Plus de dix jours sans publier. Les idées ne manquent pas mais le temps oui, cruellement. Hier il était 5h45 quand je suis sortie de la maison, 22h quand j’y suis revenue, et la pause de midi s’était faite entourée de documents et de collègues armés de questions et de calendriers.
Au milieu de ça, il y a quelques secondes de « mamaaan » et des pleurs enroués. Le visage de Miss Swing qui se plisse dans le petit matin, refoulant ses larmes. Les bras de Tempête qui m’agrippe dans la nuit, debout mais endormie, arrimée à son rocher, enfin apaisée.
Le chauffeur du train fait fi des voix chevrotantes et des pleurs du réveil. Le temps ne m’attend pas, il me pousse dehors, chancelante dans le petit matin. Je suis excitée mais fatiguée, avec ce poids invisible de culpabilité sur les épaules.
Nous sommes dans un monde où les pleurs d’un enfant ne sont qu’un rempart de coton. Les pluies diluviennes ne rendent que les séparations plus glissantes. Et ce sont des morceaux de son cœur que l’on dissémine, dans l’interstice de la porte d’entrée, sur le quai d’une gare, accroché au porte-manteau de la garderie. On perd des bouts de soi, comme un Petit Poucet au cœur morcelé.
Heureusement pour moi, c’est déjà le chemin du retour. La déferlante s’est apaisée et la mer est calme. Ce soir je rentre chez moi, suffisamment tôt pour récupérer deux chevelures bondissantes à la porte de leur garderie. Je sais déjà qu’elles se battront un peu, jouant des coudes, griffant quelques dos de mains. Et puis elles oublieront, en apparence, que j’étais moins là ces temps-ci, absente pour les bercer, absente pour les nourrir ou pour les endormir. Elles oublieront mais ce soir, et encore pour quelques soirs, Tempête se relèvera pour un dernier câlin, me serrant un peu trop fort, et un peu trop longtemps. Et le prochain matin, pour encore quelques matins, Miss Swing appellera depuis son lit. Et son ton sera un peu angoissé de savoir si je suis encore là, ou déjà partie.
Je ne reviens pas seule. J’ai un butin dans mes poches. Des barrettes colorées, un serre tête à nouer, des chouchous pour attacher, des choses dont nous avions parlées et que je n’ai pas oubliées, volant à mes journées quelques précieuses minutes pour les magasiner. Je déposerai un baiser sur chacun d’entre eux, chacune d’entre elles, en gage d’amour, en promesse de bonheur. Pour que mon cœur reste intact et que les leurs soient plus légers.
-Lexie Swing-
C est pas facile de jongler avec travail – enfants – famille – amis et puis un peu soi aussi. C est un très joli texte. Merci
C’est vraiment un art oui, ça demande beaucoup de maîtrise !
« Et ce sont des morceaux de son cœur que l’on dissémine, dans l’interstice de la porte d’entrée, sur le quai d’une gare, accroché au porte-manteau de la garderie. On perd des bouts de soi, comme un Petit Poucet au cœur morcelé. » C’est tellement bien écrit !
Merci ❤️
Un texte très poétique Lexie qui déborde d’amour.
Difficile pour eux comme pour nous de gérer l’absence, de gérer la vie qui bouillonne.
Belle journée à toi
Je ne pensais pas – je sais je suis à côté de mes pompes – que ça les affecterait autant. Je me demande comment gèrent les parents qui sont très souvent absents
Rien que ta première phrase m’a déjà fait frémir…dur!
courage!
Merci Picou! Ça rentre dans l’ordre tranquillement, l’automne et le mois de janvier sont des périodes très occupées mais ensuite ça se calme
Tant mieux si ca se calme :) C’est joliment ecrit et on sent tout l’amour que tu as pour elles
Oh ça oui :)
Oh que je me retrouve, dans cette vie de mère toujours bousculée, toujours à courir pour le boulot, et qui retrouve sa maisonnée un peu perturbée, agitée, en manque de maman.
Bref, je vis la même chose, là tout de suite, en ce moment. Et je compatis <3
Est ce que c’est toute l’année pour toi ou par période ?
Pour moi, c’est par période. Mais ces derniers temps, ces périodes-là ce sont enchaînées, et ont fait suite à l’arrivée de la petite soeur et le retour au boulot pour moi : ça fait vraiment beaucoup pour notre grande fille ! :-/
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