Parents connectés : le dialecte

Pregnancy time./ Photo Steph

Pregnancy time./ Photo Steph

Au début de ma maternité (en l’an 1 après Miss Swing), je googlais des questions scabreuses et tombais sur des pages de forums tout aussi fumeuses, ponctuées de mots et d’abréviations dont j’ignorais tout. 4 ans après, je suis rompue à l’exercice, passée maître es doctissimo, mention menstruations. Je peux donc vous livrer le recueil des incontournables des forums, le web à son meilleur.

Gygy : professionnel du vagin, Dieu pour femmes enceintes

Speculum : celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom

rrrrr : pertes sanglantes qui hantent l’esprit des nullipares à l’horloge biologique affolée (cf : ragnana)

J’ovule : le ouistiti est dans la cage, je répète, le ouistiti est dans la cage… Ou date à laquelle il est correct d’appeler au boulot le coauteur prévu du fœtus et de hurler « toi – moi – dans le cagibi de ton immeuble- maintenant : j’ovuuuule! »

DPO : Days post ouistiti

Mymy : nom mignon donné à quelque chose de purement dégueulasse, la mycose

Chichi : nom mignon donné à quelque chose d’encore plus dégueulasse et qui s’invite volontiers les jours de gastro

Zhom : tas de vêtements de sport bruyant et gras avachi devant le foot avec d’autres tas de vêtements de sport bruyants et gras

DPA : date d’expulsion planifiée du locataire qui décide souvent de se pointer sans préavis

Nain : modèle réduit du géniteur pourvue d’une voix bruyante et d’un entêtement à faire pâlir Fidel Castro.

VB : expulsion du boulet par l’entrejambe

Péridurale (ou épidurale) : Paradis

Slips filets : filets de pêche taille fillette censés épargner les culottes en coton d’une version niagaresque des rrrrr susmentionnées.

PLV : le maaaal que l’on doit traquer dans toutes les étiquettes alimentaires et qui se planque sous des noms sournois. Ne concerne que les enfants pourvus du bouton *alerte – produits avec protéines de lait de vache – est-ce que je peux vomir sur ton haut à 150 euros Maman ??? »

BB1 : appellation courte donnée au futur premier né, comme dans « essai BB1, ki me sui? »

Copinaute : amie-de-forum sur laquelle bitcher quand elle est déconnectée

Bref, la vie des forums est d’une excitation redoutable. Rien que les pseudos du type Mylenedu63 et unbebepourjanvier  sont annonciateurs d’un chouette programme.

Sinon le mien ça devait être une daube incroyable, genre Lexinouche ou Kalypso. Mes copin(aut)es s’appellaient les févriettes. On parlait volontiers de DPO puis de DPA, de toutes sortes de pertes, de trucs crades, des insomnies, des doutes et des peurs. Elles sont toujours mes amies aujourd’hui. Ça fera 4 ans le mois prochain.

-Lexie Swing-

6 choses sur la rééducation du périnée

./ Flikr

./ Flikr

En France, toutes les nouvelles mères, ou presque, ont droit à des séances de rééducation du périnée. C’est largement conseillé, et en plus c’est remboursé. Ici, au Québec, c’est plus subtil. On suggère aux mères de « bien pratiquer leurs exercices de Kegel », et puis les cours de yoga, pilates ou autre « maman-bébé » promettent souvent un renforcement du périnée. But, that’s it. La rééducation périnéale n’est pas prise en charge par l’assurance maladie, seulement par les complémentaires, ce qui fait que de nombreuses mères sont obligées de payer de leurs poches. Pas drôle. Et puis, la rééducation, comment c’est vraiment?

