ma passion, l’écriture…
Ravie de faire ta connaissance Lexie à travers tes lignes.
Moi aussi j’adore entendre parler de temps plus ancien, découvrir un quotidien différent