
Erreur de cadrage./ Photo from Flikr
Nous répétons invariablement nos erreurs. Il nous a fallu trois semaines pour penser à mettre notre fille sur les toilettes avant de partir le matin. Pendant trois semaines, nous enfilions nos manteaux, elle apercevait son pot de bébé négligemment posé dans un coin et demandait : « pipi? ». Il fallait alors tout réenlever et remonter en courant dans la salle de bains, suant sous le manteau que nous, parents, avions gardé, affolés devant l’heure qui tournait et priant pour que le pipi vienne, vite.
Chaque soir, au moment de prendre le train je me demande : quel wagon? Seuls les huit premiers me permettent de descendre à ma gare. Mais sur ces huit premiers, seuls deux sont bien placés pour prendre directement le bus ensuite. Les autres m’obligent à une course effrénée le long du quai pour attraper l’autobus pressé. Je le sais. Chaque soir je m’interroge. Chaque soir je me retrouve à descendre à mi-quai, et à courir. Et chaque soir je me retrouve assise en sens inverse de la marche quand j’étais persuadée que le train partirait dans mon sens.
On n’apprend guère de ces erreurs. Ou du moins on met du temps. Une chute ne suffit pas, il en faut souvent plusieurs pour que la leçon rentre tout à fait. Et on ânonne nos leçons comme jadis nos conjugaisons. « J’arrêterai de succomber au charme de gars qui ne sont pas fait pour moi. Non l’indifférence n’est pas une parade amoureuse et les baffes ne sont pas une marque de sentiment. » Combien de copines, comme autant d’oiseaux blessés, ont répété à mes côtés cette leçon durement apprise. Pour aussitôt retomber en amour avec le premier connard venu.
Et puis arrive ce jour, où l’on pense enfin à l’arrêt pipi avant d’enfiler son manteau, et où l’on prend conscience, parfois à notre corps défendant, que ce gars là est pour une autre. Qu’à défaut de savoir ce que l’on veut, on sait ce que l’on ne veut plus. On a appris la leçon, on repose la craie au creux de son lit et la ferraille blanchie tinte pour marquer la fin du cours. Il y aura d’autres erreurs à commettre, d’autres verbes à ânonner avant de trouver comment bien les conjuguer, imparfaits et entêtés que nous sommes, jusqu’au bout.
Et qui sait, peut être un jour arrêterai je de courir le long du quai.
-Lexie Swing-
Je crois qu’il faut faire plusieurs fois les mêmes erreurs pour un jour cesser de les faire. On dirait que notre cerveau n’enregistre qu’à la 2e ou 3e tentative. Etrange mais l’essentiel c’est de savoir qu’un jour ou l’autre, on tire des conclusions positives de nos échecs.
Et dire que parfois j’apprends vite de mes erreurs et d’autres fois je retombe invariablement dans les mêmes travers… on doit tous avoir des bugs internes je ne vois pas d’autres explications…