  1. C’est important. Dans le genre indispensable. « Tu vois ce que c’est les couches pour femmes spéciales 45 ans et +? » m’a demandé ma kiné quand je lui ai demandé à quel point c’était important. Je vois oui.
  2. En France, ça m’a pris 8 séances à faire des « vagues », « remonter le seau du puits », « fermer les portes de l’ascenseur ». Au Québec, trois. Dont une à décortiquer mon quotidien tout entier, de mon menu au petit-déjeuner au bon fonctionnement de mes intestins, en passant par… Je suis sûre que vous pouvez imaginer.
  3. Avoir accouché par césarienne ne dispense pas de rééduquer son périnée, au contraire. Le moment où celui-ci supporte le plus, c’est durant la grossesse. Si vous avez eu une césarienne pour un bébé un peu trop lourd ou une grossesse multiple, vous êtes mille fois due pour vous rééduquer le pompon. Le pubococcygien pardon.
  4. Ça demande une pudeur niveau zéro. Imaginez une femme (un homme? Quelqu’un a fait ça avec un gars?) assise entre vos jambes et qui vous dit « Serrez mes doigts! Plus. Moins maintenant. Encore dix secondes. Je sens bien que vous ne serrez plus là… » Certes, votre pudeur en a vu d’autres. Rapport à la sortie en fanfare de votre tout-petit. Mais est-on prête à recommencer là, tout de suite?
  5. La première fois que j’ai entendu Kegel j’ai pensé à bébelle. Et puis Babel. Forcément j’ai pensé à Brad Pitt. Forcément je n’écoutais plus.
  6. Les hommes aussi ont un périnée. Siiii, j’vous jure. On va pouvoir faire du Kegel pis des vagues tous ensemble.

Alors, rééducation or not? Qu’avez-vous fait de votre côté?

-Lexie Swing-

Accoucher à Pierre Boucher (Longueuil) (Québec ;))

Dans son berceau de plexi./ Photo DR Lexie Swing

Dans son berceau de plexi./ Photo DR Lexie Swing

J’ai lu à l’instant le papier de Sophie sur le côté technique de son accouchement à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Cela m’a rappelé que je n’avais toujours rien écrit. Non pas sur mon accouchement sur lequel j’ai abordé douze points déjà, euh non treize pardon, mais sur l’hôpital lui-même. J’ai cherché à plusieurs reprises des témoignages sur l’hôpital, histoire de savoir où je mettais les pieds. Je n’en ai pas trouvé beaucoup, alors je me lance.

Pour Miss Swing, l’accouchement avait eu lieu en France, à l’hôpital Ducuing de Toulouse. C’est peu dire que nous avions apprécié l’expérience. Un accouchement tout en douceur, des sage-femmes (et uniquement des sage-femmes) qui chuchotaient dans la nuit, un suivi sans pression. Bref : le bonheur.

On appréhendait un peu notre accouchement à Pierre Boucher. L’hôpital est grand, les chambres sont, pour la plupart, partagées, je ne l’avais pas visité, etc. J’avais entendu de nombreux commentaires sur la pression que mettait le personnel aux mères non-allaitantes, et même aux allaitantes, pas spécialement à Pierre-Boucher mais partout au Québec. Je suis partie accoucher comme on part au combat : décidée à en finir vite et à tenir tête à quiconque tenterait de coller la bouche de mon bébé à mon sein, fût-il plein de lait.

J’ai eu tort. Genre, vraiment tort. Se fourrer plus le doigt dans l’oeil que ça, impossible. Le personnel de PB a été au top.

