
Tous les parents connaissent le tunnel du soir. C’est celui qui s’étire du retour des enfants à la maison au fameux coucher. Plus les années passent, plus celui-ci peut devenir difficile. On est moins complaisant face aux demandes de son « grand » de 8 ans que pour les caprices de son deux-ans. On a des attentes plus grandes, aussi, par rapport à leur autonomie et à leur apprentissage. Quand il faut répéter à son enfant de dix ans de cracher dans le lavabo et pas sur le miroir, ou quand l’enfant de 7 ans fait la sourde oreille quand on lui demande pour la 5e fois d’aller se doucher, c’est tannant. Quand ça fait 6 ans que tu répètes qu’il faut séparer les culottes des pantalons avant de les mettre au sale, ou que l’enfant oublie un jour sur deux de débarrasser son assiette en sortant de table, ça te hérisse le poil. Quand le 11 ans se rend toujours compte à l’heure du coucher qu’il a un devoir à rendre pour le lendemain, ou que ta 9 ans a encore oublié sa gourde à l’école, ça n’en prendrait pas beaucoup plus pour que l’on parte en claquant la porte. Ça fait des années que je réfléchis à la meilleure façon que tout le monde survive au tunnel du soir, et voici mes recommandations.
Sois dans l’action
Se reposer sur un fauteuil à 18h? Pour le bien de ta santé mentale, oublie ça tout de suite. Il n’y a rien de pire que de devoir pousser des enfants à agir depuis son canapé. Ils vont, viennent, ignorent les suppliques parentales. En étant allongé sur le canapé, on se prive de la possibilité d’agir, du contact oculaire et la frustration va grandissante à mesure que disparait la possibilité d’obtenir quelques minutes de précieux répit. Alors quitte à s’agiter, autant le faire pour de bon : lançons le souper en même temps que les devoirs, trions le linge sale en même temps que le bain et faisons réviser les leçons entre deux bouchées. Le canapé sera toujours là à 20h, et avec un peu de chance, le silence aussi.
Anticipe
Rien de pire dans la vie parentale que de se retrouver pris au dépourvu : plus de patates pour épaissir la soupe, pas de justaucorps propre pour le cours de danse, aucune pancarte 2*3 pour coller les feuilles de l’exposé pour le lendemain. Le tunnel du soir, pour peu que tu le fasses seul(e), a vite fait de tourner à la débâcle s’il manque un élément majeur. Alors avant de rejoindre ton canapé (voir point précédent) la veille, passe rapidement en revue la journée et soirée prochaine, et anticipe souper, sorties et autres devoirs dont on ne t’a pas encore parlé.
Mets le travail sur pause
Que tu prévois réouvrir ton ordinateur en soirée ou que ta journée se soit terminée pour de bon à 17h, ferme à double tour la porte de ton bureau et mets toute ton énergie à ressortir du tunnel dans lequel tu t’es engouffré. Vouloir jongler entre les devoirs et les courriels du bureau, c’est la recette parfaite pour une catastrophe. Soit l’enfant, laissée sans surveillance, aura repeint le mur de l’entrée en trois façons (mûres – framboises – substance non identifiée), soit un collègue, leurré par le Teams affichant « disponible » t’aura appelé en plein combat de coquillettes et tu lui répondras avec toute la dignité possible (aucune). Si tu ne veux pas commencer à dire à ton enfant qu’il doit finir ses petits pois « avant la deadline », sinon ça va être un « deal-breaker » et tu vas « shooter un email au Père-Noël », décroche.
Se connaître
Des enfants fatigués + des parents surmenés, c’est le cocktail explosif parfait. Pour limiter les risques, apprends à repérer ce qui vient te chercher davantage. Est-ce les bruits, les interpellations incessantes? Est-ce les répétitions, les demandes jamais honorées, les bains qui débordent et les sols qui se salissent? Quand on grandit, comme parent, on se rend compte que certaines choses nous atteignent plus que d’autres. Le bruit, pour moi, est l’une d’elles. Les enfants sortent de l’école, ils sont surexcités, ils veulent raconter leur journée, parlent les uns par dessus les autres, etc. J’ai longtemps cru que je pouvais contenir ce flot de paroles, mais c’est vain car le besoin est là, et je me rappelle encore l’empressement que j’avais, après certaines journées d’école, à raconter ma journée. Alors depuis, je me cherche des alternatives, pour accueillir leur enthousiasme sans que cela devienne chaotique : une balade avec le chien s’il fait beau où la rue dilue le volume sonore, un retour un peu plus long en voiture le temps que chacune raconte sa journée, un moment seul à seul pendant qu’un des enfants regarde quelques minutes de télévision, etc. J’ai lu que 15 minutes étaient suffisantes pour que l’enfant se sente délesté de sa journée et prêt à passer à autre chose. Autant l’accorder une bonne fois que de tenter une écoute en pointillés qui ne satisfait personne. Et lorsque le moment semble passé, je m’autorise à renvoyer tout le monde à ses menues activités et à glisser un peu de musique dans mes oreilles, pour faire écran.
-Lexie Swing-
Très drôle et tellement, tellement vrai. Pour le moment je ne travaille pas, donc j’arrive à anticiper suffisamment pour que les choses se passent de façon zen, sachant que ce tunnel la majorité du temps je le fais seule. Mon angoisse lors de ma reprise en septembre…
Je pense que c’est même la difficulté de ce tunnel, c’est qu’on l’arpente souvent seul. Soit parce qu’on est monoparental, soit parce que les parents se sont divisés les tâches et qu’un seul des deux assure ce moment ci. Je comprends qu’il t’inquiète, et on ne va pas se mentir, il y aura des moments chaotiques, mais certainement qu’au bout de quelques semaines vous arriverez à avoir une petite organisation les enfants et toi qui fonctionne la plupart du temps. Le plus dur je trouve ce sont les jours où on se sent nous mêmes plus fatigués et moins capables d’en prendre.
Hello Lexie,
Des conseils avisés pour un moment qui peut-être délicat en effet pour beaucoup de parents.
Depuis que je suis active, à l’écoute et que je prévois autant les activités que les menus pour le diner, c’est un moment beaucoup plus simple et agréable à vivre.
Mais dès que je me laisse prendre par le temps, le boulot ou la fatigue, ça part en 1/4 de secondes en vrille!
Tout pareil ! Je pense que la spontanéité meurt à la naissance du premier enfant 😅 En vrai, il est certain que d’être préparé aide beaucoup dans le contexte parental
C’est à nous de donner le tempo / montrer l’exemple ;-)
Je suis bonne à leur montrer comment on peut réciter ses conjugaisons ET brûler le repas en même temps 😂
Le « pire » pour nous, c’est qu’on est souvent tous les deux en horaires décalés. Par exemple, moi, à la pige, les projets arrivent invariablement après 14 h ou 15 h (« on n’a plus le temps à l’interne, merde! »). Donc en gros, ma journée de travail commence… quand Mark rentre de l’école à 14 h 45. Gloups.
Heureusement, c’est plus facile avec UN enfant qu’avec deux, mais même topo, il fait duuuuurer le soir, et on est tous les trois du soir (mais quand même, c’est abusé, quoi). Je râle souvent parce que j’attends qu’il se couche ou au moins du calme pour reprendre à travailler.
Euh… non, j’ai pas de solutions ou de conseils :lol:
C’est ça je pense qui est dur aussi : quand ils font trop traîner et que ça te « bouffe » ta soirée