On a 15 ans. La vie est une surprise. On court, on flirte, on danse, on boit souvent trop, on s’époumone, on brûle de l’intérieur d’une flamme vive et ardente. On s’épuise à vivre, piquant du nez dans les soupers de famille, narguant les petits déjeuners dominicaux, la tête enfouie sous les oreillers. Nous oscillons dans un monde à part, en dehors du temps routinier, faisant fi des obligations, fatigués par avance des distances.
On a 23 ans. On étudie. On travaille. On amasse. On brûle encore. On paie l’alcool par des maux de tête cuvés sur toutes les tables de ce monde. On se targue de tenir la cadence. On se couche à 2h pour se lever à 6. On rit et on recommence. Inconscients que ce temps passera.
On a 30, 35, 40 ans. On est des travailleurs, des parents. On tient une maison. On orchestre des vies. On se lève avec l’aube, on se couche à minuit. Les jours se ressemblent, la matinée se célèbre dès l’aurore. On tient bon, phare imprenable. Le lever se fait d’un saut, le déjeuner se dévore d’une traite. La douche est prise à la volée, le café à peine avalé. On habille, on débarbouille, on débarrasse, on rassure, on supporte, on soutient, on emporte, main dans la main. Et on pousse, vers d’autres portes, vers d’autres bras. On délaisse, pour d’autres responsabilités. Qu’on assume, le nez dans les dossiers, les doigts agiles, la verve haute. On lustre nos chapeaux en jonglant comme des pros. La route du retour, l’habit que l’on défait. Les enfants que l’on récupère, les récits qu’on écoute, qu’on questionne, parce qu’il faut s’intéresser, toujours. Ne pas perdre le fil, ni de ses enfants, ni de son ou sa conjoint(e), ni de soi. Chôyer, entourer, écouter, pour ne jamais devoir répondre qu’on ne savait pas. Et puis rentrer, nourrir, laver, changer, nettoyer, bercer, entourer. De nos bras, de nos mots, de nos sourires, de nos encouragements. S’oublier, s’oublier tant. Aspirer au silence, trouver son inspiration dans la nuit tardive. Épouser le crépuscule, comme un salut quotidien. Finir tard dans la nuit, s’effondrer dans son lit. Se relever pour des cauchemars, se blottir pour éloigner les monstres. Compter les heures, saluer les étoiles. Éteindre le réveil et recommencer encore.
On a 23 ans. On est inconscients. On se croit résistants. On est insubmersibles. On aura 30, 35, 40 ans, on battra à la course les jours et les nuits, tutoyant le soleil, implorant les étoiles. On sera debout. Plus forts que jamais.
– Lexie Swing-
Crédit photo : Matthew Henry
Superbement pensé et écrit :)
Merci !!
Qu’il est beau ce texte!
Merci, quoique tu aies largement élevé le niveau avec ton texte de ce matin:)
Merci beaucoup! J’aime la simplicité percutante du tien!
Cette poésie… Tu as un réel talent!
Merci beaucoup Charlotte !
Des fois, notre rythme à toutes m’effraie, mais je crois que je préfère la trentaine à la vingtaine… et je suis sûre que je ne regrette rien de mon adolescence! La vie est plus sympa avec une partie du mode d’emploi :lol:
Oh oui moi aussi ! Je suis bcp plus équilibrée aujourd’hui
J’aime beaucoup ce texte qui nous emmène dans le tourbillon de la vie !
Merci beaucoup !
Magnifique, comme toujours Lexie!
Tes mots résonnent et nous entrainent dans leur course folle…
Merci Marie !
Très beau texte, comme souvent, Bravo !
Merci 😘
Très beau texte, tu écris vraiment bien :)
Merci beaucoup :)
Très beau texte, avec un style simple et efficace !