Au bout de deux heures de contractions, j’ai appelé la salle d’accouchement. On m’a posé quelques questions et proposé de venir pour un contrôle. J’ai fait une pause dans la salle d’attente du hall et dans celle des échographies, rapport aux contractions toutes les 5 minutes. On m’a dirigée vers une salle de triage avec des lits séparés par des rideaux. Ils m’ont monitorée allongée pendant trente minutes. Beaucoup de femmes détestent ça je crois mais pour moi c’est resté supportable. A ce stade ils ont vérifié le col. Ouvert à 5 il me semble, je suis donc partie en salle de naissance. Elle était propre et récente, même s’il lui manquait les jolis dessins de celle de Ducuing (note aux maternités : c’est quand même choupinou des jolis dessins pour enfants dans des salles d’accouchement, je vous jure, ça apporte quelque chose). Je me suis affalée dans un fauteuil ultra confortable et j’ai demandé à voir l’anesthésiste. Genre, maintenant. On ne me l’a fait pas, il aurait pu être occupé ailleurs, je voulais entrer dans son planning le plus tôt possible. En fait, l’interne en charge de lui faire son rapport passait dans le couloir. Il a dit « vous la voulez pour quand », j’ai répondu « maintenant » et l’anesthésiste est entré comme par magie. Contrairement à la première fois, ce n’est pas une sage-femme mais mon amoureux qui me tenait pendant la péridurale, qu’on appelle d’ailleurs épidurale au Québec. Je l’ai faite assise et non couchée sur le côté (mon amie E. m’ayant prévenue que, sinon, ma mauvaise expérience du « j’ai une jambe de bois côté gauche » se reproduirait). Je n’ai rien senti de douloureux, il s’y est repris pour être sûr d’être bien au milieu, et il a piqué. L’infirmière m’a prévenue que je sentirais la prochaine contraction, puis une seconde un peu diminuée, presque rien sur la troisième, et ensuite rien, si tout marchait bien. Elle avait raison.

Ils ont vérifié toutes les heures la dilatation. A 16 heures elle était complète et la petite engagée. Le médecin était occupé avec une autre patiente, le coeur de la petite mandarine était régulier, on m’a donc demandé de patienter. J’ai patienté une heure et demi, et j’ai trouvé le temps un peu long. Le médecin est arrivé, elle faisait partie de la team du centre de périnatalité qui m’avait suivi. L’infirmière a sorti un lot de bonnets tricotés à la main et nous en a fait choisir un. La doc a dit « vous pouvez y aller » et en deux poussées la petite a fait « pop » et lui est tombée dans les bras.

Ils l’ont pesée et mesurée à côté de nous, sans jamais sortir de la pièce. L’infirmière a demandé l’assistance du papa. Aucun pyjama n’était requis pour la salle d’accouchement – contrairement à la France – et pour cause : ils lui ont mis une couche et l’ont emmaillotée. C’était noté dans mon dossier que je voulais donner le biberon, ils lui en ont donc apporté un. Sans faire aucun commentaire.

Au bout de deux heures, on m’a descendue dans une chambre partagée. J’avais demandé la chambre seule mais je ne l’ai pas obtenue. J’étais côté fenêtre donc c’était très supportable. L’autre maman et moi étions séparées par un rideau. J’ai passé deux nuits sur place car j’ai accouché en fin d’après-midi. Mais en tout je ne suis restée que 36h. Au Québec, on reste généralement 48 heures pour un accouchement par voie basse pour un premier, et (à ce que j’ai entendu, je ne sais pas si c’est une règle) 36 heures pour un deuxième. La deuxième nuit j’étais seule dans la chambre partagée.

On nous a fait remplir un formulaire pour qu’on indique ce qu’on connaissait déjà (les biberons, le bain, le portage, le sommeil, etc). Une infirmière est venue nous expliquer, assez brièvement ceci dit, ce qu’on avait demandé à revoir. Les visites étaient régulières mais on nous a laissés tranquilles la majeure partie du temps. Le papa peut rester dormir et j’ai vu des lits pliants quelque part. Mr Swing est rentré dormir avec notre aînée pour qu’elle ne se sente pas trop perdue. Elle a pu venir voir la petite mandarine à 18h, heures des visites des frères et soeurs. Mes parents sont arrivés à 19h, heure de visite des amis et de la famille.

Lorsque nous désirions un biberon, nous sonnions et une infirmière en apportait un. Lorsqu’on lui rapportait, elle notait la quantité prise. Chaque fois que j’ai eu une question, l’équipe a cherché à y répondre, toujours en s’extasiant sur la bouille du bébé ou son prénom, ce qui est agréable vu le nombre de bébés qu’ils voient défiler toute la journée.

On m’a donné mon congé à 11 heures le deuxième matin, avec pour seule consigne d’installer le bébé dans le siège auto (cosy) et d’attendre qu’un membre du personnel vienne vérifier l’installation. Et ce fut tout! Le 22 août, nous prenions la route en sens inverse, avec un nouveau membre à bord :)

Et vous, comment c’était dans votre maternité? Bonne expérience? Mitigée?

