Madiba est mort. J’étais dans le bus quand ils l’ont annoncé. A croire que je suis toujours dans le bus d’ailleurs. J’ai laissé échappé un cri de surprise, pourtant il ne pouvait pas y avoir d’erreurs, ce n’était pas Paul Walker, il n’avait pas la trentaine. L’annonce de sa mort prochaine était devenue une vieille rengaine.
Madiba est mort. Demain, dans les journaux, il y a aura des hommages internationaux. On parlera d’un homme courageux. On évoquera quelqu’un qui parlait de la même façon, aux Grands de ce monde et aux opprimés. Ce sera un peu du déjà-vu, on transposera les hommages à Desmarais et on leur collera de la chaleur africaine, pour faire plus vrai.
Ca fait beaucoup de gentillesse perdue en peu de temps, ça va finir par nous gâcher Noël. C’était un peu un surhomme Madiba. Il faut être quelqu’un de fort pour se relever après 27 ans de prison. Il faut être un surhomme pour pardonner, oeuvrer pour la paix, louer l’amitié.
C’est chouette les héros. On se raccroche à leurs exploits. On se dit que l’espèce humaine n’est pas encore gangrenée jusqu’à la moelle puisqu’il y a encore des hommes comme ça. On balance leurs grandes phrases à voix haute. Genre « Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès ». On se sent philosophe.
Madiba, il avait sûrement eu plus que sa part de bonté au départ. Et comme l’Histoire l’a souvent montré, ça ne va pas toujours de pair avec la chance. Maintenant qu’il est parti, il y a peut-être eu redistribution pour donner un peu de bon sens à une poignée de malfrats, en ce bas-monde.
Ou bien il y a une fille (chacun son tour) qui vient de naître quelque part, et quelques bonnes fées tiennent un conciliabule au-dessus du berceau. Changera le monde ou ne changera pas?
Votre regard nous manquera.
-Lexie Swing-