Mariage pour tous : on écrit l’Histoire

L’Histoire de France telle qu’on l’apprend aujourd’hui sur les bancs de l’école est en marche. Les écoliers français de 2100 et des brouettes apprendront ainsi que le 29 mai 2012 (au siècle dernier donc), le maire de Montpellier a célébré le premier mariage homosexuel du pays. Dans les petites lignes qui suivront, ils apprendront que les heureux élus s’appelaient Vincent Autin et Bruno Boileau, que de nombreux policiers avaient été appelés en renfort, peut-être même que la porte-parole du gouvernement d’alors, Najat Vallaud-Belkacem, était présente au mariage.

L'Hôtel de Ville de Montpellier imaginé par Jean Nouvel./

L’Hôtel de Ville de Montpellier imaginé par Jean Nouvel./

Pour écrire la suite de l’Histoire, il faudrait connaître l’avenir. A l’heure où moi j’écris, le champ des possibles est encore vaste. Je croise les doigts pour que le petit chiffre, à gauche, celui qui met en exergue un événement particulier, évoque le nombre de mariages gays qui ont été célébrés depuis lors et non le nombre de personnes mises en garde à vue ce jour-là. J’invoque les étoiles pour que le Nota Bene, tout en bas, n’explique pas que ce mariage fut le début de longues manifestations qui plongèrent la France dans le chaos, juste parce que certains Français auraient préféré que leurs concitoyens ne se voient pas attribuer les mêmes droits qu’eux.

Si j’ai de la chance, et si les Français sont plus tolérants et ouverts que les médias le laissent à penser, la photo de gauche montrera une foule en liesse, la grande de droite des visages heureux. Et en petit, tout en haut, on verra un arbre généalogique. Avec des tas de branches. A l’intérieur, il y aura des noms d’hommes, des noms de femmes, des gens qui ont réussi, d’autres qui se sont perdus, des bons, des lâches… Et tout en haut de cet arbre, il y aura deux noms: Autin-Boileau.

Et si le futur m’exauce, alors le professeur demandera « qui dans cette classe a des arrières grands parents, des grands-parents, des grands-oncles ou des grandes-tantes, qui se sont mariés avec quelqu’un du même sexe? » Et plusieurs enfants, un quart, la moitié ou même tous, lèveront la main. Non pas honteux, mais ravis au contraire, comme peuvent l’être les enfants qui sont contents quand leur histoire, la petite, la leur, s’inscrit dans l’Histoire, avec un grand H.

-Lexie Swing-

Mon histoire d’amour avec Norman Rockwell

Norman Rockwell… ce n’est pas un acteur en vogue, ni un tennisman en devenir. Il n’a rien d’un chanteur de pop, rien, non plus, d’un chef trois fois étoilé à la célébrité télévisuelle montante. Et, non, ce n’est pas un ex ;-).

J’ai fait sa connaissance à Philadelphie, il y a plus de dix ans. Là, déjà, ça sent l’histoire classe, le petit café au coin d’une rue pavée. Je lève les yeux, il me regarde, je le regarde, il se lève… Wow, on s’emballe là. Je rembobine. J’ai fait sa connaissance à Philadelphie, il y a plus de dix ans, lors d’une exposition temporaire qui lui était consacrée. Il était mort depuis vingt ans.

Doctor and Doll - 1929

Doctor and Doll (Norman Rockwell) – 1929

Norman Rockwell, c’est cet illustrateur américain de génie qui fut une célébrité en son temps. Wikipédia le décrit comme un « peintre naturaliste de la vie américaine du XXe siècle ». Pendant plus de quarante ans, il a ainsi croqué le quotidien de ses compatriotes pour les couvertures du Saturday Evening Post.

Lorsque je contemple son travail, je ressens la même émotion qu’en découvrant le travail de l’illustrateur français Sempé (le dessinateur du Petit Nicolas) ou les photos d’Elliott Erwitt. J’aime ces dessins qui croquent des vies que je ne côtoierais jamais, mais qui me donnent la possibilité d’imaginer ce qui a été et comment vivaient les gens. J’aime cet illustrateur qui se passionnait plus pour ses voisins de palier que pour les célébrités de son temps, ou pour les grands patrons. J’aime son regard, vif et juste, jamais réducteur, et parfois cynique. Et j’aime plus que tout ce dessin sur lequel une petite fille noire se rend à l’école des blancs, escortée par des agents fédéraux, cernée par des lancers de tomates mûres, en pleine période ségrégationniste.

The problems we all share. - 1964

The problems we all share (Norman Rockwell) – 1964

Sa femme et lui-même ont créé un musée dans le Massachussetts, à Stockebridge, n’hésitez pas à aller y faire un tour si vous êtes de passage…

J’ai fait sa connaissance à Philadelphie, il y a presque quinze ans, et je ne me lasse pas, depuis, de redécouvrir son travail…

-Lexie Swing-

Fête des pères, véritable hommage à la paternité?