-Lexie Swing-

13 choses sur mon accouchement

Petits pieds./ Photo Lexie Swing

Petits pieds./ Photo Lexie Swing

L’accouchement, ses détails sanglants, ses heures de douloureux labeur, qui a vraiment envie d’entendre parler de ça? En fait… La plupart des mères, futures ou multi. C’est entre la curiosité malsaine et le masochisme. Le besoin de comparer peut être. De disséquer cette incroyable étape.

Je vais vous éviter le récit sirupeux et suivre l’exemple de Maman Louve en vous donnant treize infos sur la venue au monde de la petite mandarine.

1) L’accouchement a duré 10h30, de la première contraction au premier cri.

2) Les contractions douloureuses sont arrivées aux cinq minutes dès le départ. Et ont gardé cette régularité tonitruante jusqu’à la fin.

3) J’avais perdu les eaux la première fois, j’étais persuadée que ce serait le cas une fois encore, d’autant que je n’avais aucune contraction. Pourtant quand elles ont commencé, je les ai reconnues sans peine, et la poche des eaux n’a été percée que plusieurs heures plus tard, manuellement !

4) E. est sortie façon bouchon de champagne. Après deux poussées, elle a sauté dans les bras du médecin qui ne s’y attendait guère et me l’a posée sans ménagement en travers du ventre.

5) Lorsque la médecin est venue vérifier le col et nous a confirmé que la petite était juste là, prête à sortir, j’ai immédiatement demandé si elle voyait des cheveux.

6) Trois médecins, une infirmière de suivi, des dizaines d’infirmières… Personne ne m’a jamais demandé pourquoi j’avais choisi de ne pas allaiter, et quelques uns ont même dit « ok, c’est plus simple ainsi » (rapport au suivi quant aux quantités prises).

7) J’ai partagé ma chambre avec une fille du même âge que moi… Sauf qu’elle, c’était son 5ème. Quand on est entré dans la chambre, l’infirmière était en train de lui demander « ah c’est vous qui avez demandé un rendez vous pour la vasectomie de votre mari ? »

8) Au moment des visites, Miss Swing n’a eu aucun regard pour moi. Elle a tendu son cadeau à sa sœur, jeté de côté celui que je lui tendais et que sa sœur était censée lui « offrir » en retour,  et elle a saisi sa cadette dans ses bras, la couvrant de baisers. Inoubliable.

9) La principale chose dont j’avais envie après 9 mois d’abstinence ? Du vin. Beaucoup de vin.

10) Mon principal objectif, c’était de rester « en contrôle » des contractions. J’en avais le souhait ardent tout en me moquant de moi-même, sachant pertinemment que « Lexie » et « en contrôle » étaient parfaitement antinomiques. À la première, j’ai soufflé longuement. A la seconde aussi. A la trentième encore. J’ai gardé le cap à chacune, changeant mon fusil d’épaule à mesure que le travail progressait. Dans le bain, avant mon départ pour la maternité, j’imaginais ma fille capitaine d’un navire prêt à passer par un canal, entre d’immenses falaises. Sur la route, je soufflais longuement, sacrant contre l’état des rues québécoises. A la maternité, je suivais les conseils et relâchais mon corps dès que la contraction redescendait, pour le reposer avant la prochaine. Toujours, j’ai gardé le contrôle, réussissant – et j’en suis assez fière – l’accouchement idyllique dont je rêvais.

11) Les premières contractions sont apparues 24h après le stripping des membranes réalisé par le médecin. La veille, pour permettre au décollement d’agir, j’ai appliqué toutes les recettes que je connaissais : marche, piscine, ménage, et j’en passe. Et ça a marché.

12) Le bonnet de naissance de la petite mandarine n’a rien du machin en bas nylon que nous avions eu pour Miss Swing. Il s’agit d’un petit bonnet tricoté par le Club des Fermières au profit de la maternité. Juste avant la délivrance, l’infirmière en a sorti quelques-uns et nous a fait choisir.

