Tolérance combien?

Praying boy./ Photo Adi ALGhanem

Praying boy./ Photo Adi ALGhanem

J’ai été élevée dans la tolérance de l’autre. Quelle qu’ait été la différence, il était de coutume chez nous d’en faire fi pour faire de la place à l’autre.

Je l’ai peut être déjà dit, mais je suis athée. Ou agnostique, je ne sais pas vraiment. Je n’ai jamais cherché à pousser mon introspection personnelle pour définir les croyances qui m’habitent. Je n’en ai ni le besoin, ni l’envie, mais les déviances dont font l’objet la plupart des religions poussées dans leurs extrêmes me conduisent volontiers à m’afficher comme athée, pour barrer la route à toute volonté d’autrui de me rattacher à une quelconque religion existante. Je sais, c’est quand même dommage pour quelqu’un qui a le mot Dieu dans son nom.

J’essaye cependant de connaître et comprendre les religions. Car, si le sujet, je dois l’avouer, ne me passionne guère, il m’importe de le maîtriser pour le retransmettre le plus justement possible à mes filles.

Quelque tolérant que l’on soit, nous avons tous des pensées qui nous dépassent. Et si vous êtes comme moi, vous êtes du genre à vous flageller mentalement d’avoir jeté un oeil courroucé à une tenue particulière ou regardé avec dédain une coiffure spectaculaire. L’éducation ne fait pas tout. Il n’est pas si facile de faire taire ses démons, de museler ses propres penchants, parce que l’on est pour l’égalité, parce que l’on croit fort à une place de choix pour les femmes, parce que l’on souhaiterait voir le monde régit par la raison plutôt que par des passions idéologiques (théologiques?).
J’ai vécu il y a peu une situation faisant gronder en moi l’intolérance propre à ceux qui ne comprennent pas que l’on se place au dessus des autres au nom de sa religion. J’ignore comment le vivent les personnes qui sont d’une religion différente, mais lorsque l’on est athée, l’idée même qu’une religion particulière place des gens sur un piédestal est déconcertante.
La situation était commune. La personne en question a choisi de ne pas faire la file, doublant volontairement cinq autres parents, tout aussi chargés, inquiets et pressés. Elle s’est imposée à la réceptionniste qui n’a pas moufté. A laissé le temps s’étirer alors que nos propres enfants pleuraient. Son dédain était évident, son irrespect à la limite du supportable. Je sais aussi que son comportement n’était pas dû à une mauvaise éducation par l’explication même du staff de l’établissement, décrivant la situation comme typique, sinon normale, et m’expliquant avec quelques raccourcis pourquoi une telle confession préexistait sur ma propre situation d’attente-avec-un-enfant-d’un-mois-hors-de-lui-dans-les-bras.
J’ai tu mes pensées. Je les ai gardées pour plus tard. Je m’en suis délivrée auprès de l’amoureux le soir venu. La petite mandarine ayant été plus grande, l’aurais-je épargnée? L’aurais-je prise comme confidente de mes viles pensées? Que doit-on faire pour rendre ses enfants aussi tolérants que possible au monde qui nous entourent lorsque nous mêmes atteignons parfois nos limites? Est-ce que savoir que chaque être humain possède effectivement des limites les aidera à se construire? Dois-je leur dire qu’il est normal de ne pas tout accepter? À quel moment l’opinion, les idées et l’histoire personnelle prennent-elles le pas sur la tolérance? Et d’ailleurs, peut-on toujours être tolérant ?

Et vous, comment faites-vous ?

-Lexie Swing-

5 réflexions sur “Tolérance combien?

  1. Pfiou… bon, j’ai pas une réponse facile en deux lignes.

    Pour ce qui est des croyances, je suis 100% athée, issue d’une famille athée (quoique, finalement, mon père a des affinités intellectuelles avec le catholicisme, en en parlant maintenant), donc la religion m’est aussi étrangère que la neige l’est à un brésilien. Je suis curieuse des croyances, et j’ai des amis de toutes les confessions, les rites me fascinent. La seule chose que je ne supporte pas, c,est le prosélytisme. Là, je mords.

    Bref. Je crois qu’on n’a pas à tolérer l’attitude « special snowflake », qu’elle soit motivée par des croyances, un statut social, une philosophie, etc. C’est cliché, je sais, mais je suis persuadée que pour vivre en bonne harmonie, il faut juste constamment se mettre à la place des autres et leur faire une place, sans pour autant s’écraser. Un vaste programme…

    • J’admire la richesse des croyances et des cultures, j’aime le fait de lire qu’un lieu de culte est partagé entre deux religions, et que les fidèles changent simplement les signes et les symboles à chaque célébration. Mais je deteste lorsque des personnes cherchent à imposer leur religion aux autres, et par dessus les autres religions. Je trouve qu’il s’agit d’une affaire personnelle qui ne devrait pas être imposée aux autres

  2. Je ne suis pas sûre de comprendre: quelqu’un est passé devant 5 personnes qui faisaient la file et personne n’a rien dit? Je ne vois pas le lien avec la religion mais moi je ne laisse jamais passer ça, j’ai horreur d’attendre, surtout avec de jeunes enfants! Ça arrive souvent que je doive signaler à des gens de plus ou moins bonne foi quand on attend le bus que la file est derrière, genre 40 personnes plus loin!

    • En fait le lien a été fait par les réceptionnistes elles memes : on laisse passer ces personnes là car leur religion, une branche assez fondamentaliste, les place comme au dessus. Deux trois personnes ont essayé d’afficher leur désaccord mais la personne a fait semblant de ne rien entendre et les réceptionnistes ont fait signe, de leur côté, de laisser tomber.

  3. C’est une question délicate Lexie. Etre tolérant oui. Mais savoir poser les limites aussi. Il n’y a pas de personnes au-dessus des autres. Pas de religion, pas de « race », pas de « façon de pensée » qui doit rentrer en ligne de compte pour dire que face à telle ou telle personne, il faut s’écarter, s’écraser.
    C’est vrai que parfois on a tendance à ne pas vouloir faire de vagues. Et que souvent une réflexion peut-être mal accueillie. Il faut apprendre à faire la part des choses. Ne pas juger l’autre sans pour autant le laisser embrasser tout l’espace, espace de vie qui est aussi le nôtre.

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