L’horloge affolée de la maternité

En Inde./ Photo Philippe Put

En Inde./ Photo Philippe Put

“L’horloge tourne, je le sens dans mes tripes, ça ne semblait pas pour moi et je ne pense plus qu’à ça.” Voici, en substance, ce que j’ai lu, ce qu’on m’a dit. De l’autre côté de l’horloge, assises à même le mécanisme, ces filles qui ont “toujours su” qu’elles seraient mères.

Et moi, et nous?

Qu’en est-il des parents qui ont juste suivi le cheminement, le bon moment. Un bébé? Ok vas-y je t’attends dans la chambre (dans la buanderie, sous un porche, dans le jardin derrière le grand saule…). Est-ce que toutes les femmes ont senti un jour les aiguilles s’affoler au point de leur donner le vertige?

Parce qu’entre nous, pour moi c’était plutôt “Un bébé? Oui je pourrais, il sentirait bon, il serait beau, mais là c’est pas le moment tu vois”. Et puis quelques années plus tard: “Tiens il est joli ce bébé, il est beau, il sent bon… T’as quelque chose de prévu ce midi chéri?” ;)

Pourquoi chez certaines l’horloge devient-elle angoissante? Est-ce parce qu’elles sont célibataires? Pourtant je l’entends aussi de filles en couple. Est-ce parce que l’autre ne veut pas? Une amie m’a dit qu’elle n’en avait jamais discuté avec son conjoint, de peur “qu’il dise non”.

Je plaide en faveur de l’incertitude. Quand j’entends, quand je lis, je comprends que ce n’est pas toujours la vie ou le conjoint qui freine les ardeurs de parentalité, mais bien les gens eux-mêmes. Ils se triturent l’esprit à coup de “serais-je capable?”. Ils se font saigner les neurones au gré de leur “est-ce que c’est vraiment le moment?”.

Moi je suis une fille sage. Parfois. Ok rarement. Mais quand on m’a demandé si c’était vraiment le bon moment alors que j’étais enceinte (oui les gens aiment bien te demander si c’est vraiment le bon moment alors que tu es DEJA enceinte, comme si tu pouvais dire “mmmh tu crois? T’as raison ça fitte pas avec ma job actuelle, allez dégage le marmot, j’suis pressée là”).

Ok, circonvolutions. Quand on m’a posé cette question j’ai répondu invariablement: “Il n’y a jamais de bons moments” (avec un ton laconique, ça en impose).

Il y a de vrais mauvais moments. Genre une période de chômage, des études tout juste reprises, une maladie. Là c’est chaud, mais ça peut marcher quand même (il peut s’en passer des choses en 9 mois). Mais il n’existe aucun moment parfait, même le pack CDI-hypothèque-grands-parents à la retraite est sujet à changement sans préavis.

Le seul truc vraiment indispensable pour avoir un baby, c’est l’envie. Ça ne fait pas tout, mais c’est un moteur. Avec l’envie réelle d’avoir un enfant on dépasse beaucoup: les grossesses compliquées, les nuits blanches, les soirées qu’on doit décommander.

Je connais mille nullipares qui assurent “qu’ils ne sont pas prêts à renoncer aux soirées beuverie pour avoir un enfant”, mais pas un parent qui regrette d’avoir eu son enfant “parce qu’il ne peut plus boire en soirée”.

Vous savez pourquoi? Hein? Vous savez? L’amour? Le bonheur? La joie d’être parent?

Non, les nounous ça existe, c’est tout.

 

-Lexie Swing-

 

19 réflexions sur “L’horloge affolée de la maternité

  1. A bientôt 30 ans, sans enfants, je sens que je voudrais bien être mère. Mais pas maintenant. Ni mon mari d’ailleurs. De toute façon, la situation ne s’y prête pas, c’est trop la merde ici, on ne vit qu’à 2 sur un mini salaire. Je me sens par contre souvent agacée par les propos des potes ou des parents, du genre « il faudrait ptet penser à faire des enfants, c’est pas normal que vous n’en ayez pas à votre âge, tout le monde en a ». Alors d’une part, qu’est ce que la normalité ? Puis non, tout le monde n’est pas parent à 30 ans. Quel est le but de « faire comme tout le monde » ? Ce ne sont pas les autres qui vont gérer les nuits blanches, les couches et compagnie après.
    Avec le temps, on se rend compte que ce sont ces mêmes personnes qui nous sortent de temps en temps que s’ils avaient su, ils auraient attendu un tout petit peu plus et qu’ils envient notre liberté de mouvement (sachant qu’on n’est pas si libres que ça, on a un toutou et on ne l’a pas adopté pour le mettre tous les week ends au chenil…)…
    Je pense comme toi, qu’il n’existe pas de bons moments, mais qu’il existe bel et bien de très mauvais moments. Mais c’est avant tout aux futurs parents de sentir quel est LEUR moment et quelles sont leurs envies à eux, pas celles des potes…