13) Quand l’interne est venu s’entretenir avec moi au sujet de l’épidurale (péridurale), il a dit « vous me direz quand c’est le moment », et j’ai répondu « justement, c’est le moment ». A partir du moment où l’on me promet du chocolat, il faut qu’on me le donne tout de suite, je suis incapable d’attendre. Péri il y a donc eu. Et le soulagement que l’on ressent après des heures de tempête est toujours d’un bonheur indescriptible …

– Lexie Swing-

Homéopathie et accouchement

Homéopathie./ Photo Boiron

Homéopathie./ Photo Boiron

Une granule, une petite pilule… C’est le nom d’une émission de télé au Québec, une émission de santé, qui me fait souvent penser à l’homéopathie.

L’homéopathie, il y a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Moi je dirais simplement, il y a celle qui marche et celle qui ne marche pas. Il y a des granules qui ont terrassé certaines de mes infections urinaires qui récidivaient pourtant avec d’autres médicaments et d’autres qui se sont révélées complètement inefficaces pour moi. Mais l’homéopathie censée préparer le col pour l’accouchement, celle-ci j’y crois, et j’y crois fort.

Pour ma première grossesse, je n’avais pas peur de la douleur des contractions (j’aurais dû!!), mais j’avais une hantise : contracter pendant 30 heures ou plus, et affronter la moue désolée de la sage-femme « Désolée, le col ne s’est ouvert que d’un doigt ». Je me suis tournée très vite vers l’homéopathie, confortée par le fait de ne trouver que des témoignages unanimes quant à son efficacité en la matière.

On dit qu’il vaut mieux aller voir un homéopathe qui adaptera la prescription à notre cas particulier. Je ne connaissais personne à l’époque dans ma région et me suis donc contentée d’appliquer des conseils donnés sur internet, aidée de mes propres connaissances en la matière. Le traitement choisi visait à rendre les contractions efficaces sur le col.

Pour ma deuxième, j’ai décidé de suivre le même protocole, à ceci près que je vais tenter de penser à l’arnica au moment même du travail. Pour moi, le traitement efficace est donc :

– Lundi – 10 granules ou une dose de Caulophyllum 9CH

– Mercredi – 10 granules ou une dose d’Actaea Racemosa 9CH

– Vendredi – 10 granules ou une dose d’Arnica Montana 9CH

A commencer à partir de 36 sa, et à recommencer chaque semaine jusqu’au terme.

Pour ma première grossesse, je n’ai ressenti aucune contraction avant le jour J. J’étais désespérée, persuadée qu’elle allait rester toute ma vie dans mon ventre et que, surtout, mon col ne travaillait pas. J’ai perdu les eaux à 2h du matin. 6h plus tard, le col était à dilatation complète. C’est moins rapide que certaines, beaucoup plus que pour d’autres. L’homéopathie n’y est peut-être pour rien. Ai-je envie de tester sans pour les besoins de la science? Aucunement! Je reste persuadée que les médecines douces font bon ménage avec l’accouchement…

Avez-vous essayé?

-Lexie Swing-

Prête

37 semaines de grossesse./ Photo Michael J.

37 semaines de grossesse./ Photo Michael J.

Je me suis traînée jusqu’à 37 sa. Lever difficile, marche en canard, train du matin, hanches bloquées, journée avachie sur une chaise, marche du soir avec un arrêt pipi toutes les dix minutes et le sentiment que la petite allait tout bonnement glisser et naître là, rue Peel, devant le Starbucks. Train du soir, bus du soir et nausées caniculaires, retour à la maison, sentiment d’être exténuée et que le souper pourrait tout aussi bien se contenter de granola dans un grand bol de yogourt nature.

C’était ça, le dernier mois. De la fatigue, des jours barrés sur le calendrier. Beaucoup de résilience aussi. Sauf demande express du médecin, il aurait été difficile de me faire lâcher la barre. Je suis comme ça, entêtée. Malgré les demandes répétées de Mr Swing « tu pourrais t’arrêter un peu avant, tu sais que ton boss comprendra », je haussais les épaules et repartais au charbon, avec une grande lassitude mais aussi le sentiment de me dépasser.

