(J’ai écrit ce texte alors que je venais de terminer un livre en anglais. Sans être parfaitement fluent en anglais, j’ai une bonne compréhension générale et lorsque je lis ou regarde un film en anglais, mon esprit se met généralement à réfléchir dans cette langue. Vous trouverez à la suite la traduction en français)
Yesterday was a difficult day. It began with a rough night, filled with the nightmares of Tempête and our sudden wakes throughout the night. When the alarm clock went off at 7 a.m., I felt like I hadn’t slept at all. B. had been awake for about 30 minutes and burst into our room as soon as she heard the alarm clock, too happy to tell us that she had waited « that long » and had almost « not slept at all during the night » as she likes to tell us these days, apparently unaware of the deep sleep she has had since she was born.
Outside, the weather was terrible, as only spring can be here in Quebec. Rainy and greyish, as if the sky itself was in a bad mood. Maybe because it was a Thursday, and Thursday is not a Friday. Thursday is the day when you have to work harder because the weekend is coming up and you don’t want a Friday to look like a Monday. Am I having it right ?
I spent the whole day working from the living room. A terrible idea, because my daughters felt allowed to talk to me whenever an idea crossed their minds, whether it was to talk about the animal shelter where my father is a volunteer – B’s favourite. – or to sing me a Legofriends song. I was tired, trying to juggle between the e-mails I had to write in the appropriate language and the countless names B. had thought of for all the dogs she was planning to have. Her sister kept stealing things, just to be annoying like little children like to be when they want your attention while you keep pushing them away.
The day was exhausting, the cake the girls wanted me to bake with them was a disaster, the laundry was left unfolded and the only tour the dogs had was a little walk in the backyard. I was almost grateful when it came time to put the girls to bed.
I read a whole book during the evening, keeping my mind busy, away from all the news that is constantly flooding my social media accounts, listing either the number of deaths in my area, or the risks to children sent to school, or the unknown sides of the virus. I went back to my room around 11.30 pm, to find a dog in my bed, a toy that had been left here when they were playing at the « shelter ». I looked at the drawings left on my desk. And the little notes they had given me to tell me how sorry they were for spilling milk on the floor or spreading chocolate on my beloved couch. I remembered how full my life was and how it could have been quiet without them. And at that very moment, I recognized the truth: in my life, silence is made of gold because it is rare, because I earned it after long days of running, rushing, laughing and even shouting. In itself, silence is nothing, it is not an opposite, it is not a success, it is a component of a chosen world, and of a chosen life. But it is not mine.
Sometimes I have wishes or dreams, but I can’t have regrets. An office without their drawings, a house without their laughter, a morning without their words (more or less) whispered in my ear would not be, for me, a quiet life. It would be an empty life.
That’s why, in my house, I have three special rooms: a garage, a laundry room and a bathroom. Three rooms where I can lock myself in, put on my headphones and blow until the wind changes.
La journée d’hier a été difficile. Elle a commencé par une nuit compliquée, remplie des cauchemars de Tempête et de nos réveils soudains tout au long de la nuit. Lorsque le réveil a sonné à 7 heures du matin, j’ai eu l’impression de ne pas avoir dormi du tout. B. était réveillée depuis environ 30 minutes et a fait irruption dans notre chambre dès qu’elle a entendu le réveil, trop heureuse de nous dire qu’elle avait attendu « aussi longtemps » et qu’elle n’avait presque « pas dormi du tout pendant la nuit » comme elle aime à nous le dire ces jours-ci, apparemment sans se rendre compte du sommeil profond qu’elle a depuis sa naissance.
Dehors, le temps était terrible, comme seul le printemps peut l’être ici au Québec. Pluvieux et grisâtre, comme si le ciel lui-même était de mauvaise humeur. Peut-être parce que c’était un jeudi, et le jeudi n’est pas un vendredi. Le jeudi est le jour où il faut travailler plus dur parce que le week-end arrive et qu’on ne veut pas qu’un vendredi ressemble à un lundi. Ai-je raison ?
J’ai passé toute la journée à travailler depuis le salon. Une idée terrible, car mes filles se sentaient autorisées à me parler chaque fois qu’une idée leur traversait l’esprit, que ce soit pour parler du refuge où mon père est bénévole – le préféré de B. – ou pour me chanter une chanson de Legofriends. J’étais fatiguée, essayant de jongler entre les courriels que je devais écrire dans la langue appropriée et les innombrables noms auxquels B. avait pensé pour tous les chiens qu’elle prévoyait d’avoir. Sa soeur continuait à voler des objets, juste pour être ennuyeuse comme les petits enfants aiment l’être quand ils veulent avoir votre attention alors que vous continuez à les repousser.