  2. Oui Jen, vous vivez typiquement le genre de moments où je me serais dit « un bébé? Ok ok, mais pas maintenant ». Moi je me suis jamais sentie emprisonnée par le fait d’avoir un bébé, ni dans les voyages, ni dans la vie de tous les jours. Sûrement parce que c’était simplement une composante de plus à gérer… ou parce qu’on avait déjà un chien ;)

    • J’avoue ne pas savoir comment sera ma vie en tant que maman, mais d’ores et déjà, je me refuse à me sentir bloquée par un enfant pour nos sorties et voyages. On les fera simplement différemment (comme on le fait déjà un peu avec notre toutou qu’on amène partout (ou presque!) ) En tout cas, article intéressant, et les commentaires le sont tout autant !

  3. Il y a aussi le cas de figure où l’on ne décide pas, le bébé s’installe par surprise, là c’est souvent pas le bon moment mais il doit quand même y avoir un truc en nous, ce petit machin maternel qui se déclenche je ne sais pas comment. Dans mon cas aucun regret mais je ne sais pas si sans ça, je me serais sentie prête à un moment.

  4. perso c’est une vraie angoisse cette horloge biologique, parce que je ne sais pas si je veux des enfants ou non (j’en ai longtemps voulu, puis j’en ai longtemps absolument pas voulu, et maintenant je suis dans le flou), et que c’est maintenant qu’il faut se décider. Donc ça met la pression!

    • Mn chum est un peu comme ça pour certaines choses mais je crois que son incertitude, sa peur du regret et de se tromper l’empêche de savoir s’il a vraiment envie. Je crois ne m’être jamais demandé si j’avais envie d’avoir des enfants ou non, parce contre le moment venu c’était acquis, logique. On est jamais sûr qu’on en aura pour autant, mais l’envie est acquise, on arrive à se projeter, à se voir avec quelqu’un de plus.

  5. Je me suis aussi posé la question de cette horloge…ça me paraît très réducteur, mais j’ai eu mon premier enfant à 24 ans, et sans faire exprès, je ne sais pas. Ça me gêne quand même, cette manière de réduire les femmes à leur utérus. Mais je ne sais pas ce que peut être l’angoisse de ne pas avoir d’enfants, ou de décider quand en avoir. Sur les cinq, 4 sont arrivés à l’improviste, et même celui programmé, il l’a été après une fausse couche d’une grossesse non prévue non plus. On les prend quand ils arrivent! :) (et on sait depuis que je suis allergique à la pilule!)

  6. C’est très vrai cette phrase quand on n’est pas parents on prétend ne pas pouvoir laisser tomber les beuveries mais aucun parent ne dirait qu’il regrette d’avoir un enfant…je crois que tout prend son sens dans l’envie du moment, l’instant T, qu’il soit désiré depuis des années ou un déclic, l’envie de bébé pour être bien vécue et assumée doit en être vraiment une pour les deux parents!

    • En vrai tu ne te poses pas la question, tu fais avec, ou différemment. Tu agrandis ton sac à main, tu trimballes ton lit parapluie… Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’on s’oublie en tant que personne, ok pour le goûter je cherche des endroits où ils vendent du lait et des gâteaux; mais pas question de se passer pour autant d’un café décent…

  7. Dès l’âge de 11/12 ans quand j’imaginais ma vie, je la voyais avec 2 enfants. Pour le premier j’ai attendu d’avoir fini mes études et d’être titulaire. Il est arrivé à 26 ans. J’ai divorcé avant d’en avoir un 2e… Le temps passant, j’avais fait mon deuil du 2e enfant et puis j’ai retrouvé mon Chéri actuel à 36 ans. Je lui ai posé la question au bout de 6 mois car je savais qu’on ne pourrais pas attendre des années. On s’est lancé après une période de chômage et on l’a conçu quand on a fêté nos 2 ans ensemble ce qui peu sembler rapide mais là je savais qu’il y aurait la limite de mon horloge biologique.
    Je ne pose jamais ce genre de question à un couple, chacun fait ce qu’il veut

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