Et puis nous voilà, la petite mandarine et moi, en congé de maternité. Vendredi soir, quand je suis rentrée, mon pas était plus léger. J’avais bouclé ma programmation, rangé mon bureau, échangé quelques rires avec mes collègues. Il était temps que je tire ma révérence. Et tout à coup, alors que chaque nuit j’avais croisé les doigts pour que les eaux ne rompent pas au saut du lit, mon esprit s’est métamorphosé. J’ai mumuré quelque chose comme « c’est bon, tu peux arriver ». Ça n’avait rien à voir avec la valisée bouclée, rien non plus avec la chambre terminée. C’était le moment, j’étais tout à elle.

Dieu merci elle ne m’a pas entendu!! Déjà parce que je me trouvais précisément devant le Starbucks de la rue Peel. Et en plus parce que je ne suis pas contre une ou deux semaines de repos avant le grand débarquement. C’est toujours bon à prendre, quelques heures de sieste, de bonnes minutes de télé et puis faire la cuisine sans jongler entre les poupées et le nez à essuyer.

Juste quelques jours… et puis tu seras là.

-Lexie Swing-

A deux doigts de la délivrance

 Nine Months pregnant./ Photo Shelly Provost

Nine Months pregnant./ Photo Shelly Provost

Comme pour ma première fille, je fais partie d’un groupe en ligne de mamansduesaumoisdaout. Nombre d’entre elles sont nullipares et je me sens l’âme d’une doyenne (et d’une femme d’expérience, oui oui). Comme je suis « due » pour la fin du mois, la plupart ont déjà dépassé les 37 sa et espèrent donc avec un intérêt qu’on comprendra que la délivrance arrive un peu plus tôt que 41 sa.

Et c’est là où les gynécos ou autres entrent en compte. Depuis plusieurs semaines, ça se déchaîne :

« Il m’a dit que c’était pour bientôt, à voir comme le bébé était bas »

« Col ouvert à deux, il me donne une semaine au max »

« Col raccourci, ça travaille, qu’il dit »

J’en passe et des meilleures. Je ne sais pas pourquoi les gynécos s’escriment à donner des pronostics quand ils n’ont à peu près aucune certitude, et pas le moindre début de soupçon, du moment où le bébé arrivera. Ma science personnelle n’est guère exacte mais elle a le mérite de recouper des dizaines de sources. A ce jour je connais plus de filles à qui on a dit qu’elles allaient accoucher dans les jours qui venaient et qui ont vu passer 4 semaines avant d’être délivrées, que de filles pour qui le gynéco a jugé bon de se taire. Et ça m’agace. Ça m’agace que les médecins donnent ainsi de faux espoirs à des femmes enceintes de leur premier qui rêvent de le rencontrer et voient passer les semaines avec le désespoir que l’on peut connaître dans ces cas-là.

J’ai des amies qui ont été alitées toute leur grossesse et qui ont dû être déclenchées. J’ai d’autres amies dont le col était raccourci au 6e mois et qui n’ont pas accouché avant 40 sa. J’en connais plusieurs, aussi, dont le col était fermé à double tour, et qui accouchaient le surlendemain en quelques heures à peine. Il n’y a pas de science exacte en la matière, et le mécanisme du pourquoi l’accouchement intervient à ce moment-là reste encore inexpliqué aujourd’hui.

Si les spécialistes de la maternité pouvaient cesser de parier sur leurs patientes comme on mise sur des chevaux, ce serait un joli pas. Une grossesse dure jusqu’à 9 mois. Pour les probabilités, on repassera.

-Lexie Swing-

La deuxième grossesse

Fin de grossesse./ Photo Johan Lefort

Fin de grossesse./ Photo Johan Lefort

C’est ma deuxième grossesse. Peut-être bien la dernière. Dans notre esprit, c’est la dernière. Mais comme la vie et les envies sont parfois surprenantes, je laisse la question volontairement en suspens.