Alors que State.fr publiait il y a trois jours un article intitulé « Comment sait-on quel jour tombe la fête des mères« , la journaliste Mélody Piu en profitait pour rappeler que, malgré les critiques dont fait parfois l’objet la fête des mères, il s’agit avant tout d’une tradition et non d’une invention des fleuristes. Une loi de 24 mai 1950, signée par Vincent Auriol, alors président de la République, consacre cette fête qui avait pris toute son importance après la première guerre mondiale.

Moi je suis du genre à voir toutes les fêtes comme commerciales: la Saint-Valentin, la fête des grands-mères. Noël le devient aussi quand le 12 décembre, j’ai déjà claqué mon budget loisirs dans une pile de bouquins ou un nouveau portable. N’empêche, quand j’ai vu l’article de Slate, je me suis aussitôt demandée « et les pères alors? » Les pères sont fêtés le troisième dimanche de juin dans de nombreux pays, dont la France. Et contrairement à la fête des mères, c’est bien un commerçant qui est à l’origine de cette célébration. C’est le fabriquant de briquets Flaminet, installé à Redon, qui eut le premier l’idée de la fête des Pères. Réputé pour ses nombreuses innovations commerciales (Galet, cadeaux de Noël et d’affaires…) , il proposa un briquet spécial pour les papas. L’idée d’une fête des pères était lancée! Elle devient officielle en France en 1952.

Mais au départ, la célébration vient des Etats-Unis. Sonora Smart Dodd, jeune femme originaire de l’Arkansas, avait été élevée par son père depuis le décès de sa mère alors qu’elle avait 16 ans. Entendant un jour à l’église un sermon au sujet de la fète des mères, elle eut envie de rendre hommage de la même façon à son père. Elle suggéra une fête à l’Alliance ministérielle de Spokane. La fête des pères fut célébrée pour la première fois à Spokane l’année suivante, le 19 juin 1910. Calvin Coolidge, président de 1924 à 1929 inaugura son mandat par la création d’un jour spécial dédiée aux pères. Et si les Américains suivirent rapidement l’idée, il faudra attendre 1966 pour que le président Lyndon Johnson proclame officiellement le troisième dimanche de juin comme étant celui de la fête des pères.

Le symbole des pères serait la rose. Mais comme pour toutes les fêtes et célébrations, on reste entièrement libre de choisir le cadeau que l’on veut, et même de célébrer ou non ce moment.

-Lexie Swing-

Philadelphie mon amour

RTT. Matinée zapping sur la TNT. Première série, cuculapralinochrétienne « Destins croisés », l’homme qui attend que Dieu lui donne une seconde chance (il a été méchant/voleur/mauvais père/cynique/avocat la première fois) vient de Philadelphie. « Philadelphie, ville de l’amour fraternel » est-il précisé, en toutes lettres, en dessous du titre. Je suppute une volonté toute divine (le producteur) d’avoir ainsi rebaptisé la ville pour donner foi à son histoire de Destins. Oui, mais voilà… quelques zaps plus tard, une rediffusion de Cold Case a pour décor Philadelphie. Et l’un des héros, Lily Rush peut-être, de siffler « Quel meurtre sordide, quand on pense que Philadelphie est la ville de l’amour fraternel ».

Philadelphie est le nom choisi par William Penn, l’homme qui créa cette ville de l’est des Etats-Unis (Photo DR)

La coincidence est trop grosse, je vérifie. Philadelphie, Philadelphia en anglais, est un nom construit autour du grec philèin signifiant aimer et adelphos, signifiant frère. Il s’agit donc simplement de la signification d’un nom. Wikipedia précise que ce nom « est celui de la ville antique de Lydie fondée par Attale II philadelphe, frère d’Eumène II, roi de Pergame, où s’établit une des sept congrégations chrétiennes mentionnées dans l’Apocalypse ». Mais d’où vient-il? C’est William Penn, homme très cultivé et religieux, qui créa cette ville des Etats-Unis en 1681 (le blog Des lieux et des mots décrypte d’ailleurs le nom de nombreuses villes dans le monde).

Cela change-t-il quelque chose pour Philadelphie? Curieusement oui, au moins jusqu’à un passé récent. A l’image du nom qu’il lui a donné, William Penn avait voulu faire de Philadelphie une ville humaine, tolérante, accueillante, égalitaire. Il a fait supprimer la peine de mort pour les vols et a prôné la liberté de culte.

Mais si Philadelphie est une ville très riche, qui possède une histoire passionnante, son image en France reste celle… du fromage qui porte son nom. Ledit fromage ne vient d’ailleurs pas de là, mais ça c’est une autre histoire…

-Lexie Swing-