L’indignation à l’heure du web

Toile./ Photo Garuna bor-bor

Toile./ Photo Garuna bor-bor

Schumacher est sorti du coma. Le saviez-vous? Moi non. Et quand j’ai lu la nouvelle, j’ai pensé “ah oui, tiens…”

Parce qu’on oublie. Assommés d’informations, on se prend des shoots quasi quotidiens de nouvelles intenses. Une victoire, un attentat, une phrase symbolique, une vie en suspend. L’info jaillit sur un média, aussitôt relayé par 1000 autres médias qui se refilent la dépêche comme des miettes de pain pendant la Grande famine irlandaise de 1845.

Un ricochet raté et c’est toute la Toile qui se met à vibrer. Pendant 24 ou 48h, les posts Facebook se jumellent, les petites phrases sont retweetées, et chaque détail analysé. On décortique, on découpe en 200 la moindre pensée et la moindre expression, même celles qui ne prennent que trois lettres à écrire.

Lorsqu’un cravaté un brin politisé dit merde à voix haute, son juron est disloqué jusqu’aux plus hautes sphères des médias. France Info nous rend l’info brute, Le Monde nous apprend le contexte, France Inter nous refait l’histoire du mot merde, quand le HuffPost nous donne le top 50 des meilleures-insultes-à-cinq-lettres-déjà-prononcées-par-des-hommes-politiques. Outre Atlantique, on déplore la fin de la bienséance à la française quand Outre Manche, on se moque du taulé général provoqué à cause d’un mot lâché par un type haut placé, mais humain donc.

La toupie tourne si vite que le tournis vous vient. Et puis soudainement tout s’arrête. Cela fait 25 heures, une autre journée commence. Un nouveau mot, de nouveaux morts, de nouvelles naissances, de nouveaux scandales. Les partages reprennent, tambour battant, et déjà, vous oubliez. Quel était le mot? Et qui était cet homme? Comment, déjà, l’a-t-il prononcé? Et pourquoi cela vous a-t-il écoeuré?

Demain, vous n’aurez qu’un souvenir flou, l’image d’un type cerné, la cravate desserrée. Dans dix jours, vous googlerez un pan de mémoire incertain: politique+cravate rouge+ insulte. Dans vingt ans, il mourra, et l’info ressurgira, intacte. L’homme qui avait dit merde est décédé, lirez-vous alors dans la presse en ligne. “Ah oui, tiens…”.

Schumacher, Maddy, Camille, nine eleven, Game of Thrones, Paul Walker et les seins nus de Facebook, l’info va et vient, au gré du partage croissant, des réactions violentes et de l’indignation réelle. Et puis elle s’enfuit, elle glisse entre les fils de la Toile, et l’indignation se met en veille, en même temps que le fond d’écran.

 

-Lexie Swing-

4 réflexions sur “L’indignation à l’heure du web

  1. De toute façon moi j’ai un problème, je ne me souviens jamais que les gens sont morts! Genre Amy Whinehouse. On nous a tellement dit qu’elle allait probablement mourir, que j’ai du mal à me souvenir qu’effectivement elle n’est plus!

  2. Moi j’aime bien l’info même si je te rejoins à 100% sur ce que tu dis. Je suis contente que Schumi soit sorti du coma parce que ma soeur est hyper fan.

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