La journée était épuisante, le gâteau que les filles voulaient que je prépare avec elles était un désastre, le linge est resté déplié et la seule promenade des chiens a été une petite balade dans le jardin. J’étais presque reconnaissante quand le moment est venu de mettre les filles au lit.
J’ai lu un livre entier pendant la soirée, en me gardant l’esprit occupé, loin de toutes les nouvelles qui déferlent en permanence sur mes comptes de médias sociaux, qui font la liste, soit du nombre de morts dans ma région, soit des risques encourus par les enfants envoyés à l’école, soit des côtés inconnus du virus. Je suis retourné dans ma chambre vers 23h30, pour trouver dans mon lit un chien, un jouet qui avait été oublié ici lorsqu’elles jouaient au « refuge ». J’ai pris connaissance des dessins, laissés sur mon bureau. Et des petites notes qu’elles m’avaient données pour me dire combien elles étaient désolées d’avoir renversé le lait sur le sol ou étalé du chocolat sur mon canapé adoré. Je me suis souvenue que ma vie était bien remplie et qu’elle aurait pu être plus calme sans elles. Et, à ce moment précis, j’ai reconnu la vérité : dans ma vie, le silence est fait d’or parce qu’il est rare, parce que je l’ai gagné après de longues journées à courir, à me presser, à rire et même à crier. En lui-même, le silence n’est rien, ce n’est pas un contraire, ce n’est pas une réussite, c’est une composante d’un monde choisi, et d’une vie choisie. Mais ce n’est pas la mienne.
J’ai parfois des souhaits ou des rêves, mais je ne peux pas avoir de regrets. Un bureau sans leurs dessins, une maison sans leurs rires, un matin sans leurs mots (plus ou moins) murmurés à mon oreille ne seraient pas, pour moi, une vie tranquille. Ce serait une vie vide.
C’est pourquoi, dans ma maison, j’ai trois pièces spéciales : un garage, une buanderie et une salle de bain. Trois pièces où je peux m’enfermer, mettre mes écouteurs et souffler jusqu’à ce que le vent tourne.
-Lexie Swing-
Crédit photo : Lerone Pieters for Burst
Et encore même dans la salle de bains tu n’es pas vraiment tranquille car étonnamment, à chaque fois que tu penses avoir un moment pour toi, une des filles a tout d’un coup une envie pressante d’aller à la toilette…:)
C’est fou hein, cette spontanéité ;p
Un très joli texte, merci de l’avoir partagé avec nous ! Moi qui me questionne tant sur la maternité actuellement, il me parle beaucoup :-)
Aurélie.
Honnêtement c’est peut être le pire pour moi, le bruit incessant. Je dois avoir l’ouïe trop développée :)
Lol ça ne me rassure pas du tout, je suis super intolérante au bruit :-D ça en devient presque une agression physique au bout d’un moment, j’ai l’impression de ne plus arriver à penser… Mes boules Quiès et mon casque Bose sont déjà mes meilleurs amis, pour sûr cela continuera si on se lance finalement dans l’aventure de la parentalité…
Well, I know for a fact you’re perfectly able to read a book in English ;-)
It’s funny how we sound different in different languages. You sound like another you in English, and the tone is different in French as well…
Earplugs are my best friend. Seriously. How did I ever live without earplugs? I do enjoy lively places and a lively house but I need to be able to unplug, focus and be alone with my thoughts once in a while. I don’t want to shush the world down, so… yeah, earplugs. And coffee. Coffee helps too. In doubt, coffee.
Always, coffee is my go-to. The French part is the exact translation of the English part, I did not rewrite it, except when it sounded a bit weird (Deepl is really good but sometimes it misses the context lol)
J’adore te lire en anglais, ça me donne l’impression de voyager un peu et ça me rappelle de bons souvenirs <3
Je clame sans arrêt que j’aime le silence. Que je l’aime plus que tout. Mais je pense qu’en partie je l’aime pour sa rareté… d’ailleurs leurs « bruits de vie » (qui sont souvent des cris!) ne me déplaise jamais au début, seulement quand « la coupe est pleine ».
Mes deux petites réserves de silence, c’est d’aller courir loin et longtemps (autant dire qu’en ce moment c’est compliqué…), et de me réveiller avant l’aube (et surtout avant eux) :)
Pareil, me réveiller avant elles est nécessaire sinon je me sens submergée
Bon j’ai 10 jours de retard mais je voulais te dire que c’était super chouette de te lire en anglais aussi!
Merci beaucoup!