Vivre une grossesse est une chance incroyable, une première fois, un véritable rite initiatique : nausées, douleurs, lourdeurs diverses, mais aussi sensations incroyables et connues des femmes seules, celles de l’enfant qui bouge en dedans, frôlant de ses pieds la cage thoracique, grattant de ses doigts fins la hanche qui le gène. On est seule, et puis l’on devient deux. Un jour on redevient seule, et c’est de cette trop soudaine solitude que naît parfois la nostalgie de la grossesse qui fût.

Vivre une deuxième grossesse, pour peu qu’elle se passe bien, est un bonheur. Les sensations se renouvellent, le plaisir est toujours là, mais l’impatience est moindre. Pour ma première grossesse, je trépignais dès le 4e mois, pressée de connaître celle qui allait devenir ma fille – et dont j’ignorais d’ailleurs qu’elle était une fille. Je suis enceinte de 31 sa de ma deuxième fille – dont j’ai su dès le troisième mois qu’elle était une fille – et je profite de chaque instant passé avec elle. Elle est en moi, lovée dans mon ventre comme un chaton. S’agitant souvent comme un dragon. Avec toujours cette vigueur qui la caractérise (et me fait craindre le pire pour la suite!!!). Elle ne me fait pas mal comme sa soeur au même terme, qui s’étirait de pied en cap entre mon estomac et le col de l’utérus et rendait toute position hautement inconfortable. Selon la prof de yoga prénatal, les deuxièmes nés sont ainsi : profitant de la place déjà faite par leurs aînés, ils s’installent un peu plus bas, entre le sous-sol et le rez-de-chaussée, quitte à se tordre dans des positions incongrues et à repousser les limites ventrales par les côtés.

J’ai hâte de la connaître, mais elle n’est en rien un fardeau. Je vis sa présence comme une addition proéminente de moi-même; une addition rassurante qui navigue dans mes mers intérieures à n’importe quelle heure. La route n’est pas terminée, le chemin s’étale encore à perte de vue. Avec quelques collines difficiles à gravir, quelques passages caillouteux. Et un binôme de premier choix pour les franchir.

Et est-ce que pour vous aussi la deuxième grossesse a été différente?

-Lexie Swing-

Fat mama

Maternité./ AP Photographie

Maternité./ AP Photographie

La grossesse a cet atout incomparable de permettre à la femme organiquement modifiée de pouvoir engloutir tout ce que Dame Nature veut bien mettre à sa portée, incluant chips et Nutella. Enfin, c’est ainsi qu’on te vend le fromage. Il faut bien y trouver des avantages, les neuf mois devant soi s’annonçant surprenants de joyeusetés du type varices, nausées et constipation. Ne me dites pas merci.

L’enfant à porter, le gros ventre rond, les hanches décuplées, semblent le lot de la maternité. Celui qu’on te présente sur des publicités trop bien rodées. Dans les faits, je connais peu de femmes telles qu’on les représente à la télé : ex-minces, avec 20 kilos de bonheur maternel situés en dessous de la poitrine et armée d’un muffin choco-Nutella qui pourrait nourrir toute la Somalie. Moi, je connais aussi, voire surtout, des femmes qui regardent la balance d’un oeil torve en cherchant l’erreur de chiffre sous leur bedaine.

Qu’importe les excellentes justifications du type « c’est normal, il faut bien nourrir ton enfant ». Personne n’apprécie de voir son corps évoluer en une masse informe mi-gras mi-cellulite en l’espace de quelques mois. Les plus chanceuses arboreront leurs précieux kilos uniquement dans le ventre, ventre qu’elles reperdront sitôt l’intrus expulsé, mais dont elles garderont les stigmates dans un bourrelet ventral soigneusement dissimulé.

Trêve de bonnes rimes : il est difficile d’accepter que l’on doit grossir enceinte, et le phénomène (certes extrême) de la mummyrexie en est la preuve. Les médecins y jouent aussi un rôle de premier plan, certains poussant les hauts cris quand leurs patientes affichent une prise de poids supérieure à 10 kilos quand d’autres regardent sans ciller la flèche de la balance bondir de 5 kilos en un seul mois.

J’ai déjà mangé des céréales plusieurs soirs pour faire flancher le chiffre sur la balance. Ma copine M., à qui j’en parlais, a reconnu avoir enchaîné des soirs de soupe. Nous ne sommes pas des cas isolés et pourtant nos prises de poids sont plus que raisonnables.

La grossesse peut être un poids lourd à porter, en termes d’image de soi. Passer la dizaine supérieure sur la balance n’a rien d’un épanouissement, même si elle annonce, quelque part, la fin du parcours.

On devrait accompagner les femmes enceintes dans cette dimension-là, plutôt que de les flageller à chaque kilo de trop. Non il n’est pas nécessaire de manger pour deux mais oui il convient d’apporter des calories supplémentaires, et des calories qualitatives. Oui une prise de poids supérieure à 15 kilos peut nuire à l’estime de soi, surtout si l’on ne parvient pas à s’en débarrasser ensuite. La grossesse est une belle aventure, oui, mais elle n’est pas forcément la panacée, qu’on se le dise une fois pour toutes.

-Lexie Swing-

Enceinte… et libre

Free./ Photo bzhmatth

Free./ Photo bzhmatth

Force est de constater que le stress était un poil plus présent pour cette grossesse que pour la précédente. À quelques instants près, j’ai passé la première grossesse sur un petit nuage idyllique. Elle s’était greffée, elle allait donc rester. Point. Bien sûr j’ai eu le doute des « pertes bizarres » (et connu ainsi les urgences de Paris), « la chute avec chien » (urgences d’Auch) et le « votre col a trop raccourci, vous ne partirez pas dans votre famille à Noël », mais pas de quoi fouetter un cerf avec ses bois.

Par définition logique, la deuxième grossesse devrait être bien plus simple que la première. Rapport au terrain connu. Il n’en fût rien. J’ai attendu la fin du premier trimestre la trouille au ventre, stressé devant le regard bizarrement inquiet de l’échographe, googlé encore plus de trucs improbables. À la veille de mon départ en vacances, je me demandais encore si mon corps allait tenir le choc d’un road trip de 2000 km. Et puis nous avons vu la doc pour la visite de check-up mensuelle.

Et elle a ri.

« Je ne pense pas que vous ayez un problème de col cette fois.

– Oui mais la première fois il avait raccourci vers 6 mois.

– Non vraiment je ne pense pas que là ce soit le cas, et puis…

– Et puis quoi ?

– Et puis s’il raccourcit un tout petit peu, ce ne sera pas grave.

– Il paraît que c’est grave quand ça raccourcit trop tôt pourtant ?

(Silence souriant du médecin)

– Oui mais le vôtre fait deux fois la taille normale (et ce n’est pas une expression).

Je suis partie en voyage avec un col de près de 6 cm. Comme l’a souligné ma copine Sarah, « ce n’est pas un col, c’est un tunnel ». Et pour moi, c’était le tunnel de la liberté d’esprit. Bien sûr, si mon col tombait tout à coup à 3 cm, ce serait problématique. Car il aurait retrouvé une taille normale mais également raccourci de moitié, ce qui, plus que le chiffre lui-même, est la donnée qui inquiète les gynécos.

Mais la porte est fermée à double tour et ma petite mandarine est en sécurité. Le médecin était serein, et sa zénitude était contagieuse. Les vacances furent une délivrance. 200 km en moyenne par jour, une journée de marche à Boston, une autre à Providence. J’avais le coeur léger et le ventre soutenu par ma ceinture de grossesse pour éviter que la demoiselle ne pèse trop. J’ai marché, joué sur le toboggan avec ma fille. Je me suis baignée. Je me suis souvent reposée aussi, pas parce que j’en ressentais l’obligation morale mais bien parce que mon corps me le demandait. Je me suis retrouvée, avec toujours dans le ventre ce tumulte perpétuel de ma mandarine insomniaque qui a effectué pour la seconde fois de sa vie un voyage à l’étranger (et sans passeport!).

J’avance doucement, sereinement, dans ce début de dernier trimestre, avec la grâce d’un manchot à qui on aurait posé des crampons. Mais je me sens enfin libre!

-Lexie Swing-